Mort pour la France
Fils de Pierre Marie Désiré, né à Groix en 1848 et de Marie Anne FIZOT-LAVERGNE née en 1848 à Groix, mariés en septembre 1876, Jean Marie RAUDE est né le 12 février 1884 à Groix dans le village de Créhal. C'est le 2ème enfant d'une fratrie de 4, issu de 2 mariages.
Orphelin de mère à l'âge de 2 ans, et après quelques années sur les bancs de l'école, il apprend le métier de marin-pêcheur comme son père, d'abord mousse l'âge de 11/12 ans puis comme matelot. A l'époque de son conseil de révision en 1903, il est inscrit maritime sous le n° Groix /
Son numéro matricule au recrutement militaire est le 1784 / Lorient. Il effectue son service militaire au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient à partir du 14 février 1904. A cette occasion, il embarque sur la "Rance" du 8 mai 1905 au 22 août 1906, puis sur le "Lavoisier" du 29 mars 1907 au 22 janvier 1908.
Il est rendu à ses foyers le 22 janvier 1908, rentre à Groix et reprend immédiatement ses activités de marin-pêcheur.
Il est célibataire et réside chez ses parents dans le village de Créhal.
Jean Marie RAUDE décède le 17 juillet 1915 à Dieulouard (Meurthe et Moselle).
A la mobilisation Jean Marie RAUDE a 30 ans, et il est célibataire. Il est appelé au 3ème dépôt des équipages de la flotte, mais la Marine ne lui trouve pas d'affectation dans ses rangs, il est d'abord renvoyé chez lui, puis versé dans l'Armée de terre qui manque de bras après les évènements meurtriers de l'automne 1914. Il est rappelé le 27 novembre 1914 et il est affecté au dépôt du 6ème RIC à Lyon le 21 décembre 1914.
Après quelques semaines de formation, il est affecté au 36ème régiment d'infanterie coloniale sur le front, Il part avec un contingent de renfort de 229 hommes et 1 officier. Parti de Lyon le 20 avril 1915, ils arrivent vers le 22 à Lenoncourt (Meurthe et Moselle) au sud-est de Nancy. Le régiment est alors à l'instruction. Les hommes sont rapidement répartis dans les compagnies, pour Jean Marie ce sera la 17éme (5ème bataillon)
Dans la nuit du 13 au 14 mai, la 147ème division relève le 148ème dans le secteur de Valhey / Bénamont. Tout au long de l'occupation du secteur les actions consistent essentiellement en reconnaissances, échaufour-rées, diversions, travaux de consolidations des tranchées, pose de réseaux barbelés,...
Le 11 juin, le 5ème bataillon (celui de Jean Raude) relève le 4ème passe aux avants-postes.
Le 28 juin le 36ème RIC passe à la 16ème division coloniale et il est transporté par camion vers son nouveau secteur.
Ce nouveau secteur c'est Bois le Prêtre, un massif forestier de 800 ha, au nord-ouest de Pont à Mousson, dominant à l’est la vallée de la Moselle, s’avançant en pointe vers le plateau de Haye; son point culminant est à la Croix des Carmes, 372 m, à peu près l’altitude de la colline de Mousson, de l’autre côté de la Moselle.
Les combats du Bois-le-Prêtre (Priesterwald pour les Allemands) sur la commune de Montauville (Meurthe et Moselle) se sont déroulés de septembre 1914 à juillet 1915 dans un massif forestier au nord-ouest de Pont-à-Mousson. Les troupes françaises progressent dans le Bois au prix de pertes énormes. «Du mois de décembre 1914 au mois de mai 1915, ce ne sont qu’attaques, contre-attaques, corps à corps, explosions de mines, éclatements de bombes et de grenades. Nous avançons, nous reculons, nous avançons de nouveau, et des trésors de courage, de patience et de sang s’épuisent dans ce long piétinement.» Ces mots poignants de Raymond Poincaré, traduisent toute la grandeur et la misère des combats du «Quart en réserve»: la véritable bataille du Bois-le-Prêtre. Chaque parcelle du terrain a reçu le sang de ces braves et le sol y a été labouré et remué maintes fois. Ici, certains éléments de tranchées ont changé 15 fois de main. Sur les autres de champ de bataille, y compris Verdun, il est exceptionnel de trouver un secteur de combat où la lutte fut si opiniâtre. La bataille pour le haut du bois dura plus de 8 mois, 8 janvier - 15 août 1915.
Quelques hommes du 36ème RIC en juin 1915
Le 36ème R.I.C est un régiment de réserve du 6ème R.I.C crée en août 1914 dont le dépôt se trouve à Lyon. Constitué de 2 bataillons, il appartient à la 147ème brigade intégrée à la 74ème division d’infanterie.
