Mort pour la France

Louis Marie Joseph BLAUREC 1889/1914

Louis Jean Marie BLAUREC

 

le village de Locmaria, au sud-est de l'île

 

Fils de Frédéric, un marin-pêcheur, né en 1861, marié le 28 mai 1888, avec Victoire LE BARBIER née en 1865, Louis Marie Joseph BLAUREC (parfois BLOREC, par erreur, dans certains documents) est né le 4 mars 1889 sur l'île de Groix (56).

 

Il est l’aîné d’une fratrie de 7 enfants. La famille réside à Locmaria, qui était à l'époque le village le plus important de l'île. Comme presque tous les groisillons, il commence la pêche très tôt et s'embarque comme mousse vers 11/12 ans. Il devient novice vers avril 1904. Il est inscrit définitif sur le registre des gens de mer du quartier de Groix, vers avril 1907, sous le matricule n° 1884.

 

Il passe devant le conseil de recrutement vers septembre 1909 à Port-Louis. Son n° matricule au recrutement est le 1000 / Lorient. Il effectue son service militaire dans la Marine d’Etat à partir du ? octobre 1910, d'abord au 3ème dépôt des équipages de la Flotte, puis en embarquant sur le ? en ? Il est nommé au grade de quartier-maître de manœuvre.

 

Il est rendu à sa famille en septembre 1912

 

Il se marie le 1 juin 1914 avec Anna Marie Berthe BIHAN (née en 1893 à Groix). Le couple s’établit à Locmaria.

 

Il décède (disparaît) le 19 octobre 1914 aux environs de Dixmude (Flandres belges).


 

Sans affectation particulière, en surplus, il est affecté comme un peu plus de 1750 marins de la région de Lorient à l'un des deux régiments de fusiliers marins qui formeront la Brigade des fusiliers marins, dont l'histoire est développée dans une page précédente.

 

Pour Louis, ce sera le 2ème régiment (1er bataillon composé de 750 bretons et de 250 normands) formé dès le 16 août, et immédiatement transféré vers la capitale. Il arrive à Paris vers le 22 août. Leur mission évolue rapidement, d'abord c'est le maintien de l'ordre dans les rues de Paris et des communes de la banlieue, puis la défense du camp retranché de Paris, et enfin de venir en aide aux belges, pour barrer la route aux allemands sur le front de l'Yser.

 

Nécropole de St Charles de Potyze (Ypres- Flandres belges)

Tombes de soldats inconnus français dans l'un des villages environnants

nécropole de Saint Charles de Potyze (Ypres)

 

A la mobilisation en 1914, Louis BLAUREC a 25 ans, il est convoqué au 3ème dépôt des équipages de la flotte dans les premiers jours du mois d'août.

 

 

La brigade est transportée en train dans les Flandres, puis elle se dirige vers Anvers où l'armée belge se trouve assiégée. La brigade s'arrête à Gand , la voie ferrée étant coupée au-delà.

 

Ils se battent à Melle, au sud-est de Gand les 9, 10 et 11 octobre pour protéger la retraite des troupes belges ayant évacué Anvers. Ensuite ils décrochent vers Dixmude qu’ils atteignent le 15 octobre après une marche épuisante.

 

Dès le 16 octobre les attaques d'infanterie, mais surtout l'artillerie harcèlent les défenses de Dixmude. Dans la soirée des ordres précis arrivent. L'Amiral Ronarc'h les traduit ainsi à ses hommes "Tenez 4 jours". En fait, cela durera 25 jours; 5.000 belges, 2.000 sénégalais, quelques artilleurs et les 6.000 marins résisterons 25 jours au prix de pertes humaines effroyables.

 

Pour Louis Marie Joseph, cela durera moins longtemps. Le 19 octobre, l’ennemi attaque en force Leke, Keyem et Beerst. Ces villages sont défendus par des forces belges qui demandent des renforts. Ordre est donné à la brigade de se porter sur Keyem pour enrayer l’attaque ennemie.

 

Le 1er/II est envoyé pour attaquer Keyem par la route. Le 2ème/II est en soutien à cette attaque. L’artillerie appuie l’attaque, 2 batteries traversent Dixmude et se placent perpendiculairement à la route de Keyem à la sortie nord de la ville. Le mouvement commence à 10 h. Les Belges n’occupaient pas Beerst, et le 1er/II est accueilli par des coups de feu partant du village. Il se déploie très malaisément en raison du terrain coupé de canaux, de fossés pleins d’eau. Il est obligé d’attaquer d’abord Beerst. Il en est assez éprouvé. C'est probablement lors de ces échanges que Louis Marie est tué.

 

Le 2ème/II qui le suit en soutien le remplace dans l'attaque. Le 1er/II bataillon rentre à Dixmude.

  

Mais à partir de 18 h la brigade décroche et rentre pendant la nuit dans les cantonnements tout à fait insuffisants de Caeskerke (2ème régiment) et Saint-Jacques Capelle (1er régiment). Ces mouvements sont terminés à 23 h.

 

 

 

Louis Jean Marie BLAUREC est d'abord porté disparu à la suite de cette bataille, tué probablement lors des combats de la matinée du 19 octobre 1914 sur le territoire de la Commune de BEERST (Belgique). Son corps est resté sur le champ de bataille. Il n’a jamais réapparu, ni porté prisonnier. Il était âgé de 25 ans, marié depuis moins de 5 mois, sa jeune veuve de 21 ans mettra au monde un enfant posthume, Louise Marie Josèph(e) et restera inconsolable.

 

Il décède le même jour que le mari (David RÉNIER) d'une groisillonne Eugénie GUILLIN dans la même attaque sur Beerst (Belgique)

 

Un jugement du tribunal de Lorient en date du 27 juillet 1920, près de 6 ans après, dit qu’il est effectivement mort au combat le 19 octobre 1914, « Mort pour la France » et que ce jugement tiendra lieu d’acte de décès. Le jugement a été transcris dans le registre d’état civil de la commune de Groix à la date du 4 août 1920

 

Son corps ne sera jamais retrouvé, ou s’il a été retrouvé, il n’a pu être identifié et a été inhumé dans l'un des ossuaires de la nécropole de Saint Charles de Potyze (Ypres) qui compte aujourd'hui 762 tombes françaises de soldats non identifiés et un ossuaire de 616 corps inconnus.   

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Groix et dessinée sur les plaques de l'église et de l'écomusée.

 

Curieusement Louis BLAU(O)REC est inscrit sur la plaque de l'église,

presque à la bonne date, alors qu'il a disparu.

C'est probablement le seul disparu inscrit ici ?