Mort pour la France

Louis Marie YVON  1889/1917

 

Fils de Joseph, marin-pêcheur, et armateur*, né à Groix en 1860 armateur (et de Marie Anne ÉVEN, née à Groix en 1860, mariés en octobre 1886, résidant dans le village de Kerlo Bras, Louis Marie YVON est né le 11 mai 1889 à Groix dans le village de Kerlo Bras. Il est le second enfant d'une fratrie de sept.

 

Après quelques années passées sur les bancs de l'école, Louis commence son apprentissage de marin-pêcheur en embarquant comme mousse vers l'âge de 12/13 ans, puis comme novice à partir de juin 1904.

 

En juin 1907, il devient inscrit définitif sur le registre des gens de mer du quartier de Groix sous le matricule n ° 1900.

 

Il est levé en 1909 pour effectué son service militaire au 3ème dépôt des équipages de la flotte et est breveté second maître de manoeuvre.

 

Rendu à la vie civile en 1913, il reprend ses activités comme marin-pêcheur.

 

Il est célibataire.

 

Louis Marie YVON décède le 23 février 1917, disparu en mer, lors d'une opération de sauvetage.

 

* copropriétaire de l'"Espérance" G 447, sloop construit en 1891, pour 1/4, du "Patrie" G 807, dundee construit en 1905, pour 1/8,  du "Magellan" G 869, dundee construit en 1907, pour 1/8.

 


 

A la date de la mobilisation, Louis Marie YVON, est âgé de 25 ans. Il est appelé à rejoindre le 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. 

En août 1914, la tension est grande à Paris. Le gouvernement décide alors de mobiliser les différents dépôts de marins: Cherbourg, Brest, Lorient et Rochefort, (les autres effectifs militaires étant déjà au front) afin d'assurer le calme dans la capitale. Fin août est constitué la Brigade des Fusiliers-marins composée de deux régiments, soit environ 6000 hommes dont la majorité est bretonne. Cette brigade sera commandée par le contre-amiral Pierre Ronarc'h.

 

Le 30 août 1914, Louis YVON est affecté au 2ème régiment de fusiliers marins qui a pour mission de maintenir l'ordre dans la capitale, puis à la défense du camp retranché de Paris.

 

quelques fusiliers marins défenseurs de Nieuport

 

Le 7 novembre, pendant toute la journée, des duels d’artillerie ont lieu. Sur le front des tranchées de Dixmude, les Allemands montrent une grande activité. Le 8 novembre, les allemands attaquent plusieurs fois le cimetière au sud de la ville. Ils sont repoussés. La ville subi de violents bombardements. Le 9 novembre, dès le matin, la fusillade allemande reprend contre les tranchées de Dixmude et ainsi que les bombardements. Les batteries de campagne nouvellement installées exécutent des tirs sur  les tranchées allemandes très rapprochées des nôtre. Le 10 novembre, un bombardement violent commence dès le matin, principalement sur les fronts est et sud de Dixmude et sur la rive gauche de l’Yser, notamment sur le cimetière qui devient vite intenable. A 11h, le bombardement des tranchées redouble. C’est l’attaque brusquée. A 13h, l’infanterie ennemie marche sur les tranchées. Elle s’empare d’une partie de ces tranchées et pénètre dans l’intérieur de la défense, prenant en écharpe et à revers les autres tranchées qui sont les unes après les autres évacuées. Une vive fusillade éclate partout en ville où l’ennemi a pénétré avec une rapidité surprenante. A 16h30, la situation est des plus confuses. Les actes d’héroïsme relevés sont nombreux. A 17h, la ville est prise, l’amiral fait sauter les ponts. La décision de bombarder Dixmude a été difficile, car la ville abritait encore beaucoup de blessés, mais elle était nécessaire pour le maintien du front de l’Yser, à une heure où le moral de nos troupes était fortement ébranlé. Les pertes sont considérables. De la garnison de Dixmude, il ne revient que 200 Sénégalais, 200 Belges, 500 marins (sur plus de 6000) et quelques officiers. Louis Marie YVON a échappé au massacre de Dixmude.

