Mort pour la France

Gaston Lucien LEMOUROUX 1884/1914

une section du 62ème R.I. place de l'église

C'est le second "groisillon" Mort pour la France... Curieux groisillon, d'ailleurs, fils de Jean François, né en 1850 à Plouharnel, douanier, mort à Malo-les-bains en 1910, marié à Rosalie DEBEEZ (née en 1855 à Honschoote - Nord, morte 1899 à Malo-les-bains), Gaston Lucien LEMOUROUX (l'orthographe originale est LE MOURROUX) est né à Rosendael dans le Nord (59510), le 6 avril 1884.

 

Rosendael est une petite commune, proche de Dunkerque. D'ailleurs aujourd'hui elle a fusionnée avec cette ville. C'est devenu un quartier de Dunkerque.

 

Convoqué au conseil de recrutement à Dunkerque en 1904, son n° matricule est le 1032/Dunkerque. Malheureusement les registres ont été détruits.

 

Il a probablement fait ses classes en 1905 et son service de deux années dans un régiment de la région de Dunkerque. Son niveau d'instruction lui a permis d'obtenir le grade d'adjudant. Il s’engage et est nommé au 62ème R.I. à Lorient.

 

En 1908/1909, il est en garnison à Groix avec sa compagnie et il fait la connaissance d’une jolie groisillonne, Marie Rose Célinie RAUDE née en 1888, fille de Jean Marie et de Marie Rose GROIGNEC, nièce et filleule de Marie Célinie GOURONG, avec laquelle il se marie quelques mois plus tard, le 12 avril 1909. Il a 25 ans. Ils auront un enfant, Gaston Louis Marie, né en novembre 1910.

 

Tout porte à penser qu'après son mariage, il devient instituteur dans une école publique de Groix.


En juillet 1914, il réside à Groix, dans le village de Port Lay, et le 3 aout, il est appelé à rejoindre le dépôt du 62ème R.I, à la caserne Bisson de Lorient. Il est affecté au 62ème R.I., d'abord comme adjudant téléphoniste.

 

Ce régiment d'active est composé de 3 bataillons de 1.000 hommes chacun. Le 62ème R.I. appartient à la 43ème brigade, elle-même partie intégrante de la 22ème division (11ème C.A).

 

Il participe au même périple de Chatel-Chéhéry jusqu'à Maissin en Belgique, puis la retraite jusqu'au bord  de la Somme-soude à Vassimont dans la Marne que le caporal Emile Eugène LE CLAINCHE, peut-être même dans la même compagnie. Le 62ème R.I. tient précisément les ponts de Haussimont et de Vassimont jusqu'au affrontements du 8 et 9 septembre. (Pour le détail voir la fiche d'Émile LE CLAINCHE)

  

Ensuite, c'est la poursuite des armées allemandes en retraite. Le 10 sept., à 6h., la 43ème brigade reçoit l'ordre de reprendre l'offensive dans la direction de Sommesous. Le 62ème R.I. se porte en avant à 8h.30; le 3ème bataillon forme l'avant-garde. Il occupe successivement la côte 206 et la hauteur de l'Arbre; puis, renforcé par le 2ème bataillon, il se porte sur la côte 209. A 18h., la brigade reçoit l'ordre d'enlever Sommesous. Le 1er bataillon attaque dans le triangle de la voie ferrée et la route de Mailly. Dans la nuit, les Allemands évacuent Sommesous abandonnant leurs nombreux morts et blessés. La plaine aux environs est aussi jonchée de nombreux cadavres attestant la violence de la lutte

 

Le 11 sept., la véritable poursuite commence. Dans la joie de la victoire, les hommes oublient toutes leurs fatigues, toutes leurs privations, les colonnes ennemies sont talonnées à courte distance et, le 11, au soir, après une marche de toute la journée, on est déjà loin de Sommesous, on cantonne à Nuisement.

 

Le 12 sept., de bonne heure, la poursuite reprend. Le 62ème, en avant-garde, pénètre à 7h. dans Chalons/marne, où il fait une trentaine de prisonniers. A 13h., la marche en avant est reprise. A 18h., le régiment s'établit aux avant-postes vers la ferme de Cuperly.

 

Le 13 sept., la poursuite continue dans la direction du nord. La brigade marche dans la direction le Suippes. A 21h., après avoir dépassé Saint-Hilaire-le-Grand, le régiment est brusquement arrêté par une violente fusillade de l'ennemi qui tient, avec de l'infanterie et des mitrailleuses, la lisière des bois à l'est et à l'ouest de la route et qui a laissé l'avant-garde s'engager dans la direction de Saint-Souplet avant d'ouvrir le feu. La brigade est obligée de se replier sur Saint-Hilaire-le-Grand; elle bivouaque au sud-est de cette localité.    

