Mort pour la France

Antoine Joseph Marie COLLET  1883 / 1915

Fils de Laurent Marie, né à Groix en 1841 et de Marie Anne GUILLAUME, née à Groix en 1847, mariés en septembre 1866, et résidant au bourg de Loctudy, Antoine Joseph Marie Hyacinthe COLLET est né à Groix le 17 juin 1883 au bourg de Loctudy. C'est le petit dernier d'une fratrie de 8 enfants.

 

Antoine Joseph semble être d'une faible constitution et il échappera au dur métier de marin. On fera de lui un ecclésiastique. Il fréquente d'abord le petit séminaire, puis  le séminaire à Vannes.

 

Lorsqu'il passe son conseil de recrutement, vers septembre 1903 à Port-Louis, il est déclaré ayant la profession d'étudiant ecclésiastique. Son n° matricule est le 540 / Lorient. Mais il ne fera pas de service militaire. Il est d'abord ajourné en octobre 1904, puis exempté en octobre 1905 pour hypertrophie cardiaque.

 

Toujours probablement pour des raisons de santé, il ne poursuit pas dans la voie ecclésiastique. Il deviendra clerc de notaire.

 

Antoine COLLET, décède 10 ans plus tard, le 15 novembre 1915 sur le territoire de la commune de La Chalade (Meuse)


 

Antoine est convoqué pour un conseil de révision, et les critères ayant changés, compte tenu du besoin absolu d'hommes pour combler les vides laissés par les premiers mois de campagne, et il est reconnu "bon pour le service armé" en décembre 1914

 

Il est affecté le 24 février 1915 au 45ème Régiment d'infanterie pour une période de formation. Le dépôt de ce régiment, habituellement stationné à Laon, s'est replié en Bretagne, à Lorient.

 

Après quelques mois de ces entrainements, Antoine COLLET est affecté pour le front au 72ème RI, le 11 août 1915.

Du 2 au 11 novembre 1914, le 1er bataillon se bat à Saint Hubert. Le 3 novembre, la 6ème Cie reprend les tranchées de St Hubert et du Four de Paris. Entre le 24 et le 29 novembre 1914, les troupes allemandes font échec face au 72ème RI dans le secteur de La Fontaine aux Charmes. Et il est mis au repos le 15 janvier 1915.

 

 

En février et mars 1915, le 72ème RI part pour les offensives en Champagne. Au nord de Mesnil-les-Hurlus, sous un feu terrible de mitrailleuses et d'artillerie, jonchant le sol de morts et de blessés, il monte à l'assaut six fois. Il combat le 22 février 1915 dans le secteur du "Bois jaune brûlé" et le 23 février 1915, le 3ème bataillon prend pied dans la partie méridionale du bois; et le 24 et 25 février et encore le 5 mars et 6 mars. Rien que dans cette dernière attaque, on relève 450 hommes tués blessés ou disparus ...

la ligne de front avant (A) et après (V)  l'attaque allemande du 13 juillet

 

Du 2 au 9 octobre 1915, le 72ème RI est toujours en 1ère ligne en forêt d'Argonne. Peu d'activité de l'ennemi, les rapports précisent néanmoins une activité quasi-journalière de tirs d'engins de tranchées. Le 5 octobre une mine explose dans le secteur de la Demi-Lune, le 6 octobre bombardement par gros calibres du secteur "Fer à Cheval".  Pertes: 4 blessés.

 

Le 9 octobre, relève du secteur de la Corniche par des éléments du 113ème RI, les autres bataillons du 72ème RI restent en ligne. L'État-Major est installé au Neufour.

 

Du 10 octobre 1915 au 31 octobre, les hommes du 72ème  RI restent en ligne sur les mêmes positions qu'au début du mois de septembre et d'octobre, Très peu de mouvement de la part de l'ennemi, les journées se passent sous les bombardements par intermittence de gros calibres. Occasionnellement une mine éclate causant des dégâts matériels assez importants aussitôt réparé par le génie. Peu de perte.

