Mort pour la France

Eugène Mathurin TUAUDEN  (1895 / 1918)

 

Fils de de François Eugène Marie, un marin-pêcheur, né en 1867; originaire de Riantec (Morbihan), résidant à Gavres avant son mariage et de Prudence Rosalie QUÉRIC, née en 1874, mariés à Groix en octobre 1893, Eugène Mathurin TUAUDEN est né à Groix le 8 mars 1895, dans le domicile de ses grand-parents maternels à Quehello. Eugène Mathurin est l'aîné d'une fratrie de 3 enfants. Ses deux soeurs sont nées à Gavres en 1897 et 1899.

 

Léontine, la seconde se mariera en mai 1914 avec mon arrière grand-père Charles Laurent GOURONG (NdR).

 

Après quelques années passées sur le bancs de l'école à Gavres, Eugène Mathurin embar-que comme mousse pour faire son apprentis-sage de marin-pêcheur, vers l'âge de 11/12 ans. Puis, il devient novice au printemps 1910.  En mai 1913, il devient marin, inscrit maritime définitif sur le registre des gens de mer du quartier de Lorient, sous le n° matricule 5009. Il effectue sa première campagne de pêche au tho durant  l'été et le début de l'automne 1913.

 

En août 1914, au début de la guerre Eugène est âgé de 19 ans.

 

Eugène Mathurin TUAUDEN décède le 14 septembre 1918 sur le territoire de la commune de Laffaux (Aisne).

 


 

Comme beaucoup des jeunes gens de la classe 1915, tant les combats sont meurtriers, l'appel sous les drapeaux est devancé. Eugène est levé le 15 décembre 1914, affecté, pour ses classes au 3ème dépôt des équipages de la flotte, à Lorient.

 

 

Au mois de novembre 1915, la brigade de fusiliers-marins, la brigade Ronarc’h, qui s'est illustrée dans les Flandres, était dissoute. La marine a besoin de ses hommes. Toutefois la décision fut prise de garder sur le front, en décembre 1915, un bataillon de marins, conservant ainsi aux Armées son drapeau à la fourragère, si chèrement payé.

 

C'est probablement vers le 1er décembre 1915, après avoir terminé ses classes et peut-être gagné son brevet de fusilier, qu' Eugène Mathurin TUAUDEN est affecté à la 3ème compagnie du bataillon de marche des fusiliers-marins. Il rejoint son régiment au front dans les Flandres maritimes belges, dans le secteur de Nieuport. Le contingent de renfort semble, selon d'autres témoignages, parvenir au front le 12 janvier 1916.

 

En l'absence d'un JMO complet, le parcours a été reconstitué de divers sources partielles

 

Jusqu'au printemps 1917, il ne semble pas y avoir d'évènement particulièrement notable dans les Flandres. Pourtant plusieurs inscrits maritimes décèdent le 14 avril 1916 dans le secteur du Mort-Homme.

 

Au mois de juin 1917 l'État-Major anglais prépare dans les Flandres une offensive de grande envergure, offensive à laquelle la 1ère Armée française prendra part, à la gauche des armées britanniques, en s'intercalant entre celles-ci et le front tenu par les troupes belges. L'attaque est prévue pour le mois de juillet. Le commandant de la 1ère Armée, le Général Anthoine, dispose des 1e et 36e Corps renforcés de bataillons.

 

A partir du 15 juillet 1917 commencent les tirs de barrage d'artillerie en préparation de l'attaque.sénégalais et de celui des fusiliers-marins.

 

 

Le bataillon est cité le 5 octobre 1917: " Troupe splendide, animée du plus bel esprit offensif, sous l'impulsion vigoureuse de son chef, le capitaine de frégate de Maupeou d'Ableiges, et de ses excellents cadres, a enlevé d'un seul élan une organisation ennemie des plus solides, y a fait 150 prisonniers appartenant à trois régiments différents et en a maintenu victorieusement la possession."

 

 

La bataille de Hailles (Somme)

 

Avec la fin des hostilités sur le Front Russe, les allemands planifient une offensive majeure en France au printemps 1918 avant l'implication massive des Etats-Unis dans la guerre. Ils choisirent la partie du front tenue par les Anglais d'Arras à Saint-Quentin et La Fère, qui apparait faiblement défendue. L'objectif des Allemands est de repousser les Anglais vers la Manche et les Français vers le sud.

