Mort pour la France

Joseph Marie CALLOCH  1886/1915

Fils de Joseph Marie, un marin-pêcheur né en 1851, et d'Anne TONNERRE, née en 1857, tous deux groisillons, mariés à Groix en octobre 1885 et résidant dans le village de Locqueltas...

Joseph Marie et Anne TONNERRE, ses parents

 

... Joseph Marie CALLOCH est né le 24 novembre 1886 à Groix dans le village de Locqueltas. Il est le 3ème enfant d'une famille recomposée. Orphelin de mère à l'âge d'un an, comme son père, il sera marin. D'abord mousse vers l'âge de 11/12 ans, puis matelot à la pêche. A l'âge de son conseil de révision en 1906 (matricule Lorient / ), il est déjà inscrit maritime sous le matricule Groix / 1781

 

Il effectue son service militaire en 1907 à Lorient au 3ème dépôt des équipages de la flotte, et lorsqu'il est rendu à sa famille, en 1909, il reprend ses activités de marin-pêcheur.

 

Il se marie le 7 novembre 1911 à Groix avec Marie Josèphe EVEN, née, comme lui à Groix, en 1890. Ils résideront dans le village de Ker Clavezic. ils ne semblent pas avoir eu d'enfants.

 

Joseph décède le 1 mars 1915, à l'âge de 28 ans. Il laisse une veuve de 24 ans.


 

En août 1914, Joseph est mobilisé. Il rejoint le 3ème dépôt des équipages à Lorient. Dans les premiers jours, il ne reçoit pas d'affectation, puis comme beaucoup de marins qui ne trouvent pas place sur les navires et les bâtiments de défense côtière, il est mis à disposition de l'Armée de terre. Il est alors affecté à l'un des régiments installés avant la guerre en zone de combat et qui avaient trouvé refuge en Bretagne.

 

Le 151ème RI, régiment de la place forte de Belfort  était l'un d'eux. Il avait ses dépôts à Quimper et Douarnenez. Il y est affecté dans les derniers jours du mois d'août. Après quelques semaines de formation, il rejoint, avec un contingent de 500 hommes et quelques officiers, les unités combattantes le 20 octobre à Adinkerke et La Panne en Belgique. Joseph est affecté au 2ème bataillon, 8ème compagnie.

 

 

Le 29 août, le régiment est embarqué pour Reims où il arrive le 30. A partir de ce moment, la 42° D.I., avec une division marocaine, fait partie d'un corps combiné. Le 1er septembre, le 151ème qui doit défendre à l'ennemi le passage d’une rivière, la Retourne, contient l'infanterie adverse pendant toute la journée, mais l'ordre arrive de ne pas se laisser accro­cher et de rompre le contact.

 

Devant les masses allemandes, les Français doivent  céder le terrain. A partir du 3 septembre matin, le repli commence et le régiment cantonne  successivement:  le  3  à. Ay; le 4, à Loisy-en-Brie; le 5, à midi, il arrive en vue de Villeneuve­-lès-Charleville. C'est là  que l'ordre  arrive de s'arrêter  et  de faire face au nord. Pendant  deux  jours, le 151ème reste accroché au  terrain, car les ordres sont "de se faire tuer sur place plutôt que de reculer "· 

 

Le 7, dès le matin, tout le régiment redoublant d'énergie passe à l'offensive. Il prend  pied  dans  Charleville, non loin des marais de Saint-Gond. Dans les rues s'engage alors un combat terrible à la baïonnette. Les Allemands encouragés par leurs premiers succès, résistent furieu-sement . Vers le soir, Charleville est vide de tout ennemi. Le 8, le 151ème reprend l'attaque, enlève les villages de Corfélix, de Culots. Au cours de ces  combats,  le  régiment  perdit  600  officiers et soldats. Le 9, la 42ème D.I., pour parer à un mouvement en­nemi, glisse vers la droite et prend position dans la région de Fère-Champenois : théâtre de  luttes  épiques,  de  combats sans merci, de corps à corps sanglants. Mais l'ennemi arrêté sur tout le front, éprouvé par de pertes cruelles, prix de son avance rapide, faiblit et bat en retraite.  

