Dundee "Angélus" (1916)

 

 

L'hécatombe se poursuit le 11 février 1916

 

A peine 4 jours après l'accident du "Dupleix", un  troisième navire sera détruit par une mine. Il s'agit du dundee «Angélus» L 1575, immatriculé à Lorient. C’est un dundee de 37 tx brut, long de13,3m et de 5,6 de large propriété de l’armement Danycan de l’Espine. Il est coulé par une mine de corsaire dans le Sud-Ouest de Chassiron, le 11 février 1916 (daté du 14 sur la plaque de l’église) .

 

"Angélus", a été construit par le chantier de Louis PEZENNEC en 1914 à Port-Louis, (29,11 tx jauge nette). Il naviguait pour le compte de l'armement Jules Danycan et Jean Ballier (de Port-Louis). La mise à l'eau avait eut lieu le 30 mars 1914.

 

"Angelus" est la propriété de Jules DANYCAN, époux de Joséphine MOREAU, de Port-Louis pour 3/4 et du patron marin-pêcheur, inscrit maritime sous le matricule 4227 / Lorient, Jean (Marie) Julien RALLIC, époux de Marie Françoise (KERHOUANT) KERSERHO, pour 1/4.  C'est  Jean Julien RALLIC qui a habituellement le commandement du navire. Angélus est armé à Port-Louis une première fois à la "petite pêche" le 27 mars 1914 et désarmé dans le même port le 27 mars 2015, et de nouveau armé le 11 avril 2015...   A chaque fois, c'est Jean Marie RALLIC qui est nommé sur les registres pour le commandement. Toutefois, il a été rappelé par l'Armée de terre le 20 janvier 1915 et affecté au 3ème R.I.C.. Il sera blessé une première fois le 13 octobre 1916, puis fait prisonnier le 16 avril 1917. Il décèdera en captivité le 9 octobre 1917.

 

En l'absence de son patron habituel, le navire est confié à un patron groisillon, Victor Marie TONNERRE de Locmaria, pour son plus grand malheur. Le naufrage de ce bâtiment, suite à l'explosion de la mine fait sept victimes dont cinq groisillons. (Le Morbihannais du vendredi 16 mars 1917) .

 

Il y a tout lieu de croire qu' "Angélus" a été victime de l'une des nombreuses mines larguées dans ces parages, le 10 janvier 1916 par le croiseur auxilliaire SMS Möwe.

 

La funeste croisière du "Möwe"

 

Construit à Geestemünde, il fut lancé en tant que cargo appelé "Pungo" en 1914 pour une compagnie fruitière allemande. Après avoir transporté des bananes du Cameroun vers l'Allemagne, il fut réquisitionné par la Marine impériale allemande en tant que mouilleur de mines en raison de sa vitesse et de la grande dimension de ses cales. Sa transformation fut réalisée durant l'automne 1915. Il entra en service actif le 1er novembre 1915.

 

Le SMS « Möwe » quitta Wilhemshaven le 29 novembre 1915. Il mouilla 262 mines dans des conditions météo difficiles dans le détroit de Pentlant près de la base militaire anglaise de Scapa Flow. Il passa ensuite dans l'Atlantique par le nord de l'Écosse, et le 10 janvier 1916 mouilla environ 240 mines de l'estuaire de la Loire à celui de la Gironde. Il poursuivit vers l'Espagne, les Canaries et le Brésil qu'il atteignit le fin janvier.

 

Il rentra en passant entre l'Islande et l'Écosse et mit le cap pour longer la côte norvégienne. Il rentra au port de Wilhemshaven accueilli comme un héros le 4 mars 1916. Tout l'équipage fut décoré par le Kaiser.

 

Les victimes du naufrage sont :

 

Victor Marie TONNERRE, de locmaria,  à Groix, patron

Joseph HUGOT, de kerohet, à Groix, matelot

Lucien Ange QUÉRIC, du bourg de Groix, matelot

Louis YVON, de kermarec, à Groix, matelot

François ROUDAT, de Concarneau, matelot

Xavier GABORIT, de l'île d'Yeu, matelot

Émile Joseph TONNERRE, de locmaria à Groix, mousse

 

article publié par Le Morbihannais, n° 69, le 16 mars 1917         >>>>>

                   le journaliste a oublié Louis YVON dans son article

J.O.  du 11 mars 1917

site approximatif du naufrage

 

