Mort pour la France

Georges Pierre M. DERRIEN  (1897/1918)

 

Fils de Jean Marie, un marin militaire né à Penvenan (Côtes d'Armor) en 1869 et d'une groisillonne, Marie Anne LE PORT, née à Groix en 1871, mariés à Groix en 1891, Georges Pierre Marie DERRIEN est né à Groix, dans le bourg de Loctudy, le 20 janvier 1897. Il est le second enfant d'une fratrie de quatre.

 

La famille vit à Groix, jusqu'en 1901, puis suit les différents postes du père Lorient, Cherbourg, Toulon...

 

En 1915, Georges DERRIEN réside à Toulon avec sa famille. Il est convoqué vers juin 1915  et il est déclaré "Bon pour le service armé". Il est recenser sous le matricule 1737 / Toulon.

 

Il continue d'exercer son métier d'employé de banque, jusqu'à la fin de l'année 1915.

 

Georges Pierre DERRIEN décède le 28 août 1918.

 


 

Georges Pierre DERRIEN est incorporé le 9 janvier 1916 au 140ème R.I dont le dépôt se trouve à Grenoble, pour effectuer ses classes, son apprentissage de militaire.

 

Ce régiment d'infanterie développe une spécificité montagnarde, il est même dénommé Régiment d'infanterie Alpine 

 

Le 140eme R.I. appartient à la 53ème brigade d'infanterie, 27ème division d'infanterie, 14ème corps d'armée.

 

Georges  est nommé soldat de 1ère classe le 13 juillet 1916.

 

Le 28 juillet, il passe au 9ème bataillon de marche du 140ème R.I.

 

Ce 9ème bataillon était un bataillon "de passage", dit aussi "d'instruction" créé à partir de 1915 à raison d'un par division d'infanterie. Alimentés par les dépôts des régiments de la division, implantés dans la zone des armées, ces bataillons constituaient des dépôts avancés dans lesquels les soldats poursuivaient ou perfectionnaient leur instruction, en attendant que la division les en retire pour recompléter dans l'urgence l'effectif de régiments particulièrement éprouvés de la division. Ce bataillon était administrativement rattaché à un des régiments de la division, en l'occurrence le 140ème R.I.


Une fois au front, la liste des missions confiées aux hommes du 9e bataillon s'allonge: relever les corps, ramasser armes et munitions sur les lieux d'un combat, piquet pour la remise de décoration, travaux du génie, "placer sur le péron du château" le butin pris à l'ennemi : canon revolver, lances bombes, etc..

 

caserne Bizanet, la caserne du 140ème RI à Grenoble

 

Le régiment est embarqué le 25 septembre 1917 en camion pour le camp de Saint-Ouen. La période d'instruction et de remise en mains se prolonge jusqu'au 26 octobre. Les nouvelles du front italien sont mauvaises: une violente offensive allemande s'est déclenchée, l'avance est très rapide; l'envoi de renforts franco-anglais est décidé et la 64ème division est désignée pour en faire partie. Le 340ème embarque à Mailly, le 28 octobre à destination de l'Italie. Le voyage est magnifique. Sitôt la frontière franchie ce sont des ovations enthousiastes: l'Italie reçoit les français comme de vrais frères d'armes et admire respectueusement «ces uniformes bleus de Verdun». Le régiment débarque le 1er novembre à Lonato. Cependant la bataille se poursuit et on craint une poussée nouvelle dans le Trentin: la division se concentre à l'ouest du lac de Garde et y reste en réserve jusqu'au 12 novembre. Le péril semble écarté, le front s'est stabilisé dans le Trentin et dans la haute Vénétie, la ligne s'est fixée sur le Piave. Les troupes françaises se dirigent vers ce fleuve par étapes. Le 340ème organise une ligne de défense passant par Vicence; il cantonne dans les faubourgs de cette ville et dans les villages environnants. En décembre, il est mis en position d'attente dans un groupe d'agglomérations au sud de Bassano. Cette ville tient le débouché de la vallée de la Brenta dans la plaine; les combats se poursuivent sur le plateau d'Asiago et motivent d'importants travaux de défense pour barrer la vallée. Le régiment y participe jusqu'au 10 janvier.