 

Le 16, les restes de la Brigade sont évacués pour prendre quelques repos qui seront de courte durée. La brigade est ramenée sur l’Yser à la fin de novembre. Le 8 décembre, la mission est de tenir la ligne du canal de l’Yser entre le pont de Knocke et la passerelle située sur le canal de l’Yser, à 400 m au sud du pont de Steenstraat. La tête de pont de Steenstraat, par où débouche la route de Dixmude, se trouve sous la garde de la brigade. Le temps continue à être pluvieux les tranchées sont en mauvais état et remplies de boue, les hommes sont fatigués. Le 17 décembre, la brigade lance une attaque. L’offensive a pour résultat la prise sur les Allemands de 2 ou 300 mètres de terrain. Malheureusement elle coûte très cher, les hommes sont très épuisés. Les pertes en officiers sont considérables.  Une nouvelle attaque a lieu le 22 décembre.

 

La brigade est dissoute officiellement, à la demande de la Marine qui veut récupérer ses hommes pour les engager dans la lutte contre les sous-marins, le 15 novembre. Dans les faits c'est autour du 15 janvier que cela est réalisé. Louis Marie YVON aura été de tous les combats.

 

Il sera cité à l'ordre du jour de la Brigade vers février 1915.

 

Louis YVON, obtient son brevet de "lieutenant au long cours" en mars 1915 et est immatriculé "maitre au cabotage" au quartier de Groix sous le matricule n°9.

 

A bord du "TAPIR"

le remorqueur "Tapir"

 

A son retour, après quelques semaines de repos, Louis marie YVON est affecté au remorqueur " Tapir" dont le port d'attache est Lorient et qui est attaché au service du "front de mer" depuis le début de la guerre

 

 en arrière-plan de cette image, le "Tapir"

 

Le sauvetage du "RODI"

 

Le "RODI" est un cargo qui fut construit en 1888 par D.W. Henderson Co à Glasgow pour l'armenent P. Viale G.B. Son premier nom était BELLARDEN. Il effectuait le trajet Middlebourgh - Livourne et transportait 1000 tonnes d'acier et 1888 tonnes de charbon de coke.

 

C'était un steamer Italien de 94.50m par 12m ayant un tirant d'eau de 7.30m. Il jaugeait 2622Tx, était propulsé par une machine de 286 Cv et comptait 31 membres d'équipage.

 

Il navigue depuis le matin du 23 février 1917, non loin d'un autre vapeur le SS Iser (Steam Ship trad; bateau à vapeur). Aux environs de Groix, à 8 miles nautiques de terre, un sous-marin qui navigue en surface le prend en chasse. Le "Rodi" fuit à toute vapeur vers terre, le capitaine Francesco Gazzolo espérant passer à l'intérieur de Groix par le sud. Alors qu'il est à deux ou trois milles dans l'ouest de la Pointe des Chats, le sémaphore de Groix lui signale qu'il court vers un danger. Trop tard, le "Rodi" s'échoue sur les hauts-fonds des Chats vers 16h30. Le sous-marin a décroché pour se ruer à l'attaque de l'ISER.

 

Les 6 officiers et 25 hommes d'équipage du Rodi sont sauvés par Victor Jégo, patron du canot de sauvetage, "Rosalie Marchais".

 

Le "Tapir," remorqueur basé à Lorient, perd deux hommes le lendemain en tentant le renflouage du steamer. Il s'agit de Louis Marie YVON et de François Marie CAPITAINE de Concarneau.

 

Le cargo va subir les assauts répétés de l'océan et sera abandonné à son sort jusqu'en 1923, date à laquelle une entreprise de récupération de matériaux prélèvera sur l'épave, tout ce qui peut avoir de valeur, puis abandonnera définitivement la carcasse à la mer .

 

canot de sauvetage "Rosalie Marchais" et son patron "Victor JÉGO"

Journal officiel du 3 mai 1917,

félicitant les marins du "Rosalie Marchais" sauveteurs des marins du RODI

 

Copie du jugement déclaratif de décès rendu par le Tribunal civil de Lorient le 31 juillet 1917

 

Marins disparus le 24 mars 1917 avec le bâtiment qui a sauté sur une mine au large de GROIX :

 

- ANDRÉ Elie Robert Jules, né le 5 décembre 1880 à VERNAIS (Cher), Enseigne de Vaisseau de 1ère classe auxilaire.

- ALAN Jean François Marie, né le 28 novembre 1874 à PLOUHINEC (Morbihan), Quartier-Maître Gabier affecté à la Direction du port de LORIENT.

