Mort pour la France

Mathurin Joseph M. GUENNO (1883/1916)

 

marin vers 1905

artilleur en 1916

 

Fils de Mathurin Édouard, marin-pêcheur, né à Groix en 1851 (mort en mer en 1903) et de Marie Radégonde TONNERRE né à Groix en 1854, mariés en avril 1882, résidant dans le village du Mené, Mathurin Joseph Marie GUÉNNO est né le 23 juillet 1883 à Groix dans le village du Mené. Il est l'aîné d'une fratrie de 8 enfants.

 

Après quelques années passées sur les bancs de l'école, Mathurin comme la plupart des jeunes groisillons fait son apprentissage en s'embarquant comme mousse vers l'âge de 11/12 ans, puis comme novice à 15 ans. En 1901, il devient inscrit définitif sur le registre des gens de mer du quartier de Groix sous le matricule n ° 1633.

 

Mathurin  effectue son service militaire dans la Marine à partir de 1903, au 3ème dépôt des équipage de la flotte, à Lorient. Au retour, il reprend ses activités à la pêche. 

 

Mathurin Josep h Marie GUÉNNO se marie à Groix avec une groisillonne, Françoise Julie tt e GUILLERME née en 1890 à Locmaria, le 7 juin 1910. Ils résideront à et ont deux enfants, le premier étant mort-né en 1911 et une fille Françoise née en février 1915.

 

Mathurin GUÉNNO décède en octobre 1916, dans la Somme.

 

Françoise GUILLERME se remariera en novembre 1919 avec Pierre HARDY, un marin - pêcheur, aura deux autres enfants avec lui et sera veuve une seconde fois, son marin s'étant noyé en mer en  avril 1925. Elle s'établira comme bistrotière pour subvenir aux besoins de ses trois jeunes enfants.

 


 

Le 4 août 1914, Mathurin GUÉNNO vient d'avoir 31 ans. Il est mobilisé au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. Le 26 août, il est affecté à l'unité d'artillerie du front de mer (défense des côtes) à Lorient. Il y reste jusqu'au 1 novembre. Puis, il retourne au 3ème dépôt des équipages.

 

Au début de 1915, il semble avoir été affecté au 51ème R.I., probablement pour une période de formation militaire. Le dépôt de ce régiment habituellement implanté à Beauvais a été déplacé à Lambézellec tout à côté de Brest.

 

Pourtant l'affectation au front semble tarder, probablement pour des raisons de santé. Mathurin est encore à Lambézellec à la fin de l'année 1915.

 

La bataille de la Somme est commencée depuis le 24 juin. Une préparation d’artillerie puissante a préparé le terrain. Depuis 3 mois, les troupes ont avancées, mais début septembre la pluie rend le champ de bataille boueux. Au bout de 3 mois de combat, le terrain conquis n'est que de 12km, et il a coûté cher, mais cette offensive a permis de sauver Verdun.

 

Là, du 13 juillet 1916 à fin décembre, le 29ème R.A.C. aura à subir de lourdes fatigues. Arrivé après les premiers combats dans une région conquise, placé près d’Assevillers en pleins champs, sans abris, à moins de 2 kilomètres de l’ennemi, appelé à tirer immédiatement et repéré presque tout de suite, le régiment sait dominer ses fatigues et oublier ses pertes pour remplir intégralement sa mission d’infanterie. Il eut l’honneur d’être cité à l’ordre de l’armée pour le motif suivant :

" Le personnel des batteries de tir du 1er groupe du 29e régiment d’artillerie  et du 2ème groupe du 29e régiment d’artillerie . 

 En position depuis plus de deux mois dans une région particulièrement active, soumis à des bombardements répétés de tous calibres, a montré une énergie admirable et une haute conception du devoir. Sous le feu ennemi, avec un complet esprit de sacrifice, malgré les pertes élevées en personnel et en matériel, a effectué un tir continu de jour et de nuit, satisfait avec précision et rapidité à toutes les demandes de barrage et appuyé efficacement et heureusement l’infanterie dans ses attaques d’août et septembre 1916. » 

 

Le 4ème groupe (10ème et 11ème batteries) est également présent  dans la Somme, à un kilomètre au nord d'Assevillers le 14 octobre et les jours suivants, son JMO en atteste, par contre aucune note n'est prise prise entre le 15 et le 18 octobre.

 

JMO du 4ème groupe du 29ème RAC pour la nuit du 14 au 15 octobre 1916

 

Le 16 octobre, le temps est épouvantable et le ravitaillement en munitions fort difficile. « Nous sommes à 500 m d'un chemin praticable. Les champs qu'il faut traverser pour arriver aux batteries sont détrempés et coupés de trous d'obus. Il faut mettre 10 à 12 chevaux pour amener 25 obus. Comme nous tirons beaucoup, les pauvres bêtes sont bien vite épuisées. Les conducteurs ont bien de la peine aussi. Ils mettent parfois 12 heures pour faire un seul voyage. L'épuisement général de la batterie (hommes et bêtes) est atteint. » Pourtant les échanges d’artillerie continuent. Lors de la préparation de l’offensive de la 10e DIC, les échanges d’artilleries sont intenses.

