Mort pour la France

Eugène Marie STÉPHAN(T) (1879/1915)

 

Fils de Laurent, né à Groix en 1836 et de Anne GOURONC, née à Groix en 1844, mariés à Groix en juin 1871, Eugène Marie STÉPHAN(T) est né à Groix le 12 mars 1879, dans le village de Créhal. Il est le 3ème enfant d'une fratrie de 7.

 

Très jeune, il apprend le métier de marin-pêcheur, d'abord comme mousse vers 12/13 ans, puis comme matelot. Lorsqu'il passe son conseil de révision en 1898, il est déjà inscrit maritime, sous le matricule n°   / Groix. Son n° matricule au recrutement militaire est le 1697 / Lorient. Il effectue son service militaire au 3ème dépôt des équipages de la flotte.

 

Une fois rendu à sa famille, il reprend ses activités de marin-pêcheur.

 

Il se marie le 5 novembre 1906 à Groix avec Maria GOURONC, née en 1887. Ils résideront à Créahal et auront deux enfants.

 

Eugène STÉPHAN(T) décède le 14 juillet 1915 sur le territoire de la commune de Servon-Melzicourt (Marne)


A la mobilisation Eugène Marie STÉPHAN(T) a 35 ans, et 2 enfants. Il est appelé au 3ème dépôt des équipages de la flotte, mais la Marine ne lui trouve pas d'affectation dans ses rangs, il est d'abord renvoyé chez lui, puis versé dans l'Armée de terre qui manque de bras après les évènements meurtriers de l'automne 1914. Il est rappelé le 21 janvier 1915, et est affecté au dépôt du 2ème RIC  à Brest.

 

Après quelques semaines de formation, il rejoint ce régiment sur le front, dans un contingent de renfort de 229 hommes et 1 officier, dans lequel se trouve un autre groisillon Pierre LE DREF(F), parti de Brest le 24 avril 1915 arrive le 26 à Neuville au Pont (Marne). Celui-ci se trouve à cette date dans un secteur de l'Argonne et plus précisément en ligne dans le secteur de Servon (Marne). Les hommes sont rapidement répartis dans les compagnies.

 

Le baptême du feu sera rapide... Le 26 avril, à 23h30, le 2ème RIC relève le 1er RIC dans les tranchées. les hommes subissent immédiatement une fusillade et des tirs d'artillerie. Les pertes sont minimes: 1tué et 1 blessé, mais le marsouin Eugène STÉPHAN(T) est immédiatement dans l'ambiance. Et les relèves se poursuivent de 5 jours en 5 jours...

* 27 avril, 6 heures au 28 avril, 6h . Duel d'artillerie d'intensité moyenne... Le feu d'artillerie s'est éteint progressivement. Vers  21h, une violente fusillade accompagnée d'une canonnade a pris naissance dans le bois de la Gruerie. Nos positions d'extrême droit ont reçus des obus de 77 et de 105. après 22h le calme est revenu... Pertes :  2 blessés

* 28 avril, 6h au 29 avril, 6h... A droite et au centre, fusillade habituelle. quelques coups de canons sur les tranchées... perte: 1 blessé

* 29 avril, 6h au 30 avril, 6h... L'ennemi montrant une grande activité, la relève est repoussé au lendemain, puis repoussé encore pour une partie du régiment au 2 mai. Rien d'important à signaler dit le JMO ? Les minenwerfer agissent à droite et sur le centre. Les tranchées de droite ont été très bouleversées Pertes: 2 tués, 3 blessés...

 

Le 5 mai le 2ème RIC qui a passé quelques jours à Vienne la Ville quitte ses cantonnements pour le secteur de La Harazée où il arrive à 17h Il prend ses positions en 1ère ligne dans la nuit.

 

* 6 mai, 6h au 7 mai, 6h... Rien d'important...Duel d'artillerie, bombes... Pluie torrentielle. Pertes: 3 blessés

* 7 mai, 6h au 8 mai, 6h... Le 7 mai vers mise à feu d'une mine... 2 fourneaux de 90 kg de cheddite... pas d'entonnoir.

Après 3 semaines d'un repos bien mérité, du 16 juin au 13 juillet, le régiment se prépare à une nouvelle attaque dans le secteur du bois Baurain (Bois de la Gruerie). Le 13 juillet au soir, les troupes d'attaque occupent leurs positions de combat, dans le but de les reconnaitre. Le mouvement terminé vers 20 h, les troupes reprennent leurs positions de départ. Le 14 juillet, à 4 h du matin, les bataillons d'assaut sont à leurs postes. A 8 h15, ils s'élancent à l'assaut des positions ennemies...