 

 

 

 

Les allemands ayant lancé une grande offensive, le 340ème doit reprendre sa place sur le front français; il embarque le 28 mars à Vérone. Le débarquement s'opère à Beauvais, le 2 avril et le régiment va cantonner à Fouquerolles. Rembarqué en camions le 5, il cantonne successivement à Taisnil, à Belleuse, à Grattepanche; le 12 avril, il monte en secteur vers Dommartin en avant de la voie ferrée d'Amiens; il bivouaque en deuxième ligne. Le 18 avril, une brillante attaque est menée sur le front de l'Avre jusqu'à la route de Rouvrel; le 340ème est chargé du ravitaillement des premières lignes et subit dans cette opération des pertes sensibles. Le 20 avril, le régiment relève les troupes d'attaque dans le secteur du bois Senecat. La ligne s'appuie à gauche au confluent de l' Avre et de la Luce, s'avance en flèche vers le village de Castel, se rabat sur la corne est du bois Senecat, puis rejoint vers l'est la route de Rouvrel: les journées qui vont suivre comptent, pour le 340ème, parmi les plus dures de la campagne. Le feu d'artillerie est ininterrompu. A tout instant se déclenchent des barrages meurtriers; il n'existe à peu près aucune organisation défensive et les pertes sont lourdes. En outre, l'ennemi fait un usage intensif des obus à gaz et la région entière est infectée d'ypérite; le 24 avril, vers 4 h, commence un infernal feu roulant, l'emploi de l'arsine rend précaire la protection du masque; en outre, un brouillard impénétrable, probablement artificiel, recouvre le terrain. A sa faveur l'ennemi lance une violente attaque sur le secteur du 6ème bataillon. Malgré l'énergie de la défense, il est bousculé et l'ennemi réussit à réduire le saillant de Castel. Il se heurte, quelques mètres plus loin, à la résistance de la cote 82 occupée par une fraction de la 22ème compagnie.Les pertes sont immenses 30 tués, 33 intoxiqués, 116 blessés et 323 disparus.

 

Le régiment quitte le secteur le 6 mai et va au repos à Grandvilliers, puis à Jarville-Nancy. Le 19 mai, il prend le secteur au bois Le Prêtre où il restera jusqu'au 8 août. C'est une période de calme relatif marquée seulement par un brillant coup de main des grenadiers d'élite sur la ferme de Bel Air.

 

 

C'est lors de l'attaque du bois et de la Ferme de la Domaine (commune de Bagneux) que le caporal Georges Pierre DERRIEN est blessé le 25 août. Il souffre de plaies aux deux cuisses et d'une fracture ouverte du bras gauche, probablement par éclats d'obus. Il est évacué sur l'ambulance 2/4 (4ème corps d'armée) installé à Saconin et Breuil (Aisne) où il décèdera des suites de ses blessures, le 28 août 1918.

 

Georges DERRIEN avait un peu plus de 21 ans, il était célibataire.

 

la tombe de Georges DERRIEN dans la N.N. de Dompierre (Oise),

non loin de celle de Joseph EVEN

 

extrait de la liste des victimes blessées du 25 août 1918 (JMO du 340ème R.I.) >>>>>

 

un homme du 140ème R.I

 

Le 18 août 1917, Georges Pierre DERRIEN est affecté au 340ème R.I.. Le 7 septembre, il est élevé au grade de caporal.

 

Le 340ème R.I.  qui appartient à la 64ème Division occupe le secteur de Vauquois depuis le 28 janvier 1917. Il y restera jusqu'en fin septembre. C'est là que Georges rejoint la 17ème compagnie (5ème bataillon) de son régiment. Les différents sous-secteurs s'étendent depuis la vallée de l'Aire (Boureuilles) jusqu'à Avocourt. Ils comprennent le V de Vauquois, le village proprement dit, ou plutôt son emplacement, la ferme de la Hardonnerie, l'ouvrage de la Buante, le village d'Avocourt. C'est l'époque des coups de main: chaque adversaire essaie de surprendre, la nuit ou au petit jour, un poste ennemi; des patrouilles quotidiennes tendent constamment des embuscades. Sur le mamelon de Vauquois, c’est la lutte souterraine à outrance: tous les jours explosent des mines et des camouflets. Le régiment coopère aux travaux du génie, transporte les sacs d'explosifs sous une pluie continuelle de torpilles et de projectiles de toutes sortes. Jusqu'en août les pertes sont cependant assez faibles. A ce moment la préparation de la grande attaque française du 20 août provoque une intense contre-préparation ennemie. La droite du régiment qui s'appuie au village d'Avocourt, sera le pivot de l'attaque.La région tout entière est inondée d'obus à gaz et les pertes sont assez sévères.