- BOZEC Jean Marie, né le 12 octobre 1883 à ÉTEL (Morbihan), Quartier-Maître Timonier.

- BOULBARD Jean François Marie, né le 25 septembre 1888 à Quéven (Morbihan) et domicilié à Larmor-Plage (Morbihan), décédé le 24 mars 1917 « à la mer, disparu lors de la perte du remorqueur Tapir », Quartier-maître chauffeur, - Matricule 7268 à Lorient.

- BURGUIN Jean Michel, né le 24 avril 1875 à AURAY (Morbihan), Matelot de 3ème classe sans spécialité.

- CARRAZÉ Jean Bernard, né le 1er avril 1890 à LOURDES (Hautes-Pyrénées), Quartier-Maître Mécanicien.

- GEFFROY Stanislas Gabriel, né le 30 juillet 1891 à SAINT-NAZAIRE (Loire-Atlantique), Matelot de 2ème classe Mécanicien.

- HOUCHOUA Joseph Paul, né le 22 janvier 1888 à Le PALAIS (Morbihan), Matelot de 1ère classe Chauffeur).

- JAFFRÉZIC Yves Marie, né le 11 novembre 1886 à BEUZEC-CAP-SIZUN (Finistère), Matelot de 2ème classe Gabier.

- LAUNAY Eugène Marie, né le 20 octobre 1893 à SAINT-NAZAIRE (Loire-Atlantique), Matelot de 1ère classe Mécanicien.

- Le BOHEC Léon Pierre Marie, né le 23 mai 1894 à PLOUHINEC (Morbihan), Matelot de 2ème classe Canonnier.

- Le NÉZET Pierre Marie, né le 1er septembre 1871 à PLOUHINEC (Morbihan), Matelot de 3ème classe sans spécialité.

- RIO Joseph Marie, né le 7 décembre 1889 à VANNES (Morbihan), Quartier-Maître Électricien.

- THOMAS Évariste Auguste Aimé, né le 16 avril 1891 à LOCMARIA (Morbihan), Quartier-Maître Chauffeur.

- VISONNEAU Marcel François Edouard, né le 4 mars 1893 à NANTES (Loire-Atlantique), Quartier-Maître Mécanicien.

 

 

 

TAPIR a sauté sur une mine larguée par l’UC 70 du KL Werner FÜRBRINGER.

Le "RODI" fut construit en 1888 par D.W. Henderson Co à Glasgow pour l'armenent P. Viale G.B.; Son premier nom était BELLARDEN. Il effectuait le trajet Middlebourgh - Livourne et transportait 1000 tonnes d'acier et 1888 tonnes de charbon de coke. C'était un steamer Italien de 94.50m par 12m ayant un tirant d'eau de 7.30m. Il jaugeait 2622Tx, était propulsé par une machine de 286 Cv et comptait 31 membres d'équipage. Il navigue depuis le matin du 23 février 1917, non loin d'un autre vapeur le SS Iser (Steam Ship trad; bateau à vapeur ) . Aux environs de Groix, 8 nautiques de terre, un sous-marin qui navigue en surface le prend en chasse. Le Rodi fuit à toute vapeur vers terre, le capitaine Francesco Gazzolo espérant passer à l'intérieur de Groix par le sud. Alors qu'il est à deux ou trois milles dans l'ouest de la Pointe des Chats, le sémaphore de Groix lui signale qu'il court vers un danger. Trop tard, le Rodi s'échoue sur les hauts-fonds des Chats vers 16h30. Le sous-marin a décroché pour se ruer à l'attaque de l'ISER. Les 6 officiers et 25 hommes d'équipage du Rodi sont sauvés par Victor Jégo, patron du canot de sauvetage, "Rosalie Marchais" . Le Tapir, remorqueur basé à Lorient, perd deux hommes le lendemain en tentant le renflouage du steamer. Le cargo va subir les assauts répétés de l'océan et sera abandonné à son sort jusqu'en 1923, date à laquelle une entreprise de récupération de matériaux prélèvera sur l'épave, tout ce qui peut avoir de valeur, puis abandonnera définitivement la carcasse à la mer qui se chargera très rapidement de faire disparaître tous les signes de la catastrophe.

