L'étude des noms de familles

En relevant les noms de familles et en les étudiant (onomastique), on constate une certaine pérennité bien plus importante qu'ailleurs. A l'ouverture des registres de l'Etat-civil (d'abord des baptêmes, puis des mariages et enfin des décès on trouve 98 patronymes. Trente-sept (37) se sont pérennisés jusqu'à la fin du XXème siècle. On trouve par ailleurs certains noms dans des actes notariés antérieurs (à partir de 1388)

 

 

Les "LE GOUZRONC" sont présents à Groix dans les actes dès l'ouverture des registres, on remarque une douzaine de foyers dont on ne sait pas le degré de parenté. Certains sont sûrement très proches, mais c'est impossible à préciser, d'autant que la branche-mère pourrait provenir de Port-Louis (mais on trouve aussi une famille à Quimperlé et une autre à Hennebont) (à rechercher ?); Elle est en tout cas attesté dès le  XVIème siècle (1560) par la présence de ce nom dans des actes concernant Port-Blavet (Port-Louis), les registre ayant été ouverts 30 ans plus tôt. La forme LE GOUZRONC est la forme primitive du nom, on la trouve jusqu'à 1750, (la perte du LE commence vers 1747 et devient effective en 1820) ensuite elle se transforme en GOURRONC, GOURONG, GOURRONGUE, GOURRON, GRONG et même GOUZERONG aujourd'hui à l'île Maurice.

 

Les extinctions naturelles, les départs de l'île, particulièrement lors des conflits comme en témoignent ces mariages et naissances d'insulaires sur la paroisse de Ploemeur après 1696, (date d'un débarquement anglais dans l'île), sont nombreux. Si beaucoup de ces noms apparaissent en leur état originel (Adam, Baron, Bernard, Le Dref, Beven, Milloc'h, Puillon, Ricousse, Simon, Salahun, Stephant, Tessol, Tristant, Uzel), d'autres ont subi des altérations, parfois profondes: Lanco est issu de Le Nancou à Lancou et Lancauff, Nero vient de Lesraou, Noel de Nouel (écrit parfois en breton Nédéleg), Raude de Raoult, Ruault de Rouzault, Yvon de Euzvan et Ezvan, Blaurec de Broérec, Even, familles importantes de l'île, de Ezuen. Calloc'h est écrit souvent Qualloc'h, Guillaume de Guillau, lui-même dérivé de Guillou bien qu'il puisse aussi provenir de Guillerme, vieux patronyme breton attesté dans le cartulaire de Quimper. Ainsi peut être bannie la théorie des noms laissés par d'éventuels domestiques des conjurés d'Amboise. Il en est de même de Jégo provenant de Jégou, forme bretonne de Jagu, frère de St Guénolé, de Lanco issu de l'ankou (la mort), Davigo étant un dérivé de Danigou et non pas de Dom Vigo comme l'ont laissé entendre plusieurs auteurs.

 

Quelques noms présentent des singularités. Lillien (ou Nillien), transformation de Eun, forme bretonne de "le", et de Ilien. D'où venait cette famille ? D'une autre île. Ou bien serait-elle demeurée ici après que toutes les autres familles se soient enfuies sur le continent lors d'une invasion. Le mystère est entier même s'il est vraisemblable d'admettre que ces Nillien ou Lillien soient des descendants d'une famille originaire d'Elliant dont l'origine est Ellien avec une variante Illien (éponyme de Lannillien, par exemple).

 

Le patronyme le plus répandu aujourd'hui, TONNERRE ne se rencontre à cette date que dans seulement trois foyers (sous l'orthographe THONNER). Il s'est écrit Toner, Thonnaire, Thoanaire et vient de Donnerc'h, nom de guerrier qui apparaît dans le cartulaire de Quimperlé sous sa forme Duerneth évoluant en Donerh, Donnert, Donnard et par renforcement de la consomme initiale Tonnard, Tonnard et Tonnerre.

 

Il faut remarquer que de nombreux noms insulaires sont, sous des formes anciennes, cités dans le cartulaire de Quimperlé: Raude sous sa forme de Rouault, Rouzault ou Raoult (celui qui gouverne), Uzel sous la forme Luthaël alors que Even, très ancien nom, est répandu dans le cartulaire de Redon (IXème siècle).

 

Si beaucoup de familles disparaissent (comme Viguello et ou Tenier qui vient de s'éteindre), l'île renouvelle, à plus de 50 %, son patrimoine patronymique entre les années 1760 et 1870.

 

D'abord par l'arrivée de familles qui viennent, avant 1790, travailler sur l'île: c'est le cas de familles de meuniers comme Eveno et Kersaho venant des bords de la rivière d'Étel (Landévant, Belz, Locoal, etc.). Plus tard, ce sont aussi des forgerons comme les Cadoret (venus de Camors), des maçons comme les Le Béherec (St-Tugdual) et Tromeleuc (Loyat), ainsi que de professions liées au développement des activités maritimes, à partir du milieu du XIXème siècle: Les Briel (Ploemeur) comme ferblantiers, Le Fée (Plouhinec) comme ouvrier à l'usine de Port-Mélite.

 

L'essor de la pêche est tel que de nombreux marins viennent s'installer dans l'île: Le Port (Locmalo), Pessel (Plouhinec), Roperh (Ploemeur), Tromilin (Ploemel).

 

Une autre source d'apport est assurée par la présence constante de militaires dont plusieurs se marient avec des filles de l'île. Ainsi, en un peu plus d'un siècle, la population insulaire connaît une régénérescence assez conséquente.

 

Au début du XXème siècle elle n'a plus rien à voir avec les 57 noms de famille cités dans le document de 1388, qui ont déjà disparu pour la plupart, au début du XVIIème siècle. Runiton, Hervé, Bordonec, Stabalguen, Fortorin, Le Picart, Le Bras, etc. Quelques noms ont subsisté jusqu'à l'ouverture des registres paroissiaux, mais ont disparu depuis comme Le Formal, Caudal ou Candalh (écrit sous une vielle forme Quendeloh), Fichon, ou Fichan, Olivier, Le Pape, etc.

 

Peut-être que des transformations importantes sont intervenues et que dans les Juzelou de 1388, il est possible d'en faire descendre les Viguello, des Marech, les Marrec d'aujourd'hui. Par contre, il est impossible de lier les Bihan d'aujourd'hui aux Le Biham de 1388 puisque ce patronyme est absent durant une longue période dans les registres de la paroisse.