Mort pour la France

Henri Vincent Marie THOMAS (1895 / 1915)

Port-Louis au début du XXème siècle

 

Fils d'Henri Marie Olivier, un douanier, né à Ambon (Morbihan) en 1853 et Marie Françoise LE BLÉVEC, née en 1851 à Plaudren (Morbihan), mariés à Lorient en novembre 1884, en poste à Groix en 1895, résidant au bourg de Loctudy, Henri Vincent Marie THOMAS est né le 1er mai 1895 à Groix dans le bourg de Loctudy. La famille, une fois le père à la retraite, se retire à Port-Louis.

 

Il fait ses études à Port-Louis et apprend le métier de comptable. C'est ce qu'il déclare lors de son conseil de révision à Port-Louis vers octobre 1914. Il réside à l'époque chez ses parents, 14, petite rue à Port-Louis .

 

Il est déclaré "bon pour le service armé" en son absence.

 

Henri Vincent Marie THOMAS décède le 26 septembre 1915.


 

Henri THOMAS est incorporé le 14 décembre 1914 au 153ème R.I. dont le dépôt habituel à Toul (Meurthe et Moselle) a été transféré dès le début de la guerre à Béziers (Hérault) (à vérifier)

 

Ce régiment est membre de la 77ème brigade d'infanterie; 39ème division d'infanterie; 20ème corps d'armée.

 

Il reste à peine 4 mois dans ce régiment pour effectuer ses classes, son apprentissage de soldat.

 

 

 

Le 416ème R.I. quitte la 154ème division, pour la 28ème division (14ème corps jusqu'au 1er novembre 1916). Il arrive à Cappy, sur les bords de la Somme, le 17 avril. Le front confié au 30ème RI, qu’il vient renforcer, s'étend de Dompierre à la Somme en passant par Frise.

 

Dompierre est occupé par les Allemands. Frise est occupé par les Français. Pour aguerrir ces jeunes «bleuets» les premières relèves sont faites par moitié avec le concours d'éléments du 30ème; au bout de 15 jours le 416ème relève seul. Les relèves ont lieu au début tous les 4 jours, puis à partir du 24 juin tous les 8 jours. La première relève se fait dans la nuit du 22 au 23 avril.

 

Les explosions de mines sont assez fréquentes. Dans la nuit du 4 au 5 juin, 2 mines allemandes explosent dans le secteur de la 4ème compagnie. Quinze jours après, au milieu de la nuit du 20 au 21 juin, 3 fourneaux de mines éclatent sur l'emplacement de la 3ème section de la 4ème compagnie. Les explosions comblent plus de 100 m de tranchée de 1ère ligne. De plus, 500 obus environ sont envoyés par les Allemands pour augmenter le désarroi. Un caporal et 7 hommes sont tués ou ensevelis, 5 autres sont blessés grièvement. La 4ème section saute dans les entonnoirs et gagne une belle citation à l'ordre de l'Armée.

 

Les pertes subies par le 416ème dans le secteur de Dompierre–Frise sont relativement peu élevées; mais les blessures sont graves et le plus souvent mortelles. Le régiment est relevé de son premier secteur et quitte Cappy le 28 juillet.   

 

 

Le 1er avril 1915, Henri THOMAS est affecté au 416ème R.I. Ce régiment a été constitué en avril 1915 avec des éléments provenant des dépôts de la 16ème région militaire (Montpellier). Il fait partie de la 154ème division.

 

Le 416ème régiment d'infanterie est formé administrativement le 1er avril 1915; mais, dès le 11 mars, il se rassemble dans la région ouest de Montpellier. Chaque régiment de la 16ème région forme une compagnie, mais aussi des hommes des régiments d'autres régions mais dont le dépôt a été déplacé, le temps de la guerre, sont intégrés.

 

Les éléments qui forment le 416ème sont, par moitié, d'anciens blessés qui viennent de rejoindre les dépôts et par moitié de jeunes soldats de la classe 1915 (les bleuets) comme Henri, pris parmi les plus aptes et tous volontaires pour partir au front.

Henri est, comme tous les officiers et tous les hommes provenant du 153ème RI, affecté à la 5ème compagnie; 2ème bataillon qui se regroupe à Villeveyrac (Hérault)

 

Il quitte Montpellier en train le 5 avril et débarque à Cuperly (Marne - Champagne). Après quelques manoeuvres, le 416ème repart de Dampierre-au-Temple le 13 avril, embarque à Saint-Hilaire-au-Temple, le même jour, et arrive à Villers-Bretonneux (Somme) dans la nuit du 13 au 14 avril.

 

 

Du 28 août au 3 septembre, le 416ème (106ème brigade) occupe, en Champagne, le secteur de la Maison Forestière. Le 1er bataillon est en 1ère ligne et subit des pertes assez élevées.

 

 

Du 3 au 24 septembre, le régiment bivouaque dans les parages des côtes 204, 152 et 171 entre le village de Somme-Suippes et la Maison Forestière. Pendant toute cette période il prend une part très active à la préparation du terrain d'attaque. Il creuse de grands boyaux de communication destinés à relier les tranchées de 1ère ligne avec l'arrière.

