Mort pour la France
Fils de Pierre Marie, un pêcheur groisillon, né à Groix en 1864 et de Marie Anne Ernestine YVON, née à Groix en 1862, mariés en octobre 1883, à Groix et résidant dans le village de Quelhuit, Laurent Marie CALLOCH est né le 15 juillet 1897 à Groix dans le village de Quelhuit. C'est le 5ème enfant d'une fratrie de six.
Après quelques années sur les bancs de l'école, Laurent CALLOCH commence l'ap-prentissage de son futur métier, en embarquant comme mousse sur les dundees groisillons vers l'âge de 11/12 ans. A 15 ans en août 1912, il devient novice, et en août 1915, il est inscrit maritime définitif sur le registre des gens de mer du quartier de Groix sous le n° matricule 2290.
A la fin de l'année 1915, il est convoqué par son conseil d'incorporation et déclaré "bon pour le service armé". Il a un peu plus de 18 ans.
Il est levé (incorporé) autour du 7 janvier 1916 et affecté, pour effectuer ses classes au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. En plus de sa formation de base, il effectuera un enseignement de spécialité. Il sera canonnier.
Laurent Marie CALLOCH décède le 4 novembre 1918 à Corfou (Grèce)
Après ces quelques mois au dépôt de Lorient, lorsque Laurent Marie CALLOCH embarque sur son navire d'affectation, le croiseur cuirassé "Edgar Quinet", il est matelot de 1ère classe, breveté canonnier.
En juillet 1916, le navire est basé dans la baie d'Argostoli (Ile de Céphalonie) au large de Patras. Le 19 août, Il appareille pour Bizerte où il mouille dans le lac dans la matinée du 21. Le 22, il accoste dans l'arsenal, puis appareille pour Sidi Abdallah, pour revenir le 13 septembre dans la baie Ponty (Bizerte). Il appareille dans la nuit du 16 au 17, pour Salamine (au large du Pirée, port d'Athènes). Il y mouille le 18. Il y est encore le 30 novembre sans qu'on comprenne, en lisant le Journal de bord, ses missions. De même ce journal ne fait pas état des nouveaux embarqués.
Sa présence fait probablement partie des pressions des alliés pour obliger la Grèce à prendre partie.
Le 1er décembre, une compagnie de débarquement du "Edgar Quinet" fait partie des forces alliées qui investissent Athènes, mais sans autres précisions que la liste des matériels perdus ou détériorés. Rien sur la taille du contingent ni les pertes humaines subies ?
On a donc aucune certitude sur la date d'embarquement sur l' "Edgar Quinet" de Laurent Marie CALLOCH.
Le croiseur cuirassé "Edgar Quinet" que l'on voit sur la photo ci-dessus sortant du Port militaire de Brest a été construit à Brest à partir de 1905. Il est mis à flot le 21 septembre 1907 et armé en 1911. Il est radié en 1930, suite à un naufrage.
Ce navire jaugeait 13 650 t, mesurait 158 m x 21,5m et avait 8,30 m de tirant d'eau. Il possédait 3 machines et 6 cheminées. Doté de 3 hélices, il pouvait atteindre 23 noeuds et avait 900 h d'autonomie. Il était armé entre autres de 14 canons de 194mm et de 11 lances-torpilles
Il est affecté à la 1ère division légère en Méditerranée de 1912 à 1919.
En 1914 et 1915, il est basé à Otrante, Monténégro, et Tunisie.
En 1916, il participe à l'occupation de Corfou, à l'évacuation de l’armée serbe, et à l'affaire d’Athènes. En 1918, il est basé à Corfou et à Malte.
Le18 décembre, le navire quitte la baie de Salamine, il appareille pour rejoindre Corfou.
Le 16 avril 1917, "Edgar Quinet" se prépare à quitter Corfou où il était mouillé en différents lieux (rade de Corfou, baie de Butrinto en Albanie, baie de Lefchimo,...) depuis le 20 décembre 1916.
Le 17 avril, le croiseur appareille, fait une halte de quelques heures à Messine le 18, puis se rend à Bizerte avant d'appareiller le 24 avril.
Le 25 avril 1917, le cuirassé "Edgar Quinet " mouille dans la rade Toulon, puis accoste dans le bassin n°1 de Missiessy puis dans l'arsenal au quai de l'artillerie pour des travaux de radoub à partir de 30 avril .
Le 8 juillet 1917, les réparations étant terminées, le croiseur mouille dans la rade de Toulon, prêt à reprendre ses missions. Le 23 juillet, il appareille d'abord pour Messine, puis pour la rade de Corfou, où il arrive le 26 juillet.
escadre française dans la rade de Corfou en 1917
Le service à la mer se poursuit durant l'année 1918. Le 24 octobre "Edgar Quinet est toujours au mouillage dans la rade de Corfou. Ce jour-là un petit vapeur conduit un malade à terre.
Le 9 novembre 1918, le croiseur "Edgar Quinet" appareille. Dans l'après-midi du 11 novembre, il mouille dans la rade de Venise. Le Journal de bord, ne fait pas allusion à l'armistice...
Il semble que ce soit le 15, alors que le navire mouille à Venise que l'équipage a le droit aux réjouissances.
hôpital Tribondeau à Corfou
extrait du monument aux morts de Groix
extrait du tableau mémoriel de l'église de Groix
Le Journal de bord reprend le lancinant "rond-rond" des quarts sans interventions spécifiques jusqu'au 31 décembre 1917
différents extraits du Journal de bord
Le malade débarqué le 24 octobre, très probablement Laurent Marie CALLOCH, car il n'y a pas de débarquement sanitaire après cette date, a été hospitalisé dans les locaux de l'hôpital Louis Tribondeau, l'ancien Achilleion, un palais construit à la demande de l'Impératrice Elisabeth d'Autriche, la fameuse "Sissi".
Laurent Marie CALLOCH décède le 4 novembre 1914, à 5h15, dans cet hôpital des suites de sa maladie contracté en service (peut-être de la grippe "dite espagnole", comme le fondateur de cet hôpital à Corfou). Il avait un peu plus de 21 ans et était célibataire.
Il est probablement inhumé dans un premier temps, dans le petit cimetière proche de l'établissement, la Nécropole Nationale de Gastouri, qui accueille les corps de 209 militaires français morts à Corfou, puis son corps est rapatrié* à Groix où il est inhumé dans le cimetière communal.
(* supposition à vérifier, mais il ne figure pas sur la liste des 209 tombes du cimetière de Gastouri)
Il bénéficie de la mention "Mort pour la France" et son nom est gravé sur les différents monuments de la commune.
Son acte de décès est transcrit dans le registre d'état-civil de la commune de Groix à la date du 23 janvier 1919
nécropole nationale Gastouri à Corfou
transcription de l'acte de décès
décor dans lequel Laurent Marie CALLOCH a vécu les quinze derniers mois de sa vie