 

 

Le 28 sept. la 22ème D.I. se porte au nord de la 21ème D.I. enga-gée vers Albert. A 11h, le 62ème se dirige sur Mesnil en soutien de la 44ème brigade qui marche sur Authuile et Thiépval. Le 1er bataillon reçoit l'ordre d'occuper Authuile et de tenter, avec le 19ème R.I., une attaque sur Thiepval. Cette attaque, commencée à 22h, ne réussit pas.

 

Le 29 sept., l'offensive est reprise dans la matinée. Le 19ème R.I., soutenu par le 1er bataillon du 62ème R.I. attaque de Hamel et Authuille sur Thiepval. Le 3ème bataillon du 62ème attaque le bois d'Authuille. Le 2ème bataillon est en réserve à Mesnil. Les positions ennemies sont tenues solidement et l'attaque ne peut progresser que lentement. Dans la soirée, le 1er bataillon du 62ème, appuyé par des éléments du 19ème, réussit à enlever et à occuper la cote 141. De son côté, le 3ème bataillon du 62ème enlève le bois d'Authuille, mais il perd son chef, le commandant de Vial, qui est très grièvement blessé.

 

Les 30 sept. et 1er oct., le régiment maintient ses positions.

 

Le 2 octobre, le 62ème reçoit l'ordre d'attaquer Thiepval par l'est en progressant par le ravin d'Ovillers - cote 92. Le 3ème bataillon réussit à s'avancer de 300 m; pendant que le 1er progresse à l'est de la coté 141. Pendant ce temps, le 2ème bataillon attaque la cote 141 et progresse légèrement.

 

Dans la nuit du 2 au 3 oct., le 1er bataillon réussit à avancer de 500 m., mais à la pointe du jour, il se trouve très en flèche et est soumis à des feux de flanc d'infanterie et d'artillerie qui l'obligent à se replier légèrement.

 

Le 4 oct., le régiment maintient ses positions toute la journée, malgré la violence du feu de l'artillerie ennemie. Dans la journée, vers 16h., le 2ème bataillon avait été porté sur Beaucourt pour relever les 83ème et 84ème régiments territoriaux, que les allemands avaient fortement attaqués et rejetés sur cette localité.

 

Attaqué, vers 23h., par des forces supérieures, le 2ème bataillon est obligé de se replier sur la station de Beaucourt. Le combat continue pendant toute la matinée du 5, l'ennemi progresse malgré ses pertes. Il enlève Beaumont - Hamel et la cote 151. Le 2ème bataillon se replie, vers 16h., sur la crête Hamel - Auchonvillers où il est violemment bombardé par l'artillerie lourde. Sur la cote 141, pendant le cours de la nuit, l'infanterie adverse prononce deux attaques, mais les attaques échouent sous nos feux.

 

Le 5 oct., l’artillerie ennemie bombarde à nouveau très violem-ment nos positions pendant toute la journée. A 21h., les Alle-mands attaquent en force sur toute la ligne. Le 19ème à notre gauche est obligé de céder sous le nombre. Le 1er bataillon du 62ème, qui tenait toujours la cote 141, pris de flanc et de front, est obligé de reculer, entraînant le 3ème bataillon qui perd le bois d'Authuille. Mais cette perte n'est que momentanée; les 1er et 3ème bataillons prononcent un vigoureux retour offensif qui leur permet de réoccuper le bois d'Authuille.

 

 

plaque mémoriale sur sa tombe à Groix

Le 14 sept., le régiment reste en position d'attente entre Saint-Hilaire et Jonchery d'abord, puis au sud de Jonchery, pendant que notre artillerie prépare, par un bombardement, l'attaque des positions ennemies à l'est de la Suippes. Le régiment bivouaque au sud-est de Jonchery.

 

Le 16 sept. à 16h., il reçoit l'ordre d'appuyer, par deux bataillons, le mouvement d'une brigade de chasseurs à pied sur le moulin de Souain. Mais la forte organisation des positions allemandes, appuyée par de nombreuses batteries d'artillerie lourde, tou-jours active, fait renoncer à cette offensive. Le régiment reprend ses emplacements et bivouaque au sud du bois des Wacques.

 

Suite aux pertes importantes, Gaston Lucien LE MOUROUX est élevé au grade de sous-lieutenant. Il intègre la 4ème Cie du 1er bataillon.