« PERDUS EN MER

La Cour d’appel de Rennes est requise de poursuivre d’office la constatation judiciaire du décès des marins formant l’équipage du dundee Angélus présumé perdu corps et biens, le 11 février 1916 : Victor Tonnerre, patron ; Joseph Hugot ; Xavier Gaborit ; Lucien Quéric ; François Rondat ; Émile Tonnerre. »  Est oublié Louis YVON dans l'article

 

 

Le 23 février 1923, les 6 hommes décédés dans le naufrage de l' "Angélus" sont honorés de la Croix de Guerre avec une étoile de bronze à titre posthume - J.O. du 27 février 1923

 


 

La commission des dommages de guerre accordera un dédommagement de 85 825 F pour le navire et de 2500 F pour la pêche perdue.

 

 

Victor Marie TONNERRE, patron, (1866/1916)

 

Fils de Jean Pierre Julien, marin, né à Ploemeur en 1831, installé à Groix avant son mariage et de Marie Anne GARREC, née à Groix en 1835, mariés à Groix en août 1860, résidant dans le village de Locqueltas, Victor Marie TONNERRE est né le 30 mars 1866 à Groix, dans le village de Locqueltas. C'est le 3ème d'une famille de six enfants. (Les 3 aînés sont morts en mer).

 

Comme son père Victor devient marin. Après quelques années passés sur les bancs de l'école, il embarque comme mousse vers 12/13 ans, puis gravira les échelons, novice, matelot, patron. Lorsqu'il passe devant la commission de recrutement en 1885, il est déjà inscrit maritime sous le n° matricule 880 au registre des gens de mer du quartier de Groix.

 

Il effectue sous service militaire au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient à partir de 1886. Rendu à la vie civile, Victor reprend ses activités à la pêche. 

 

Victor Marie TONNERRE se marie à Groix, le 12 octobre 1891 avec une groisillonne, Mélanie YVON, née en 1869. Ils résideront à Locmaria et auront 7 enfants. 

 

Lorsqu'il prend les commandement de l' "Angélus", pour une petite marée d'hiver pour le compte de l'armement Jules Danycan et Jean Ballier de Port-Louis, à la fin du mois de janvier 1916, Victor est âgé de 49 ans. Suite à la disparition du navire, sans témoin, le décès de Victor Marie TONNERRE "Mort pour la France" le 11 février 1916, fut déclaré constant par jugement du Tribunal civil de Lorient le 27 mars 1917 et retranscrit à l'état-civil de la commune de Port-Louis le 17 avril 1917. Son nom figure sur les différents monuments mémoriels de la commune de Groix. Il sera honoré comme tout l'équipage de la Croix de Guerre avec une étoile de bronze à titre posthume en février 1923.


 

Louis Marie YVON, matelot (1868/1916)

 

Fils de Jérôme, tonnelier, né à Groix en 1840 et de Thérèse Victoire RAUDE, née à Groix en 1843, mariés à Groix en novembre 1866, résidant dans le village de Quéhello, Louis Marie YVON est né le 17 octobre 1868 à Groix, dans le village de Kermarec. C'est le 2ème d'une famille de cinq enfants.

 

Après quelques années passés sur les bancs de l'école, il embarque comme mousse vers 12/13 ans, puis gravira les échelons, novice, matelot. Lorsqu'il passe devant la commission de recrutement en 1887, il est déjà inscrit maritime sous les n° matricule 979 au registre des gens de mer du quartier de Groix.

 

Il effectue sous service militaire au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient à partir de 1888. Rendu à la vie civile, Victor reprend ses activités à la pêche. 

 

Louis Marie YVON se marie à Groix, le 12 novembre 1901 avec une fille de Bubry, Marie Anne ELLUDUT, née en 1863, une journalière installée à Groix depuis quelques années. Ils résideront à Locqueltas et auront 2 enfants. 

 

Lorsqu'il embarque sur l' "Angélus", pour une petite marée d'hiver, à la fin du mois de janvier 1916, Louis Marie est âgé de 47 ans. Suite à la disparition du navire, sans témoin, le décès de Louis Marie YVON "Mort pour la France" le 11 février 1916, fut déclaré constant par jugement du Tribunal civil de Lorient le 27 mars 1917 et retranscrit à l'état-civil de la commune de Port-Louis le 17 avril 1917. Son nom figure sur les différents monuments mémoriels de la commune de Groix. Il sera honoré comme tout l'équipage de la Croix de Guerre avec une étoile de bronze à titre posthume en février 1923. 