 

L'offensive commence le 21 mars à 4 h sur un front de 70 km de large. L'avance des Allemands est très rapide. Le 27 mars les Allemands sont à Montdidier, à 60 km de leur point de départ, menaçant Amiens. Mais les alliés, unifiés, sous un commandement unique, jettent de nouvelles forces dans la bataille et parviennent à arrêter l'offensive allemande qui s'épuise. L'offensive de la Somme prend fin le 5 avril 1918, aussitôt suivie à partir du 9 avril par l'offensive de la Lys.

 

Le 29 mars, la 29ème division d’infanterie à laquelle appartient le bataillon des fusiliers marins quitte les Flandres pour relever une division anglaise dans le secteur de Hailles et le 4 avril, le bataillon est déployé pour empêcher une tentative de contournement des forces alliées par les passages de deux rivières, l’Avre et la Luce, à 15 km au sud-est d'Amiens. Les combats sont terribles, les bombardements particulièrement violents et intenses, y compris au gaz toxique. Mais les fusiliers marins remplissent leur mission et conservent leur secteur.

 

Du 4 au 14 avril; la défense de Hailles et du village de Dommart coûte 350 hommes au Bataillon, dont 224 intoxiqués. Cette fois encore le fusilier Eugène TUAUDEN échappe à la tuerie.

Ceux-ci lui ont valu sa quatrième citation à l'ordre du bataillon.

 

La 3ème compagnie (celle d'Eugène TUAUDEN) à droite, sous les ordres

du capitaine Marrast qui sera tué ainsi que ses autres officiers; le com-mandement d’abord assuré par le premier maître Potin sera ensuite repris par un lieutenant .

 

Alors qu’il fait encore nuit, un passage est ouvert à travers les réseaux de défense. A 5h58, le bataillon, triomphant de la résistance ennemie, atteint le lieu-dit «Moulin de Laffaux», franchit les lignes de tranchées et, emporté par son élan, dépasse même son objectif. Les «tranchées» sont vidées de leurs occupants et un petit bois sur les pentes du ravin d’Allemant est enlevé à la baïonnette et ses défenseurs faits prisonniers. Les combat-tants sans abris, sous les tirs de mitrailleuses et bombardements d’obus toxiques progressaient dans les trous d’obus.

 

A 13h00 le groupement atteint la carrière de Fruty et y déloge les Allemands. Il installe son PC sur la crête à l’entrée de la carrière. En fin de journée les fusiliers-marins ont atteint leur objectif en bousculant l’ennemi sur une bande de terrain de 600 mètres de large et de 1900 à 2150 mètres de profondeur. 4 à 500 allemands ont été faits prisonniers et une grande quantité de matériel de guerre a été saisie : des mitrailleuses, des fusils, des munitions et des objets d’équipement auxquels il convient

d’ajouter un canon de 77 et un mortier de 77

 

L’ennemi réagira vigoureusement, le bataillon le poursuivra néanmoins, pas à pas, jusqu’aux rives de l’Ailette, mais ne pourra le forcer à lui seul, tant celui-ci dispose de moyens en personnel et en matériel considérables.

 

C’est sous la pression du 1er corps d’Armée que les Allemands abandonneront enfin cette ligne. Le bataillon épuisé sera mis au repos. Ses pertes auront été lourdes: 18 officiers, 430 officiers-mariniers, quartiers-maitres et marins mis hors combat, soit les trois-quarts de ses officiers et plus de la moitié de son effectif.

 

Pour la seule journée du 14 septembre, les pertes côté français s’élèvent à :  - Officiers : 3 tués - 6 blessés - 2 blessés non évacués

     - Sous-officiers et marins : 36 tués parmi lesquels Eugène TUAUDEN - 14 disparus - 142 blessés évacués et 12 blessés non évacués. 

une compagnie du bataillon de fusiliers-marins dans les Flandres

la carrière de Fruty

le monument célébrant le bataillon de fusiliers-marins à Laffaux

 

Résidant avec sa famille à Gavres (Morbihan) avant la guerre, son acte de décès est transcrit le 20 septembre 1919, dans le registre des décès de cette commune.

