Mort pour la France

Benjamin YVON (1873 / 1920)

équipage groisillon début du XXème siècle

 

Fils de Yves, un marin-pêcheur, né à Groix en 1829 et de Marie Marguerite ALLANOT, une fille de Saint Thurien (Morbihan) née en 1836, mariés à Groix en 1859, et résidants à Groix dans le village de Quéhello, Benjamin YVON est né à Groix le 3 septembre 1873 dans le village de Quéhello. C'est le 6ème enfants d'une fratrie de huit.

 

Après quelques années sur les bancs de l'ècole, comme la plupart des garçons de l'île Benjamin fait son apprentissage de marin-pêcheur en embarquant comme mousse sur les dundees groisillons.

 

A l'âge de 15 ans, vers octobre 1888, il est inscrit maritime provisoire et devient novice.

 

En octobre 1891, il est matelot et est inscrit définitif sur le registre des gens de mer du quartier de Groix avec le n° matricule 1214 / Groix.

 

Il est levé (appelé) pour effectuer son service militaire dans la marine d'État le 9 octobre 1893. Il est incorporé dans un premier temps au 3ème dépôt des équipages à Lorient.

 

Benjamin est rendu à sa famille le 15 décembre 1896 et reprend ses activité à la pêche à Groix.

 

Il se marie, à Groix, avec une groisillonne, Marie Sainte Tudyne STEPHANT, née en 1877, le lundi 26 mai 1902. Ils résideront dans le village de Kerlo bras et auront 4 enfants.

 

Benjamin YVON décède le 14 janvier 1920 à Groix.

 


Quand la guerre éclate en août 1914, Benjamin YVON est âgé de 40 ans. Après avoir répondu à l'appel de mobilisation, il est renvoyé à son domicile, la Marine n'ayant pas de poste où l'affecter.

 

C'était sans compter avec les besoins sans cesse croissants de l'Armée de terre, suites aux pertes de l'été et de l'automne 1914, il est mis à disposition de l'Armée de terre le 26 janvier 1915 et affecté le 30 janvier au 88ème Régiment d'infanterie territoriale dont le dépôt se trouve à Lorient. Après quelques semaines d'apprentissage, il rejoindra son régiment au front. Le 28 mai et le 1er juin le régiment reçoit 200 hommes de renfort, peut-être est-ce ce contingent ?

 

Du 20 mai au 10 juin, le 88ème territorial fait le service des tranchées dans un secteur  au nord de Oulches (Aisne), avec comme cantonnement de repos Beaurieux. 

 

Le 11 juin, il est mis à la disposition du 1er corps d’armée colonial; le régiment, après avoir cantonné le 10 juin à Magneux, embarque à Fismes le 11 pour débarquer à Longueau (Somme). Il cantonne, d’abord au sud-ouest d’Amiens, à Pont-de-Metz et à Quévauvillers, puis à partir du 15, au nord de cette ville aux environs de Doullens, à Gézaincourt. Il est rattaché à la 2ème division d’infanterie coloniale. Le 18 juin, le régiment cantonne à Orville où il reste jusqu’au 4 juillet pour son instruction et son entraînement. 

 

 

Du 6 au 12 novembre, le 88ème territorial, toujours rattaché à la 2ème D.I.C., concourt avec les éléments de cette division à l’organisation des positions, continue ces travaux avec la 16ème division d’infanterie coloniale qui a remplacé la 2e D.C.I. et cela jusqu’au 20 décembre.

 

Les hommes les plus jeunes (1899, 1900, 1901) passent aux différents régiments coloniaux de la 16e D.I.C. ). 

 

Durant cette dure période, le régiment a éprouvé de lourdes pertes, 130 hommes ont été mis hors de combat (32 tués et 98 blessés). 

 

Le 21 décembre, par un temps humide et froid, sous de violentes rafales de neige, le régiment est embarqué en autos, et conduit à la Neuville-au-Bois (sud de Sainte-Menehould); il y reste les journées des 22 et 23 décembre et s’embarque dans la nuit du 23 au 24 décembre, à Givry-en-Argonne pour débarquer à Trilport (Seine et marne) le 24 décembre, d’où il gagne, en passant par Meaux, les cantonnements de repos de Villeroy  où il reste jusqu’au 7 janvier 1916 pour prendre ensuite ceux de Saint-Mard qu’il conserve jusqu’au 15 janvier. 

