Mort pour la France

 

Jacob BIHAN 1882/1915

un fantassin en uniforme fin 1914/1915

Fils de Louis, un marin-pêcheur, né à Groix en 1854, et de Marie Mauricette LILIEN, née à Groix en 1853,  mariés en octobre 1878 et résidant dans la village de Locmaria, Jacob BIHAN est né le 26 mars 1882 sur l'île de Groix, dans le village de Locmaria. C'est l'aîné d'une fratrie de 6 enfants. Très tôt, il sera marin comme son père. D'abord mousse vers l'âge de 11/12 ans puis matelot. A l'époque de son conseil de révision en 1902, où il est enregistré sur le matricule Lorient / 507, il est déjà inscrit maritime sous le matricule Groix / 1584.

 

Il effectue sous service militaire à partir de 1902, probablement affecté au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. Rendu à sa famille en 1903, étant soutien de famille, son père est mort en 1898, il reprend son métier de marin pêcheur à Groix.

 

Il se marie le 9 novembre 1910 avec Anne Marie EVEN, elle aussi groisillonne, née en 1888. Le couple aura trois enfants, dont le dernier Gildas Marie, est né en mai 1914. Ils seront adoptés "pupille de la nation"

 

Jacob BIHAN gravement blessé le 16 janvier 1915, à midi dans le secteur de Fontaine Madame, sur la commune de  Vienne le Château (Marne), selon le JMO du 120ème RI, décède à 14h probablement dans une ambulance, située à la Maison forestière


 

En août 1914, Jacob est mobilisé. Il rejoint le 3ème dépôt des équipages à Lorient. Dans les premiers jours, il ne reçoit pas d'affectation, puis comme beaucoup de marins qui ne trouvent pas place sur les navires et les bâtiments de défense côtière, il est mis à disposition de l'Armée de terre. Il est alors affecté à l'un des régiments installés avant la guerre en zone de combat et qui avaient trouvé refuge en Bretagne.

 

Le 120ème RI de Peronne (Somme) était l'un d'eux. Près d'un tiers de ce régiment a été mis hors de combat le 22 août. Il lui faut donc des renforts. Jacob BIHAN, comme Josept Marie DAVIGO, et surement d'autres groisillons, y est affecté. Après quelques jours d'une formation rapide en caserne, il est dirigé vers le front pour rejoindre les troupes combattantes. Peut-être est-ce le 12 septembre à Nettancourt ? Le 13 septembre 1914, le 120ème, cantonné à Nettancourt, reçoit d’importants renforts. L’historique régimentaire indique que l’effectif des unités est porté à plus de 270 hommes par compagnie. Soit un total d’environ 3 200 soldats.

 

Jacob BIHAN est dés lors affecté à la 1ère compagnie du 1er bataillon.

 

Dès les premiers combats, le 15 septembre, 351 hommes sont mis hors de combat (tués, blessés ou disparus). Le régiment tient alors les lisières ouest du bois de la Gruerie jusqu’au moulin de l’Homme-Mort.

 

Les 16 et 17 sept., le Régiment bivouaque et couche dans le Bois, avec des ravitaillements en vivres et des évacuations de blessés difficiles, en raison du mauvais temps et des communications tout à fait précaire.

Entre le 24 septembre et le 10 octobre, le 120ème régiment est en première ligne sur le Moulin de L’Homme-Mort et les Quatre Chemins.

 

Extrait du JMO : " Nouvelle attaque ennemie dans la nuit du 26 au 27 septembre, cette fois sur le front du 1er bataillon, attaque trois fois renouvelée, trois fois repoussée".

 

Le froid, la pluie glaciale, un bivouac spartiate sont causes de l’émergence de la fièvre typhoïde mais aussi de la tuberculose. Beaucoup décède de ces causes.

 

Les rotations se succèdent entre montées en ligne et périodes de repos à Florent

 

Ainsi aux tranchées, depuis le 18 octobre, le 120ème subit une attaque violente de la part des Allemands, le 23 et 24, ce qui provoque des pertes sévères.

 

Durant chaque nouvelle occupation des tranchées le 120ème est l’objet d’attaques incessantes ainsi entre le 1er et le 6 novembre puis du 11 au 16 novembre. (le 13, les pertes, sont lourdes: 177 hommes hors de combat.)