 

Son nom est gravé sur les monuments mémoriels de cette comme et sur celui de Port-Louis. Il l'est également sur le mur du mémorial de la Basilique de Saint Anne d'Auray (Morbihan)

acte de naissance d'Eugène Mathurin TUAUDEN dans le registre d'état-civil de Groix

fiche matricule avec une faute d'orthographe sur le nom

groupe de marins du bataillon à Die Grachten le 3 septembre 1917

 

Celle-ci est déclenchée le 31 juillet. Les Sénégalais et les fusiliers-marins, mis à la disposition de la 51e Division, reçoivent pour mission de nettoyer la presqu'île de Poësele. Le formidable pilonnage d'artillerie oblige les Allemands à la désertion de leur première ligne, et les alliés occupent cette ligne sur un front de 24 kilomètres entre la Basse-Ville sur la Lys et Steenstraete sur l'Yser. Les troupes françaises, qui ont franchi le canal de l'Yser, se sont emparées de Bixschoote, du cabaret de Kortekeert et de Steenstraete, avançant ainsi de 3 kilomètres.

 

Le 31 juillet 1917, Eugène TUAUDEN s'est fait remarqué par son intrépidité et son exploit est d'avoir fait "taire" une mitrailleuse ennemi.

 

Le 8 août, faisant partie d'une section de mitrailleurs, il se fait de nouveau remarqué.

 

Le 11 août, les fusiliers-marins après avoir enlevé successivement leurs objectifs dans la presqu'île de Poësele, arrivent jusqu'à Drie Gratchen, faisant de nombreux prisonniers. Une contre-attaque ennemie, qui tente de déboucher de Merckhem, est rejetée dans les marais. Les marins s'organisent sur les positions conquises, après avoir coupé les passerelles qui enjambent le Martjewaert.

 

Le 16 août au matin, les troupes chargent sur les positions ennemies aux alentours de la route de Steenstraete et de Dixmude, traversent le cours d'eau de Steenbeck, où plusieurs fois les ponts jetés et détruits sont reconstruits sous la mitraille. Les Français ont la tâche de faciliter aux Anglais la prise de Langemarck défendu maison par maison par canons et mitrailleuses.

 

Au soir du 17 août, l'avancée de la 1ère Armée française l'a portée sur une ligne générale: Grande-Écluse, Drie Grachten, limite ouest des inondations du Martjewaert, ferme Carnot, fermes Mondovi et Champaubert. Il fait alors liaison avec le 14ème Corps britannique.

 

Le 3 septembre 1917, le Bataillon des Fusiliers-Marins cantonne à Die Grachten.

 

 

Le 9 octobre, les Britanniques, qui continuent leur offensive, attaquent au nord et à l'est d'Ypres. A leur gauche, partant du nord-est de Bixschoote, les troupes françaises attaquent, sur un front de 2,5 km entre Draïbank et Weindendreft, l'ennemi installé au sud de la forêt d'Houthulst. Malgré les difficultés du terrain et l'atmosphère empoisonnée, elles prennent les villages de Saint-Jean, Mangelaere et Veldhoek. L'avance est de plus de 2 km à l'arrivée sur les lisières sud-ouest de la forêt d'Houthulst. Le 12 octobre, les Anglais rejoignent les Français à la lisière sud de cette même forêt.

 

Le 22 octobre, Anglais et Français avancent vers Poelcappelle. Le 26, les soldats français attaquent entre Drie Grachten et Draïbank, franchissent le Saint-Jansebek et le Corverberk avec de l'eau jusqu'aux épaules, prennent Draïbank, les bois de Papegoed ; puis le 27, toutes les positions allemandes sur un front de 4 km et une profondeur de 2 km jusqu'aux lisières ouest de la forêt d'Houthulst, en s'emparant des villages de Verdrandesmis, Axhoot, Merkem et Kippe. Le 28 octobre, les alliés avancent de 2 kilomètres sur un front de 4 kilomètres dans la presqu'île du Luyghen. Les Belges occupent les postes de la presqu'île de Merckem, les Français prennent le village de Luyghen ; la presqu'île de Merckem est bientôt aux mains des Alliés.

