Mort pour la France

Joseph Marie GOURONC (1879/1917)

 

Fils naturel de Marie Mauricette GOURONC, une groisillonne née en 1847, résidant à Groix dans le village de Kerliet, Joseph Marie GOURONC est né le 5 juillet 1879 à Groix dans le village de Kerliet. Il est l'aîné d'une fratrie de deux enfants.

 

Après quelques années passées sur les bancs de l'école, Joseph commence son apprentissage de marin-pêcheur en s'embarquant comme mousse sur les dundees groisillons vers l'âge de 11/12 ans. En 1894, il devient novice, vers août 1897, il est inscrit définitivement sur le registre des gens de mer du quartier de Groix sous le n° matricule 1473.

 

Vers septembre 1899, il est levé pour faire son service militaire. Il est affecté au 3ème dépôt des équipages de la flotte, à Lorient. Après 4 années, il est rendu à la ville civile et il reprend ses activités à la pêche.

 

Joseph Marie GOURONC se marie avec une groisillonne, Mélanie LE VAILLANT, née 1890 dans le village de Kermunition, le 4 novembre 1907. Ils résident à Groix dans le village de Kermarec. Ils auront deux enfants.

 

Joseph Marie GOURONC décède le 23 juin 1917, en mer au large de Gabès (Tunisie).

 


 

En août 1914, Joseph Marie GOURONC est âgé de 35 ans. Il est mobilisé au 3ème dépôt des équipages de la Flotte à Lorient. Il est matelot de 3ème classe, fusilier auxiliaire.

 

Dans un premier temps, il est affecté à la défense côtière.

 

Fin octobre 1915, suite à la réquisition du chalutier "Jules", qui est transformé en patrouilleur auxiliaire, Joseph est affecté sur ce navire, basé à Bizerte en Tunisie.

 

Les missions de ce bâtiment est de sécuriser les eaux territoriales, dans ce cas précis celles de Tunisie qui est sous protectorat français. Les sous-marins allemands font des ravages au large des côtes tunisiennes, où ils étaient initialement déployés pour couper les Alliés de leurs renforts en hommes et provisions venant des colonies. Il assurerait aussi la protection des transports de troupes et des navires-hôpital faisant la liaison avec les bases du corps expéditionnaire français en Orient.

 

 

Description des faits, selon le rapport du L.V. CHAUMIÉ,

commandant les chalutiers du Sud

 

Le "Jules" avait été mis aux ordres du "Belette" pour la couvrir pendant les dragages. "Jules" n’a pas de patron titulaire car il manque un patron à la flottille depuis le rappel du patron Alain Guillaume le 8 Juin. Pour cette sortie, c’est Michel Marie Cougoulat, de Brech, plus ancien des QM pont qui faisait office de patron.

 

"Jules" et "Belette" appareillent de Sfax le 22 à 12h sur l’avis d’un sous-marin en vue près de Thyna. "Belette" drague vers la bouée 7, E/W de Thyna, sent une grosse résistance, casse son prisme et deux cisailles. La drague a rencontré entre deux eaux un objet très résistant en fer, que l’on ne retrouve pas. L’équipage pense à un sous-marin, mais l'officier pense plutôt qu’il s’agit de l’épave d’une des deux mahonnes dont la drague aura ragué la chaîne ou l’ancre. Les deux bateaux mouillent à Ras el Bech et le patron de "Belette" fait venir Cougoulat et lui rappelle les instructions: se tenir juste derrière la drague à quelques centaines de mètres.

 

"Belette" arrive devant Gabès le 23 à 7h15 et fait une passe sans drague pour reconnaître l’alignement phare-bouée, emplacement de la mine que l’on a fait exploser précédemment. Il élonge sa drague vers 08h00 pour draguer sur l’alignement indiqué vers le large. "Jules", en retard, rallie, et contourne par bâbord pour se placer derrière. Comme il arrive près du flotteur tribord, une violente explosion se fait entendre. Les débris de l’avant sont projetés à l’horizontale et l’on voit dans la fumée le mât arrière s’incliner de 30°. Quand la gerbe disparaît, plus rien. La marée commençait à baisser et il y a un léger clapotis qui ne fait pas tanguer "Jules".

