Du 14ème au 15ème siècle

Alors que le XIVème siècle est un siècle noir s'il en fut, le XVème siècle apparaît comme le grand siècle breton. Autour de la cour ducale se crée un véritable art de cour, dont le château de Nantes est le symbole, influencé par l'art ligérien. La marine commerciale bretonne se développe, surtout en Basse-Bretagne, et devient l'un des éléments majeurs du commerce nord-sud de l'Europe de l'Ouest. La Bretagne reste une oasis relativement prospère au milieu d'un monde devenu fou     

XIVème siècle

 

 

1315, 1316 et 1317 sont trois années de terrible famine. Pourtant la France a vécu une période faste précédemment. Mais dans quel état est la France de 1320 ?

 

la "Guerre de Cent ans" débute officiellement en 1340, mais nous avons vu qu'en fait la querelle remonte à 1292.

 

Le 24 juin 1340 a lieu la bataille navale de l'Ecluse. Apprenant qu'une armée allait être expédiée d'Angleterre, Philippe VI le bel dépêcha sa flotte en mer du Nord. Concentrés dans les ports de la Haute-Normandie et de la Picardie, il y eut, dès le mois de mai, quelque 200 navires prêts à cingler vers le détroit. Sur ces 200 navires français présents, il y aura des patrons de 25 ports, depuis Cherbourg et La Hougue jusqu'à Berck et Boulogne. Bateau de pêcheur ou barge de caboteur, une petite nef emporte 40 ou 60 hommes, équipage compris. Cela signifie que l'on dispose à bord de 2 ou 3 arbalètes simples, de 2 ou 3 coffres de viretons et de carreaux.

 

                  Miniature, représentant la bataille de l'Écluse

 

Début juin, ces bateaux, montés par 20.000 hommes, prennent position au large des côtes de Bruges, bloquant l'avant-port de l'Écluse. En aucun cas l'Anglais ne doit passer. Les forces sont égales. Édouard III perd tout s'il laisse à la France la maîtrise de la mer. Il a donc rassemblé toutes ses forces: 250 navires, avec 15.000 hommes d'armes à bord, matelots exclus. Pour l'époque, c'est considérable. C'est l'un des plus grands combats navals qui s'ouvre le 24 juin

 

Les chefs de l'escadre française manifestent leur manque de sens tactique et cette bataille est une catastrophe pour la "marine française". Pourtant, si c'est une victoire pour Edouard III, elle est dans l'immédiat stérile. Elle ne lui donne que le droit de continuer à débarquer pour tenter la conquête de la France. Elle lui ouvre une route; au bout, rien n'est gagné.

 

Jean III de Bretagne meurt en 1341, sans héritier. Pendant 23 années, la souveraineté du roi de France, qui revendique l'héritage, est contestée lors de la guerre de la Succession. Le conflit oppose Jeanne de Penthièvre (mariée à Charles de Blois), soutenu par le roi de France Philippe VI (le Hardi) à son frère, Jean de Montfort (marié à Jeanne de Flandre, soutenu par le roi d'Angleterre). Jean de Montfort, en appelant au secours le roi d'Angleterre, offrit à celui-ci une base d'opérations qu'il avait vainement cherchée en Flandre. Sans attendre la fin des trêves, Édouard III s'engagea dans l'affaire de Bretagne. Cela lui donnait, dès 1345, les moyens de la grande entreprise contre le cœur du royaume de France.

 

C'est au cours de cette guerre que la place forte d'Hennebont connaît son heure de gloire. Jeanne de Flandre, l'épouse de Jean de Montfort, alors prisonnier des français, s'y retranche pour y soutenir un siège mené par Charles de Blois. La guerre ne s'interrompt qu'en 1364, après la bataille d'Auray. Charles de Blois, secondé par Du Guesclin, est écrasé par les armées anglaises et trouve la mort. Du Guesclin lui-même est contraint de se rendre.

