Mort pour la France

Joseph Marie GUILLAUME  (1876/1916)

 

Fils de Laurent Marie, marin-pêcheur, né à Groix en 1843 et de Marie Victoire BEVEN, groisillonne, née en 1849, mariés à Groix en octobre 1871 et domiciliés dans le village de Kerampoulo, Joseph Marie GUILLAUME est né à Groix le 10 février 1876, dans le village de Kerampoulo. Il est le 3ème enfant d'une fratrie de huit.

 

Après quelques années passées sur les bancs de l'école, il entreprend son apprentissage en s'embarquant comme mousse vers l'âge de 12/13 ans. Après une période de noviciat, il devient inscrit maritime définitif sur le registre des gens de mer du quartier de Groix.

 

Il est levé (appelé) à faire son service militaire vers mars 1896 au 3ème dépôt des équipage de la flotte à Lorient.

 

A l'issue de ses 4 ans passés au service de l'État, Joseph reprend ses activités de marin-pêcheur. Il se marie avec une groisillonne de son village, Victoire NEXER, née en 1878, le 2 novembre 1903 à Groix. Ils résideront à Locmaria et auront cinq enfants.

 

Joseph Marie GUILLAUME décède le 31 mars 1916 dans le secteur de Mareuil dans l'Oise.

 


A la mobilisation, en août 1914, Joseph Marie GUILLAUME est rappelé au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient.  Dans les premiers jours, il ne reçoit pas d'affectation, puis comme beaucoup de marins qui ne trouvent pas place sur les navires et les bâtiments de défense côtière, il est mis à disposition de l'Armée de terre le 29 janvier 1915. Il est alors affecté le 2 février 1915  au 2ème R.I.C à Brest d'abord pour une période de formation. Puis envoyé rejoindre ce régiment sur le front, probable-ment avec le contingent de renfort qui arrive le 4 mai 1915 Celui-ci se trouve à cette date dans le secteur de Servon en Argonne où il retrouve de nombreux groisillons: Emile Marie BARONJoseph BERNARDPierre BLANCHARDÉlie EVENYves LANCOPierre LE DREFF, Eugène STÉPHAN et Isidore YVON. Toutefois, il n'y reste pas, le 15 juin 1915, alors que le 2ème RIC part au repos, Joseph GUILLAUME est affecté au bataillon "blanc" du 2ème Régiment Mixte d'Infanterie Coloniale (RMIC) qui deviendra le 52ème R.I.C le 16 aout 1915.

 

Le 2ème régiment mixte colonial (devenu par la suite le 52ème R.I.C.) a été constitué le 4 mai 1915 à Puget sur Argens (Var) par un bataillon  venu du dépôt du 2ème R.I.C. (Brest) qu’il avait quitté le 2 mars 1915 pour le camp de Fréjus, par un bataillon formé par une compagnie des régiments suivants: 2ème R.I.C. (Brest); 3ème R.I.C. (Rochefort); 6ème R.I.C. (Lyon) et 7ème R.I.C. (Bordeaux). Le régiment est alors constitué de 8 compagnies, 1 compagnie H.R., 1 section de mitrailleuses. Le 21 mai 1915, deux nouvelles sections de mitrailleuses ajoutées à la précédente sont constituées par des éléments prélevés sur les compagnies du régiments et constituent la compagnie de mitrailleuses du régiment. Le 2 juin, le régiment est dirigé sur Mailly où il arrive le 4; le 13, il quitte Mailly par voie ferrée et débarque le même jour à Cuperly. Le 14, le régiment est porté à trois bataillons par l’adjonction d’un bataillon du 1er régiment mixte colonial dissous le même jour.

 

Le 21 septembre, les parallèles n'étaient qu'à 100 m des tranchées ennemies et, bien que nos places d'armes ne fussent pas entièrement achevées, les hommes se trouvaient dans de bonnes conditions pour entamer l'offensive. Le 52ème R.I.C. ne laissait rien à désirer, il avait été aguerri par plus de 6 mois d'exercices, d'entraînement, par des périodes d'occupation de tranchées et par des travaux exécutés de jour et de nuit, à proximité de l'ennemi, sous un feu violent d'artillerie et de mitrailleuses. Bien qu'un peu amaigris par les veilles et les travaux du dernier mois, les soldats n'en étaient pas moins "vigoureux, alertes, décidés et capables de supporter les fatigues et les vicissitudes d'une "marche" en avant de longue durée, selon les officiers.

