Mort pour la France

Joseph Pierre Marie MILLOCH  1883/1917

 

Fils de Joseph Marie, marin-pêcheur, né à Groix en 1844 et de Aimée Marie TRISTANT, née à Groix en 1853, mariés à Groix en novembre 1873, résidant dans le village de Kerohet, Joseph Pierre Marie MILLOC'H est né le 28 février 1883 à Groix dans le village de Kerohet. C'est le 4ème enfant d'une fratrie de six.

 

Après quelques années sur les bancs de l'école, Joseph commence son apprentissage de marin-pêcheur en s'engageant comme mousse sur les dundees thoniers de Groix, vers l'âge de 12/13 ans. En 1898, il devient novice, puis vers avril 1901, il est inscrit définitif sur le registre de gens de mer du quartier de Groix.

 

Le 11 mai 1903, il est levé (incorporé pour son service militaire dans la Marine) et affecté au 3ème dépôt des équipage à Lorient. Le 21 juin 1903, il embarque sur le "Jurien de la Gravière" jusqu'au 11 septembre 1905.

Il embarque de nouveau sur le "Lavoisier" du 1er mars 1906 jusqu'au 1er janvier 1907. Il est rendu à la vie civile le 11 mars 1907., date à laquelle il reprend ses activités à la pêche.

 

Joseph Pierre Marie MILLOC'H décède le 30 avril 1917 à Château-Thierry (Aisne).


 

Joseph Pierre Marie MILLOC'H est mobilisé le 5 août 1914 et affecté au 3ème dépôt des équipages à Lorient. Il est âgé de 31 ans.

 

Comme beaucoup de réservistes de la marine, on ne lui trouve pas d'affectation dans cette arme. il est donc mis à disposition de l'Armée de terre à la fin de décembre 1914. Dans un premier temps, l'armée l'affecte au 2ème Régiment d'infanterie coloniale à Brest pour une période formation de quelques mois. Vers mai juin 1915, il est affecté à un régiment de réserve, le 251ème R.I.

Le dépôt du 51ème R.I. et de son régiment de réserve, le 251ème habituellement situé à Beauvais a été transféré, au début de la guerre, en Bretagne à Lambézellec (banlieue de Brest).

 

en manoeuvres

assaut du 251ème R.I.

 

Formé à la mobilisation, en août 1914, avec deux bataillons (5ème et 6ème) avec les réservistes, le 251ème Régiment d’Infanterie fait partie de la 69ème D.I. (138ème Brigade). il est embarqué à Beauvais le 13 Août 1914 et acheminé vers la Belgique. Le 251ème recevait le baptême de feu le 29 Août à Urvillers (Aisne) où des forces ennemies considérables l’attaquent; après un combat acharné le régiment est décimé. Il se reforme immédiatement et à force de ténacité, il soutient, en retardant l’avance des masses ennemies, les chocs successifs de la ferme du Rocq (environ de Château-Thierry) le 3 Septembre, et de la ferme de Montceau-les-Provins, les 5 et 6 Septembre 1914. Cependant, l’ordre du jour du général Joffre vient galvaniser sur la Marne toutes les énergies: « On ne recule plus ! » prescrit-il et, farouchement, le 251ème tient tête à l’ennemi, brise ses efforts offensifs et, passant irrésistiblement à l’attaque entame la poursuite de l’ennemi désemparé par une poussée générale inattendue. Le 13 Septembre, il est engagé à la ferme Ste-Marie-le-Godat, où son 6ème bataillon reprend une batterie d’artillerie tombée aux mains de l’ennemi. Le 14 septembre et dans la nuit du 16 au 17, il tient tête à la Neuville (commune de Cormicy), malgré de lourdes pertes, aux assauts répétés d’un ennemi décidé à rompre notre ligne à tout prix et il mérite une première citation à l’ordre de l’armée. Pendant la retraite et au cours des combats livrés dans la poursuite, le régiment subit de sérieuses pertes: 5 officiers tués et 15 blessés, 36 hommes tués et 453 blessés.