 

Les Blavétins, et probablement les groisillons, voient passer, en 1342, Amaury de Clisson et Gautier de Manny, commandant une flotte de "120 voiles amenant 2.000 soldats du roi Edouard d'Angleterre" au secours de Jeanne de Montfort (dite Jeanne la Flamme), assiégée par Charles de Blois dans Hennebont.

                                Miniature représentant la bataille de Crécy

 

Du Guesclin et ses compagnons pris en otages s'embarquent en 1351 pour l'Angleterre à Blavet.

 

Le 12 avril 1365, le "Traité de Guérande" met fin à cette guerre de Bretagne, dont le bilan est dramatique. Jeanne de Penthièvre, abandonnée par le roi de France, conclut un traité par lequel elle renonce à la couronne de Bretagne au profit de Jean de Montfort, qui devient Duc, sous le nom de Jean IV de Bretagne. Celui-ci se reconnaît vassal de la France. Sous la dynastie des Montfort (1365-1491), le duché de Bretagne jouit d'une réelle indépendance.

 

Jean IV, qui s'allie aux anglais en 1372, est contesté par les barons bretons et doit se réfugier en Angleterre.

 

Le Roi de France, Charles V, confisque le Duché en 1378, mais doit renoncer devant le refus des barons bretons qui rappellent Jean IV.

 

Hennebont est, en 1380, le centre administratif et politique de la région.

 

Le 14 avril, à Vannes, "Le duc de Bretagne, Jean IV, fait don, " à son cousin Jehan, vicomte de Rohan et à son épouse Jehanne de Navarre, pour bons, loyaux et agréables services, le château et toute la chastellenie de la Roche-Moysan et toutes ses appartenances, sises au pays et terroir de Kéménet-Heboay, les paroisses et villes de Lebin, Pontscorf, Ploemeur, Biouay, Arzenou, Redene, Guidel, Guillegoumarch, Meslen et en l'île de Grouays et ailleurs…, toutes les rentes et revenues quelconques que nous avons acquis et retrait par quelconque manière et a quelconque cause, en ladite île de Groay de Monseigneur Guillaume de Baden et d'autres". Ainsi de Groe, le nom de l'île était devenu Groay..." Ainsi l'île est réunifiée. C'est aussi le début d'un long "servage" sous la coupe des Rohan-Guéméné (qui ne prendra fin, disent certains auteurs, qu'en 1830?). L'isolement insulaire avait tenu heureusement l'île en deçà des luttes et des troubles ensanglantés pour la succession du Duché de Bretagne.

 

Le 4 avril 1381, par un nouveau "Traité de Guérande". Jean IV renonce définitivement à une alliance avec l'Angleterre.

 

Un canon est employé pour la première fois à bord des bateaux Vénitiens dans une guerre contre les Génois.

 

 

La peste noire dévaste toute l'Europe. à partir de 1348 Tout avait commencé devant le port de Théodosia, en Crimée. À la Toussaint de 1347, la peste toucha Marseille. En France, certaines régions ont vu disparaître jusqu'aux 2/3 de la population Les citadins se réfugiaient dans les campagnes, s'installaient dans des cabanes comme dans des forteresses. Ils étaient prêts à tuer pour se défendre. En quelques semaines, retirés dans leur hutte et jusqu'au fond des bois, ces citadins ressemblaient à des sauvages. La compagnie quotidienne de la mort allait peu à peu engendrer d'extraordinaires excès. La France était devenue presque un royaume mort. Dans la plupart des provinces, on n'avait ni moissonné, ni labouré, ni semé. Pendant que l'effroyable épidémie s'éloignait, la France allait connaître en 1349 une terrible famine. Cette peste fit beaucoup plus de victimes que toute la guerre de Cent Ans. L'épidémie ne disparut pas d'un seul coup et on la vit renaître en certains endroits.