 

L'artillerie entama l'action le 22 septembre; son tir, extrêmement violent, continua du 22 au 25 septembre et atteignit sa plus grande intensité dans la nuit du 24 au 25. Des bois où le régiment était bivouaqué, ils aperce-vaient quelques points d'arrivée de projectiles d'artillerie lourde et les bouleversements qu'ils semblaient produire dans les lignes adverses, augmentaient encore la confiance de tous dans le succès.


Le régiment devait faire partie des 3ème et 4ème vagues, il avait pour objectif les ouvrages de Presbourg et de Wagram, et ces ouvrages enlevés, il devait continuer à progresser aussi loin que possible. La route de Souain à Somme-Py limitait à gauche le secteur d'attaque de la division. A minuit, les bataillons quittèrent leurs bivouacs pour gagner les emplacements d'attente situés tout près des parallèles de départ.

 

A 3 heures du matin, les bataillons étaient à pied d'oeuvre et recevaient un complément de munitions (2 grenades par homme).

La première vague quitta la parallèle de départ à 9 h. 10; que la deuxième vague la remplacerait dans la parallèle de départ et déboucherait quand la première aurait gagné une distance de 50 mètres; que les autres vagues procéderaient de même; que le tir d'artillerie reprendrait alors, non sur les premières tranchées ennemies, mais sur celles plus en arrière pour se continuer suivant notre avance. Entre 9 h.15 et 9 h.20, ce fut le tour des 3ème et 4ème vagues dont le 52ème faisait partie.

 

 

 

 

Une pluie torrentielle, qui tombait depuis 10 heures du matin, empêchait le vol des avions et aucune liaison téléphonique n'avait pu être organisée, le personnel étant dispersé ou hors de combat. Néanmoins, vers midi, le lieutenant-colonel fit savoir que l'artillerie allait allonger son tir. Notre barrage ayant été reporté plus loin, la première ligne se porta en avant. Il était trop tard. Après avoir progressé de quelques pas, la ligne était clouée

sur place par un feu terrible de mitrailleuses partant d'une tranchée bordant la crête et des boqueteaux environnants. Ce feu de mitrailleuses appuyé par un tir d'artillerie très bien réglé augmenta d'intensité et forma vite un obstacle infranchissable dans le secteur d'attaque de la division.

 

Les jours suivants furent employés à l'organisation du terrain conquis. Le régiment fut relevé le 30 septembre et il cantonna jusqu'au 3 octobre au bivouac 0 (bois de Bussy). La bataille de Champagne lui avait coûté 9 officiers tués, et 22 blessés, 144 hommes de troupe tués, 665 blessés dont Joseph GUILLAUME et 188 disparus.

 

Le régiment est cité à l'ordre de la IVème Armée pour sa "bonne tenue".

 

morts et blessés le 26 septembre

 

Le 4 octobre, le 2ème R.I.C. qui a aussi participé à la bataille de Champagne, se rend à Estrées-Saint-Denis (Oise) en camions automo-biles. Il y reste jusqu'au 15 pour se reconstituer. Le 15, la D.I. se porte à 10 km au nord et s'établit dans la région de Moyenneville (60). Le régiment va à Bailleul-le-Soc (en arrière des lignes) le 25 octobre, où il est présenté au Roi d'Angleterre, et au Président de la République. Le régiment reste dans la même région jusqu'au 27 décembre, où il se porte vers le nord-ouest, à Grivesnes (Somme). Le 28 décembre, il va dans la région de Plachy et le 30, il embarque à Salleux pour aller à Saint-Riquier en passant par Amiens et Doullens (Somme).

 

Pendant les 2 années écoulées, le régiment a reçu un renfort de 11.994 soldats, 636 caporaux, 378 sergents, 28 sergents-fourriers, 44 sergents-majors, 53 adjudants et 20 adjudants-chefs, soit un total de 13.841 hommes, ce qui laisse à penser qu'il a perdu le même nombre d'hommes.

