Mort pour la France

Amédée Paul GUÉRAN  (1883 / 1918)

 

Fils de Joachim, un marin-pêcheur groisillon, patron de la chaloupe pontée "Marie Joseph" né à Groix en 1841 et de Marie Josèphe LE GREL, née à Groix en 1843, mariés à Groix en août 1868, résidants dans le village de Locmaria, Amédée Paul GUÉRAN est né le 24 mars 1883, à Groix, dans le village de Locmaria. Il est le septième enfants d'une fratrie de dix.

 

Après quelques années passées sur les bancs de l'école, Amédée GUÉRAN commence, vers l'âge de 11/12 ans, son apprentissage de marin en embarquant comme mousse, peut-être sur le navire de son père. En 1898, il devient novice.

 

Vers mai 1901, il est inscrit définitif au registre des gens de mer du quartier de Groix sous le n° matricule 1613.

En avril 1903, Amédée est levé (appelé) pour effectuer son service militaire. Il est affecté au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. Il obtient le grade de matelot chauffeur breveté de 1ère classe.

 

Rendu à sa famille au cours de l'année 1907, il reprend ses activités à la pêche.

 

Amédée GUÉRAN se marie le 20 novembre 1907 à Groix, avec une groisillonne, Marie Célina TONNERRE, née en 1886. Le couple résidera à Locmaria et aura au moins 3 enfants.

 

Amédée Paul GUÉRAN décède le 2 septembre 1918 à Patras (Grèce)

 


A la mobilisation en août 1914, Amédée GUÉRAN est âgé de 31 ans. Dans la Marine, au moment de la mobilisation, les effectifs embarqués sont déjà au complet. En fait, l'énorme majorité des équipages des grands navires est constituée de marins engagés, les bâtiments réclamant de plus en plus de technicité pour l'artillerie et les machines. Par conséquent, beaucoup de marins en cours de service militaire, sont stationnés en réserve dans les dépôts des ports de guerre. Dès le 3 août 1914, ils sont rejoints par ceux de la réserve de l'active âgés de vingt-quatre à trente-quatre ans. C'est le cas d'Amédée. Les jours suivants verront l'incorporation des territoriaux âgés de trente-cinq à quarante-et-un ans. Les 6 et 7 août, les derniers à rejoindre le 3ème dépôt de Lorient seront les hommes de la réserve territoriale. Ils ont jusqu'à 45 ans et beaucoup d'entre eux seront renvoyés dans leurs foyers dès le 11 août, car ils sont pères de familles, parfois nombreuses.

 

Finalement les dépôts des ports de guerre, et celui de Lorient en particulier car il est le centre de mobilisation des nombreux inscrits maritimes de toute la côte sud de la Bretagne, s'encombrent d'un effectif pléthorique. La Marine ne sait trop quoi faire des ces hommes. Beaucoup sont orientés vers les deux régiments de fusiliers-marins qui combattrons dans les Flandres et beaucoup d'autres vers les régiments d'infanterie coloniale.

 

Pour Amédée GUÉRAN, il restera marin. Il embarque sur l'un des nombreux chalutiers  transformés en patrouilleurs auxiliaires venus supplées les petites unités de la Marine militaire insuffisantes rassemblés dans le groupe des Chalutiers patrouilleurs de l'Adriatique.

 

Les matelots incorporés dans la Marine se retrouvent dans un milieu favorable aux épidémies: la promiscuité dans les dépôts et sur les navires, parfois dans l'humidité et le froid, ou en présence de maladies mal connues d'origine tropicale.

 

C'est le cas d'Amédée Paul GUÉRAN qui contracte l'une de ces maladies, probablement au cours de l'été 1918. Cette maladie est déclarée officiellement comme étant une bronco-pneumonie, mais compte tenu de l'époque on peut aussi penser à la fameuse "grippe espagnole". En consultant la presse grecque de l'époque, il y a manifestement une épidémie de "grippe espagnole" à Patras

 

A la fin de l'été, il est hospitalisé à l'hôpital de Patras (Grèce).

 

photo d'un hôpital militaire de Patras paru dans la presse grecque

 

Amédée Paul GUÉRAN décède officiellement des suites d'une bronco-  pneumonie. De toute évidence compte-tenu de la situation sanitaire à Patras en août et septembre 1918, il s'agit de la grippe H1N1 dite "grippe espagnole" mais dont les premiers cas ont été signalés aux Etats-unis et transmise au sein du corps expéditionnaire américain puis entre militaires alliés.

 

Son décès est enregistré le 8 septembre 1918, à 8h, dans les locaux de l'hôpital de Patras (Grèce). Il est alors âgé de 35 ans. Il laisse une veuve et 3 enfants de 10 à 4 ans. Son décès est retranscrit sur le registre d'état-civil de la commune de Groix, à la date du 15 novembre 1918.

 

Il est d'abord inhumé dans le cimetière de Patras, puis, après la guerre, les corps des militaires du corps expéditionnaire sont rassemblés à Salonique

 

Amédée Paul GUÉRAN est alors inhumé dans la tombe individuelle n° 7317 dans le cimetière de Zeïtenlick (Ampelokipoi), ci-dessus, dans la banlieue actuelle de Thessalonique au nord de la Grèce, qui rassemble les dépouilles de près de 22 000 soldats alliés tombés lors de la 1ère Guerre mondiale aux alentours de Salonique et tout au long du front dont 8 098 soldats français ( plus de 2 000 inconnus)

 

La mention "Mort pour la France" lui est attribué compte qu'il a manifestement coontracté la maladie en étant au service.

 

Son nom est gravé sur tous les monuments mémoriels de Groix.

 

 

 

En 1918, Amédée se trouve sur une unité basée à Patras et à Corinthe, base très importante, car point de ravitaillement des navires assurant le blocus de l’Autriche en Adriatique et point de passage de toutes les troupes rejoignant le front oriental.

 

Les petites unités de la Marine militaire se trouvèrent trop peu nombreuses pour assurer tous les services appelés auxiliaires, mais qui en fait jouèrent un rôle de premier plan, tels que services de patrouille, d’arraisonnement, de dragage de mines. Les chalutiers furent donc mobilisés dès 1914, la plupart d’entre eux avec leurs équipages. Leur commandement était le plus souvent dévolu aux capitaines et lieutenants au long-cours, qui se trouvèrent naturellement être les plus aptes à remplir ce pénible métier de patrouilleurs.

 

Dans la Méditerranée orientale, le rôle des chalutiers consistait principale-ment à fouiller les baies et les îles de l’archipel, susceptible de fournir des points de refuges aux sous-marins ennemis.

 

hôpital de Patras