 

 

À la fin du XIVème siècle, la Bretagne accède à la neutralité, grâce à ce fameux "Traité de Guérande", et reste ainsi à l'écart de la suite de la "Guerre de 100 ans" Il joue pendant ce temps l'atout du commerce occidental. Les marins bretons (et naturellement ceux de l'île), après des siècles d'observations et d'apprentissage, s'élanceront sans crainte sur toutes les mers connues de l'époque, aux lendemains de la guerre de succession de Bretagne. L'Armorique, bien placée entre le monde nordique et la péninsule Ibérique, connaît une prospérité commerciale, encore que toute relative, liée au développement des échanges européens. Des centaines de navires bretons, petites embarcations de 10 tonneaux à voiles et rames nommées "fleuins", grosses barques de 15 à 20 tonneaux, appelées "escaffes", mais aussi d'autres navires plus importants dépassant les 50 tonneaux, cinglent d'un port à l'autre, pratiquent le bornage de pays en pays, pour exporter sel de Bourgneuf, vin du terroir nantais, céréales, poissons frais et salés, draps et toiles de Bretagne, ramenant au retour l'étain anglais, le fer espagnol, les vins de Bordeaux, le tuffeau de Loire. Et si la rade naturelle de l'embouchure du Blavet et du Scorff est favorable à constituer un lieu de refuge pour les caboteurs et les navires marchands qui y relâchent, protégé de plus par les îles (Houat, Hoëdic, Belle-Isle mais surtout Groix) ses accès sont dangereux et les bateaux utilisent fréquemment des pilotes groisillons et port-louisiens. Groix, en partie à cause de sa position géographique, n'a pas pu rester à l'écart des mouvements commerciaux.

 

L'un de ces navires, en 1392, La "Marie", de Groix quitte Southampton le 23 janvier avec son chargement.

L'armée française est taillée en pièces par les archers anglais le samedi 26 août 1346 à Crécy-en-Ponthieu, entre Amiens et l'embouchure de la Somme.

 

Suite à la défaite de La Roche Derrien en 1347, Charles de Blois est prisonnier des Anglais. Il obtint d'Edouard III une libération provi-soire pour réunir le montant de sa rançon et pour marier sa fille. 

Cette libération provisoire se fit en échange d'otages qui se rendirent à Londres, les deux fils de Charles de Blois (Jean et Guy), Bertrand Du Guesclin, Jean de Beaumanoir (héros du combat des Trente) et quelques autres. Tous s'embarquent à Port-Blavet en 1351.

  • Le Combat des Trentes a lieu quelques temps avant, le 27 mars 1351 Une trêve a été signée. Mais au mépris de cette convention les Anglais, sous prétexte de soutenir la cause des Montfort, rançonnent et pillent la Bretagne. Les paroisses qui ne peuvent payer sont détruites, incendiées et saccagées. Beaumanoir voyant les Anglais maltraiter des paysans sans défense, apostrophe leur chef, Bemborough, en ces termes : «Chevaliers d'Angleterre, je m'étonne fort que des hommes, vaillants comme vous l'êtes, fassent une guerre honteuse et cruelle, non pas aux gens qui portent les armes, mais aux marchands, aux laboureurs, aux hommes paisibles. Ce n'est pas coutume que les soldats soient employés à vexer et à ruiner le pauvre habitant qui sème le blé, qui nous procure le vin et qui nourrit le bestial. […] Les Anglais sont sans doute des guerriers recommandables; mais à mon avis, ils sont loin de l'emporter sur les Bretons. A l'occasion je me fais fort de le leur apprendre par expérience ». 
  • Bemborough accepte donc le défi et les deux capitaines conviennent de s'affronter dans un champ, au « hêne de Mi-Voie» (entre Ploërmel et Josselin). Ainsi 30 chevaliers anglais, partisans de Jean de Montfort, s'affrontent en combat singulier à 30 chevaliers bretons partisans de Charles de Blois. Les conditions de la lutte sont celles du «combat à volonté», chacun des 60 combattants a toute liberté de se battre comme il lui plait, à pied, à cheval, avec n'importe quelles armes, sans autre obligation que d'observer dans ce combat les règles de la loyauté chevaleresque. 
  • Les Anglais sûrs de leur victoire arrivent les premiers au «chêne de Mi-Voie». Le retard des Bretons vient du fait qu'ils se sont préparés à la bataille, confessés, Ayant reçu l'absolution, la communion, et entendus plusieurs messes. 
  • Blessé et en nage, au cours du combat Beaumanoir réclame à boire. L'un de ses compagnons, Geoffroy du Bouäys lui répond par cette formule devenue célèbre : « Bois ton sang Beaumanoir ! Cela calmera ta soif ». 
  •  Beaumanoir relance ses troupes à l'assaut et les Anglais sont totalement battus. Huit Anglais furent tués et les autres se rendirent. Selon Jehan Froissart.