 

Le 16 janvier, à pied, le 88ème territorial quitte ses cantonnements, rejoint le 1er C.A.C. au camp de Crêvecoeur (Oise), stationne au repos à Frétoy, et y reste jusqu’au 27 janvier. Le 24 janvier, un nouveau détachement d’environ 50 hommes appartenant aux classes 1898, 1899, passent à différents corps coloniaux du 1er C.A.C. 

 

Le 28 janvier, le régiment quitte ses cantonnements et, par étapes, gagne ceux de Davenescourt (Somme au nord-est de Montdidier) où il arrive le 31 janvier.  Mis à la disposition du 3ème corps d’armée. Dans la période du 31 janvier au 15 février, le 88ème territorial est employé aux travaux de terrassement en seconde ligne; puis, du 16 février au 2 mars, au service des tranchées de 1ère ligne dans le secteur d’Andéchy (Somme), au nord de l’Avre, où il remplace le 288ème régiment territorial d’infanterie, constitué par les 3ème et 4ème bataillons du 88ème territorial. Dans cette courte période le régiment perd 16 hommes (8 tués et 8 blessés). 

 

 

Il est probable que Benjamin YVON ait été évacué à l'arrière, vers la mer pour sa maladie pulmonaire, peut-être vers Berck (Pas-de-calais); l'air marin étant réputé pour la lutte contre ce type de maladie.

 

La commission de réforme de Boulogne-sur-mer devant laquelle il comparait le 25 octobre 1916, le réforme pour "emphysème très prononcé". L'emphysème pulmonaire est souvent du à l'ingestion de gaz.

 

La commission de réforme de Lorient confirme cette décision le 30 janvier 1917. Benjamin est renvoyé à son domicile à Groix. Il est âgé de 43 ans. De retour, il reprend probablement son activité à la pêche bien que très diminué.

 

 

Après avoir cantonné le 5 à Havernas (nord-ouest d’Amiens), le 6 à Beauquesne, il est le 7 dans la région d’Hébuterne, cantonné à Forceville et Mailly-Maillet, à la disposition du 11ème C.A. pour l’exécution de travaux de défense. 

 

Le 15 juillet le 88e territorial s’embarque à Longueau et est mis au repos à Cramant.dans la région sud-est d’Épernay. Le 25 juillet, il s’embarque à Avize, débarque à Cuperly et se rend, à pied, dans les cantonnements de Somme-Vesle et Poix (est de Châlons-sur-Marne), où il est au repos. 

 

Le 1e août, le régiment se rend, à pied, dans la région de Saint-Jean-sur-Tourbe et est mis à la disposition du génie du 16ème C.A. pour l’organisation des lignes de défense au sud de Perthes-les-Hurlus et de Mesnil-les-Hurlus. Le 10 août il est au nord de Sainte-Menehould ; d’abord à la ferme Araja et dans le camp de la Charmeresse à Ville-sur-Tourbe, puis dans les cantonnements de Courtémont où il prendra part à tous les travaux préparatoires à l’offensive de Champagne Période pénible, les travaux étant faits surtout la nuit, souvent sur des terrains battus par le feu de l’artillerie et des mitrailleuses ennemies. 

 

Pendant la période active de l’attaque, qui se déclenche le 25 septembre 1915, à 9 h 15, les compagnies sont affectées à des régiments coloniaux dont elles assurent le ravitaillement en munitions, en matériel et en vivres. Celles non employées à ce service assurent la garde des anciennes premières lignes, au nord de la Tourbe et de la cote 180 à Massiges. 

 

Dans les jours qui suivent l’enlèvement des lignes allemandes, du 25 septembre au 10 octobre, plusieurs compagnies sont affectées au travail pénible de l’enlèvement des morts, la nuit, sur la Main-de-Massiges, et, ensuite, à l’organisation des ouvrages fermés sur les collines des doigts de cette main. Ces travaux s’exécutent sous le feu de l’artillerie ennemie qui couvre incessamment le terrain de ses projectiles. Les relèves sont particulièrement pénibles, la distance à parcourir des cantonnements de repos aux tranchées étant d’environ 8 kilomètres, à faire la nuit dans des terrains détrempés, sur des pistes semées de trous d’obus. 