Le 2ème régiment d'infanterie coloniale est cité à l'ordre de la IVème Armée: «S'est signalé depuis le début de la campagne par sa solidité et son endurance. Le 25 septembre 1915, brillamment enlevé par ses offi-ciers, dont le lieutenant-colonel qui a été grièvement blessé, le 2ème R.I.C. s'est emparé de 5 lignes de tranchées fortement organisées, se portant d'un seul élan jusqu'à des positions d'artillerie ennemie, faisant de nom-breux prisonniers et s'emparant d'un matériel important. Il a ensuite tenu solidement le terrain conquis, sous un bombardement intense et a donné une nouvelle preuve de son énergie, dans l'attaque du 29 septembre. »

 

Le régiment reste au camp de St Riquier (Somme) du 1er au 16 janvier 1916, date à laquelle il embarque à Abbeville, à destination de Poix. Il se rend ensuite à Bailleul-le-Soc (60) pour y stationner jusqu'au 12 février. Il se porte alors dans la région de Ravenel, Varmont, Montiers (60) et le 19 février, quelques jours avant l'arrivée de Joseph GUILLAUME il relève le 70ème R.I. territorial, dans le sous-secteur de Mareuil-la-Motte (60). Le lieutenant-colonel commandant le 2ème R.I.C. prend le commandement du sous-secteur le 19 février. Le régiment reste dans ce sous-secteur jusqu'au 29 juillet. L'activité essentielle étant l'entretien et le renforcement des tranchées. Les pertes ne sont pas considérables dues pour la plupart à des obus "égarés". Pourtant Jean Marie GUILLAUME y perdra la vie le 31 mars.

 

 

Joseph Marie GUILLAUME, soldat de 2ème cl, de la 6ème Cie (2ème bataillon) du 2ème R.I.C est décédé dans le secteur de Mareuil (peut-être à Armancourt-sur-Somme ?) le 31 mars 1916 à 17h., suite d’éclat d’obus à la poitrine… (selon un état des pertes du régiment n° 3982 du 4 avril 1916).

 

Il a d'abord été inhumé dans un cimetière de guerre à Belval, puis transféré à la Nécropole nationale de Thiescourt, lorsqu'elle a été créée. Il venait d'avoir 40 ans. Il laissait une veuve et 4 enfants vivants.

 

Nécropole nationale de Thiescourt (Oise) 

Journal officiel en date du 29 mars 1920

 

Mais revenons un peu en arrière. Le 2ème RIC a son dépôt à Brest, il est membre de la 1ère Brigade Coloniale rattachée à la 3ème Division Coloniale. Il dispose de 3 bataillons.

 

En août 1914, le 2ème RIC participe à la bataille des frontières en Lorraine et en Belgique. Il combat à Rossignol le 22 août. Durant les combats, le régiment perd 2850 hommes mis hors de combat, puis à Villers-sur-Semoy. Là, craignant qu’il tombât au main de l’ennemi, le drapeau du régiment est enfouit en terre par le soldat LE GUIDEC. Il retraite par Cernay-en-Dormois, Ville-sur-Tourbe puis bois de Ville, il combat à la ferme de Touanges et à Servon. 

 

Le régiment est reconstitué le 17 septembre, avec seulement 2 bataillons, suite aux pertes des précédents combats. Il est dans le secteur de Minaucourt, cote 180, Massiges de la fin septembre à novembre. Il passe en Argonne vers le 13 novembre: bois de la Gruerie, le Four-de-Paris, Chaudefontaine, Fontaine-aux-Charmes, puis dans le secteur de Servon de janvier 1915 jusqu’au 16 juin. Durant cette période, le secteur est "calme" avec quand même quelques tués et blessés chaque jour, et le 2ème RIC se relaie tous les 5 jours avec le 1er RIC. Il ne se passe pas d'évènements très importants, sauf le 29 janvier 1915, où le 3ème bataillon est alerté et engagé dans la partie sud-ouest du bois de la Gruerie pour coopérer avec la 40ème D.I. à une contre-attaque dirigée contre les Allemands qui ont pris des tranchées.