 

Pendant 4 jours (du 21 au 24 novembre), les assauts sont continus. (le 22, très violente attaque contre le 3ème  Bataillon, le plus à l’est, il y a 23 tués, 197 blessés ou disparus)

 

Les pertes ont causé de si grands vides que la classe 1914, incorporée au cours du mois d’août, est envoyée en renfort au front après seulement 8 semaines d’instruction.

Jacob BIHAN est gravement blessé, le 16 janvier à midi. Est-il transporté dans une ambulance située à la Maison forestière (commune de Lachalade 55) et est-il mort lors de ce transfert ? Le JMO est formel, la 1ère compagnie du 1er bataillon est en poste dans les tranchées de Fontaine-Madame. Son acte de décès situe le lieu de son décès à la Maison Forestière (Lachalade -  55) le 16 janvier à 14h.

 

Son corps est inhumé sur place. Mais les combats qui se poursuivent après chamboulent tout le terrain de ce secteur. Et les autorités militaires n'ont pu identifier son corps après la guerre et a été probablement inhumé, anonyme, dans l'ossuaire de la Gruerie sur la commune de Vienne-le-Château (Marne)

 

L’ossuaire s’étend sur 850 m². Là sont rassemblés près de 10 000 corps exhumés du bois de la Gruerie après la guerre. Seuls 92 ont pu être identifiés. Les noms des soldats connus figurent sur des plaques apposées dans la galerie des fosses; elles sont entourées des plaques-souvenirs déposées par les familles.

 

Son acte de décès a été transcrit sur le registre d'état-civil de la commune de Groix, le 15 mai 1915. Il avait plus de 32 ans. Jacob laisse une veuve et 3 orphelins.

 

Son nom est gravé sur les divers monument ou plaques de la Commune de Groix

Jacob BIHAN sera décoré à titre posthume d'une croix de guerre   J.O. du 4 janvier 1923 

Son décès est cité dans la presse

 

 

Le 120ème Régiment d'Infanterie est habituellement installé à Péronne, dans la Somme. Mais au début de la guerre il a été déplacé à Ancenis en Loire Atlantique. Il fait partie de la 87ème  Brigade d’Infanterie, attachée à la 4ème Division d’Infanterie. Il est constitué de 3 bataillons. 

En aout 1914, il participe aux opérations dans les Ardennes belges notamment au combat de Bellefontaine les 22 et 23 août, ou près de 900 hommes sont mis hors de combat. Il fait alors retraite jusqu'à Sainte-Menehould, et Sermaize-les-Bains où il participe à la bataille de la Marne du 5 au 13 septembre. A cette date, il reprend sa marche en avant vers Maurupt-le-Montois, puis Nettancourt, Moiremont. Le 15 , il est à Vienne le château il prend position face aux défenses bien installées par les allemends dans la forêt d'Argonne et notamment du bois de la Gruerie. Il occupe les tranchées du moulin de l’Homme Mort, de Bagatelle, de Fontaine-Madame, de La Placardelle, résistant tant bien que mal aux assauts des armées allemandes. Les 23 octobre, 17, 20 et 22 novembre, 17, 20 et 31 décembre, il lutte contre des attaques allemandes et participe à des contre-attaques françaises. Le régiment perdra 1400h. durant les 3 mois de présence dans ce secteur.

 

Le 17 décembre, le régiment se porte au secours d’un bataillon de chasseurs qui vient d’être submergé. Le 120ème contre-attaque, non sans pertes.

 

Après une nouvelle période en première ligne du 24 décembre au 18 janvier 1915, le régiment est relevé pour la dernière fois dans le bois de la Gruerie.  « heureux – pour ceux qui survivent en bonne santé – de sortir de cette fournaise; au cours de ces 100 jours, nous avons perdu 1.400 des nôtres, tant tués, blessés que disparus. (45% du régiment)».

 

Durant la nuit du 13 janvier, le 1er bataillon prend la relève sur la partie gauche du secteur de Fontaine Madame.

 

Le 16 à midi, les allemands effectuent plusieurs tirs de mine-werfer sur les tranchées du secteur de la 1ére compagnie, celle de Jacob. Il est tué avec deux autres de ses camarades et un sous-lieutenant.

le bois de le Gruerie, après les combats, par Méheut