Mort pour la France

Jean Emmanuel STÉPHAN(T) (1890 / 1918)

 

Fils de Jean Emmanuel, un marin pêcheur groisillon, né en 1856 et de Geneviève LANCO, également groisillonne, né en 1860, mariés à Groix en octobre 1887 et résidant dans le village de Quelhuit, Jean Emmanuel STÉPHAN* est né à Groix, le 1 mars 1895, dans le village de Quelhuit. C'est le quatrième enfant d'une fratrie de sept dont trois décèderont en bas-âge.

* STÉPHAN est l'orthographe officielle

 

Après quelques années passées sur les bancs de l'école, Jean Emmanuel prendra le chemin tout tracé de son père, il sera lui aussi marin pêcheur. D'abord mousse vers l'âge de 11/12 ans, puis novice en avril 1910, il deviendra inscrit définitif sur le registre des gens de mer du quartier de Groix, vers avril 1913, sous le matricule 2167. Il participe aux campagnes de pêche en 1913 et 1914.

 

Jean Emmanuel STÉPHAN décède le 8 avril 1918 à Sains-en-Amiénois.

 

 


 

La classe 1915, est convoquée devant le conseil de révision en octobre 1914 et mobilisée vers le 15 décembre 1914. Jean Emmanuel STÉPHAN,  inscrit maritime, est affecté au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient pour une période de formation. il sera breveté "fusilier".

 

Le 31 juillet, sous un déluge d’obus, les 1ère Armée française et 51ème D.I. anglaise attaquent sur le canal de l’Yser, où des passerelles ont été aménagées. Elles enlèveront Bixschote et Boesele.

 

 

Le 11 août, les fusiliers-marins après avoir enlevé successivement leurs objectifs dans la presqu'île de Poësele, arrivent jusqu'à Drie Gratchen, faisant de nombreux prisonniers. Une contre attaque ennemie, qui tente de déboucher de Merckhem, est rejetée dans les marais. Les marins s'organisent sur les positions conquises, après avoir coupé les passerelles qui enjambent le Martjewaert.

 

Le 16 août au matin, les troupes du général Anthoine et celles du général Plumer chargent sur les positions ennemies aux alentours de la route de Steenstraete et de Dixmude, traversent le cours d'eau de Steenbeck, où plusieurs fois les ponts jetés et détruits sont reconstruits sous la mitraille. Les Français ont la tâche de faciliter aux Anglais la prise de Langemarck défendu maison par maison par canons et mitrailleuses. 

 

Au soir du 17 août, l'avancée de la 1ère Armée française l'a portée sur une ligne générale: Grande-Écluse, Drie Grachten, limite ouest des inondations du Martjewaert, ferme Carnot, fermes Mondovi et Champaubert, liaison avec le 14ème Corps britannique.

 

 

Avec la fin des hostilités sur le Front est, le chef d'État-major allemand Lüdendorff avait planifié une offensive majeure en France au printemps 1918. Transférant autant de troupes que possible depuis l'Est, il pensait pouvoir réaliser une offensive victorieuse sur le Front Ouest avant l'implication massive des Etats-Unis dans la guerre. Il porta son choix sur la partie du front tenue par les Anglais d'Arras à St-Quentin et La Fère, qui apparaissait faiblement défendue. L'objectif des Allemands était de séparer les troupes alliées en rejeutant les Anglais vers la Manche et repoussant les Français vers le sud.

 

L'offensive commence le 21 mars à 4 h sur un front de 70 km de large. L'avance des Allemands est très rapide sur tout le front. Le 27 mars les Allemands sont à Montdidier, à 60 km de leur point de départ, menaçant Amiens. Mais les alliés, unifiés sous le commandement unique de Foch, jettent de nouvelles forces dans la bataille et parviennent à arrèter l'offensive allemande qui s'épuise.

 

Le 4 avril, a lieu de violents assauts allemands, sur un front de 15 kilomètres, depuis Cantigny jusqu'à Hangard. Il s'agit encore d'atteindre la voie ferrée Paris-Amiens, et l'ennemi lance dans cette opération 15 divisions, dont 7 fraîches. Ce sont là des troupes d'élite, et le choc est rude sur cette dernière partie, le plus récemment soudée de notre ligne. Mailly-Raineval, Morisel, Castel, le bois de l'Arrière Cour sont  enlevés par les Allemands, tandis que dans la région de Villers-Bretonneux, 10 divisions refoulent les Anglais de Marcelcave et de Hamel.

 

Dès le 5 avril, ce gros effort est enrayé après une lutte très vive, notamment à Bucquoy, Hangard et au bois de Sénécat. L'ennemi n'a atteint aucun des objectifs qu'il s'était assignés, et vingt-cinq de ses meilleures divisions ont été sérieusement éprouvées.

 

« Le Bois Sénécat ! Qui l’a vu sera poursuivi par cette vision ! Ce n’était pas la destruction totale qui fait oublier ce qui a été, mais quelque chose de plus poignant. Tragique, il dressait ses fûts blessés sur un enchevêtrement de branches abattues où dormaient des cadavres ; des odeurs de poudre et de gaz somnolaient éparses, entretenues par le combat quotidien ; et, aux lisières, un je ne sais quoi de haché, de pulvérisé, qui n’était plus le bois et qui devait l’être encore, quelque chose comme une transition vers le néant... »

 

Le 6 avril, les Allemands s'acharnent contre la partie de notre front qui, le long de l'Oise, de Manicamp à Tergnier, et à travers la forêt de Saint-Gobain jusqu'à Anizy-le-Château, forme un saillant très prononcé et fort difficile à défendre. Le terrain y est tellement couvert et marécageux que l'intervention des renforts est impossible. Nos troupes évacuent donc ces positions sous la pression de l'ennemi; et en quatre jours, les 6, 7, 8, 9, elles reculeront volontairement d'une dizaine de kilomètres, pour venir s'établir derrière l'Ailette, sur d'excellentes positions préparées d'avance. Notre front ainsi rectifié est désormais en ligne droite de ce côté ; il pourra braver les plus terribles assauts.

