Mort pour la France

Félix Marie (LE) PADELLEC  1888/1914

Fils de Pierre Marie, un marin-pêcheur, né Ploemeur en 1860) et de Marie Françoise PADELLEC, née à Riantec en 1864, mariés Riantec en 1883, Félix Marie (LE) PADELLEC est né le 25 janvier 1888 à Riantec (Morbihan), dans le hameau de Locmiquélic.l est le second enfant d'une fratrie de sept.

 

Commune du canton de Port Louis, située au bord de la Petite Mer de Gâvres, limitrophe de Port-Louis et Locmiquelic à l'ouest. Au sud, la presqu'île de Gâvres la protège de l'Océan Atlantique. Distante de 5 km à vol d'oiseau de Lorient, Riantec, située outre-rade, est de la 1ère couronne de l'agglomération lorientaise. Son relief est peu accidenté, marquée d'abord par sa situation littorale avec ses 9 km de côtes et ensuite par ses caractéristiques rurales.

 

Jeune, il suit sa famille qui s'installent à Groix vers 1901 et accompagne son père sur les bateaux de pêche, d'abord comme mousse, puis comme matelot, marin-pêcheur. Il est inscrit maritime sous le n° matricule Groix/1825. Il passe son conseil de révision en 1908, son n° matricule est Lorient/1502 et effectue son service militaire dans la marine à partir de 1909. Il est embarqué sur le navire de transport « Vinh Long » qui participe à la campagne du Maroc et participe aux actions de pacification de la région de Casablanca, à ce titre il a reçu la médaille commémorative du Maroc avec la barrette "Casablanca" en février 1911.

 

Rendu à la vie civile, il se marie avec une groisillonne Geneviève LE DREFF, née en 1880, le mars 1913. Le mariage a lieu à Riantec. Ils auront une fille Gemma née début 1914.

 

 


 

En août 1914, la tension est grande à Paris. Le gouvernement décide alors de mobiliser les différents dépôts de marins : Cherbourg, Brest, Lorient et Rochefort, (les autres effectifs militaires étant déjà au front) afin d'assurer le calme dans la capitale. Fin août est constitué la Brigade des Fusiliers-marins composée de deux régiments, soit environ 6000 hommes dont la majorité est bretonne. Cette brigade sera commandée par le contre-amiral Pierre Ronarc'h.

 

Matelot de 3ème classe sans spécialité Félix Marie (LE) PADELLEC, qui a été mobilisé au 3ème dépôt de Lorient, n'a pas reçu d'affectation précise. Il est âgé de 26 ans. Il est donc affecté à la compagnie de fusils-mitrailleurs des fusiliers marins, qui est constituée vers la fin du mois d'août.

 

En octobre 1914, les Allemands menacent d'anéantir les défenses belges. La brigade reçoit la mission de quitter Paris pour aller en renfort de l'armée belge, cette mission étant également donnée à la 87ème division d'infanterie territoriale. Il s'agit d'aider l'armée belge à se replier vers la France et de protéger le port stratégique de Dunkerque. La brigade est transportée en train dans les Flandres, puis elle se dirige vers Anvers où se trouve assiégée l'armée belge. Mais à Gand, la brigade s'arrête, la voie étant coupée au-delà.

Le 3 et 4 novembre, la 42ème division a tenté une offensive pour dégager Dixmude, mais celle-ci est sans résultats probants. Le 6 novembre, le repli de la 42ème D.I. se fait sans incidents et la brigade se trouve de nouveau seule à Dixmude. La division laisse toutefois 1 groupe de 2 batteries de 75 à la disposition de la brigade.

 

A Dixmude, les Allemands ont ramené leurs grosses pièces avec lesquelles ils reprennent un bombardement assez intense de la ville et de ses tranchées, des tranchées de l’Yser et du terrain en arrière. Sur le soir, une attaque d’infanterie allemande sur le cimetière est repoussée. La nuit est calme grâce au brouillard épais.

Le 3ème/II remplace le 2ème/II à la défense de la ville de Dixmude. Il prend la défense de la rive de l’Yser au sud du Pont-route.

 

Pendant la nuit, un groupe d’artillerie belge (12 pièces) vient relever ce qui reste de l’artillerie de campagne mise à la disposition de l’amiral et dont l’effectif est tombé à 14 pièces.

 

Le 9 novembre, dès le matin, la fusillade allemande reprend contre les tranchées de Dixmude et ainsi que le bombardement pendant toute la journée, auquel l'artillerie répond, mais sans moyen d’appréciation de ses résultats. Les batteries de campagne nouvellement installées exécutent des tirs sur des points indiqués, en vue de déterminer les éléments qui leur sont nécessaires pour ouvrir rapidement le feu sur tel point qui leur serait indiqué, et en particulier sur les tranchées allemandes très rapprochées des nôtres.

 

Le 10 novembre, un bombardement violent commence dès le matin, principalement sur les fronts est et sud de Dixmude et sur la rive gauche de l’Yser, notamment sur le cimetière qui devient vite intenable. L’artillerie de campagne, l’artillerie lourde de la défense répondent, mais sans grand résultat apparent. A 11h30, le bombardement des tranchées redouble. C’est l’attaque brusquée.

