Mort pour la France

François Marie TRISTANT  (1871 / 1919)

Quéhello

l'équipage d'un dundee groisillon vers 1910

 

Fils de Pierre, un marin-pêcheur, né à Groix en 1838 et de CALLOCH Marie Josèphe, une groisillonne, née en 1841, mariés en avril 1863 et résidant dans le village de Quehello, François Marie TRISTANT est né le 28 avril 1871 à Groix dans le village de Quehello. C'est le 4ème enfant d'une fratrie de neuf.

 

Après quelques années passées sur les bancs de l'école, François Marie s'engage comme mousse sur les dundees thoniers groisillons pour apprendre les rudiments de son futur métier vers l'âge de 11/12 ans.

 

En mai 1886, il obtient le grade de novice et 3 ans plus tard, à l'âge de 18 ans avérés, il est inscrit définitif comme marin-pêcheur sur les registres des gens de mer du quartier de Groix sous le matricule n° ?.

 

En mai/juin 1891, il est levé (incorporé) dans la marine d'État pour effectuer son service militaire. Il est affecté dans un premier temps ua 3ème dépôt des équipages de la flotte, où il effectue ses classes. Nous ne connaissons pas la suite de son parcours militaire, n'ayant pas eu accès à sa fiche matricule.

 

En septembre 1895, il reprend ses activités à la pêche.

 

François Marie TRISTANT se marie le 20 octobre 1897, avec une groisillonne du même village que lui, Philomène PUILLON, née en 1868. Ils résideront dans le village de Quéhello et auront 2 enfants.

 

François Marie TRISTANT décède à Groix, le 10 janvier 1919


 

Lorsque la guerre éclate en août 1914, François TRISTANT est âgé de 43 ans, il fait parti des dernières classes de réservistes territoriaux mobilisables.  Après quelques jours au 3ème dépôt des équipages de la flotte, la Marine n'ayant pas de poste à pourvoir, il est renvoyé chez lui.

 

Il est toutefois mis à la disposition de l'Armée de terre qui ayant de tels besoins d'hommes après les désastres de premiers mois, le convoque le 5 mars 1915. Il est affecté au 88ème (ou au 288ème) Régiment d'infanterie territoriale (R.I.T.). pour quelques semaines de formation militaire; dont le dépôt se trouve à Lorient dans le locaux de la caserne Bisson.

 

Caserne de La Tour d'Auvergne à Quimper

 

 

Le 1er janvier 1916, François TRISTANT est affecté au 284ème R.I.T. C'est un nouveau régiment formé en novembre 1915, il se composait de bataillons des 17ème, 84ème et 86èmeTerritoriaux. Il est rattaché au dépôt du 84ème R.I.T (137ème RI - Fontenay-le-Comte Vendée)

 

Il est employé tout d'abord à des travaux dans le camp retranché de Belfort, puis passe au 34ème Corps d'Armée, compte à la réserve d'infanterie de ce corps d'armée et est dispersé dans les forts de Belfort.

 

Au début de l'année 1916, le bataillon issu du 86ème R.I.T. auquel appartient François TRISTANT est réparti sur les communes de Guewenheim, Rammersmatt, Roderen (au sud de Thann).

 

Le long du front les  hommes sont chargés de renforcer le réseau de tranchées à l'aide de sacs de terre, de planches de bois, de grillages ou de caillebottis de bois, pour lutter contre les intempéries et les effets des bombardements destructeurs.

 

Il fallait environ 6 heures à 450 hommes pour construire une tranchée de 250 mètres de long. Dans ce secteur alsacien les hommes ne creusaient souvent que des abris de fortune et élaboraient leurs tranchées avec des matériaux rudimentaires tels que du bois et des roches

 

Tout au long de l'année 1916, lesbataillons sont dispersés par compagnie tout au long du front alsacien au sud de Thann pour réaliser des travaux.