 

Le "RODI" fut construit en 1888 par D.W. Henderson Co à Glasgow pour l'armenent P. Viale G.B.; Son premier nom était BELLARDEN. Il effectuait le trajet Middlebourgh - Livourne et transportait 1000 tonnes d'acier et 1888 tonnes de charbon de coke. C'était un steamer Italien de 94.50m par 12m ayant un tirant d'eau de 7.30m. Il jaugeait 2622Tx, était propulsé par une machine de 286 Cv et comptait 31 membres d'équipage. Il navigue depuis le matin du 23 février 1917, non loin d'un autre vapeur le SS Iser (Steam Ship trad; bateau à vapeur ) . Aux environs de Groix, 8 nautiques de terre, un sous-marin qui navigue en surface le prend en chasse. Le Rodi fuit à toute vapeur vers terre, le capitaine Francesco Gazzolo espérant passer à l'intérieur de Groix par le sud. Alors qu'il est à deux ou trois milles dans l'ouest de la Pointe des Chats, le sémaphore de Groix lui signale qu'il court vers un danger. Trop tard, le Rodi s'échoue sur les hauts-fonds des Chats vers 16h30. Le sous-marin a décroché pour se ruer à l'attaque de l'ISER. Les 6 officiers et 25 hommes d'équipage du Rodi sont sauvés par Victor Jégo, patron du canot de sauvetage, "Rosalie Marchais" . Le Tapir, remorqueur basé à Lorient, perd deux hommes le lendemain en tentant le renflouage du steamer. Le cargo va subir les assauts répétés de l'océan et sera abandonné à son sort jusqu'en 1923, date à laquelle une entreprise de récupération de matériaux prélèvera sur l'épave, tout ce qui peut avoir de valeur, puis abandonnera définitivement la carcasse à la mer qui se chargera très rapidement de faire disparaître tous les signes de la catastrophe. Aujourd'hui, il ne reste plus que des tôles à plat sur le fond près de la pointe des Chats. La zone n'est pas du tout protégée de la houle d'Ouest ou de Sud-ouest et l'on remarque également de très violents courants. Read more at wrecksite: https://wrecksite.eu/wreck.aspx?193737

tentant le renflouage du steamer. Le cargo va subir les assauts répétés de l'océan et sera abandonné à son sort jusqu'en 1923, date à laquelle une entreprise de récupération de matériaux prélèvera sur l'épave, tout ce qui peut avoir de valeur, puis abandonnera définitivement la carcasse à la mer qui se chargera très rapidement de faire disparaître tous les signes de la catastrophe. Aujourd'hui, il ne reste plus que des tôles à plat sur le fond près de la pointe des Chats. La zone n'est pas du tout protégée de la houle d'Ouest ou de Sud-ouest et l'on remarque également de très violents courants. Read more at wrecksite: https://wrecksite.eu/wreck.aspx?193737

Décret du 13 mars 1921 paru au J.O. du 20 mars 1920

 

Louis Marie YVON est, après avoir traversé toute la campagne de Flandres avec les fusiliers marins, mort disparu en mer avec une annexe du "Tapir", le 23 février 1917 en portant secours au cargo "Rodi".

 

Il allait avoir 28 ans. Il était célibataire.

 

Son nom sera gravé sur tous les monuments mémoriels de Groix.

 

Il sera honoré à titre posthume de la Médaille militaire

Il semble avoir reçu durant sa campagne de Flandre la Croix de guerre

 

 

En octobre 1914, les Allemands menacent d'anéantir les défenses belges. La brigade reçoit la mission de quitter Paris pour aller en renfort de l'armée belge, cette mission étant également donnée à la 87ème division d'infanterie territoriale. Il s'agit d'aider l'armée belge à se replier vers la France et de protéger le port stratégique de Dunkerque. La brigade est transportée en train dans les Flandres, puis elle se dirige vers Anvers où se trouve assiégée l'armée belge. Mais à Gand, la brigade s'arrête, la voie étant coupée au-delà. La Brigade se bat à Melle du 9 au 11 octobre pour protéger la retraite des troupes belges ayant évacué Anvers. Ensuite ils décrochent vers Dixmude qu’ils atteignent le 15 octobre après une marche épuisante. Poursuivis par 50 000 Allemands, ces hommes habitués à vivre nu-pieds sur leurs bateaux, fournissent des marches de 30 et 40 kms.