Le bataillon est de nouveau cité le 5 décembre 1917 ses actions remarquables décrites sommairement ci-dessus: "Sous le commandement du capitaine de vaisseau de Maupeou d'Ableiges, les 26 et 27 octobre 1917, a établi de nuit, sous le feu des mitrailleuses et de l'artillerie ennemies, des passerelles sur le Saint-Jansbeck débordé; a franchi ce ruisseau, puis, s'avançant le long de la route de Steenstraete à Dixmude, à travers un terrain marécageux, semé de trous d'obus et de défenses accessoires, a, dans un élan superbe, brisé la résistance de l'ennemi et atteint pour l'heure fixée tous ses objectifs.

 

 

 Le Moulin de Laffaux (Aisne)

 

Après la seconde bataille de la Marne du 14 au 18 juillet 1918 marquant l'avancée extrême des armées allemandes, l'offensive alliée reprend et s'avance vers les défenses de la ligne Hindenburg d'août à septembre 18.

 

Après une période de repos et une remise en ordre de ses effectifs le bataillon reçoit le 25 août 1918 l’ordre de repartir au combat et est rattaché au 1er corps d’Armée qui attaque, en direction de l’Est, la charnière de la ligne Hindenburg. Au sein de l'Armée Mangin (10ème Armée), il stationne dans le secteur de Laffaux, petit village situé sur un mouvement de terrain à l'extrémité ouest du Chemin des Dames, et participe du 12 au 28 septembre à l'offensive de la reprise du Chemin des Dames.

Le site du mont de Laffaux (et du moulin) sur le plateau qui sépare les vallées de l'Ailette et de l'Aisne, maintes fois pris et perdu au cours de la guerre, est constitué par un système de tranchées en excellent état d’entretien, présente une position extrêmement forte, tenue par la 1ère division prussienne dont la consigne est de tenir à tout prix.

 

Le bataillon monte en première ligne (tranchée du Grappin) dans la nuit du 9 septembre

 

Le 14 septembre 1918, à 5h30, le bataillon de fusiliers-marins, opérant avec la 29ème division d’infanterie, encadrée à droite par la 128ème division et à gauche par la 1ère division marocaine, reçoit l’ordre d’attaquer.

 

L'ordre d'attaque prévoit que les combattants devaient suivre les tirs de barrages roulants progressant à la vitesse de 100 mètres en 4 minutes. Les vagues d'assauts étaient suivis par des groupements de nettoyage à la grenade et au lance-flammes (12 appareils) sur les positions ennemies enterrées.

 

Le début de l'attaque est sonné au clairon à 5heures 50. La vitesse de progression prévue était de 100 mètres en 3 minutes. En réalité le plateau est conquis en dix minutes et les troupes prennent pied dans les tranchées du moulin et de Fruty en un peu plus d’une heure.

 

 

Eugène Mathurin TUAUDEN est tué le 14 septembre 1918, à 6 h 55, lors de l'attaque du moulin de Laffaux. Il avait 23 ans et il était célibataire. 

 

Les autorités militaire ignorent son lieu de sépulture, s'il n'a pas été remis à sa famille. Les conditions des combats, quatre contre-attaques à la grenade, usage de lance-flammes, bombardements intensifs n'ont sans doute pas permis d'identifier les corps de nombreux combattants. La tranchée ayant été reprise par les troupes françaises le jour même, il aurait dû être retrouvé avec certains de ses camarades. Dans la nécropole nationale de Vailly-sur-Aisne, il a été relevé vingt quatre noms de marins dont douze ne se trouvent pas dans le livre d'or. La plaque d'une croix porte deux noms et la mention de trois fusiliers marins inconnus. 

 

Eugène Mathurin TUAUDEN est peut-être inhumé anonymement dans la Nécropole nationale de Vailly-sur-Aisne (Aisne). Edifié en 1917 à proximité d’un poste de secours et aménagé de 1922 à 1925, ce cimetière abrite les corps de 1 576 combattants français en tombes individuelles et collectives. Ce cimetière reçut certains corps de combattants initialement inhumés à Sancy, Nanteuil-la-Fosse, Jouy, Allemant, Laffaux et au Bois-Morin (entre Vailly et Chassemy).

 

 

extrait du J.O. du 9 mars 1922  (décret du 1er mars 1922)

Monument aux Morts de Gavres                                                 Mémorial de Ste Anne d'Auray