 

François Marie TRISTANT réintègre la Marine le 26 décembre 1916, suite à la suppression du 284ème R.I.T., et à la demande de celle-ci qui a de nouveaux besoins de ses marins soit pour armer les bâtiments de commerce et de pêche (A.M.B.C.), ou pour favoriser le retour à la pêche afin de répondre aux besoins alimentaires de civils et des armées.

 

 

Très vite, François Marie TRISTANT est affecté le 8 avril 1915 à une autre unité, le 86ème R.I.T. dont le dépôt est situé dans la caserne de la Tour d'Auvergne à Quimper (Finistère).

 

En avril 1915, le régiment est déployé sur Reims et ses environs.

 

Les régiments d’infanterie territoriaux ne devaient pas coopérer aux opérations en rase campagne; le plan de mobilisation ne le prévoyait pas, et ces régiments n’étaient pas outillés pour prêter leur appui aux régiments actifs. Mais dès la fin août 1914, les plus jeunes classes des territoriaux furent intégrées dans des régiments d'infanterie d’active et de réserve pour compenser les pertes.

 

Les régiments territoriaux sont initialement prévus pour assurer un service de garde et de police dans les gares, les villes, les frontières, sur les voies de communication (GVC), à l’occupation et à la défense des forts, des places fortes, des ponts et autres lieux sensibles.

 

Ces territoriaux se trouvèrent par suite des circonstances engagés dans la bataille ou avec une participation indirecte dans les combats.

 

Ils effectuent de la même manière divers travaux de terrassement, de fortification, de défense, entretien des routes et voies ferrées, creusement et réfection de tranchées et boyaux. Ils forment, avec les gendarmes, chasseurs forestiers, etc., des détachements chargés de suivre l’armée en marche pour explorer et nettoyer le champ de bataille. Il récupèrent ainsi un important matériel composé d’effets en tout genre, notamment des armes, arrêtent et escortent des soldats allemands isolés ou blessés, ramassent, identifient et ensevelissent des cadavres, construisent et gardent des camps de prisonniers. Ils saisissent également du bétail égaré. Ils sont également chargés de missions de ravitaillement et autres missions de soutien aux troupes de première ligne, sous les bombardements et les gaz. Un nombre important de territoriaux perdent la vie dans ces actions méconnues et difficiles mais indispensables.

 

Au fil des mois, alors même que la distinction dans l’emploi entre les régiments d’active et les régiments de réserve s’estompe, la spécificité de la territoriale cède la place à une utilisation commune à toutes les formations. De fait, les régiments territoriaux sont engagés en première ligne. Tout d’abord, les territoriaux ont pour mission la garde dans les tranchées de première ligne dans des secteurs dits «calmes», le mitraillages des lignes allemandes par tirs indirects, l’occupation des tranchées de départ, en soutien des divisions d’attaque.

 

La lecture du J.M.O du 86ème montre que chaque jour des soldats de ce régiment sont tués ou blessés.

 

 

Après un court passage au 3ème dépôt des équipages à Lorient, et compte tenu de son âge, il y a tout lieu de penser que François TRISTANT retourne à la pêche et embarque de nouveau sur les dundees groisillons après deux années passées dans les tranchées.

 

Dans quel état de santé se trouve François lorsqu'il rentre du front ? Il a probablement des séquelles du dernier hiver passé dans les montagnes vosgiennes.

 

En tout état de cause, François Marie TRISTANT décède le 10 janvier 1919 à 6h à son domicile de Groix, dans le village Quéhello. Il est âgé de 47 ans. Il laisse une veuve et deux enfants.

 

Il est inhumé dans le cimetière municipal de Groix et son décès est inscrit sur le registre des décès de la commune à la date du 10 janvier 1919.

 

Son nom sera gravé sur le monument aux morts de la commune de Groix grâce à la bienveillance des autorités municipales, car décédant après avoir été démobilisé, il n'a pas le droit à la mention officielle.