Mort pour la France

Paul François WUILLAUME  (1897/1916)

 

Fils de Mathurin, marin, armateur, né à Groix en 1859 et de d'Églantine GELOUX, née à Nantes en 1876, mariés à La Rochelle en mai 1893, résidant à La Rochelle où leurs trois enfants sont nés , Paul François WUILLAUME (parfois VUILLAUME) est né le 16 janvier 1897 à La Rochelle (Charente maritime). Il est le dernier d'une fratrie de 3 enfants.

 

Après quelques années sur les bancs de l'école, Paul fait son apprentissage de marin, probablement auprès de son père.

 

Il vient s'installer à Groix (avec sa famille) vers 1910 dans le village de kermario.

 

Il devient inscrit définitif sur le registre des gens de mer du quartier de Groix sous le n ° matricule 2261 en 1915.

 

Paul François WUILLAUME décède le 26 novembre 1916, en mer, au large de Lisboa (Lisbonne - Portugal).

 


 

A l'entrée en guerre en août 1914, Paul François n'est pas concerné, il n'a pas encore 18 ans. Toutefois, les trous laissés dans les effectifs par les premiers combats et 1914 et de 1915 conduisent les autorités militaires à demander l'incorporation de la classe 1917 dès les mois de décembre 1915, le temps de former ces jeunes hommes avant de les envoyer combattre. Pour se faire les conseils de révision s'organise en mai juin 1915 et les hommes reconnus "bon pour le service armé" incorporé à la date demandée. Ce sera les cas pour Paul François WUILLAUME, incorporé au 5ème dépôt des équipages de la flotte, à Toulon, en janvier 1916 pour quelques semaines de formation. Il embarquera sur "Suffren" en mai / juin 1916 ( à préciser à la lecture de sa fiche matricule). Paul François est âgé d'un peu plus de 19 ans.

 

le croiseur "Suffren" à pleine vitesse

 

 

Le 18 mars 1915, lors de l’attaque navale, le "Suffren" s’illustre particulièrement pendant la tentative de forcement des détroits, il bombarde alors le fort de Tchanak et subit plusieurs tirs des armées ottomanes l'endommageant gravement, lui causant  des voies d'eau, rendant les canons inopérants.

 

Le 25 mars 1915, il fait route sur Toulon en escorte du Gaulois pour réparations.

 

Le 17 mai 1915, le "Suffren" est de retour aux Dardanelles, et le 18 mai 1915, la division de complément devient la 4ème Escadre.

 

Le 30 juin 1915, le "Suffren" tire sur les batteries de la cote d’Asie. Le 29 juillet 1915, en soutien aux assauts des troupes terrestres, il canonne les pentes d’Achi-Baba, aidé d’un avion observateur.

 

En novembre 1915, il est  à Moudros avec le "République". Le 2 décembre 1915, les deux cuirassés mouillent à Kephalo prêts à appuyer l’armée de terre pendant son rembarquement lors de l’évacuation des Dardanelles.

 

Le 02 février 1916, le "Suffren" exécute des tirs sur les batteries turques de la côte d’Asie. Il est touché par une torpille, il parvient à rejoindre Toulon où il reste en réparation pendant 3 mois.

 

Quelques hommes du "Suffren" sur une passerelle du "Suffren", lors d'une relâche à Tanger

 

On sait aujourd'hui que 26 novembre 1916, à 90 milles dans l’ouest du Portugal, il est torpillé à 8h56 (heure allemande) par le sous-marinU-52 (Kplt Hans Walther), le "Suffren" explose au large de Lisbonne. Perdu corps et biens par 39°10N et 10°48. La torpille atteignit les moteurs et le "Suffren" coula en l'espace de quelques secondes, emportant par le fond ses 648 membres d'équipage dont Jean Paul STÉPHANT.

 

Mais, dans un communiqué du 8 décembre 1916, le Ministère de la Marine signalait que le cuirassé "Suffren" était considéré comme perdu corps et biens, sans que l'on n'en sache exactement les raisons. On a supposé à l'époque, que la tempête seule était responsable du naufrage car aucun sous-marin allemand ne l'avait revendiqué à son tableau de chasse.

 

Après la guerre, il fut confirmé que le sous-marin U52, commandé par le capitaine Hans Walther, avait bien envoyé par le fond le cuirassé Suffren, mais l'avait enregistré sur son livre de bord comme cuirassé anglais.

 

Les coordonnées du torpillage enregistrées par U52 étaient 39° 10 de latitude Nord, 10° 48 de longitude ouest. Elles correspondent bien avec la route suivie par le "Suffren" de Gibraltar à Lorient.