 

 

Cependant, les chasseurs de la 46ème division ont mené une brillante attaque sur le mont Tomba. Le 340ème RI prend le secteur le 11 janvier et l'organise. Il occupe exactement le mont Montfenera, à 900 m d'altitude; c'est un secteur d'un genre nouveau: vers l'avant, la conque d'Alano di Piave, vaste dépression occupée vaguement par les Autrichiens; à gauche, l'énorme massif du Grappa avec ses neiges noircies de trous d' obus; à droite, dans un couloir étroit, le Piave qui, débouchant dans la plaine, s'y étend mollement. C'est d'ailleurs une phase reposante de la guerre; l'ennemi est peu actif et ne paraît guère se soucier de se battre avec des Français. Le 21 janvier, un coup de main vivement mené par le groupe franc du régiment, auquel appartient Georges DERRIEN va cueillir quelques Autrichiens près du village de Fener, à plus d'un kilomètre en avant de nos lignes. Il fera l'objet d'une citation n° 306 à l’ordre du Régiment: «Bon caporal, a fait preuve de beaucoup de courage et de sang-froid, lors du coup de main du 21 janvier 1918».

 

extrait du J.M.O du 340ème R.I.

Relevé le 4 février, le 340ème se déplace par étapes vers la région de Schio. Le 13 février, il cantonne en position de réserve d'armée à San Vito di Legguzzano. C'est une excellente période de repos; le pays et ses habitants sont charmants, les libations sont peu onéreuses. Le 19 mars, le régiment fait mouvement par étapes jusqu'aux environs de Vérone.

 

 

Le 10 août, le 340ème s'embarque à Jarville et se dirige vers la lisière sud de la forêt de Compiègne. Il débarque à La Verrerie. Après une courte période d'instruction et de remise en mains, il est embarqué en camions et transporté vers Bagneux. Les 25, 26, 27 août, il mène d'énergiques attaques qui le rendent maître du bois et de la ferme de la Domaine.

 

Le 29, la 64ème division attaque avec l'appui de chars d'assaut dans la direction du moulin de Laffaux. Le 340ème réalise une progression importante et s'établit sur la voie ferrée au sud de Juvigny devant lequel se sont heurtés les Américains. Au cours de cette opération le 5e bataillon, soutenu efficacement par un char audacieux, réduit un point d'appui important qui défend cette voie et fait une centaine de prisonniers. Après un court bivouac aux environs de Bagneux, le régiment attaque de nouveau, le 4 septembre, dans la direction de l'Ailette. Malgré de lourdes pertes par gaz, il réussit à s'installer aux lisières du mont de Leuilly.

 

les pertes de la seule journée du 25 août

 

 

Son corps d'abord inhumé auprès de l'ambulance, sera ensuite transporté dans la Nécropole nationale de Dompierre (Oise), tombe n°21  du  carré I

 

"Mort pour la France", son nom sera gravé sur le monument aux morts de Cherbourg, le livre d'or de Toulon et le mémorial de Sainte Anne d'Auray

 

Son acte de décès sera transcrit sur le registre d'Etat-civil de la commune de Toulon (à vérifier ?) à la date du 3 novembre 1919.

 

Honoré à titre posthume de la Croix de guerre avec une étoile de bronze et de la Médaille militaire. Décret du 14 juin 1919 publié au J.O. du 19 juin.

 

Extrait du J.O. du 19 juin 1919

Mémorial de Sainte Anne d'Auray


Compte rendu par l'image des combats du 24 au 26 août 1918