 

... Pour la suite de la description de l'attaque vois le fiche d'Émile Marie BARON

 

Dans ces combats du Bois Baurain du 14 juillet 1915, le régiment a eu 28 officiers et 1.322 hommes tués, blessés ou disparus dont 7 groisillons : Emile Marie BARON, disparu, Joseph BERNARD, tué à l'ennemi, Pierre BLANCHARD, disparu, Élie EVEN, disparu, Yves LANCO, disparu,  Pierre LE DREFF, disparu, et Eugène STÉPHAN, disparu et sans doute de nombreux blessés. Journée noire pour l'île de Groix et à y regarder de plus près, cette attaque n'a servi à rien !!!

 

Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu d'inhumation. Si son corps a été retrouvé mais non identifié, il a pu être inhumé dans un ossuaire de la Nécropole Nationale de La Gruerie à St Thomas en Argonne (51519). La nécropole est située à la sortie de Vienne-le-Château. Elle s'étend sur une superficie de 23 ha. L’ossuaire, lui-même s’étend sur 850 m². Là, sont rassemblés près de 10 000 corps exhumés du bois de la Gruerie après la guerre. Seuls 92 ont pu être identifiés.

 

Le nom de Eugène Marie STÉPHAN(T) est gravé sur le Monument aux Morts de Groix, mais pas sur la plaque mémorial de l'église, étant disparu.

 

Mais revenons un peu en arrière. Le 2ème RIC a son dépôt à Brest, il est membre de la 1ère Brigade Coloniale rattachée à la 3ème Division Coloniale. Il dispose de 3 bataillons. En août 1914, le 2ème RIC participe à la bataille des frontières en Lorraine et en Belgique. Durant les combats, des premiers jours, le régiment perd 2850 hommes mis hors de combat, puis à Villers-sur-Semoy. Il retraite par Cernay-en-Dormois, Ville-sur-Tourbe puis bois de Ville, il combat à la ferme de Touanges et à Servon. 

 

Le régiment est reconstitué le 17 septembre, avec seulement 2 bataillons, suite aux pertes subies. Il est dans le secteur de Minaucourt, cote 180, Massiges de la fin septembre à novembre. Il passe en Argonne vers le 13 novembre: bois de la Gruerie, le Four-de-Paris, Chaudefontaine, Fontaine-aux-Charmes, puis dans le secteur de Servon de janvier 1915 jusqu’au 16 juin. Durant cette période, le secteur est "calme" avec quand même quelques tués et blessés chaque jour, et le 2ème RIC se relaie tous les 5 jours avec le 1er RIC.

 

* 8 au 9 mai... Calme... Pertes : 6 blessés

* 9 au 10 mai... La brigade coloniale dépend à présent de la 42ème division, sans être endivisionnée...  Pertes : 1 tué, 3 blessés. Le 1er bataille du 2ème RIC reste en première ligne dans le secteur "Mortier". les deux autres bataillons sont relevés... Pertes: 1 tué, 9 blessés

* 10 mai, 12h au 11 mai, 12h... Dans l'après-midi pilonnage du secteur du Mortier. Les 2ème et 3ème bataillons sont en seconde ligne. Les allemands ont tenté sans succès d'empêcher  nos travaux de réfection de tranchées et d'installation de réseaux de barbelés... pertes : 1 blessé

* 11 mai, 12h au 12 mai, 12h... Entre 16 et 16 h les tranchées de gauche du secteur du Mortier reçoivent 40 obus de 105 percutants...  Pas de pertes

* 12 mai, 12h au 13 mai, 12h... journée calme sur les 3 sous-secteurs. La relève a été effectuée sans problème. Faible riposte à nos provocations... Pertes 1 tué, 3 blessés

* 13 mai, 12h au 14 mai, 12h...   les jours s'enchainent ainsi , s'il n'y avait pas chaque jour quelques morts et blessés, on pourrait parler, en lisant le J.M.O., de litanies monotones...

 

Eugène Marie STÉPHAN(T) est déclaré disparu au cours des combats du 14 juillet, curieuse fête nationale pour lui.

 

Un jugement du tribunal de Lorient, en date du 3 décembre 1920, le déclare mort à l'ennemi, mort pour la France, le 14 juillet 1915,  lors du combat du Bois Baurain, sur le territoire de la commune de Servon-Melzicourt (Marne). Il avait 36 ans. Il laisse une épouse et 2 enfants orphelins de guerre. Le plus jeune a 25 mois

 

Le jugement, valant acte de décès est transcrit au registre d’état-civil de la commune de Groix à la date du 8 janvier 1921.

 

Eugène Marie STÉPHAN(T) est honoré à titre posthume, d'une Croix de guerre avec une étoile de bronze                            (J.O. du 16 mai 1922)