seau de Jean 1er de Rohan en 1380

 

Un document de 1388 (parmi les actes de succession de Jocelyn de Rohan, évêque de Saint Malo, décédé en mars 1388) nous donne quelques informations sur l'île de Groix :

 

"Dressé en la Chambre des comptes de Bretagne, la liste des rentes, appartenant à Monsieur de Bretagne, à cause du rachat és héritage par Monsieur Monseigneur Jocelin de Rohan, Evesque de Saint Malo, lequel est décédé le 15 mars, en la châtellenie d'Hennebont, donne, au titre des tenues et manne, la liste des fermes situées dans plusieurs paroisses parmi lesquelles celles du Baillage Hevé de Kergatouarn en l'ille de Groye, qui se payent au moys de janvier pour tout l'an, par pellens de terre, dont 9 souls sur chacun pellen, fors en certain endroit de la ville de Locmaria, où il n'y a sur trois quarts pellen que 20 deniers poug".  L'acte signale les villages de Kerambaillet, Kerœzrohet, Keraliet, Chief de l'isle, Locmaria, Kernaliet, Kerampoulo, Locqueltas, Kermorvan, Locmelaere, Porz-Lay, Kerhaellou, Kergadoret, Keraulart, Kerleoret, Kerbedan, Les Moustœr, Quelbizig et Kerlebiob, Kermarchiob, Loctudj, Porztudj. De nombreuses fautes dues à des mutations apparaissent dans cette énumération qui demeure fort intéressante pour l'étude toponymique.L'acte cite également le nom des familles résidentes.

 

 Deux nefs marchandes du XIVème siècle

  

 

 

 

Nous n'avons malheureusement aucune image probante pouvant illustrer

ce qu'était la "Marie" de Groix (fleuin ou escaffe) qui ne contenait probablement pas plus d''une vingtaine de tonneaux.

 

 

Juste une image pour tenter d'imaginer


 

XVème siècle

 

Un Français, un hobereau, le sire de Béthencourt, découvre les Canaries en 1402.

 

Les Portugais atteignent, en 1416, le Cap Bojador. L'époque dite des "grandes découvertes" commence.

 

En 1428, on comptabilise la présence de 2 nobles sur l'île de Groix : Pierre Leen ou Lehen et Jehan de Coetnours.

 

A la même époque où Jeanne D'arc meurt brûlée à Rouen, le 30 mai 1431, et où naît François Villon, le cabotage des bretons vers le sud, s'affirme: La Rochelle et Bordeaux sont des destinations régulièrement touchées. En outre, l'activité maritime existe alors sur l'île, comme en témoigne l'existence de pêcheurs. On trouve les traces en 1432 du "N.D d'Istel", de Groix, propriété de Maître de barque Jehan LEBIN et du marchand Jouhan GOARIN, qui rentre le 2 février, à Port-Blavet (du nom de la rivière, ancien nom de Port-Louis), avec du vin en provenance de Nantes. Et du "N.D. de Groix" qui quitte Port-Blavet, le 4 février, avec une cargaison de 13 tx de seigle en direction du même port de Nantes.