 

 

Le 13 octobre 1915, le soldat Paul Quint Mle 7455 (20 ans) est tué en première ligne au cours d'une mission où il devait poser un réseau de fils barbelé. Il fut inhumé au cimetière des sapins tombe 53 entre Le Four de Paris et La Chalade ; II fut décoré à titre posthume de la Croix de Guerre avec Etoile de Bronze

 

Du 11 au 22 novembre 1915, aucun incident grave n'est signalé dans le secteur occupé par la division. Les pertes sont faibles, pourtant Antoine COLLET y laissera la vie (Une patrouille qui tourne mal, un obus «perdu», peut-être dans une mission semblable à celle de Paul Quint ?...).

 

Selon toute probabilité, Antoine COLLET est tué, le 14 novembre 1915 et une erreur administrative le fait décédé le lendemain. L'acte de décès ne sera dressé que le 6 décembre, peut-être une explication à l'erreur.

 

Officiellement, donc Antoine Joseph Marie Hyacinthe COLLET est tué à l'ennemi le 15 novembre 1915, dans les tranchées de Bois Bolante à 11h du matin, après seulement 3 mois passé au front. Il avait, 32 ans. Il était célibataire.

 

Le corps sera inhumé provisoirement à proximité des lieux de combat.

acte de décès

Son acte de décès est retranscrit dans les registres de la commune de Groix le 22 septembre 1917, avec la mention "Mort pour la France".

 

Il sera honoré à titre posthume de la Croix de Guerre.

 

Son nom sera gravé sur les monuments mémoriaux , mais curieusement pas sur celui de l'Église, lui qui avait pourtant fait des études ecclésiastiques.

 

Son corps sera rapatrié et inhumé dans le cimetière de Groix vers 1922.

plaque installée sur la tombe familiale

Le 72ème RI est un régiment picard, sa garnison est situé à Amiens, caserne Friant et le dépôt de son corps militaire depuis le début de la guerre à Morlaix en Bretagne. 

 

Il appartient à la 5ème brigade c dans laquelle sont incorporés les 72ème et 128ème régiment d'infanterie (affectée à la 3ème Division d'Infanterie. Il sera ensuite intégré à la 250ème brigade de la 125ème division d'infanterie en juin 1915. 

 

Avant l'incorporation d'Antoine COLLET, le 72ème RI à fait campagne dès le 5 août 1914, en Belgique et livre bataille à Virton les 22, 23 et 24 août. Le 27 août, il combat dans le village de Cesse (11ème compagnie) puis le 28 août 1914, il se replie dans la forêt de Dieulet à l'ouest de Cesse.

 

Le 6 septembre 1914, les 5 et 6ème Cies défendent le village et les ponts de Pargny/ Saulx. Le 3ème Bataillon (11ème Cie) livre bataille à Etrepy et Le Buisson/Saulx. Le 8 septembre, il est des violents combats à Maurupt. Ce village est pris et repris deux fois et enfin conservé par les 1er et 2e bataillons. Après ces combats, le 72ème RI stationne dans la forêt d'Argonne et tient les positions du Bois de la Gruerie. Le 14 septembre, le 72ème dépasse Sainte-Ménéhould; appuie l'attaque du 128ème sur Saint-Thomas; le 1er bataillon pénètre dans Servon, qu'il n'évacue que sur ordre et étant aux trois quarts cerné. Le 15, le 2ème bataillon s'élance brillamment à l'attaque de Binarville, mais se heurte à des tranchées et ne peut progresser.

 

De septembre à janvier 1915 , le régiment a en face de lui, des troupes aguerries, pourvues de moyens matériels puissants; de notre côté, peu ou pas d'engins de tranchées, peu de mitrailleuses, une artillerie obligée à l'économie de munitions; comme théâtre de combat, une forêt accidentée, touffue, dont le sol argileux se détrempe à la moindre pluie. C'est dans ces conditions que le 72ème fait l'apprentissage de la guerre de tranchées, car, pour se défendre, il faut maintenant organiser et manier l'outil autant que les armes. C'est une lutte incessante de mines, de grenades, de crapouillots, lutte acharnée, harassante, ... Du 30 septembre au 1er octobre et du 18 octobre au 29 octobre 1914, le 2ème bataillon repousse des attaques dans le secteur du Four de Paris.

