Du 3ème au 5ème siècle

 

 

Suite à la défaite, en -56, des venètes, puis des autres peuples celtes, face aux armées de César, l'Armorique subit, à partir de -52, la fameuse "paix romaine", qui règne jusqu'à la fin du 3ème siècle. Succèdent alors onze siècles où alternent périodes barbares et périodes fastueuses, mais les informations manquent souvent pour suivre la vie des "Gouzronc" ou "Uuron" au quotidien. Après une période d'instabilité et d'insécurité (III et IVème siècle), les "bretons" s'installent en Armorique (Vème siècle) et développe la christianisation de la région (VIème siècle)

Instabilité et insécurité, maîtres mots (maux) de la situation en Bretagne.

Une centaine de trésors monétaires enfouis entre 240 et 285 attestent que l'Armorique traverse une grave crise au IIIème siècle. L'enfouissement monétaire du Thabor, à Rennes, se compose de plus de 16.000 pièces, dont les dernières datent des environs de 280. Celui de Landébaëron (22), près de Guingamp, en comprend plus de 5.000. Ces trésors monétaires, qui ne sont pas récupérés, expriment naturellement un climat d'insécurité. En effet à partir de 235, l'Empire romain connaît une période d'anarchie. Des peuples germaniques (Alamans, Francs) et des pirates en profitent pour attaquer l'Armorique qui, en outre, est en proie à des troubles sociaux qu'on désigne sous le nom de révoltes des Bagaudes (terme celtique "les combattants"). Les paysans gaulois se révolte contre les Romains à l'époque de Dioclétien (fin du IIIème siècle). Le premier soulèvement, qui avait été précédé d'un certain nombre de troubles, commença en 283 et dura jusqu'en 311. Les révoltés, qui se dressaient contre la pression fiscale. "S'ils sont devenus des Bagaudes, n'est-ce pas à cause de nos injustices, de la malhonnêteté des gouverneurs, de leurs confiscations, de leurs rapines, eux qui, sous le prétexte de percevoir les impôts publics, détournent à leur profit les sommes perçues…" ainsi s'exprime le moine Salvien. À la fin du IVème siècle et au début du Vème, les Bagaudes réapparurent un peu partout, habitants de la campagne se révoltant contre les impôts et contre la justice de Rome.

 

Les razzias entraînent, vers 280, la mise en place d'un système défensif destiné surtout à protéger le littoral. La ville d'Alet est fortifiée d'un rempart long de 1 800 m, flanquée d'une dizaine de tours. Des travaux de fortification sont également entrepris à St Brieuc, au Coz-Yaudet, (nord de Lannion), à Brest, à Vannes, à Nantes. Rennes se protège d'une enceinte de 1.200 m qui n'englobe pas plus de 9 hectares.

Razzias et troubles sociaux désorganisent la vie économique de l'Armorique; les villes se dépeuplent, les friches gagnent du terrain, les échanges se raréfient. À Douarnenez, les centres de production de garum (poissons séchés et salés très prisés des gallo-romains) cessent de fonctionner à partir de 276. La vie sur l'île de Groix doit être bien difficile; l'île est même peut-être abandonnée.

 

Dans la première moitié du IVème siècle, on observe un redressement: des villas sont remises en état, Corseul se dote de thermes publics, les importations de poteries et de vin reprennent. Mais la situation se dégrade à nouveau à partir du milieu du siècle. Bien intégrée au monde romain et participant largement aux échanges, l'Armorique était une région peuplée, active et prospère jusqu'au milieu du IVème siècle. Il n'en reste pas moins qu'elle conserve sa langue et ses coutumes, notamment dans le domaine religieux. L'immigration bretonne (des îles de Bretagne: les îles britanniques), comme on va le voir, contribuera à renforcer son originalité.

Vème siècle.

 

Vers 410, l'Armorique se soulève de nouveau (nouvelle révolte des Bagaudes) contre un pouvoir jugé incapable et connaît l'anarchie pendant plusieurs décennies.

 

L'installation des Bretons en Armorique.

Jusqu'au VIème siècle, on appelle Bretons, les Celtes qui vivent dans ce qui correspond à l'actuelle Grande-Bretagne. Ce sont des groupes de cette population qui, par milliers, viennent s'établir en Armorique entre le IVème et VIIème siècle. Cet exode n'est pas massif, mais consiste plutôt, en une longue série d'infiltrations.

