Mort pour la France

Louis Marie LE LESLÉ  (1887 / 1915)

 

Fils de Jacques, cultivateur, journalier, né en 1850 à Languidic (Morbihan) et de Marie Françoise LE PERSON, née en 1846 à Kervignac (Morbihan), mariés en février 1876 à Kervignac, résidant en décembre 1886 à Plouhinec (Morbihan), Louis Marie LE LESLÉ est né le 22 avril 1887 à Plouhinec (Morbihan). Il est le 3ème enfant d'une fratrie de 4. Son père décède à Groix en 1904

 

La famille change souvent de commune, allant de ferme en ferme selon les opportunités d'embauche.

 

En 1903, on trouve la famille LE LESLÉ à Groix Louis Marie a 16 ans et il fait ses premières campagnes comme mousse, puis novice. Quand il passe devant la commission de recrutement à Port-Louis en 1908, il est déjà inscrit maritime sous le n° matricule  1793 / Groix (à confirmer).

 

Sous le matricule de recrutement 1796 / Lorient, il effectue son service militaire au 3ème dépôt des équipages de la flotte à compter de 1907.

 

Rendu à la vie civile, il reprend ses activités à la pêche.

 

Il se marie à Groix, avec une groisillonne, Francine Marie Théotiste VAILLANT, née en 1893, le 29 octobre 1912. Ils résideront dans le village de Quéhello et auront un enfant.

 

Louis Marie LE LESLÉ décède le 15 novembre 1915 à Moudros, sur l'île de Lemnos en Grèce.


Au moins d'août 1914 Louis a 27 ans. Mobilisé au 3ème dépôt des équipages de la flotte dans les troupes de réserve de la Marine, de Lorient, la marine n'a pas de mission à lui confier, il est donc versé dans l'Armée de terre. Après un conseil de révision durant lequel il est déclaré "bon pour le service armé, Louis Marie LE LESLÉ est affecté au 2ème R.I.C., stationné à Brest, dans la caserne Fautras le 2 mars 1915 selon la fiche matricule.

 

A l'issue de ses classes, il est affecté au 4ème R.M.I.C (qui deviendra le 54ème RIC, le 16 août 1915), le ? pour rejoindre le front avec un contingent de renfort. Il fait le voyage en compagnie d'autres groisillons: ?  et arrive début juin à Sedd Ul Barh.

 

camp de Moudros

quelques hommes du 4ème R.M.I.C.

 

 

Du 1er au 13 mai, le 4ème R.M.I.C.a perdu dans les combats 13 officiers tués; il en a eu 19 de blessés et cinq ont disparu. Les pertes de la troupe ont été aussi sérieuses; 192 hommes ont été tués; 818 ont été blessés, 504 ont disparu et 230 sont sans nouvelles.

 

Les journées suivantes sont employées à l'organisation du terrain conquis. Le 18 mai, un nouveau colonel prend le commandement de la 2ème Brigade mixte Coloniale et le 21 mai les unités coloniales sont réparties en bataillons mixtes. Chaque régiment comprendra 5 unités "blanches" et 7 unités sénégalaises. Dans chaque régiment, il y aura 2 bataillons ayant 2 compagnies blanches et 2 compagnies noires et 1 bataillon ayant 3 compagnies noires et 1 seule blanche. Ainsi réorganisé, le régiment va relever, le 24 mai, aux avant-postes, le Régiment de marche d'Afrique. Les tranchées sont aménagées et on finit d'ensevelir les derniers cadavres des combats précédents.

 

Le 21 juin, les 1ère et 2ème D.I. attaquent simultanément  les organi-sations ennemies qui leur ont été indiquées comme objectifs. La 2ème D.I. les atteint d'un seul bond et réussit à conserver le terrain conquis. La lutte est plus âpre dans le secteur de la 1ère D.I. A 13 h, le 4ème Mixte reçoit l'ordre de s'emparer de la tranchée L. M. du ravin de Kérévès-Déré. C'est le Bataillon GOETZ qui est chargé de l'attaque; soutenu, par le Bataillon FIERARO. Elle réussit La tranchée est prise. Mais immédia-tement, les Turcs contre-attaquent pendant que par des feux d'enfilade, ils rendent intenables à nos hommes l'occupation de la tranchée conquise: Ils obligés de l'évacuer et de revenir à notre parallèle de départ après avoir perdu près de 200 hommes. A notre gauche, le 6ème R.M.I.C recule à son tour; mais des renforts envoyés par le 6ème Mixte brisent l'élan des Turcs qui reculent et les tranchées perdues sont reprises.

 

Suite à ses blessures, Louis LESLÉ est évacué vers Moudros et il est hospatalisé sur le navire-hôpital le "Tchad"

 

 

Navire de la Compagnie des chargeurs réunis, réquisitionné le 14 novem-bre 1914, cinquième bâtiment officiellement déclaré navire hôpital. Le 26 novembre, il quitte Le Havre pour Dunkerque, afin d’évacuer les blessés de cette région. Le 20 avril 1915 : Tchad quitte Dunkerque pour Brest. Le 24 avril : Tchad appareille pour les Dardanelles où il arrive le 7 mai.

Le 30 juin : Tchad évacue le Général Gouraud, commandant en chef du corps expéditionnaire des Dardanelles. Il sera amputé d’un bras à bord du navire. Le 7 juillet : Tchad arrive à Toulon.

Il revient à Moudros en août et est utilisé comme hôpital flottant.