 

Après une longue période de repos et d'exercice, le 72ème RI est dans la région de Verdun. Le 5 avril, il prend la garde des tranchées dans le secteur de Riaville-Marcheville en Woevre et attaque du 6 au 8 avril. Du 26 au 29 avril, il prend part à l'occupation de la crête des Éparges. On déplore la perte de 1027 tués, blessés ou disparus dans cette action...

 

Ils sont encore en ligne dans le même secteur des Éparges à partir du 8 mai au 17 mai, mais le secteur est devenu plus calme. Le 10 juin , le 72° RI quitte ce secteur pour retourner en forêt d'Argonne.

 

A partir du 12 juin 1915 jusqu'à juillet 1916, le 72ème RI occupe le secteur du plateau du Bolante dans la forêt d'Argonne (voir ci-contre).

 

Le 13 juillet, l'ennemi lance une attaque très violente sur tout le front. Le 72ème, qui n'était pas en première ligne, est appelé à la renforcer et contre-attaquer. Il se distingue particulièrement au ravin des «Courtes-Chausses», au plateau du «Fer-à-Cheval» et sur la crête de la «Fille-Morte». A part un coup de main exécuté le 25 mars 1916 sur les tranchées allemandes du ravin intermédiaire, qui, sans pertes, nous valut un certain nombre de prisonniers, le combat de juillet est la seule attaque qui ait lieu pendant l'année d'occupation du 72e dans ce secteur.

 

Son rôle, plus effacé, n'en est pas moins indispensable. Le régiment travaille sans relâche et fait preuve d'une vigilance de tous les instants. En effet, l'ennemi est tout proche (à 10 m à peine, au Fer-à-Cheval), et ce ne sont que bombardements incessants, combats à la grenade, guerre de mines, lutte d'engins de tranchées, rencontres de patrouilles. C'est une vie vie d'abnégation et d'héroïsme au quotidien.

 

 

Quand Antoine COLLET rejoint son régiment, le 14 août, il le retrouve, en forêt d'Argonne, cantonné aux Islettes et à La Chalade. Il fera donc partie d'une compagnie de mitrailleurs, apparement la 11ème compagnie (3ème bataillon)

 

Les tranchées dont le 72ème RI a la garde se trouvent toujours au nord de la route Marchand (Bois Bolante) secteurs Isba – Demi-lune - Corniche – Fer à Cheval - Etoile. Il alterne les positions en première ligne avec le second régiment de la brigade (128ème RI).

 

Le 1er octobre 1915, la journée calme, mais au soir, vif échange de bombes consécutif à l'explosion d'une mine au point "Le Chalet", Pertes: 2 tués et 3 blessés.

 

 

 

Le 1er novembre 1915, le 72ème  RI est toujours en Argonne dans un secteur compris entre Le Four de Paris et Lachalade. Activité régulière de l'ennemi mais les pertes sont légères. Les rapports notent régulièrement des tirs de gros "minen", cependant aucune offensive ne vient troubler le secteur.

 

5 novembre 1915, le 72ème RI partage le secteur avec les régiments de la 249ème Brigade sous le commandement du Colonel Pichat. Activité moyenne de part et d'autre du secteur occupé par le régiment. On ne relève aucun incident durant cette période de novembre 1915.

 

Du 8 au 11 novembre 1915, le 3ème bataillon est en 1ère ligne avec les 9ème 10ème 11ème, celle d'Antoine et 12ème Cie à la droite du 131ème RI. Le 2ème bataillon est en réserve et le 1er bataillon cantonne à Claon. Depuis quelques jours, les journées sont plus mouvementées sur le terrain, les allemands font sauter des mines occasionnant d'important dégâts; deux hommes du génie sont ensevelis. Au 3ème Bataillon, le Commandant Maupoil est évacué, il est remplacé par le Capitaine Bayle. Le 11, aucun incident particulier est-il noté : il y a quand même 2 morts et 2 blessés. Le 12 pas de perte. Le 13 pas de perte. Le 14 : secteur calme, pas d’incident particulier : 1 tué… Les 15, 16 17, le JMO indique : secteur calme, pas de perte.