 

Tout aussi difficiles pour le régiment, d’autres combats suivent; à Rouvroy-en-Santerre dans la Somme (7 et 8 Octobre 1914) où son 5ème bataillon se signale tout particulièrement et à Soupir dans l'Aisne (2 novembre 1914) face à une attaque allemande où il essuie des feux d’artillerie intenses et meurtriers. Les pertes pour ces deux combats furent très élevées: 2 officiers tués et 9 blessés ainsi que 109 hommes tués, 391 blessés et 274 disparus.

 


Le 251ème R.I. à la charge de reprendre une partie du terrain perdu (Chavonne, , Mont Sapin, Soupir,...En fait ce sont des bataillons de zouaves et de tirailleurs qui font le boulot, le 6 novembre) et de la défense du secteur dit de Soupir (Aisne) du 3 Novembre 1914 au 21 Février 1916.

 

Le 6 mai 1915, un contingent de renfort de 80 hommes arrive de Lambezellec. Il est dirigé vers le Mont Hussard (commune de Courcelles sur Vesle). Un autre contingent de 97 hommes arrive le 12 juin selon toute probabilité Joseph Pierre MILLOC'H est dans l'un de ces deux contingents (de même que le groisillon Pierre Marie LAURENT). Joseph Pierre est affecté à la 18ème compagnie (5ème bataillon).

 

Le 29 juin 1915, le Président vient lui-même épinglé la Croix de Guerre à l'étendart du 251ème, suite à sa citation à l'ordre de l'Armée.

 


les lignes françaises en noir, les lignes allemandes en bleu sombre

extrait du J.M.O. du 14/15 et 16 septembre 1915

 

                                                                   extrait du J.M.O du 4 au 11 novembre 1915 >>>>

 

 

Le 14 novembre le 251ème R.I.est relevé pour une période repos. Il cantonne à Paars et Vauxlin. Le 29 novembre le régiment remonte en ligne dans le secteur de Soupir. Le secteur est toujours aussi calme la période de Noël et du Nouvel an se passe dans le calme. A partir de la mi-janvier, une nouvelle arme rentre jeu : les mitrailleuses. Les échanges de tir de mitrailleuses devient fréquents.

 

Les 23 et 24 février, le régiment est transportés en train pour se rendre à Saint Hilaire au Temple, où il cantonne jusqu'au 2 mars.

 

Puis le régiment est déplacé le 3 mars vers le camp 4/5 situé sur la route entre Suippes et Perthes-les-Hurlus. Il est amené à passer quelques jours en ligne dans le secteur de Souain, puis le 9 mars, le régiment se rend dans le secteur de la Ferme de Navarin. Il Y subit des bombardements perrmanents.

 

Le Régiment passe en 3ème ligne, au Bois Bouchet, le 8 mai et contribue à des travaux d'aménagements de la seconde ligne. Le 14 mai il va cantonner à Julvécourt et procède à sa réorganisation.

 

Le 20 mai, il remonte en ligne dans le secteur de Cumières. Là encore les pertes sont impressionnantes. Le 21 mai, 60 hommes sont mis hors de combat, le 22, c'est 95, le 23, ce sont 93 hommes tués, blessés ou disparus... Le 24 ce sont 118 dont 105 disparus ?

 

Entre le 25 et le 26, le régiment est relevé et va cantonner à Ippécourt. Le 1 juin il est transporté par camions et débarque à Varney (Meuse)

 

 

Compte tenu des pertes, le 7 Juin 1916, une note du G.Q.G., prononce la dissolution régiments dont les unités survivantes doivent participer à la formation d’un troisième bataillon, dans les autres régiments de la division, mais le 13 Juin cette mesure est reportée et le 251ème est alors constitué à trois bataillons. Il occupe à partir du 17 Juin le secteur Franco-Mine (Pontavert) harcelant l’ennemi de coups de main nombreux et réussis. Du 17 juillet au 31, le régiment est au repos à Ventenay. Le 1er août, il reprend les ligne dans le même secteur. les échanges d'artillerie sont permanents avec quelques victimes chaque jour. Le 23, le régiment est relevé et va cantonner à Roucy, puis les bataillons alternent sur le secteur Franco-Mine. Le secteur est maintenant relativement plus calme jusqu'au 3 décembre. Les 3 et 4 décembre, le 251ème R.I. est relevé et va cantonner à Magneux et Courlandon à l'est de Fismes.