 

Le nom de Louis Marie LE LESLÉ est inscrit sur les différents monuments mémoriels de la commune de Groix.

 

la fiche matricule du marsouin Louis LESLÉ est manifestement remplie d'erreurs ?

 

Le 1er mars 1915, le 4ème Régiment mixte d'Infanterie Coloniale (R.M.I.C) est constitué,  composé de deux bataillons de Sénégalais, les 1er et 2ème bataillons de Tirailleurs Sénégalais d'Algérie, stationnés à Nice, d"un bataillon européen et de  la C. H. R., tous deux fournis par le Dépôt du 4ème Colonial à Toulon.

 

Le 3 mars, commence l'embarquement du Régiment sur le "Paul-Lécat " et sur le "Savoie". Cette opération prend fin dans la soirée du 4 et les deux  transports se dirigent d'abord sur Bizerte où ils arrivent dans la matinée du 6. Le 13 mars, le "Paul-Lecat" et le "Savoie" quittent Bizerte et arrivent en rade de Lemnos dans la matinée du 17 mars.

Transféré à Alexandrie en Egypte de la fin mars au début avril. Embarqué, à Alexandrie, le 16 avril, le régiment fait escale sur l'île de Skyros puis à Moudros (île de Lemnos) avant le grand débarquement.

 

Le 4ème Régiment Mixte d’infanterie coloniale appartient à la 2ème brigade coloniale (avec le 4ème RMIC) intégrée à la 1ère division d'infanterie du Corps expéditionnaire d'Orient (C.E.O.). Il devient le 54ème Régiment d’Infanterie coloniale, le 16 août 1915.

 

Intégré au Corps expéditionnaire d'Orient qui est composé de la 1ère division de marche, intégrant :

* une brigade métropolitaine: 175ème RI et 1er rgt de marche d'Afrique

* une brigade coloniale: 4ème et 6ème régiments mixte de marche

* le 8ème régiment de marche des chasseurs d'afrique

* deux groupes de 3 batteries de 75

* un groupe de 2 batteries de 65 de montagne

* une compagnie du génie

* une demie compagnie du train

* deux sections de projecteurs

 

Le débarquement à Gallipoli, auquel participe le 4ème RMIC, le 25 avril 1915, marque véritablement le point de départ des opérations terrestres aux Dardanelles. Le régiment ( avec le 6ème RMIC) débarque sous le feu ennemi à Koum-Kale, il prend la ville Koum-Kale et de sa forteresse (25-26 avril) et réembarque le 26 avril la mission terminée, qui était de prendre la forteresse et de tenir 3 jours, pour protéger, avec de l’artillerie, le gros des troupes qui débarquaient aux Dardanelles. Les Turcs cessent le combat après avoir perdu 2.000h. durant ces combats.

 

Ce n'est que le 1er mai 1915 que les alliés réussissent à installer véritablement leur tête de pont. Elle reste très fragile par son absence de profondeur. L'évacuation des blessés, le débarquement de nouvelles troupes ou de matériel se fait sous le feu ottoman. Il n'existe pas de secteur calme et chacun, du soldat de première ligne au général de division, court un perpétuel danger. La situation perturbe même le ravitaillement qui ne peut bientôt plus s'effectuer que de nuit.

 

 

 

une batterie d'artillerie

 

En juillet et août, le 4ème régiment ne prend part à aucune attaque. Aucune activité de notre part ni de celle de l'ennemi.

 

En septembre, les patrouilles ennemies se montrent plus actives. Les Turcs reconstruisent les ouvrages démolis par nos canons. Le 17, une de nos patrouilles tente un coup de main qui ne réussit pas sur l'ouvrage turc en face de Matillo. Dans la nuit du 29 au 30 septembre, une patrouille turque essaye de pénétrer clans l'ouvrage Matillo. Après avoir lancé quelques grenades, elle est obligée de se replier en toute hâte.

 

Le 4 octobre, l'ennemi bombarde nos positions. Après l'explosion d'une mine, les Turcs tentent une attaque de vive force qui échoue devant le tir de notre artillerie et de nos mitrailleuses.

 

En prévision de l'hivernage qui est proche, nous procédons à la construction de nombreux abris. L'ennemi, connaissant la faiblesse de nos effectifs, se montre très actif. Il se livre à de sérieux travaux et. essaye de démolir nos ouvrages. Nous en faisons autant de notre côté jet le tir précis de nos artilleurs le gêne au point de les obliger à cesser ces travaux.

 

Il est probable que Louis Marie LE LESLÉ ait été blessé durant ces bombardements .

 

 

Louis Marie LESLÉ décède des suites de ses blessures, à bord du navire-hôpital "Tchad", ancré dans la baie de Moudros (Ile de Lemnos - Grèce), le 15 novembre 1915 à 4h15. Il avait 28 ans. Il laisse une veuve et un enfant de bas-âge.

 

Les autorités militaires semblent ignorer où le corps de Louis Marie LE LESLÉ a été inhumé. Dans un premier temps probablement dans le cimetière militaire de Moudros. Son corps est par la suite rapatrié. Il arrive à Vannes le 14 décembre 1922, puis a été inhumé à Groix dans les jours qui ont suivis.

 

L'acte de décès dressé à bord du navire-hôpital "Tchad" est transcrit dans les registres d'état-civil de la commune de Groix, le 6 juillet 1916. Il est honoré de la mention "Mort pour la France".

 

extrait de la "Dépêche de Brest" en date du 13 décembre 1922


cimetière de Groix