 

Le canot de "Belette" envoyé sur place recueille le QM mécanicien Vastel, qui se trouvait sur le pont, et le QM chauffeur Penhoet qui a pu s’échapper en soulevant le panneau de la machine. Le gabier Gruenais remonte à la surface où il se débat quelques secondes avant de disparaître. Aucun autre marin n’a été vu. Une demi-heure plus tard, "Belette" remet les rescapés à l’embarcation du maître de port pour les conduire à l’hôpital car ils étaient légèrement blessés à la tête et, comme la mer se creuse, rentre à Sfax.

 

Arrivé à Gabès à 13h avec une auto de l’aviation, le L.V. Chaumié a vu les rescapés qui ont demandé à être ramenés à Sfax. Il les a déposé à l’hôpital de Sfax à 19h et leur état n’inspire pas d’inquiétude.

 

L’épave de "Jules" git droite, par 10 m de fond. L’avant et le milieu ont disparu. Les grenades situées à l’arrière n’ont pas explosé. En admettant que l’explo-sion les ait débranchées, elles sont à 7 m d’immersion. Mais l’état de la mer du 23 juin après-midi ne permettait pas d’exploration. Les dragages avec "Belette" sont arrêtés . Ils reprendront, à marée basse et par mer calme, afin de repérer méthodiquement les mines restantes au miroir.

 

exemple de  chalutier semblable au "Jules" transformé en patrouilleur auxiliaire

 

le sous-marin UC-27 (OL Gerhard Schulz) qui mouilla les mines devant Sfax et Gabès

 

fiche Mémoire des Hommes du S.G.A. avec une erreur dans l'orthographe du nom

 

Comme on peut le supposer en lisant le rapport du L.V. Chaumié, Joseph Marie GOURONC est tué lors de l'explosion du "Jules", qui a lieu le 23 juin 1917 vers 8h. Il disparait par le fond avec le bâtiment.

 

Ultérieurement le corps remonte à la surface et il est retrouvé le 26 juin avec d'autres marins, notamment le quartier-maître Michel Cougoulat qui faisait office de commandant du Jules pour cette mission.

 

Son corps est transféré à l'hôpital de Gabès afin que son décès soit constaté, puis inhumé dans le cimetière français de cette ville tunisienne

 

Son acte de décès est inscrit sur le registre d'état-civil de la ville de Gabès (Tunisie) à la date du 25 juin 1917.

 

Joseph Marie GOURONC aurait eu 38 ans une semaine plus tard. Il laissait une épouse et deux enfants de 3 et 5 ans.

 

Il sera honoré de la médaille militaire (et de la croix de guerre avec une étoile de bronze) à titre posthume par décret du Ministre de la Marine du 11 juillet 1919.

 

Le nom de Joseph Marie GOURONC, Mort pour la France est gravé sur les différents monuments de la commune de Groix.

 

 

Le "Jules" était un chalutier réquisitionné à Alger le 27 octobre 1915 et reconverti en patrouilleur auxiliaire. Le 23 juin 1917, il saute sur une mine larguée par le sous-marin UC-27 (OL Gerhard Schulz) devant Gabès (Tunisie).

 

 

Le "Belette", ci-dessous, (ex Holland) patrouilleur, chasseur de mines, ex remorqueur hollandais construit en 1913 de 154 t, 33,00 x 6,60 x 3,00 m, disposait d'une machine à triple expansion de 500 cv.

 

Acheté par la Marine française en avril 1916 et basé à Bizerte.

 

Il fut administrativement considéré comme bâtiment armé en guerre du 9 août 1915 au 7 août 1918, puis du 15 octobre au 28 décembre 1918

le "Belette" avant son acquisition par la Marine Française

étoile bleue, drague au large de Thyna le 22 juin, étoile rouge, explosion au large de Gabès

 

 

Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 11 juillet 1919, les marins disparus avec le patrouilleur auxiliaire Jules furent inscrits à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :

extrait du J.O. du 14 juillet 1919, le nom de Joseph Marie a malheureusement été écorché dans le contenu de l'article avec un F à la place du G initial

 

 

 

Le corps de Joseph GOURONC a probablement été transféré au cimetière militaire de Gammarth en Tunisie (ci-dessous), dans lequel tous les militaires français tués en Tunisie ont été regroupés.

 

 

 

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