 

Gil Eanes, un portugais, dépasse en 1435, à la demande d'Henri, le roi navigateur, le cap Bojador (les limites du monde connu, pour les marins occidentaux) et explore les côtes de l'Afrique

 

Une nouvelle épidémie importante de peste en se développe en 1438.

 

En 1448, lors de l'enquête des exempts de fouage, on comptabilise trois nobles sur l'île de Groix  Jehan Le Boterfs, Jehan Coetnoux (sergent du Vicomte de Rohan), Allain Lehen (sergent de la Rochemoaysan).

 

La défaite anglaise de Castillon marque en 1453 la fin de la guerre de 100 ans. Les anglais abandonnent définitivement le sol français, sauf Calais.

 

Le petit-fils de Jean IV, François II devint duc de Bretagne à la mort de son oncle Arthur III, le 26 décembre 1458. Il était aussi le gendre du duc François Ier, mort en 1450. Il tenta d'imiter le duc de Bourgogne et de réaliser enfin l'indépendance du duché. Il s'arrogea certains attributs de la souveraineté et chercha à constituer une alliance offensive avec l'Angleterre et la Bourgogne. L'alliance fut aussi fragile que la "Ligue du bien public" dirigée contre Louis XI, à laquelle, en 1465, François II n'avait apporté qu'un concours insuffisant et tardif. En 1468, c'est lui que ses alliés abandonnèrent dès que Louis XI prit les armes. Il dut, par le traité d'Ancenis, abandonner au roi ses droits en Normandie.

 

Dix après l'avènement de Louis XI en 1461, les Portugais franchissent l'Équateur (1471).

 

Un autre bateau de l'île de Groix "La Trinité", en compagnie d'une "Marie de Milford", assure pour les Anglais en 1473, l'exportation de draps et l'importation de vin. À cette époque, la moyenne des bateaux est de 60 tx, les 100 tx ne sont franchis qu'exceptionnellement, notamment par des navires groisillons et les Espagnols, conduits à fréquenter les ports armoricains pour satisfaire leurs besoins céréaliers, s'emparent par un acte de piraterie d'un navire marchand de Groix.

 

A l'époque du débarquement du roi Édouard IV à Calais en 1475, un certain Brito (de son vrai nom Brulelou), breton né à Pipriac (35) imprime un premier ouvrage, 20 ans avant la bible de Gutenberg. C'est ce Jean "Brito" (1417-1484) qui a inventé le système typographique à Tournai, en Flandres (et probablement pas Gutenberg).

 

Quelques jours après le baptême, à Nantes, d'Anne de Bretagne (25 janvier 1477), un certain Laurent BARON et son navire, quitte Auray, le 4 mai, pour l'Espagne. Il est de retour le 7 juin.

 

Raoul TUAL, prêtre séculier, est en 1480, le confesseur de François II.

 

 

En 1481, Anne, la fille de François II, de Bretagne a 4 ans, on scelle ses fiançailles au dauphin du royaume d'Angleterre. Tout est prévu entre les 2 couronnes, si le prince de Galles vient à mourir, Anne doit épouser le duc d'York. Tout... sauf la mort violente des deux adolescents qui, après le décès de leur père, sont égorgés sur ordre de leur oncle Richard III. Anne n'a pas le temps de pleurer leur mort que son père envisage un autre projet de mariage avec Henri Tudor, réfugié à la cour de Nantes. Grâce à cette union, l'Angleterre deviendrait le protecteur du duché de Bretagne contre les appétits du royaume de France.

 

A la "montre" (réunion de tous les hommes d'armes) de Vannes du 4 septembre 1481, on comptabilise la présence de 2 nobles de l'île-de-Groix: - Jehan LEHEN, défaillant et Jehan COETNOUS, remplacé par son fils Louis qui comparaît en archer.