 

les tranchées françaises en rouge dans le secteur de la Main de Massiges début 1917

 

 

Le 7 Décembre 1916, il est rattaché à la 40ème division (32ème C.A.) et avec les unités de cette division. il participe à une période d'entraînement dans le secteur de Maffrécourt. Le 251ème occupe du 8 janvier, l'ouest du secteur de la Main de Massiges (l'Index). Le secteur semble calme selon le J.M.O., mais toujours avec quelques victimes (tués ou blessés) journalières. Les 23 et 24 janvier, le régiment est relevé de ce secteur. Il se transporte par étapes dans la région de Plivot/Chouilly au sud de Reims. Ils participent à des travaux dans différents secteurs.

 

Le 21 mars l'ensemble de la division se rend au camp de Romilly pour une période d'instruction.

 

 

A la fin de la journée du 16 avril, une contre-attaque allemande est stoppée.

Le 5ème bataillon et notamment la 18ème compagnie (celle de Pierre Joseph MILLOCH) reste sur place à défendre le terrain conquis.

 

 

A la suite de ces opérations le 4ème bataillon est cité à l’ordre du jour de la IIème Armée le 6 Mai 1917: le 6ème bataillon à l’ordre de la Vème armée le 9 Mai et, le 26 Octobre 1917, le régiment tout entier est cité à l’ordre de l’armée pour cette attaque héroïque qui lui occasionne des pertes douloureuses

 

L'essentiel des combats à cette période sont des échanges d'artillerie avec son lot journalier de tués et de blessés par éclats d'obus. Tous les 6 jours, le 5ème et le 6ème bataillon alternent en première ligne.

 

<<<   Le rédacteur du J.M.O. consigne scrupuleusement chaque jour le nombre d'obus par taille et par nature reçus et envoyés.

 

Parfois le secteur est assez calme.

 

 

Dans les premiers jours d'avril, le régiment est relevé et transporté d'abord en train puis à pied dans le secteur de Vadelaincourt, où il est mis à disposition pour participer à la défense du secteur Nord-Est du front de Verdun.

 

L’instant critique de la ruée allemande sur Verdun est arrivé. En toute hâte le 251ème est amené, le 10 Avril 1916, à Chattancourt, avec mission d’endiguer l’avance ennemie. Il n’y faillit point. Avec une énergie farouche, il défend Cumières et, du 12 au 20 Avril, après une brillante contre-attaque il parvient, malgré de lourdes pertes, à constituer une ligne de défense que l’ennemi ne peut franchir, ligne partant de la corne nord-ouest du bois des Caurettes et longeant le chemin Cumières-Esnes. Son attitude héroïque et celle des unités de la 40ème division motive l’ordre du jour du général Pétain « On les aura ! ».

 

Le 23 avril, quatre attaques allemandes échouent, trois au Mort-Homme et une au Nord du bois des Caurettes. Le 25 avril, des reconnaissances ennemies sont dispersées au sud d'Haucourt, avec une légère progression au bois des Caurettes où une trentaine de prisonniers sont pris. 