 

C’est de lors de ces échanges qu’un obus allemands tombe sur la 11ème batterie, celle de Mathurin GUENNO, qui succombe de ses blessures. (lPas de détails sur les faits, les JMO du 29ème RAC, du 4ème groupe et de la 11ème batterie étant succints…)

 

 

Pendant les mois de  novembre et décembre, les deux groupes ont encore à subir de violents bombardements auxquels résistent heureusement les sapes creusées par les hommes. Enfin, après six mois dans la Somme, le régiment embarque fin décembre ; il restera trois mois au repos dans la région de Toul et de Nancy. 

 

Son acte de décès est retranscrit dans les registres d'état-civile de Groix à la date du 19 février 1917.

 

Inapte à combattre au front, dans un régiment d'infanterie, la commission de réforme de Lorient, du 16 janvier 1916, affecte Mathurin GUÉNNO au 29ème Régiment d'artillerie de campagne (R.A.C.) dont le dépôt (déplacé) se trouvait à cette époque à Lorient.

 

Le 29ème régiment d’artillerie comprenait, avant la guerre, quatre groupes, dont trois à Laon (Aisne) et un à Sissonne. Il appartient au 2ème C.A (3ème et 4ème Division) mais le 29ème R.A.C n'est pas endivisionné. Chaque groupe est composé de 3 batteries de 4 canons.

 

Après avoir participé à la bataille des frontières, à la retraite puis à la bataille de la Marne, le 29ème RAC se retrouve le 14 septembre à Sainte Ménéhould en forêt d'Argonne. Le 15, l’ennemi s’arrête et contre-attaque; la journée fut rude, il laisse trois canons dans Servon, mais il se cramponne. C’est la guerre de siège qui commence, avec la monotonie des jours sans fin et bientôt la nécessité de s’enterrer. L’aviation ennemie est très active. A partir du 28 septembre, les batteries sont violemment bombardées. Dans la nuit du 5 au 6 octobre, Vienne-la-Ville où cantonnent deux des groupes est bombardée avec des obus de gros calibre. Pendant que les 1er et 3ème groupes mèneront pendant trois mois à Vienne-la-Ville une vie agitée seulement la nuit, les 2ème et 4ème groupes, engagés plus au nord dans la forêt, vers le Four de Paris, ont à subir des tirs presque journaliers d’obus de tous calibres. Le 1er groupe sera pendant un mois à disposition du corps colonial, et fin janvier, les quatre groupes se retrouveront au repos à Saint-Mard. 

 

Ce repos dure deux mois pour les 1er et 3ème groupes, un mois seulement pour les deux autres qui prennent part aux affaires de Champagne et appuient les attaques sur le fortin de Beauséjour et la butte du Mesnil. Dans la nuit du 4 au 5 avril 1915, le 29e prend position pour les attaques des Eparges dans la plaine de Woëvre, à cheval sur la route Verdun−Metz entre Ville-en-Woëvre, Pintheville et Fresnes. Les batteries du 3ème groupe, vues des Hauts de Meuse, ont particulièrement à souffrir. Le 9 juin, les 3ème et 4ème groupes sont enlevés au régiment et mis à disposition du 2ème Corps colonial où ils constituent bientôt le 229ème et deviennent artillerie divisionnaire de la division MARCHAND. Les 1er et 2ème groupes resteront dans la région jusqu’à fin juillet, puis seront envoyés un peu plus au sud vers le fort de Troyon. 

 

Le 1er groupe occupera diverses positions près de Troyon jusque fin juin 1916. Le 2ème groupe, dans cette période, est détaché d’abord en Champagne en octobre 1915 puis au Mort-Homme, à l’ouest de Verdun, en mars 1916 ; il y est durement éprouvé:, notamment en octobre 1915, l’abri téléphonique du groupe s’effondre, ensevelissant six téléphonistes; quatre d’entre eux sont dégagés mais les deux derniers qui allaient être également délivrés, sont victime d'un nouvel obus les tuant ainsi que trois des sauveteurs. En mars 1916, au Mort-Homme, l’ennemi attaque et prend le Mort-Homme. Les batteries sont soumises au feu de l’artillerie ennemie et subissent des tirs d’obus de 305.

 

Dans la nuit du 21 au 22 juin, le régiment est relevé, il embarque près de Bar-le-Duc et est transporté dans la Somme. 

 

 

Mathurin Joseph Marie GUÉNNO, 2ème canonnier-servant, faisant fonction de téléphoniste, affecté à la 11ème batterie (4ème groupe) du 29ème R.A.C. est tué, le 16 octobre à 15 h, en allant réparer une ligne téléphonique à 800 m au sud-ouest du bourg de Flaucourt, probablement par des éclats d'obus.

 

La situation de son décès à Chuignolles est une erreur, sauf à considérer qu'il est blessé et que l'hôpital de campagne où il est soigné se trouvait à Chuignolles? La rédaction de son acte de décès et les témoignages de deux membres de sa batterie ne laissent aucun doute.

 

Mathurin, "mort pour la France" a 33 ans, il laisse une veuve et une enfant de 18 mois.

 

Les autorités militaires ne semblent pas connaitre son lieu d'inhumation. Il a probablement été inhumé dans l'un des ossuaires à proximité de ce lieu de bataille: Biaches, Dompierre Becquincourt, Villers-Carbonnel... ?

 

Son nom est gravé sur tous les monuments mémoriels de l'île de Groix.

 

Il fera l'objet d'une citation qui sera publiée au J.O.  (voir ci-contre)

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