 

Xavier Auguste GABORIT, matelot (1866/1916)

 

Fils d'Auguste Joseph, né en 1831, sur l'île d'Yeu (Vendée) et de Louise Ursule Lodoiska CASSAGNE, née en 1840, sur l'île d'Yeu, d'un père tailleur de pierres pyrénéen,  mariés en juillet 1858 sur l'île d'Yeu ou ils resteront, Xavier Auguste GABORIT est né le 1er octobre 1866 sur l'île d'Yeu (Vendée). Il est le 4ème enfant d'une fratrie de quatorze.

 

Comme la plupart des îliens, il deviendra marin-pêcheur en s'embarquant comme mousse dès ses 12/13 ans, après quelques années d'école. Quand il passe devant le conseil de recrutement, il est déjà inscrit maritime avec le matricule 333 / Yeu. Il effectue son service militaire probablement au 4ème dépôt des équipages à Rochefort. Rendu à la vie civile, il reprend ses activités à la pêche et se marie avec Hermine Louise Mélina BILLAUD (née octobre 1874 aux Sables d'Olonne), le 9 mai 1898 sur l'île d'Yeu (Vendée). Ils auront un enfant.

 

Quand il s'embarque en janvier 1916, comme matelot, sur l' "Angélus", Xavier Auguste est âgé de 49 ans. Suite à la disparition du navire, sans témoin, le décès de Xavier Auguste GABORIT, "Mort pour la France" le 11 février 1916, fut déclaré constant par jugement du Tribunal civil de Lorient le 27 mars 1917 par le tribunal de Lorient et retranscrit à l'état-civil de Port-Louis le 17 avril 1917. Contrairement aux Groisillons son nom ne figure sur aucun monument aux morts. Il sera toutefois honoré de la Croix de Guerre avec une étoile de bronze à titre posthume en février 1923.


 

François Joseph M. ROUDA(N)T, matelot (1869/1916)

 

Fils de François, cultivateur, (né en 1838 à Plouguerneau - Finistère), et Marie Josèphe LE BACCON (née en 1842 à Kernevel), mariés en décembre 1866 à Beuzec-Conq (aujourd'hui un quartier de Concarneau), domiciliés sur l'île de Drenec (Les Glénans - Fouesnant dans le Finistère) François Joseph Marie ROUDA(N)T (parfois orthographié BOUDAT) est né le 4 septembre 1869 à Concarneau.

 

Quand il se présente devant le conseil de recrutement en 1888, il est déjà inscrit maritime sous le matricule 2025 / Concarneau. Il effectue son service militaire probablement au 2ème dépôt des équipages à Brest. Rendu à la vie civile, il reprend ses activités à la pêche et se marie avec une ouvrière des conserveries Augustine Marie Laurette LE TOCQUET (née en 1873 à Concarneau), le 26 novembre 1894 à Concarneau (Finistère). Ils auront un enfant.

 

A la mobilisation, il est mis à disposition de l'Armée de terre et affecté 86ème R.I.T. mais finalement jamais convoqué.

 

Quand il s'embarque en janvier 1916, comme matelot, sur l' "Angélus", François est âgé de 46 ans. Suite à la disparition du navire, sans témoin, le décès de François Joseph ROUDA(N)T, "Mort pour la France" le 11 février 1916, fut déclaré constant par jugement du Tribunal civil de Lorient le 27 mars 1917 par le tribunal de Lorient et retranscrit à l'état-civil de Port-Louis le 17 avril 1917. Contrairement aux Groisillons son nom ne figure sur aucun monument aux morts. Il sera toutefois honoré de la Croix de Guerre avec une étoile de bronze à titre posthume en février 1923.

 


 

Lucien Ange QUÉRIC, matelot (1897/1916)

 

Fils de Jean Marie, marin-pêcheur né à Groix en 1864 et de Marie Anne LE PORT, repasseuse, née à Groix en 1863, mariés à Groix en octobre 1889, résidant dans le bourg de Loctudy, Lucien Ange QUÉRIC est né le 14 juin 1897 à Groix, dans le bourg de Loctudy. C'est le petit dernier d'une famille de quatre enfants. Lucien perd son père qui disparait en mer en juillet 1898, alors qu'il vient d'avoir un an et sa mère décède en juillet 1905, alors qu'il vient d'avoir 8 ans.