 

Le 29 Avril 1916, le régiment est engagé (jusqu'au 9 Mai) dans le secteur des Caurettes pour soutenir l’attaque menée par la 40ème division. Le 30 avril, au nord de Cumière, la 23ème Cie du 251ème repousse 3 attaques allemandes à 4h30, à 11h et à 18h30. A 19h30, une compagnie contre-attaque est parvient à reprendre la tranchée Servagnant et le saillant du Verger. La 22ème compagnie a pour ordre de reprendre le sommet du Mort-Homme. Après de sévères combats à la grenade, elle parvient à se fortifier au sommet. La part de gloire du 251ème dans ces journées terribles est importante, et elle s’augmente encore du 21 au 25 Mai dans le secteur héroïque du Mort-Homme. Le 29 Avril, la 23ème compagnie est citée à l’ordre de l’armée. Cette période en secteur de Verdun a causé au régiment de très lourdes pertes, mais Joseph Pierre MILLOC'H a été pour cette fois épargné. On relève 9 officiers tués et 15 blessés et 311 hommes tués, 503 blessés et 243 disparus. Une saignée de plus de 1 000 hommes sur un régiment de 2000 soldats. C'est au cours de ces combats que le groisillon Pierre Marie Laurent est blessé. il décèdera le 1er mai 1916 à l'hôpital de campagne de Vadelaincourt.

 

le secteur du Mort-Homme

secteur de la Main de Massiges

 

 

Le 14 Avril 1917, le 251ème monte en ligne. Le 4ème bataillon à l'est, face au Mont Sapigneul et le 6ème bataillon à l'ouest, face à la côte 108. Un bataillon russe vient en renfort. Le 5ème bataillon celui de Joseph Pierre est en réserve, la 18ème compagnie dans la tranchée de la Boucle, puis elle passe le canal à Sapigneul. Toutefois le 16, le 5ème prend part à l’attaque générale. A 6h tous les bataillons, d’un seul élan, partent à l'assaut et conquièrent une partie la cote 108 et le Mont Sapigneul malgré l’insuffisance de la préparation d’artillerie et les pertes énormes qu’il subit et s’y maintient en dépit de la violence des réactions de l’artillerie ennemie. La 18ème cie, celle de Joseph MILLOCH a franchi la tranchée de Silésie et la tranchée des Bébés a un comportement remarquable.

 

Outre les officiers tués ou blessés, le premier jour de l'attaque 83 hommes de rang sont tués, 498 blessés et 148 ont disparus

 

 

quelques hommes du 251ème R.I.



 

 

L'acte de décès de Joseph Pierre Marie MILLOCH a été transcrit dans le registre de l'État-civil de Groix à la date du 17 décembre 1917, avec la mention "Mort pour la France";

 

Le nom de Joseph Pierre a été gravé sur tous les monuments mémoriels de la commune de Groix, avec une erreur de date sur la plaque de l'église  >>>>

 

Il est honoré de la médaille militaire à titre posthume le 27 avril 1917 ainsi que de la Croix de guerre avec une étoile de bronze (J.O. du 9 juillet 1917)     >>>>

 

Il est décédé quelques jours avant la disparition de son cousin germain Joseph Marie Ignace MILLOCH sur les pentes du Mont Cornillet (Prosnes - Marne)

 

Joseph Pierre MILLOCH a été touché lors du 3ème jour de l'attaque le 18 avril 1917). Blessé aux jambes, il a du être amputé des deux.

 

D'abord transporté dans une ambulance de premier secours puis dans un hôpital de campagne pour cette intervention. Il est ensuite amené à l'hôpital temporaire n°31, installé dans une maison de retraite (ancien couvent des Chesnaux) à Château-Thierry (Marne)

 

Joseph Pierre MILLOCH décède des suites de ses blessures le 30 avril 1917 à 1 h dans les locaux de cet hôpital.

 

Le corps de Joseph Pierre a d'abord été inhumé dans le parc du Couvent, dans les lieux où se trouve l'actuelle Nécropole nationale des Chesneaux à Château-Thierry, puis, à la demande de la famille, il a été transféré dans le cimetière de la commune de Groix, où il repose actuellement.

 


Nécropole nationale des Chesneaux, commune de Château-Thierry ( Marne)

la tombe de Joseph Pierre Marie MILLOCH dans le cimetière communal de Groix

 


Comme on le voit sur les cartes en date du 10 mai 1917, seule les tranchées de la cote 108 et la tranchée de Silésie ont été conservées, un si grand massacre pour de si petits gains