Mort pour la France
Joseph M. Emmanuel STÉPHANT (1877/1916)
Fils d'Emmanuel, marin-pêcheur, né à Groix en 1844 et de Philomène ADAM, née à Groix en 1849, mariés en octobre 1873 et résidant dans le village de Port-Lay, Joseph Marie Emmanuel STÉPHANT est né le 23 mars 1877 à Groix dans le village de Port-Lay. Il est le second enfant d'une fratrie de sept.
Après quelques années passées sur les bancs de l'école, il fait son apprentissage de marin-pêcheur en s'embarquant comme mousse vers l'âge de 12/13 ans puis comme novice. A l'âge de 18 ans, il devient inscrit maritime définitif avec la n° matricule ? (à vérifier) sur le registre des gens de mer du quartier de Groix.
En 1897, il est levé pour effectuer son service militaire qu'il effectue au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient.
De retour à la vie civile, il reprend ses activités à la pêche, mais il effectue aussi du cabotage (transport maritime côtier). il est dit "maître au cabotage", soit capitaine d'un caboteur, lors de son mariage.
Joseph Marie Emmanuel STÉPHANT se marie le 31 mai 1906, avec une groisillonne du village de Locmaria, Geneviève NEXER, née en 1877. Ils résideront dans le village de Locmaria et auront trois enfants dont Joseph dit Beudeuff, célèbre patron de "Ty Beudeuff" célèbre bistrot à la réputation internationale.
Joseph STÉPHANT décède le 30 août 1916 à Salonique (Théssalonique aujourd'hui) en Grèce.
En août 1914, Joseph Marie Emmanuel STÉPHANT est mobilisé par la Marine au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. il a 37 ans.
Mais la marine n'a pas de mission à lui confier, il est renvoyé chez lui. Toutefois l'Armée a toujours besoin de plus d'hommes, il est donc versé dans l'Armée de terre, le 14 avril 1915.
Jean François est affecté au 6ème R.I.C., stationné au fort Sainte Irénée de Lyon où il arrive le 17 avril pour une période de formation. Son aptitude au commandement lui vaut d'être nommé sergent le 24 avril 1915 et probablement a-t-il la charge de la formation des recrues.
Il est finalement affecté à rejoindre le 56ème R.I.C. sur le front, le 4 mars 1916. Il rejoindra son régiment dans le camp retranché de Salonique, aujourd'hui Théssalonique (Grèce).
quelques marsouins du 56ème RIC, dans les défenses de Salonique
la baie de Salonique
À la suite de l'invasion par les armées austro-allemandes et bulgares de la Serbie, les alliés débarquent à Salonique avec des troupes repliées de l'expédition des Dardanelles. L'idée politique est de se porter au secours des troupes serbes qui se replient vers le sud et de maintenir ainsi le deuxième front que l'Angleterre a tenté de faire ouvrir sur les Détroits, sans succès.
Dès le 5 octobre 1915, les troupes françaises et britanniques débarquent sous le commandement du général Sarrail, violant ainsi la neutralité de la Grèce. Salonique devient ainsi une ville refuge encerclée de loin par les troupes de l'Alliance et avec l'armée grecque en interposition le long de la frontière. Transformée en camp retranché solidement tenu à l'est, le long de la Strouma, et, à l'ouest, sur le Vardar, elle accueille, mi-1916, près de 300 000 hommes (Français, Britanniques, Serbes, Italiens et Russes). Les troupes se fortifient autour de la ville.
Un accord aboutit finalement au maintien du camp retranché de Salonique vers lequel sont envoyés des éléments de l'armée serbe récupérés à Corfou et des troupes italiennes et russes pour venir renforcer les unités franco-britanniques. Ainsi pense-t-on atténuer l'influence allemande sur la Grèce et se tenir prêt à prêter main forte à la Roumanie dont on attend la prochaine entrée en guerre. Les Serbes arrivent de l'Adriatique pour être équipés et formés à la française, casques, canons, uniformes et ravitaillés.
Hôpital n°1 à Salonique
Joseph Marie Emmanuel STÉPHANT est évacué, malade, le 28 août 1916, vers l'hôpital n°1 de Salonique. Il décède deux jours plus tard le 30 août, à 16h 30, des suites d'une maladie contractée au service caractérisée par des embarras gastrique fébrile, probablement conséquences du paludisme (ou du typhus). Il a 39 ans. Il laisse une veuve et 3 orphelins de 6 ans à 6 mois. Il est reconnu "Mort pour la France".