 

Le lendemain, 16 octobre, la ligne de défense des marins est à peine établie que les Allemands déclenchent leur première attaque. Les combats pour la possession de Dixmude commencent, opposant 6 000 marins de la brigade et 5 000 Belges à environ 30 000 allemands. Le 24 octobre, les allemands lancent une attaque générale sur le front Nieuport - Dixmude et sur Dixmude, après une formidable préparation d'artillerie.  Le 26 octobre, les marins sont renforcés par un régiment de marche de tirailleurs sénégalais.

 

Le 28 octobre, les Belges ouvrent les vannes et inondent la rive gauche de l'Yser entre ce fleuve et la chaussée de chemin de fer de Dixmude à Nieuport, faisant de Dixmude une presqu'île artificielle. Ces inondations sauvèrent la situation sur l'Yser.             Pour le détail voir le chapitre consacré à cet historique

Le 3 et 4 novembre, la 42ème division tente une offensive pour dégager Dixmude, sans résultats. Le 6 novembre, le repli de la 42ème D.I. se fait sans incidents et la brigade se trouve de nouveau seule à Dixmude. Les Allemands ont ramené leurs grosses pièces avec lesquelles ils reprennent un bombardement assez intense de la ville et de ses tranchées. Sur le soir, une attaque d’infanterie allemande sur le cimetière est repoussée. La nuit est calme grâce au brouillard épais.

 

 

 

Le "Tapir" a été construit aux Forges et Chantiers de la Méditerranée à la Seyne/Mer, c'était un remorqueur de rade à Lorient. Il fut lancé en septembre 1907.

 

Avant d'être affecté à Lorient, le "Tapir" a oeuvré à Calais, notamment dans le renflouage du sous-marin "Pluviose" éperonné et coulé en mai 1910

 

en arrière-plan de cette image, le "Tapir"

 

Les circonstances de l'accident

Ordre du jour du Préfet maritime

 

Le 23 février 1917, le vapeur italien Rodi, s’étant échoué à la pointe des Chats (Est de Groix), le remorqueur Tapir, de la Direction du Port, détaché au front de mer, fut désigné pour aller au secours du bâtiment en danger.

Dans les communications entre les deux navires, par nuit noire, et dans des parages très dangereux, une embarcation du "Tapir" chavire avec les deux hommes qui la montaient.  Il s'agit du second maître Louis Yvon de Groix et du matelot Joseph Capitaine, projetés à la mer. Ils n’ont pu être secourus par leurs camarades et se sont noyés.

....  le Vice-Amiral commandant en chef, préfet maritime, adresse l’expression de sa sympathie aux familles des deux marins morts dans l’accomplissement de leur devoir. Il témoigne sa satisfaction à l’enseigne de vaisseau de 1ère cl. auxiliaire André, commandant le "Tapir", et à l’équipage de ce petit bâtiment qui ont fait preuve d’activité, d’énergie et de dévouement dans l’accomplissement d’une mission dangereuse...»


Louis Marie YVON a disparu le 23 février 1917 à la Pointe des Chats (Île de Groix), en manœuvrant dans le canot du remorqueur Tapir autour du cargo italien Rodi, échoué sur des récifs après avoir été avarié par une mine ? Second maître de manœuvre, inscrit au quartier maritime de Groix, n° 1.900; classe 1909, n° 1.042 au recrutement de Lorient

Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 13 mars 1921 (J.O. 20 mars 1921, p. 3.515), inscrit à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :

« Yvon (Louis-Marie), second-maître de manœuvre, Groix 1900, Tapir : a pris part aux opérations de Melle, Dixmude et Steenstrӕte. Dévoué et courageux. Disparu, le 23 février 1917, avec son embarcation, en portant secours à un bâtiment qui venait de sauter sur une mine. A été cité. »

 

Joseph Marie CAPITAINE, né le 25 novembre 1896 à Moëlan-sur-Mer (Finistère), disparu le 23 février 1917 à la Pointe des Chats (Île de Groix), en manœuvrant dans le canot du remorqueur Tapir autour du cargo italien Rodi, échoué sur des récifs après avoir été avarié par une mine ?. Matelot de 3ème classe sans spécialité, inscrit au quartier de Concarneau, n° 16 108  Jug. déclaratif de décès Trib. civ. Lorient, 31 juill. 1922, transcrit à Moëlan-sur-Mer, le 26 août 1922.