 

 

Le 20 octobre, la 42ème D.I. est transportée en  Belgique, pour renforcer. l'armée belge qui reflue sur l'Yser et barrer la route de Calais. Joseph CALLOCH rejoint son régiment sur le front. A peine débarqué, le régiment, à travers les dunes, se porte vers Lombarrtzyde qu'il dégage après un sanglant corps à corps dans les rues.                                                

 

Le 151ème connait les horreurs de  la  guerre  de  tranchées  à Nieuport, Ramscappelle, Dixmude, Ypres.  

 

Le régiment livra pendant 10 semaines des combats farou­ches; rien ne lui fut épargné: les longs séjours dans les tran­chées à peine ébauchées, dans l'eau jusqu'aux genoux; sans abri, sous des bombardements violents avec des projectiles de gros calibre; sans espoir de renforcement; irrégu-lièrement ravitaillé, les aliments qu'il recevait assaisonnés de l'inévi­table sable des dunes: rien ne put  ébranler son beau courage.

 

Le 151ème, dont la réputation déjà à ce  moment  n'était plus à faire, sortit encore grandi de son séjour sur le territoire belge et, lorsque dans les rues de Cassel défilèrent ces braves, véritables blocs de boue vivante, on pouvait lire sur tous ces visages pâles et amaigris, dans tous les yeux cerclés, la fierté que les hommes éprouvaient d'avoir appartenu au régiment dans des heures pareilles.

 

Après une journée de stationnement dans les environs de Cassel, la division embarque en chemin de fer et va au repos dans la région au sud d'Amiens. Le 151ème est cantonné à Sains-en-Amiénois et Saint-Fuscien. Au bout de huit jours de repos, à, peine remis de ses fatigues et surtout à peine revêtu, car au sortir de la Belgique ce n'était plus des vêtements, mais des loques qui habillaient les hommes, le G. Q. G. fait de nouveau appel à, la division; un corps d'armée est fatigué en Argonne, la division en toute hâte, est dirigée sur ce point.

 

Extrait du JMO du 151° RI en date du 1 mars 1915

 

Joseph Marie CALLOCH est mort le 1 mars 1915, à 16h, tué à l'ennemi, "mort pour la France", dans une tranchée au nord de la Harazée, dans me bois de la Gruerie, sur la commune de Vienne-le-Chateau. Il a 28. ans et laisse une veuve de 24 ans. L'un des témoins qui signe son acte de décès est Joseph BOTERF, probablement un groisillon, incorporé dans le même régiment, voisin de Créhal.

 

Il est inhumé d'abord à proximité du champ de bataille, puis dans l'un des ossuaires établis à la fin de la guerre, pour recueillir les corps non identifiés. peut-être celui de la nécropole nationale de "La Harazée". Ce cimetière militaire a été créé en 1915 lors de la Bataille de l'Argonne pour y regrouper des corps exhumés des cimetières militaires de La Gruerie et de La Harazée. Il sera agrandi et aménagé en 1924 puis entre 1935 et 1936.  Il s'étend sur 5530 m² et accueille 1672 soldats de la 1ère Guerre mondiale dont 442 sont inhumés en ossuaire.

 

Son acte de décès est transcrit le 15 juin 1915 dans les registres de l'état-civil de la commune de Groix.

 

Son nom est gravé sur tous les monuments et plaques de la commune de Groix

 

 

Il sera décoré à titre posthume de la "Croix de guerre", avec une étoile de bronze. (J.O. du 6 octobre 1920)

Le 151ème R.I. rattaché à la 84ème brigade d'infanterie (42ème division d'infanterie) appartenait à la garnison de Verdun et, fin juillet, il fut dirigé aussitôt en couverture sur la frontière (le 31 juillet, 5 h)

Le régiment va cantonner à Marcheville, Pintheville, Riaville; et, pendant quinze  jours,  travaille énergiquement à l'organisation défensive de cette position. L'armée allemande a envahi le Luxembourg et la région de Longwy-Longuyon. La 42ème D.I. dont fait partie le 151ème se resserre sur Ville-en·Woëvre pour marcher au secours de Longwy assiégée.