Joseph STEPHANT est probablement inhumé, dans un premier temps, à Zeïtenlick, cimetière militaire situé à Thessalonique (Grèce). Il contient les dépouilles de soldats serbes, français, anglais, italiens, russes tombés durant l'Expédition de Salonique. 8 310 soldats français y sont enterrés, dont 6 347 sont métropolitains. 8 102 le sont en tombes individuelles. Il a probablement été, par la suite, rapatrié, son nom de figurant pas sur la liste publié en 2018 par le consulat de France à Thessalonique et ré-inhumé à Groix (à vérifier).
Son acte de décès est transcrit dans les registres d'état-civil de la commune de Groix le 11 janvier 1917.
Son nom est gravé sur les différents monuments de l'île.
A sa création, le 1er mars 1915, le 6ème Régiment mixte d"infanterie coloniale (RMIC) est composé de 2 bataillons de sénégalais du Maroc et d’un bataillon du 6ème RIC. Il devient le 56ème régiment d'infanterie coloniale (R.I.C.) le 16 août 1915 . Il est rassemblé à Bizerte (début mars) puis sur l'île de Lemnos (17-25 mars), entraîné en Egypte (Alexandrie) fin mars et avril puis il embarque vers l’île de Skyros (Moudros) pour participer à l'opérations des Dardanelles. Il débarque sous le feu ennemi à Koum-Kalepour prendre la ville de Koum-Kale et de sa forteresse (25-26 avril) pour abriter de l’artillerie le gros des troupes qui débarquaient aux Dardanelles. Il ré-embarque le 26 avril (sa mission terminée), les Turcs ont perdus 2000 h. dans cette action. Il participe ensuite aux opérations de la presqu’ile de Gallipoli de mai à décembre (Achibaba, ravin de Kérévés-Déré, ...)
Le 10 décembre 1915, le régiment ne se compose plus que de compagnies «blanches», les compagnies «noires» ont intégré le 58ème colonial, et en a reçu ses compagnies «blanches».
Début janvier 1916, le 56ème R.I.C. réembarque vers Mitylène puis Salonique le 12 février. A partir de cette date, jusqu'au mois d'août, il se trouve dans le camp retranché de Salonique où il participe à la construction de routes, à l'aménagement de camps… C'est à cette époque que Joseph STEPHANT rejoint le 56ème R.I.C. Il est affecté comme sergent à la 3ème compagnie.
le camp retranché de Salonique
La situation est difficile avec le ravitaillement, le "Provence II" coulé le 26 février 1916, les dissensions politiques en Grèce, la coordination d'alliés... La ville fait l'objet d'attaques aériennes fréquentes. Un Zeppelin allemand la survole de nuit, le 7 janvier 1916, et le 1er février. Le 27 mars, les magasins de l'armée française sont gravement atteints par ses bombes. Il s'en suit d'un incendie d'une partie de la ville des pillages durement réprimés.
Malgré des effectifs militaires importants, le front de Salonique ne joue qu'un rôle mineur
À partir de mars 1916, le général Sarrail s'aperçoit que l'interposition de l'armée grecque se dégarnit, vraisemblablement à la suite d'accords entre les Grecs, les Allemands et les Bulgares. Le 4 mai, il fait envoyer un fort détachement sur Florina en direction de Monastir pour prévenir tout débordement vers l'ouest. Le 27 mai, les Bulgares pénètrent en territoire grec. Dans un premier temps, ils prennent, avec l'assentiment des Grecs, le fort du Rupel, sur la route de Salonique à Seres, qui commande toute la Macédoine orientale.
Pendant cette période le 56ème RIC est occupé à la construction de la route Salonique à Sérès, travaux pénibles et malsains et qu'il faut activer fiévreusement en plein foyer de paludisme. Une diversion a lieu pour lui du 18 au 22 juin. A la suite des troubles d'Athènes, il est rappelé d'urgence à Salonique et embarqué à destination du Pirée, puis après deux jours de stationnement sur rade, il est renvoyé sur la rive droite de la Struma.
Le 10 août, lorsque se déclenche l'offensive bulgare, le 56ème est envoyé en première ligne dans la région de Dobrovika. Du 17 au 20 août, il participa à la sanglante contre-offensive française au cours de laquelle le village de Dolzeli est pris et repris trois fois à l'arme blanche.
A la suite de cette pénible affaire il est renvoyé à l'arrière, reconstitué par des renforts venus de France, puis envoyé dans la région d'Ostrovo, où il reste jusqu'en octobre.
En raison des conditions de vie précaires (hygiène déplorable, eau polluée, climat rude, marécages), près de 284 000 soldats ont été malades parmi lesquels 90 000 ont été atteints de maladies contagieuses. La situation sanitaire est exécrable. Le typhus, la dysenterie mais surtout le paludisme font des ravages.