 Fils de François Marie CAPITAINE, né vers 1855, marin-pêcheur, et de Marie Joséphine PRÉZENNEC, née vers 1855, « ménagère », son épouse

 

explosion sur une mine

 

Le "Tapir" disparait

 

Quelques temps après, le samedi 24 mars 1917 dans la matinée, le remorqueur "Tapir" disparait sur une mine au large de Lorient.

 

Rapport du commandant l'unité du Front de mer de Lorient du 25 mars 1917


" Le Dimanche 18 Mars dans la soirée le sémaphore de Beg Melen a signalé à deux milles dans le NW une épave munie de deux montants et laissant échapper de la matière grasse. TAPIR a été envoyé la reconnaître avec ordre de la remorquer si possible et de l’échouer sur la plage la plus proche. Il a essayé en vain de la remorquer et l’a abandonnée après avoir frappé un pavillon rouge sur le mât qui dépassait la surface de la mer.


J’ai renvoyé TAPIR le 21, DAUPHIN le 22 et CHARLES PHILIPPE le 23 pour déterminer la position exacte de l’épave par des relèvements et pour la surveiller. Cette épave, haute de 22 m, est posée sur des fonds de 13 m à 200 m dans le nord de la basse de Groix aux bords de laquelle elle semble bien accrochée. Le 24, j’ai donné l’ordre au TAPIR de profiter de la grande marée pour vérifier si l’épave n’était pas entraînée par les courants et pour éventuellement la remorquer ou la détruire afin qu’elle ne gêne pas les convois allant à Lorient ou en sortant.

A 11h10, Beg Melen m’a prévenu qu’une violente explosion avait eu lieu et que TAPIR avait disparu. J’ai aussitôt fait appareiller CHARLES PHILIPPE et DAUPHIN pour recueillir les hommes qui auraient pu s’échapper. CHARLES PHILIPPE a rencontré les premières épaves à 400 m dans le sud de la basse de Groix. La mer en était couverte. A part le youyou, il y avait du matériel qui devait être sur la passerelle : cartes, pavillons, bouées de sauvetage. Tout était déchiqueté et haché. Il y avait aussi de nombreux poissons de fond, tués par l’explosion qui a donc eu lieu en profondeur. A 13h00, DAUPHIN a recueilli un seul corps retrouvé sur les quinze marins à bord, celui du matelot LE NEZET, mort.

Le lendemain, DAUPHIN a relevé quatre mines qui ont été détruites au fusil. On peut donc conclure que TAPIR a sauté sur une mine. Le guetteur de Beg Melen a vu une grande gerbe d’eau, puis une partie seulement du remorqueur qui a disparu aussitôt.

 

L’épave signalée le 18 est très certainement celle du vapeur anglais TASSO qui aura lui aussi sauté sur une mine et non été torpillé comme on l’avait tout d’abord cru. Les mines trouvées sont munies de cinq antennes, et non quatre. On peut donc penser que l’on est en présence d’un modèle nouveau de mine possédant une charge explosive considérable.

TAPIR était commandé par Monsieur l’Enseigne de Vaisseau ANDRE, un officier très sérieux et dont j’étais très satisfait. Il y avait en outre quatorze hommes qui ont tous péri dans la catastrophe."

 

 

Le Vice-Amiral, commandant en chef, Préfet maritime cite à l’ordre du jour le commandant et l’équipage du remorqueur Tapir qui, le 24 mars 1917, ont disparu en mer, à la suite de l’explosion d’une mine qui a brisé le petit bâtiment, aux environ de notre rade :

 

" Affecté au Service du front de mer de Lorient depuis le début de la guerre, les marins du Tapir n’avaient cessé de montrer dans l’accomplissement de leur tâche journalière, les meilleures qualités d’entrain et d’endurance. Dans des circonstances nombreuses, il avait été fait appel à leur dévouement, et lors d’un naufrage récent, un second maître et un marin de ce bâtiment avaient péri en allant courageusement porter secours, la nuit, à un navire en détresse.

 

Le sacrifice de ces braves gens, victimes de leur devoir, aura un écho douloureux dans la population de Lorient à laquelle beaucoup tenaient par les liens les plus étroits. Le vice-amiral, commandant en chef, adresse à leurs familles l’expression de sa sympathie.

 

 

Jugement déclaratif de décès prononcé par le Tribunal civil de Lorient, le 14 mai 1922, transcrit à Groix, le 22 mai 1922.