 

Charles VIII monte sur le trône en 1486, âgé de 13 ans. Anne de Beaujeu, la régente, la sœur du roi, réunit les "États généraux", (y compris les représentants des paysans, pour la première fois).

 

A l'époque de la naissance, vers 1487, du premier LE GOUZRONC connu qui sera recteur, Barthélemy Dias double le Cap des Tempêtes, celui que Jean II rebaptisera le cap de Bonne-Espérance.

 

 

Pourquoi ne pas choisir un seigneur breton pour marier Anne ? Le vicomte de Rohan propose ses fils aînés. Mais son ambition et sa traîtrise quasi maladive effrayent le duc. Alain d'Albret est candidat, breton par sa mère (une Rohan,) et gascon par son père. Il est âgé (45 ans), paillard et très laid, de plus il est pourvu d'une progéniture pléthorique: 8 enfants légitimes et une kyrielle de bâtards. Pour une fillette de 8 ans, ce parti ne semble pas de très bon aloi. Cela n'empêche pas François II de promettre la main de sa fillette. Finalement François II se ravise.

 

Défaite des bretons, en 1488, à St Aubin Cormier (6.000 bretons sont tués). Le duc de Bretagne, François II, signe le traité de Sablé.

 

Le Duc de Bretagne juge qu'un prince étranger apporterait une aide financière plus en rapport avec les besoins du pays. Il met en concurrence le duc de Buckingham, l'infant d'Espagne et Maximilien d'Autriche. Tous ces pays ont le souci d'empêcher une nouvelle extension de la France. Le duc conclut une alliance avec l'Autrichien, et une promesse de mariage, mais il laisse croire aux autres que chacun conserve ses chances. Il ne décourage pas non plus les candidats de moindre importance qui sont bien accueillis à sa cour. Bref, Anne est certainement la fillette la plus convoitée d'Europe.

 

Après la mort de François II en 1488, Anne se retrouve orpheline à l'âge 11 ans, puis duchesse. Son père laisse un pays affaibli par les guerres et occupé par les Français. Elle décide de s'unir à Maximilien de Habsbourg (futur Empereur).

 

 

 

 

 

Deux ans après le mariage d'Anne, Christophe Colomb part le 3 août 1492, il fait escale aux Canaries et, dans la nuit du 11 au 12 octobre, aperçoit la terre. Ce sont les îles Lucayes, à l'entrée du détroit de Floride. Colomb se croit sur les rivages de l'Asie. Il explore les Antilles, cherchant les souverains de Cipangu (Japon) et de Cathay (Chine), à qui il doit remettre ses lettres de créance. Il découvre Cuba le 27 octobre et, peu après, la future St Domingue, qu'il baptise "Hispaniola". Mais il a perdu l'un de ses navires, ses hommes sont fatigués et, le 15 mars 1493, 7 mois après son départ, il rentre triomphalement à Palos. Il est toujours persuadé d'avoir atteint l'Asie...

 

Le Pape, Alexandre VI publie la bulle "Inter Coetera" en 1493. Mais, devant les réclamations du Portugal, la ligne de démarcation, par le traité de Tordesillas (7 juin 1494), est repoussée de 170 lieues vers l'Ouest. Ce traité donne au Portugal la moitié ouest du Brésil. Aux antipodes, le traité de Saragosse (1529) accorde les zones contestées, y compris les futures Philippines, aux Portugais. (Mais ceux-ci n'occupent pas les Philippines. Les Espagnols s'y installeront dès 1542).

 

 

 

 

 

Guilllaume LE RICOUX (ou RICOUSSE) charge en 1496 (et en 1497?) des fruits en Andalousie pour le port d'Arnemuyden, soit plus de 1100 miles nautiques. Les marins groisillons sont plus transporteurs que négociants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Génois, Jean Cabot au service d'Henri VII d'Angleterre, va jusqu'au Cap-Breton et au Labrador. Leurs autres voyages n'ont guère de résultats. Mais on espère toujours trouver vers l'Asie la route du Nord-Ouest.