Au début du conflit on le trouve en Savoie à garder les frontières devant l’Italie (St-Pierre d’Albigny) puis en Lorraine à Montmélian le 21 août, Brémoncourt, à Einvaux le 25, à Gerbéviller le 28, puis au passage de la Mortagne, Fraimbois, bois du Haux, bois de la Paxe, bois des Rappes, bois du Four. Suite aux pertes durant les combats du secteur de Gerbéviller, où 1200h sont mis hors de combat, le régiment est incorporé au 229ème RI jusqu’au 26 octobre, date de l’arrivée d’un renfort de 800h. On le retrouve ensuite à Lunéville (13/09), forêt de Parroy, Sionviller, Bezanges puis dans le secteur de Bathélemont-Bauzemont d'octobre à février 1915 (forêt de Facq, signal de Xon) Puis, il est en poste à Bois-le-Prêtre de juin à juillet, (le Quart-en-Réserve, l’Eperon, carrefour du Mouchoir-Croix-des-Carmes)
extrait du JMO du 36° RIC
Pour sa part le 5ème bataillon (celui de Jean Marie) du 36ème RIC arrive dans le secteur de Fey en Haye (sud-ouest de Metz) le 1 juillet. Dès sa montée en 1ère ligne, il subit de violents bombardements de trois calibres, puis une attaque d'infanterie, finalement repoussée. le JMO signale 130 hommes hors de combat en 48h (des 34ème et 36ème RIC). Le 3, les bombardements augmentent encore en vigueur et pire encore le 4 sur le secteur du Quart de réserve et de l’Eperon. Une attaque allemande est portée sur le Quart de réserve (défendu par le 4ème bataillon du 26ème) qui est finalement pris par la 3ème vague. Cette contre-attaque allemande reprend presque tout le terrain gagné dont l'emplacement de la Croix des Carmes, la croix elle-même ayant été mise à l'abri par les Français. Parrallèlement une attaque est portée sur le secteur du 5ème bataillon qui résiste et stoppe l'assaut.
Dans la nuit du 5 au 6 juillet, le 5ème bataillon (Mercier) est relevé.
Le 8 et le 9 juillet, les Allemands attaquent encore, de part et d’autre de la tranchée forestière des Carmes, et progressent vers le Père Hilarion. Le 9, le 5ème bataillon reçoit l'ordre de s'y positionner. A 7h, la 17ème compagnie (celle de Jean-Marie RAUDE) se porte à ce carrefour du Père Hilarion Le 10 juillet, le 5ème bataillon attaques tranchées allemandes qu'il arrive à prendre, malgré de sévères contre-attaques.
Le 11, et les nuits suivantes, le 5ème bataillon consolide les tranchées du secteur, malgré les bombardements. Dans la nuit du 13 au 14 juillet, le 5ème bataillon du 36ème est relevé.
Le front désormais ne bougera presque plus dans ce secteur. Les combats auront fait plus de 7 000 morts dans chaque camp.Les 14 et 15 juillet les bataillons du 36ème sont relevés. Le front désormais ne bougera presque plus dans ce secteur. Les combats auront fait plus de 7 000 morts dans chaque camp.
Les pertes du 36ème RIC s’élèvent, pour le 10 juillet, à 24 tués, 5 disparus et 86 blessés dont Jean Marie RAUDE. Il a été évacué sur un poste de premiers secours puis sur l’hôpital de Dieulouard où il est mort après quelques jours de souffrance.
agonie les tranchées allemandes dans le secteur de Fey-en-Haye
Jean Marie RAUDE a probablement, en l'absence de relevés sur le JM.O. du 36ème RIC, été blessé lors de l'attaque du 10 juillet 1915 dans la fin d'après-midi.
Transporté à l'ambulance n°2/73 installé à Dieulouard (Meurthe et Moselle), il ne survivra pas à ses blessures et s'éteint le 17 juillet à 16 h dans les locaux de cet hôpital de campagne. Il avait plus de 31 ans.
Jean Marie RAUDE sera inhumé dans une tombe individuelle situé dans le carré militaire au sein du cimetière de Dieulouard (Meurthe et Moselle). Sa tombe porte le n° 93.
Son acte de décès sera transcrit dans les registres de la commune de Groix le 25 septembre 1916.
Son nom est grave sur les différents monuments de la commune de Groix.
carré militaire de Dieulouard (Meurthe et Moselle)
où se trouve la tombe de Jean-Marie RAUDE
plaque mémorielle de l'Église