 

Le 21 août, le 19° bataillon de chasseurs à pied, qui couvre la Division prend contact avec l'ennemi dans la région de Domeprix; après un combat court, mais sanglant, les chasseurs se replient sur le gros de la troupe. Le lendemain, la marche en avant est reprise. C'est le 151ème qui est en tête, qui prend toutes mesures de sécurité malgré le renseignement apporté par la cavalerie divisionnaire: « Aucun ennemi à moins de 10 km, vous pouvez marcher en toute confiance. Le régiment venait à peine de dépasser Pierrepont lorsqu'il est accueilli par une violente fusillade. Le 151ème se porte tout entier à l'attaque et engage un rude combat avec les Allemands solidement établis dans les bois. Certaines compagnies s'élancent jusqu'à sept fois à l'assaut. Mais la gauche des armées françaises est en retraite, la 42ème D.I. doit se replier. C'est au 151ème que revient la lourde tâche de couvrir, dans le défilé de Mangiennes, la colonne qui se rabat sur Verdun.

 

Ce premier contact avait été dur, les pertes étaient élevées: plus de 800 hommes sont hors de combat.

 

Le 10, la poursuite commence. Le 151ème   talonne  les  arrière-gardes  ennemies  en fuite, leur capturant de nombreux prisonniers et s'emparant d'un important materiel. Les Allemands sont successivement chassés du moulin de Connantré, de Connantray, de la Fon­taine d'lvoire. Le soir, le régiment arrive en vue de Villese­neux. A la sortie du bois, à 300 m du village, la compagnie flanc-garde (3ème) est accueillie par une fusillade nourrie, accom­pagnée d'obus. Le 151ème se replie, mais il est bientôt rassemblé quelques centaines de mètres plus en arrière . Villeseneux est fortement occupé. Le régiment, sans liaison avec les autres corps de la division doit arrêter sa progression. Le 11, le 151ème reprend la lutte enlève Villeseneux .

 

Dans la région d'Auberive s'engagent, durant sept jours de violents combats, mais l'ennemi s'est terré et, sous la pluie diluvienne qui gêne nos attaques, le régiment  reste en contact mais sans plus avancer.

 

Cependant, il faut  rompre  cette ligne qui  semble  vouloir s'immobiliser : le 24 septembre, la 42ème D.I. tout entière se porte à I'attaque au nord de Sillery. Après plusieurs tenta­tives héroïques et malgré des assauts fougueux, le 151ème doit revenir sur ses positions, car l'ennemi,  désormais invisible, n'osant plus combattre franchement en rase campagne, impose une guerre nouvelle : la guerre de tranchées. 

Quiconque y a combattu en Argonne ne peut oublier ces sombres forêts propices aux surprises, aux combats corps à corps, où le contact est étroitement maintenu, le terrain défendu pied à pied par des hommes luttant à travers bois, à coups de grenade, à, coups de couteau, à coups de baïonnette, et sous terre, à coup de mines.

 

Aux pertes journalières subies dans de telles conditions s'ajoutent les hécatombes résultant d'une série de violentes attaques, puis les souffrances de toutes espèces dues aux rigueurs de l'hiver, aux difficultés des communications et à un terrain détrempé par des pluies continuelles.

 

 Le 15 janvier 1915, le 151ème relève le 128ème R. I. (26ème C.A.), dans le secteur, entre La Harazée et Vienne-le-Château.

 

Durant les premiers mois, de part et d'autre, Français et Allemands s'observent; nos adversaires se rendent compte qu'ils ont devant eux une troupe d'élite dont l'activité les menace constamment. Nul répit sur la ligne de feu, nos braves soldats luttent sans trêve, à la fois contre l'ennemi et contre les éléments. La guerre de mines est poursuivie des deux côtés avec un acharnement sans pareil. Aux Enfants-Perdus notamment, les Allemands font exploser jusqu'à 11 four­neaux de mines en une semaine. Mais les hommes du régiment, devenus de véritables mineurs, ont acquis de l'expérience et l'adversaire saute souvent à son tour.

 

Le 1er mars les allemands font sauter deux mines devant Blanleuil sous les tranchées de première ligne dans lesquelles le 2ème bataillon est de garde, puis lance une offensive pour percer ... L'opération ne réussit pas, mais laisse de nombreux hommes hors de combat.

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nécropole nationale de "La Harazée"