 

Vasco de Gama, en 1498, après avoir franchit difficilement le cap de Bonne Espérance et soudoyé un pilote arabe, traverse tout droit l'Océan Indien de Mombasa à Calicut. Le 27 août 1498, il fait demi-tour les cales pleines d'épices. La première liaison maritime directe entre l'Europe et les Indes vient d'avoir lieu.

  

 

Le XVème siècle apparaît comme le grand siècle breton. Autour de la cour ducale se crée un véritable art de cour, dont le château de Nantes est le symbole, influencé par l'art ligérien. La marine commerciale bretonne se développe, surtout en Basse-Bretagne, et devient l'un des éléments majeurs du commerce nord-sud de l'Europe de l'Ouest. La Bretagne reste une oasis relativement prospère au milieu d'un monde devenu fou. Le rétablissement de la paix provoque paradoxalement une crise économique qui ne devait cesser que vers 1530. D'où la probable reconversion partielle vers la pêche, et, au début du XVIème siècle, la mise en valeur des bancs de Terre-Neuve.

 

La seconde moitié du XVème siècle voit s'affermir les prétentions du royaume de France sur la Bretagne. À ce moment, l'indépendance du duché est déjà en train de prendre fin. Face à l'armée royale et à son artillerie, les tentatives de maintenir la situation antérieure se révèlent vaines, d'où la révolte du Duc de Bretagne en 1485 qui s'allie à d'autres grands seigneurs dont le Duc d'Orléans contre le roi de France. François II envisage de prendre Louis, duc d'Orléans pour gendre. Le gentilhomme est français, cependant fidèle à la couronne de Bretagne. Malheureusement, Louis est uni à Jeanne de France et l'annulation du mariage semble alors difficile à obtenir. le projet est remis, mais qui se fera finalement. Le duc François II a d'autres projets comme celui, en 1486, d'aménager le port de Blavet et surtout de le défendre, estimant "nécessaire pour le service du duc, pour le profit de ses sujets et pour la beauté du havre et la sécurité des marchands d'édifier promptement une tour, à la pointe de la presqu'île et d'y tenir du canon". Mais la mort ne lui permet pas de mener ce projet à son terme.

 

Tombeau de François II et Calvaire de Tronoen 1475

 

Le 19 décembre 1490 a lieu, par procuration, le mariage d'Anne, à la cathédrale de Rennes. L'Autrichien s'engage à sauvegarder l'indépendance du duché et à maintenir les privilèges, droits et libertés de ses habitants. Non seulement, le roi ne verra jamais son épouse, mais surtout il ne viendra jamais au secours de la Bretagne.

 

Cette union mécontente Charles VIII, qui est lié, ironie du sort, à la propre fille de Maximilien, Marguerite d'Autriche… Cependant l'union n'a pu être consommée, la petite Marguerite, mariée à l'âge de 3 ans, n'a pas encore fêté ses 12 ans... Il envoie ses troupes en 1491 contre la Bretagne, soumet la plupart des villes bretonnes, puis assiège Rennes où s'est réfugiée Anne. Le peuple supplie la Duchesse de rompre avec Maximilien et de consentir à l'union avec Charles VIII. Elle rencontre le Roi, et une sympathie naît, à la surprise de tous. Ils se fiancent à Rennes. Rome consent à libérer les fiancés de leurs précédents engagements. Les noces sont célébrées à Langeais le 6 décembre. Le roi Charles VIII meurt d'un accident (il se heurte le front à un linteau trop bas dans le château d'Amboise) en 1498, sans laisser d'enfant, en effet ils eurent trois fils et une fille dont aucun ne survécut. Anne profite de ce deuil pour frapper sa monnaie, rétablir la chancellerie et réunir ses états. 

 

La nef "Santa Maria" de Christophe Colomb

 

La "Sao Gabriel" de Vasco de Gama