Journal officiel du 24 décembre 1921

Diplôme remis à chacune des familles

 

 

un marin du "Suffren" avec sa belle

silhouette d'un U boot

 

De 12 728 tonnes développant 16 500 cv et d'une longueur de 126 m, pouvant atteindre 18 noeuds, le "Suffren" était armé de 2 fois 2 canons de 305 mm, 10 canons de 164 mm, 8 canons de 100 mm, 22 canons de 47 mm, 4 canons de 37 mm et de 4 tubes lance-torpilles de 450 mm.

 

Construit à l’arsenal de Brest, il est mis en service en septembre 1903. Le 1er avril 1914, il devient le navire amiral, d’une division en Méditérannée comprenant également les cuirassés Saint-Louis, Gaulois et Bouvet, commandée par l’amiral Guépratte.

 

Le 9 août 1914, le "Suffren" intègre la Division de protection des transports de troupes d'Algérie. Le 24 septembre 1914, il est envoyé aux Dardanelles avec la "Vérité" (division Guépratte)

 

Le 3 novembre 1914, il participe au bombardement des forts de l'entrée des Dardanelles avec la Vérité. A partir de décembre 1914, il reste dans les parages des Dardanelles.

 

Le 19 février 1915, le "Suffren" participe au bombardement du cap Hellès et des forts turcs qui protègent l’entrée des détroits. Le SUFFREN, embossé devant la côte d’Asie, à mi-distance entre l’ile Mavro et le village de Yeni-Keui, exécute un tir indirect sur le fort de Koum-Kaleh à 10 500 mètres, le Bouvet lui indiquant les points de chute et indications par TSF.

 

Le 25 février 1915, l'escadre reprend les bombardements interrompus par un coup de vent.

 

Le 07 mars 1915, le "Suffren" effectue une reconnaissance dans l’entrée du détroit.

 

 Vue du "Bouvet" de la passerelle du "Suffren" en mars 1915,

on distingue parfaitement la tourelle avant

Le "Bouvet" coulera suite à la percution d'une mine le 18 mars 1915 emportant

deux groisillons dans ses flancs

 

 

Le 15 avril 1916, il  figure à l’effectif de la 2ème division de la 3ème Escadre de ligne. Le 15 mai 1916: la 2ème division de la 3ème Escadre de ligne devient la division d’Orient. Il y a tout lieu de penser que c'est à cette époque que Paul François GUILLAUME embarque sur le "Suffren", comme matelot de 3ème classe.

 

Après avoir participé aux opérations à Salonique, le 15 novembre 1916, le "Suffren appareille de la baie du Pirée (Salamine) pour Lorient avec 647 officiers et marins et il embarque une centaine de permissionnaires de l'Armée d'Orient. Le 18 novembre 1916, il relâche à Bizerte, d’où il repart le 20 pour Gibraltar en passant par Malte. Le 24 novembre 1916, il quitte Gibraltar après un charbonnage. Le Capitaine qui commande le Suffren n'ignore pas qu'il va affronter "un coup de tabac" entre le Cap Finistère et Lorient, et manifeste de l'inquiétude car son navire n'est plus en bon état. De fait, le 26 novembre il y eut une forte tempête dans le Golfe de Gascogne. Les dégâts qui lui avaient été infligés aux Dardanelles ne lui permettaient d'aller qu'à 10 nœuds, mais le mauvais temps réduisait encore sa vitesse à 9 nœuds; de plus il était sans escorte.

 

 

 

Paul François WUILLAUME est décédé dans l'explosion et la disparition du "Suffren" provoqué par un torpillage d'un sous-marin allemand le 26 novembre 1916 à 8h56 (heure allemande). Le corps a été englouti dans le naufrage. Il était célibataire et n'avait pas encore 20 ans.

 

Son acte de décès est inscrit, suite au jugement déclaratif du tribunal de Brest en date du 13 juillet 1917, dans le registre d'état-civil de la commune de Brest, port d'attache du bâtiment, à la date du 25 août 1917

 

Son acte de décès n'est pas retranscrit sur le registre de la commune de Groix.

 

En revanche son nom est inscrit sur tous le monuments mémoriels de Groix.

 

Paul François WUILLAUME sera honoré à titre posthume de la Croix de guerre avec une étoile de bronze.

 

Transcription collective du jugement déclaratif de décès prononcé par le tribunal de Brest, le 13 juillet 1917, dans le registre d'état-civil de la commune (port d'armement du "Suffren") en date du 25 août 1917.