 

Cet exode, vers 350, parti du sud-ouest de l'île de Bretagne, a commencé d'une façon volontaire pour des raisons militaires: les Romains ayant eux-mêmes appelé des Celtes d'outre-Manche à venir protéger, des envahisseurs germaniques, les côtes de cette Armorique. Puis aux Vème et VIème siècles, ils viennent s'y réfugier. Ils émigrent, surtout, pour fuir les Scots d'Irlande, des Celtes comme eux, qui les attaquent et s'installent sur leur territoire. Ils prennent plusieurs directions - les uns s'implantent sur les bords de l'estuaire de la Seine; d'autres en Galice, au nord-ouest de l'Espagne, et les autres, plus nombreux, en Armorique.

 

Les Bretons qui immigrent vers la péninsule Armoricaine proviennent de Cornouailles, sud-ouest de l'Angleterre, et surtout, du pays de Galles. Leur arrivée en Armorique ne semble pas créer de réelles difficultés: ils n'y sont pas de véritables étrangers. Armoricains et Bretons se connaissent assez bien: ils procèdent à des échanges depuis plusieurs siècles; leurs coutumes et leur culture sont assez semblables; ils parlent des langues qui étaient très proches l'une de l'autre; on peut dire que le breton est au gaulois armoricain ce que le français est au latin. C'est par familles ou par clans que les Bretons débarquent en Armorique sous la conduite de leurs chefs religieux et civils. Non seulement ces familles demeurent entre elles, mais elles tendent encore à se regrouper selon leurs lieux d'origine.

L'Armorique est loin d'être politiquement unie au temps de cette immigration. Trois principautés y sont connues: celle du pays de Vannes, la Cornouaille et la Domnonée, qui s'étend de part et d'autre de la Manche. L'histoire de cette époque est très mal connue. Grégoire de Tours, l'un des rares historiens de ce temps, rappelle que les "comtes" de la péninsule Armoricaine se déchirent comme le font, du reste, les Mérovingiens au cours de cette même période.

 

 

En 486, après la conquête du royaume de . par les Francs, Clovis devient le maître du nord-ouest de la Gaule et, donc, de l'Armorique. Les Armoricains entretiennent de bons rapports avec leurs nouveaux maîtres jusqu'à la mort du roi Childebert, fils de Clovis, en 558.    

 

Vers 530-540, Conomor, le chef de la Domnonée, se distingue par sa cruauté; il fait assassiner son prédécesseur au pouvoir, son fils et sa seconde épouse. À la même époque, le comte Chanao tue trois de ses frères qui devaient partager le Vannetais avec lui. 

 

Le successeur de Childebert, son frère Clotaire porte la guerre dans le Vannetais où le chef breton Chanao est tué, lui aussi, vers 560. Après quoi, Warok, le neveu de Chanao qui lui succède, donne du fil à retordre aux Francs. De 578 à 590, il attaque et pille à plusieurs reprises les villes et les régions de Rennes et de Nantes. Il lui arrive de faire rapidement les vendanges dans le Nantais et de ramener le vin à Vannes. Ses raids lui permettent de se constituer une principauté correspondant à l'antique cité des Vénètes qu'on appellera Bro Warok, "le pays de Warok" ou encore Broérec.

 

 

 

<<< Clotaire 1er

 

 

 

  

 

 

La Christianisation

 

 

 

Quand les Bretons débarquent en Armorique au Vème siècle, l'implan-tation de la religion chrétienne vient tout juste de commencer au nord-ouest de la pénin-sule. Il en va autrement à l'est et au sud-est. Le christianisme est men-tionné à Nantes, dès le IIIème siècle, avec le martyre de Donatien et de Rogatien qui intervient entre 286 et 303.

 

 

L'évêque de Nantes, Désidérius, participe au concile d'Angers en 453; son successeur, Eusébius, est présent à celui de Tours en 461. Dans la deuxième moitié du VIème siècle, l'évêque Félix (549-581) occupe une grande place à Nantes, tant sur le plan civil que religieux.                                                                       Les 7 saints fondateurs

 

 

Outre qu'il y fait construire une grande cathédrale et aménager le cours de la Loire, il négocie le retrait de Warok en 579. Des communautés chrétiennes sont attestées à Rennes et à Vannes au milieu du Vème siècle. Comme à Nantes, la nouvelle religion y est venue de Rome. Elle concerne surtout les villes et ne se répand que lentement dans les campagnes. Le gallo-romain Mélaine (fin du Vème siècle - début du VIème), qui se distingue par sa piété, est l'évêque de Rennes le plus connu de cette époque. Vers 460, Patern, autre gallo-romain, est probablement le premier évêque de Vannes.