 

 

Le 1er juillet, le régiment quitte Cuperly par voie ferrée et débarque le jour même à Somme-Tourbe; il occupe jusqu'au 3 juillet les cantonnements de la Salle et de Saint-Jean-sur-Tourbe. Le 3, le régiment gagne, par voie de terre, Tilloy, la Croix-en-Champagne, Saint-Julien-de-CourtisoI. Il occupe ces localités jusqu'au 22 juillet.

 

Le 22 juillet, départ pour Suippes; le régiment s'établit au bivouac à l'ouest de cette ville. Le 27, le régiment est mis à la disposition de la 7ème D.I. pour l'exécution des travaux.

 

Le 16 août 1915, le 2ème régiment mixte colonial devient le 52ème régi-ment d'Infanterie coloniale. Le 17 août 1915, le 52ème R.I.C. rejoint son corps d'armée (le 2ème C.A.C.) à Suippes, et il est employé à des travaux dans le secteur de Souain (préparation de l'attaque du 25 septembre).

 

quelques hommes du 52ème R.I.C.

 

Mais entre le moment où cessa le tir de notre artillerie et celui où déboucha la première vague, l'ennemi s'était ressaisi. Il déclencha un formidable barrage entre ses lignes et les nôtres; ce barrage ne stoppa pas la marche des vagues, mais, le régiment, sur une distance de moins de 200 mètres, laissa le quart de son effectif. La première parallèle allemande était faiblement occupée, il n'en était pas de même des autres où l'on se heurta à la résistance opiniâtre de certains groupes disséminés dans les îlots de résistance soigneusement aménagés. L'ordre étant de ne pas entrer dans les tranchées, mais de progresser par les terre-pleins pour ne pas alentir l'élan, la marche en avant continua. Les vagues se reformaient d'elles-mêmes, après le franchissement des obstacles, et les ouvrages de Presbourg et de Wagram furent abordés et enlevés après un très rude combat de tranchée où la baïonnette joua le plus grand rôle. Peu ou pas de prisonniers: l'acharnement était trop grand de part et d'autre.

 

Au delà des ouvrages de Presbourg et de Wagram, le terrain était à peu près dépourvu de travaux de défense et l'on put s'avancer jusqu'aux dernières crêtes bordant la Py. Mais des troupes d'attaque, il ne restait qu'une mince ligne formée de groupes d'hommes de tous les régiments. Certains éléments, retardés par la résistance qu'ils avaient rencontrée, rejoignaient, et l'on pouvait espérer l'arrivée prochaine des réserves. L'enthousiasme était grand malgré la fatigue et les pertes. Pour tous, la percée était un fait accompli. Plus de 6 kilomètres avaient été franchis, 11 lignes de tranchées enlevées, dont quelques-unes renforcées de réseaux encore intacts, et deux ouvrages puissamment organisés avaient été enlevés de haute lutte. Les hommes durent s'arrêter, l"artillerie était devenu aveugle au-delà des crêtes.

 

 

Blessé, Joseph Marie GUILLAUME est évacué pour quelques semaines de soins sur l'hôpital de ?

 

Il rentre au dépôt du 2ème R.I.C. à Brest, le 16 décembre 1915.

 

Remis de ses blessures, Joseph est de nouveau envoyé au front, mais cette fois il est affecté à la 6ème compagnie (2ème bataillon) du 2ème R.I.C. le 26 février 1916. Il retrouve son régiment qui est en ligne, sur le secteur de Mareuil-la-Motte dans l'Oise.

 

 

front en rouge du secteur de Mareuil

schéma de l'implantation des régiments de la Division

 

Joseph Marie GUILLAUME est inhumé dans la Nécropole nationale de Thiescourt (Oise)  Tombe individuelle n° 652. Dans la nécropole reposent 1 266 corps soldats français, dont 547 inhumés en deux ossuaires. La nécropole adopte une disposition française classique: de part et d’autre d’une allée centrale, des stèles en béton, uniquement distinguées par l’origine religieuse de leur occupant, sont alignées en rangées. Elles encadrent le drapeau tricolore.

 

Son nom est gravé sur tous les monuments mémoriels de Groix.

 

Joseph Marie GUILLAUME a été honoré à titre posthume, le 28 mars 1920, de la médaille de guerre avec une étoile de bronze.