 

 

Le 3 mars, relevé dans son service de tranchées, le régiment rejoint la 3ème D.I.C. et cantonne le 3 mars à Mézières. Le 4 à Proyart, par une étape pénible, sous la neige et le verglas. Dans la nuit du 5 mars, le régiment prend le secteur de Foucaucourt (Somme) où il remplace, en 1ère ligne, le 7ème R.I.C. Il y restera jusqu’au 15 avril, assurant, indépendamment de son service de tranchées de 1ère ligne, des travaux de sapes, de construction d’abris de bombardement, de réseaux de fils de fer, travaux de toute urgence puisqu’ils étaient presque inexistants. 

 

Dans la nuit du 15 au 16 avril, le régiment est relevé par le 134ème R.I.T et cantonne, à Chuignes et Fontaine-les-Cappy, pour participer avec le génie aux travaux d’organisation du secteur. 

 

Ramené à l’arrière, au repos, dans la région de Vaire-sur-Corbie, le 25 avril, il serat de courte durée, car dès le 30 avril, le 88ème territorial est de nouveau porté en avant dans la région de Rainecourt, Fontaine-les-Cappy, et Chuignes, à la disposition du génie. Il travaille, la nuit principa-lement, à l’aménagement des premières lignes, à la création de nombreux boyaux et à tous les travaux préparatoires à une l’offensive

 

 

Durant quatre jours de combat dans la Somme (du 1er au 4 juillet), la 2ème D.I.C. a fait 2985 prisonniers, dont 40 officiers, et s’est emparé d’un matériel considérable. Pendant cette même période le 88ème territorial a ses compagnies rattachées, selon les besoins, aux régiments coloniaux pour leur ravitaillemnt en vivres, en munitions et en matériel; au génie pour les travaux de terrassement et l’organisation des positions conquises, à la prévôté pour les postes de barrage, la conduite des prisonniers. Certaines unités le seront même à des batteries d’artilleries où elles organiseront des emplacements de batteries, des observatoires, des boyaux de cheminement. 

 

Dans la période qui suivra, mis à la disposition de la 16ème D.I.C. et de la 72ème D.I., le régiment assurera pour ces unités le ravitaillement comme il l’avait fait pour la 2ème D.I.C., concourera à l’organisation des positions conquises, commencera le déblaiement du champ de bataille. La tâche du régiment, quoique obscure et sans grande gloire, fut cependant, pendant la période du 3 mars au 21 août, périlleuse et pénible; le total des pertes est un témoignage du travail qu’il eut a fournir ils atteignent, en effet, le chiffre de 27 tués, 187 blessés grièvement, 30 blessés légers. La seule période du 1er juillet au 21 août, donne 19 tués, 118 blessés grièvement (dont 2 officiers), et 30 blessés légers (dont 2 officiers). 

 

Après un court séjour au bivouac, dans un camp situé à l’ouest du pilier de Froisy (sur la rive du canal de la Somme et au sud de Bray-sur-Somme), le régiment s’embarque le 25 août, en trois échelons, à la gare de Villers-Bretonneux pour se rendre au repos à Maimbeville dans la région à l’est de Clermont (Oise), où il est remis à l’entraînement. 

 

Quittant la région de Clermont le 13 octobre, par étapes, le 88ème territorial cantonne, à partir du 16 octobre, à Romescamps, dans l’est d’Aumale, où il continue son entraînement. 

 

 

 

Benjamin YVON décède le 14 janvier 1920, à son domicile à Groix, des suites de sa maladie, probablement contractée au front (ou amplifiée) mais non reconnue par les autorités militaires. Il avait 46 ans, il laisse une épouse et 4 enfants de 10 à 17 ans.

 

Déclaré le lendemain à l"état-civil, il est inhumé au cimetière communal de Groix. Il ne bénéficie pas de la mention Mort pour la France, puisqu'il a été démobilisé depuis le 30 janvier 1917.

 

Les autorités civiles de Groix seront plus généreuses, puis son nom est gravé sur le Monument aux Morts de Groix.