 

L'évangélisation à l'ouest et au nord de l'Armorique est l'œuvre de moines bretons: Brieuc, Tugdual, Malo, Samson, Méen ou Meven, Pol, venus du pays de Galles. Marqués par le monachisme irlandais et la règle de St Colomban, ils sont convaincus qu'ils doivent gagner le ciel en récitant de longues prières et en s'imposant une vie très rude faite de privations et de mortifications. Ils commencent souvent par mener une vie érémitique en un lieu désert ou une île. Puis, au bout de plusieurs années de pénitence, de prière et de réflexion, certains décident d'encadrer des immigrants et des indigènes en créant des "plous" (des paroisses), alors que d'autres tels que Brieuc, Samson, Pol ou Guénolé fondent des monastères. À cette époque, il n'y a pas d'évêchés dans cette partie de l'Armorique, comme dans le reste de la Gaule. Il semble que l'on confère des pouvoirs épiscopaux à certains abbés reconnus pour leurs qualités personnelles. C'est ainsi que certains monastères deviennent plus tard des sièges d'évêchés: c'est le cas à Saint-Pol de Léon, à Tréguier, à Saint-Brieuc, à Saint-Malo et Dol.

 

L'Église mise en place par les moines bretons est différente, à maints égards, de celle qui se développe dans le sud-est de l'Armorique. L'une est celtique, l'autre est latine ou franque. Fondée sur le monachisme irlandais, la 1ère comporte des coutumes originales: un mode de tonsure découvrant tout l'avant du crâne, une manière particulière de calculer la date de Pâques, des rites différents, une importante place accordée aux femmes dans la pratique du culte, de rudes pénitences... La seconde, moins sévère, se répand à partir du chef-lieu du diocèse et est encadrée par un clergé (prêtres, évêques) qui ne vit pas à l'écart du monde.

 

Des siècles qui suivent le déclin de l'empire romain, l'île de Groix n'a rien conservé. Pas de traces concrètes de l'arrivée des moines ermites venus entre le Vème et le Vllème siècle. Seule a survécu la légende du menhir de St Tudy, utilisé en guise de barque, pour aborder les rivages de l'île. Une légende qui n'est peut-être pas dénuée de tout fondement. Les navires sur lesquels naviguaient Cornouaillais et Gallois pour atteindre nos rivages devaient ressembler à ces "coracles" que l'on découvre aujourd'hui encore sur les côtes occidentales de l'Irlande. Ces bateaux confectionnés à l'aide de peaux de vaches cousues ensemble sur des armatures de bois manquent de stabilité. Les émigrants devaient à l'image des pêcheurs irlandais qui, de nos jours, utilisent encore ce procédé, lester leurs barques en y attachant dans le fond de grosses pierres. De là, à déduire que les navires des exilés bretons des Vème et Vlème siècles étaient de grosses pierres flottantes, il n'y a qu'un pas qu'une population peu cultivée était sûrement prête à franchir.    

Pourtant un fait très troublant concerne probablement la famille LE GOUZRONC

 

Dans les premières années suivant la fin de l'occupation romaine de la Grande-Bretagne, il est difficile de trouver des données parfaitement fiables. La plupart des sources primaires ont été écrites beaucoup plus tard: Gildas vers 540; Bede vers 700; les "Chroniques anglo-saxonnes" commençant vers 750, etc., et les différences entre elles et le manque de dates engendrent parfois des confusions. Toutefois ces informations qui suivent semblent certaines.

 

Après l'occupation romaine (425), le premier roi du Kent se nomme Gwrangon ou Gourong, il était en fait vice-roi car sujet (vassal) du Roi Vortigern. Celui-ci avait pris le pouvoir vers 426, il était roi du pays de Galles, mais de grandes régions de l'Angleterre comprenant le Kent étaient sous sa domination. Vortigern n'était pas son nom, mais un surnom (signifiant super-roi ou tyran). Son véritable nom était probablement Vitalinus.