 

Le Bataillon des Fusiliers-Marins qui a quitté la Belgique, a participé à ces combats qui se sont déroulés à proximité du village de Hailles et du Bois de Sénécat, au confluent de l'Avre et de la Luce, à une quinzaine de kilomètres d'Amiens. Ceux-ci lui ont valu sa quatrième citation à l'ordre du bataillon.

 

C'est aussi lors de ces combats que Jean Emmanuel  STÉPHAN est gravement blessé. Il est évacué à l'arrière Sains-en-Amiénois où se trouve une ambulance de campagne, n° 14 / du XVème Corps d'Armée.

 

Jean Emmanuel STÉPHAN décède, dans les locaux de cet hôpital des suites de ses blessures, le 8 avril 1918, à 23h50. Il venait d'avoir 23 ans. Il était célibataire.

 

Son acte de décès est transcrit dans les registres de la commune de Groix le 13 mai 1918.

 

Il est d'abord inhumé dans le carré militaire de Sains-en-Amiénois au milieu d'une soixantaine de frères d'arme. Un inventaire photographique récent ne note pas la présence de sa tombe. Cela laisse supposer que son corps à été rapatrié à Groix et qu'il est inhumé dans le cimetière municipal de la commune.

 

 

A la fin de l’année 1915, il est affecté à la 2ème compagnie du Bataillon de marche des Fusiliers-Marins qui reste déployé dans le secteur de Nieuport (Flandres belges), précédemment tenu par la Brigade des marins.

 

Jusqu'au printemps 1917, il ne semble pas y avoir d'évènement particulièrement notable dans les Flandres. Au mois de juin, l'État-Major anglais prépare dans les Flandres une offensive de grande envergure, offensive à laquelle la 1ère Armée française prendra part, à la gauche des armées britanniques, en s'intercalant entre celles-ci et le front tenu par les troupes belges. L'attaque est prévue pour le mois de juillet. Le commandant de la 1ère Armée dispose des 1er et 36ème C.A. renforcés de bataillons de tirailleurs sénégalais et de celui des fusiliers-marins.

 

A partir du 15 juillet 1917 commencent les tirs de barrage d'artillerie en préparation de l'attaqueCelle-ci est déclenchée le 31 juillet. Les Sénégalais et les fusiliers-marins, mis à la disposition de la 51éme Division d'Infanterie britannique reçoivent pour mission de nettoyer la presqu'île de Poësele.  

 

Le formidable pilonnage d'artillerie oblige les Allemands à la désertion de leur première ligne, et les alliés, sous les ordres du maréchal Douglas Haig et des généraux Palmer et Gough, occupent cette ligne sur un front de 24 kilomètres entre la Basse-Ville sur la Lys et Steenstraete sur l'Yser. Les troupes françaises, qui ont franchi le canal de l'Yser, se sont emparées de Bixschoote, du cabaret de Kortekeert et de Steenstraete, avançant ainsi de 3 kilomètres.

 

quelques fusiliers-marins du Bataillon de marche à Drie Gratchen le 3 septembre 1917

 

Le 9 octobre, les Britanniques, qui continuent leur offensive, attaquent au nord et à l'est d'Ypres. A leur gauche, partant du nord-est de Bixschoote, les troupes françaises attaquent, sur un front de 2,5 km entre Draïbank et Weindendreft, l'ennemi installé au sud de la forêt d'Houthulst. Malgré les difficultés du terrain et l'atmosphère empoisonnée par les gaz, elles prennent les villages de Saint-Jean, Mangelaere et Veldhoek. L'avance est de plus de 2 km à l'arrivée sur les lisières sud-ouest de la forêt d'Houthulst. Le 12 octobre, les Anglais rejoignent les Français à la lisière sud de cette même forêt.

 

Le 22 octobre, Anglais et Français avancent vers Poelcappelle. Le 26, les soldats français attaquent entre Drie Grachten et Draïbank, franchissent le Saint-Jansebek et le Corverberk avec de l'eau jusqu'aux épaules, prennent Draïbank, les bois de Papegoed; puis le 27, toutes les positions allemandes sur un front de 4 km et une profondeur de 2 km jusqu'aux lisières ouest de la forêt d'Houthulst, en s'emparant des villages de Verdrandesmis, Axhoot, Merkem et Kippe. Le 28 octobre, les alliés avancent de 2 kilomètres sur un front de 4 kilomètres dans la presqu'île du Luyghen. Les Belges occupent les postes de la presqu'île de Merckem, les Français prennent le village de Luyghen ; la presqu'île de Merckem est bientôt aux mains des Alliés.

 

Au cours de ces combats, les Fusiliers-Marins, se sont particulièrement illustrés à Langewaede, puisque leur action leur vaudra une troisième citation à l'ordre de l'Armée. 

 

le bois de Sénécat après la bataille

un petit groupe de fusiliers marins, probablement en 1915

le carré militaire actuel de Sains en Amiénois

 

Il n' apparemment bénéficié d'aucune distinction militaire. Il est toutefois honoré de la mention "Mort pour la France " sur son acte de décès et son nom est gravé sur tous les monument mémoriels de la commune de Groix.