 

 A 13h, l’infanterie ennemie marche sur les tranchées de Dixmude plus ou moins démolies et en tout cas neutralisées. Elle s’empare d’une partie de ces tranchées, de celles qui sont immédiatement au sud de la route d’Eessen et pénètre dans l’intérieur de la défense, prenant en écharpe et à revers les autres tranchées qui sont les unes après les autres évacuées. Une vive fusillade éclate partout en ville où l’ennemi a pénétré avec une rapidité surprenante, encore inexpliquée.

 

A 16h30, la situation est des plus confuses. Les actes d’héroïsme relevés sont nombreux; ils ne peuvent aboutir à la conservation de la ville, et l’amiral décide d’abandonner Dixmude et de mettre tout en œuvre pour arrêter les progrès de l’ennemi à l’Yser.

 

A 17h, la ville est prise, l’amiral fait sauter les ponts. L’artillerie lourde de la défense reçoit l’ordre de bombarder à son tour Dixmude, pour en rendre l’occupation intenable. Le feu est mis à la minoterie. "La décision de bombarder Dixmude était des plus pénibles, parce que la ville contenait certainement beaucoup de blessés alliés, mais elle était nécessaire pour le maintien du front de l’Yser, à une heure où le moral de nos troupes pouvait être fortement ébranlé." dixit l'Amiral Ronach.

 

 

le monument aux morts de Locmiquélic

La Brigade se bat à Melle du 9 au 11 octobre pour protéger la retraite des troupes belges ayant évacué Anvers. Ensuite ils décrochent vers Dixmude qu’ils atteignent le 15 octobre après une marche épuisante. Poursuivis par 50 000 Allemands, ces hommes habitués à vivre nu-pieds sur leurs bateaux, fournissent des marches de 30 et 40 kms.

 

Le lendemain, 16 octobre, la ligne de défense des marins est à peine établie que les Allemands déclenchent, à 16 h, leur première attaque. Les combats pour la possession de Dixmude commencent, opposant 6 000 marins de la brigade et 5 000 Belges commandés par le colonel Meiser à 3 corps de réserve d'armées allemands, environ 30 000 hommes.

 

Le 24 octobre à 21 h, le prince de Wurtemberg lance une attaque générale avec comme objectif de percer le front en direction de Furnes. Deux colonnes vont assaillir le front Nieuport - Dixmude tenu par les Belges et 2 autres colonnes vont converger sur Dixmude, après une formidable préparation d'artillerie.

Le 26 octobre, les marins sont renforcés par un régiment de marche de tirailleurs sénégalais composé du 3e BTS du Maroc (Frèrejean) et le 1er BTS d'Algérie (Brochot).

 

Le 28 octobre, suite à une décision prise le 25, les Belges ouvrent les vannes et inondent la rive gauche de l'Yser entre ce fleuve et la chaussée de chemin de fer de Dixmude à Nieuport, faisant de Dixmude une presqu'île artificielle. Ces inondations sauvèrent la situation sur l'Yser.

Le 7 novembre, en vue de rendre plus intime l’action de l’artil-lerie et de l’infanterie, l’Amiral décide une nouvelle organisation.

L'ensemble de la défense proprement dite de Dixmude comprenant le front extérieur de la ville, la ville de Dixmude, la rive de l’Yser (nord et sud du Pont route) est à la charge 2ème régiment

 

Pendant toute la journée, des duels d’artillerie ont lieu, notre artillerie lourde cherche l’artillerie allemande, sans parvenir à éteindre son feu. Sur le front des tranchées de Dixmude, les Allemands montrent une grande activité. La nuit est troublée. L’ennemi venant d’Eessen prononce plusieurs attaques sur Dixmude sans toutefois insister.

 

Le 8 novembre, les allemands attaquent plusieurs fois le cimetière au sud de la ville. Ils sont repoussés. La ville subi de violents bombardements toute la journée. Le tir des allemands est dirigé avec une grande précision sur les tranchées du cimetière et de l’Yser et sur l'artillerie lourde placée vers Oudecapelle. Deux aéroplanes et un drachen-ballon comme d’ailleurs presque tous les jours, dirigent ces tirs. Les pertes sont importantes.

 

Les pertes sont considérables, le commandant du 2ème/I est tué, le commandant du 2ème régiment est blessé.

 

De la garnison de Dixmude, il ne revient que 200 Sénégalais, 200 Belges, 500 marins ( sur plus de 6000) et quelques officiers. 

 

Félix Marie (LE) PADELLEC, disparait lors de ces combats, le 10 novembre 1914, sur le champ de bataille de Dixmude. Son corps n'est pas retrouvé ou n' a pas pu être identifié. Il se trouve peut-être dans l'un des ossuaires du cimetière de St Charles de Potyze (Commune d'Ypres)

 

Un jugement du tribunal de Lorient en date du 11 juin 1920 a établi officiellement son décès avec la mention "Mort pour la France". Décès transcrit sur le registre de la commune de Locmiquelic  le 25 juin 1920.

 

Son nom est gravé sur le monument aux morts de Locmiquélic, commune où sa veuve s'est établie après son remariage... Il laisse une veuve de 34 ans et une fille de 10 moisde qui sera "adoptée pupille de la nation "

 

 

L'ossuaire de Saint Charles de Potyze