 

Après quelques années passés sur les bancs de l'école, il embarque comme beaucoup de groisillons pour devenir marin-pêcheur, malgré les drames qui l'ont frappés. Il sera mousse vers l'âge de 12/13 ans, puis gravira les échelons, novice, matelot. Lorsqu'il passe devant la commission de recrutement en 1915, il est déjà inscrit maritime sous les n° matricule 2284 ( ou 1152 S.H) au registre des gens de mer du quartier de Groix.

 

Lorsqu'il embarque sur l' "Angélus", pour une petite marée d'hiver, à la fin du mois de janvier 1916, Lucien Ange est âgé d'un peu plus de 18 ans. Suite à la disparition du navire, sans témoin, le décès de Lucien Ange QUÉRIC,  "Mort pour la France" le 11 février 1916, fut déclaré constant par jugement du Tribunal civil de Lorient le 27 mars 1917 et retranscrit à l'état-civil de la commune de Port-Louis le 17 avril 1917. Son nom figure sur les différents monuments mémoriels de la commune de Groix. Il sera honoré comme tout l'équipage de la Croix de Guerre avec une étoile de bronze à titre posthume en février 1923. 


 

Joseph Marie HUGOT, matelot (1898/1916)

 

Fils de Joseph Marie, né à Groix en 1873 et de Marie Josèphe PENHOUËT, née à Groix en 1872, mariés à Groix en octobre 1897, résidant dans le village de Kerohet, Joseph Marie HUGOT est né le 26 août 1898 à Groix, dans le village de Kerohet. C'est l'aîné d'une famille de quatre enfants.

 

Après quelques années passés sur les bancs de l'école, il embarque comme mousse vers l'âge de 12/13 ans, puis gravira les échelons en devenant novice.

 

Lorsqu'il embarque sur l' "Angélus", pour une petite marée d'hiver, à la fin du mois de janvier 1916, Joseph Marie est âgé de 17 ans. Son n° matricule provisoire est le 1621 au registre des gens de mer du quartier de Groix.

 

Suite à la disparition du navire, sans témoin, le décès de Joseph Marie HUGOT, "Mort pour la France" le 11 février 1916, fut déclaré constant par jugement du Tribunal civil de Lorient le 27 mars 1917 et retranscrit à l'état-civil de la commune de Port-Louis le 17 avril 1917. Son nom figure sur les différents monuments mémoriels de la commune de Groix. Il sera honoré comme tout l'équipage de la Croix de Guerre avec une étoile de bronze à titre posthume en février 1923.


 

Émile Joseph TONNERRE, mousse (1900/1916)

 

Fils de Victor Marie, patron de pêche de l' "Angélus" en 1916, né à Groix en 1866 et de Mélanie YVON, née à Groix en 1869, mariés à Groix en octobre 1891, résidant dans le village de Locmaria après leur mariage, Émile Joseph TONNERRE est né le 7 février 1901 à Groix, dans le village de Locmaria. C'est le 4ème d'une famille de sept enfants.

 

Après quelques années passés sur les bancs de l'école, il embarque comme mousse vers 12/13 ans sur le navire de son père pour faire son apprentissage de marin-pêcheur.

 

Lorsqu'il embarque sur l' "Angélus", pour une petite marée d'hiver, à la fin du mois de janvier 1916, Émile Joseph est âgé de 14 ans. Suite à la disparition du navire, sans témoin, le décès d' Émile Joseph TONNERRE; "Mort pour la France" le 11 février 1916, alors qu'il venait de fêter ses 15 ans quatre jours plutôt, fut déclaré constant par jugement du Tribunal civil de Lorient le 27 mars 1917 et retranscrit à l'état-civil de la commune de Port-Louis le 17 avril 1917. Son nom figure sur les différents monuments mémoriels de la commune de Groix. C'est le jeune groisillon, (avec Pierre Joseph ADAM, plus "vieux" de 20 jours) inscrit, à côté de son père, sur le monument aux morts de Groix. Il sera honoré comme tout l'équipage de la Croix de Guerre avec une étoile de bronze à titre posthume en février 1923. Il sera sans doute le plus jeune récipiendaire de cette distinction.

 

 

Le jugement déclaratif de disparition est rendu le 27 mars 1917 par le tribunal de Lorient, retranscrit dans le registre d'état-civil de la commune de Port-Louis, port d'attache de l' "Angélus", le 17 avril 1917.

 

plaque de l'église sur laquelle il manque les noms de Xavier GABORIT

et d'Auguste ROUDAT qui n'étaient pas paroissien à Groix