 

Le royaume de Kent était soumis aux attaques constantes des Picts et des Scots qui augmentaient sans cesse leurs incursions En 428, Vortigern a invité deux chefs de Jutland (habituellement désigné sous le nom de Saxons) pour l'aider à défendre son royaume. Hengist (ou Hengest) et Horsa, les chefs de clans Jutes, acceptent et sont d'abord reçus en amis. Vortigern leur donne Ruim, en échange de leurs services pour protéger cette partie de la côte. Vorigern a également promis de les fournir l'habillement et les fournitures, tout le temps qu'ils lutteraient contre ses ennemis.

 

Les Saxons ont repoussé des attaques mais ont également invité leurs compatriotes à venir en Grande-Bretagne. Le nombre des compagnons de Hengist ont augmenté, et quand ils ont réclamé l'approvisionnement et l'habillement promis les Britanniques ont été incapables d'accomplir leur promesse.

 

Le Conseil du Roi décide alors de les écarter, et tente de les renvoyer à la maison, mais les saxons ne veulent rien entendre et menacent de rompre la paix, de casser le traité et de piller toute l'île si les approvisionnements promis n'étaient pas fournis dans l'abondance suffisante. Mais la puissance de Vortigern était toujours en péril et Hengist offre d'aller chercher des renforts pour continuer de l'aider. Vortigern accepte et Hengist revient avec 15 bateaux et Rowena, sa fille. Vortigern voulu l'épouser et promis à Hengist tout qu'il a voulu en retour. Hengist demanda Ceint, (ou Canturguoralen en Jute). Ce cadeau fut fait sans l'avis du roi de Kent (Gwrangon ou Gourong) qui fut abandonné à son propre sort. Toutefois Hengist s'établit à Cantorbéry.

 

Hengist suggère à Vortigern qu'il pourrait envoyer son fils et son frère (ou cousin), qui lutteraient contre le Scots, en échange des pays dans le nord (au-delà du fameux mur romain). Vortigern accepta et encore 40 bateaux arrivèrent mené par Octa, le fils et Ebissa, le frère d'Hengist. Hengist, se sentant alors suffisament en force pour accomplir ses menaces, saisit la première occasion de se plaindre et vers 442, les Saxons se rebellèrent. Ils pillèrent toutes les villes voisines et le pays, de l'orient à la mer occidentale. Les Britanniques ont demandé l'aide des Gaulois, mais aucun n'est venu.

 

Vers 456, Hengist a offert la paix à Vortigern, qui a l'accepte. A l'occasion de la signature du Traité 300 nobles, officiers militaires et abbés anglais ont été invités avec un nombre égal de Saxons. Chaque Saxon cachant un couteau eut pour instructions de se mélanger aux Britanniques et quand ceux-ci ont été suffisamment enivrés, de tuer l'homme le plus proche d'eux. Vortigern fût épargné et dû acheter sa liberté et sa vie au prix de trois provinces. Hengist prit ainsi le Kent en totalité, les indigènes britannique furent assassinés par milliers Ceux qui n'étaient pas tués se sont réfugiés à Londres, d'autres réduits à la famine se livrèrent comme esclaves. Hengist a régné ainsi jusqu'à 488. Un rapport indique que 44 ans après le débarquement des saxons, les villes se trouvaient toujours dans la désolation.

 

Vortigern est allé se réfugier au royaume de Dimetae et a construit un château sur le fleuve Towy, qui a été appelé Cair Guothergirn. Vortigern avait également épousé sa propre fille par qui il a eu un fils, qui n'était pas avare de coups de main. Toutefois, il ne devait pas être laissé tranquille, puisque la foudre tomba sur son château et le ravagea complètement et tous ceux qui étaient dedans: Vortigern, la fille de Hengist et de ses autres épouses trouvèrent la mort. Après la mort de Hengist en 488, le peuple accoutumé à sa monarchie, sa famille lui succéda. Ils continuèrent à régner sur le Kent.    

 

Ces faits expliquent l'un des raisons de la fuite des bretons vers l'Armorique et laisse penser très probablement que parmi eux se trouvait, dans l'environnement de Saint Gunthiern, un dénommé Gwrangon ou Gourong, roi déchu du Kent, qui fit souche à Groix.

 

(ndr : Tous les faits cités ci dessus sont historiquement admis (). Je ne peux pour l'instant pas prouver la venue de Gwrangon à Groix. Mais qui peut prouver le contraire ?)   

 

Références:

The Anglo Saxon Chronicle

K.P. Witney : The kingdom ok Kent (1982)

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