 

 

Le 24 septembre, comme il avait été convenu, les travaux sont terminés. Pour un secteur de 3 km environ, le 14ème corps d'armée dont le 416ème fait partie, dispose de 9 boyaux: 6 pour l'accès, 3 pour l'évacuation. Ces boyaux constituent un travail gigantesque exécuté en un temps relativement court. Ils ont 3 à 4 km de long et permettent à 2 hommes de passer de front. Tous les 15 m, il y a un abri d'une dizaine de mètres. Ces parties de boyaux recouvertes sont destinées à abriter les troupes d'assaut et à amener les troupes de renfort sans avoir trop à souffrir des tirs de barrage.

 

 

Le 25 septembre à 12 h, le régiment se porte en avant pour prendre position dans la tranchée d'York, ancienne tranchée allemande située à 1.500 m environ au nord de son ancienne 1ère ligne. Cette tranchée est située sur une crête en terrain découvert. Il est chargé de la retourner et de l'aménager en vue d'une défense contre tout retour offensif. La position est battue par l'artillerie allemande, mais le 416ème en souffre peu, car le tir est mal réglé. A 17 h, l'ordre arrive de se porter en avant, tout droit vers le nord, pour renforcer les troupes d'assaut. Le 416ème l’exécute avec peu de pertes.

 


 

Le 26 au matin, le 1er et le 3ème bataillons se mettent en marche, en partant du bois des perdreaux où ils ont bivouaquer, vers le nord, vers la tranchée de la Vistule. Ils grimpent la pente qui les conduit sur un plateau traversé par la route de Tahure à Somme-Py. Ils arrivent sur le plateau au lever du jour. La fusillade commence, les schrapnels font rage. Par bonds successifs, ils se portent à hauteur du 75ème RI.

 

Puis les troupes d'assaut gravissent la cote 151 qui borde au nord la route de Somme-Py à Tahure et sur laquelle se trouve la 2ème position ennemie. Cette organisation est très forte. La partie essentielle est constituée par la tranchée de la Vistule située à contre-pente. La position est protégée par d'épais réseaux de fils de fer à peu près intacts. Les troupes ne peuvent franchir de pareils obstacles. Elles s'y accrochent jusqu'à 10 h, malgré des pertes énormes principalement en officiers. A 9h30; le 2ème bataillon, celui d'Henri THOMAS, se porte à l'attaque. Au 1er bataillon du 416ème, il ne reste plus qu'un sous-lieutenant. Tous les autres officiers ont été tués ou blessés. Les Allemands tentent une contre-attaque. Elle est repoussée. La journée du 26 a été sanglante pour le 416ème.

 

parcours (en rouge) du 416ème R.I. 25 et 26 septembre 1915

 

extrait du J.M.O. du 416ème RI pour la journée du 26 septembre

 

 

Dans la matinée du 27, elles prennent leurs dispositions pour une nouvelle attaque qui sera précédée d'une préparation d'artillerie. A 16 h, le 416ème s'élance de nouveau à l'assaut des positions ennemies. Les réseaux n'ont pas été démolis. Des brèches sont faites avec les cisailles et avec les pioches. Malgré de lourdes pertes, il réussit à occuper le fortin situé sur la crête et à s'y maintenir.  Il y eut au total des 3 journées plus de 1.100 tués ou blessés.

 

Pour la seule journée du 26 septembre, il y a eu 60 morts, 628 blessés et 115 disparus; parmi eux Henri Vincent Marie THOMAS, porté disparu.

 

extrait du JMO du 416ème R.I. - liste des victimes de la 5ème bataillon le 26 septembre 1915

 

Henri Vincent Marie THOMAS disparait lors de l'attaque de la tranchée de la Vistule, sur le territoire de l'ancienne commune de Tahure (aujourd'huy Sommepy-Tahure - Marne) le 26 septembre 1915 vers 10h15. Il avait un peu plus de 20 ans et il était célibataire.

 

Son corps ne sera pas retrouvé ou s'il a été retrouvé, il ne pourra pas être identifié et placé dans un ossuaire proche du champ de bataille, peut-être dans l'ossuaire-monument de la "ferme de Navarin" où plus de 10 000 hommes ont été inhumés.

 


plaque du monument aux morts de Port-Louis sur laquelle figure le nom d'Henri

 

Un jugement déclaratif de décès sera prononcé le 16 novembre 1921 par le tribunal de Lorient fixant officiellement le décès au 26 septembre 1915, "mort pour la France", tué à l'ennemi. Ce jugement sera transcrit sur le registre d'état-civil de la commune de Lorient à la date du 30 décembre 1921.

 

Son nom sera gravé sur le monument aux morts de Port-Louis et sur une plaque de l'église Notre-Dame de l'Assomption à Port-Louis .

 

Henri Vincent Marie THOMAS sera honoré d'une citation, publiée dans le Journal officiel du 1er avril 1923 (page 728) (voir ci-dessous)

...  et de la Croix de guerre avec étoile d'argent et de la Médaille militaire

<<<      plaque mémorielle située dans l'église N.D. de l'Assomption à Port Louis