 

Le 18 sept., à 2h., le régiment est relevé par des unités du 12ème C. A. Le 11ème C. A. passe à la Vème armée et il se porte sur Ludes (nord de la forêt de la montagne de Reims) par Mourmelon-le-Grand, Villers-Marméry et Verzenay.

 

Le 19 sept., il reçoit l'ordre d'organiser face au nord la ligne: Montbre (1er bat.), Saint-Jean (2ème bat.), Château-Romant (3ème bat.). Finalement à 15h., le régiment quitte ses positions pour se porter par Chigny et Rilly-la-Montagne sur Mont-Chenay, où il arrive à 21h. et y cantonne.

 

Le 20 sept., le régiment quitte son cantonnement pour aller appuyer la 21ème division et la division marocaine qui doivent attaquer dans la direction de Saint-Léonard et de Nogent-l'Abbesse. Il reste en position d'attente au sud-est de Montbre jusqu'à 14h.; il reçoit ensuite l'ordre d'aller cantonner à Montbre.

 

Le 21 sept., à 18h., le régiment se porte par Champ-Fleury, Sacy, Bligny, sur Chaumuzy où il arrive à 4h.30 du matin, le 22 sept. Le même jour, à 12h.30, il reprend la marche par Romigny sur Moreuil-en-Dole, où il arrive à 22h.30 et cantonne.

 

Le 23 sept., le régiment se porte sur Chaudun et Pierrefond-sur Compiègne, où il arrive le 25 sept. à 17h.. Le même jour, dans la soirée, le régiment embarque à Compiègne dans des trains qui les déposent à Longueau, d'où il se porte sur Lahoussoye (nord-est d'Amiens). Il met en état de défense les hauteurs nord et est entre Lahoussoye et Bonnay et cantonne dans ces deux localités.    

 

Le 6 oct., le 1er bataillon reprend les tranchées nord et nord-est du bois d'Authuille, ses 3ème et 4ème compagnies (celle de Gaston Lucien) organisent la défense du village. Le 2ème bataillon organise la position Mesnil - cote 142. Dans la journée, le 19ème , aidé par le 1er bataillon du 62ème, essaie de reprendre la cote 141, il réussit à progresser jusqu'aux abords de la crête, mais ne peut l'enlever complètement.

 

Le 8 oct., le 2ème bataillon reçoit à 8h.30, l'ordre d'attaquer Beaumont-Hamel, en liaison avec un bataillon du 64ème RI et un du 337ème RI. L'attaque se déclenche à 13h.; elle progresse jusqu'à proximité du village, mais ne peut continuer en raison du feu de l'artillerie ennemie que la nôtre ne peut maîtriser. Malgré les pertes très sensibles, le 2ème bataillon conserve la position conquise pendant toute la journée. A la nuit, il reçoit l'ordre de se replier sur ses emplacements de la veille.

 

Pendant ces dures journées de combat, le 62ème a réussi à enlever à l'ennemi des points importants du terrain en lui faisant subir des pertes sérieuses. Les attaques partielles et coups de main se succèdent dans ce secteur d'Avelluy-Authuille, que le régiment occupera jusqu'en juillet 1915.

 

Le 9, le régiment améliore ses tranchées. Le 10, trois attaques sont repoussées.

 

Le 11, le régiment reçoit l'ordre d'enlever la côte 141. La 2ème, 3ème et 4ème compagnie du 1er bataillon attaque et se maintient malgré de violents tirs d'artillerie (Pertes:1 tué, 2 disparus, 11 blessés). Le 12 octobre, l'attaque se poursuit, mais finalement doit se replier pour éviter de trop fortes pertes. Les 3 compagnies se fortifient sur place. Le 3ème bataillon organise le bois d'Authuille. (Pertes : 5 tués, 24 blessés)

 

Le 13 octobre, les travaux de fortifications sont continués. L'artillerie ennemie bombarde Authuille. La nuit une attaque ennemie est lancée pour arrêter les travaux. C'est au cours de cette journée, à 8 heures, que Gaston Louis LEMOUROUX est déclaré mort à l'ennemi avec 7 autres sous-officiers et soldats, 3 autres soldats sont blessés. Il avait trente ans.

 

Son décès est inscrit dans les registres de l'état-civil de Groix à la date du 26 mars 1915 (date erronée sur la fiche SGA).

 

Son nom est inscrit sur les différents monuments de Groix

 

Son corps d'abord inhumé dans un cimetière de proximité sera rapatrié et inhumé au cimetière de Groix.     

 

Son frère aîné, Julien LE MOUROUX décède quelques mois après lui, le 13 mars 1915 dans une tranchée à Niewport (Belgique) atteint d'un éclat d'obus