Mort pour la France

Albert Marie BOTERF  (1889/1916)

 

Fils de Maurice, marin-pêcheur, né à Groix en 1846 et de Jeanne Rose YVON, groisillonne née en 1852, mariés à Groix, en septembre 1877 résidant dans le village de Créhal, Albert Marie BOTERF est né le 5 juillet 1889 dans le village de Créhal, à Groix. Il est le 6ème enfant d'une fratrie de sept.

 

Après quelques années passées sur la bancs de l'école, il commence son apprentissage de marin pêcheur vers l'âge de 11/12 ans. A quinze ans il devient novice et est inscrit définitif sous le n) matricule 1919 sur le registre des gens de mer du quartier de Groix en 1907.

 

Vers le mois de septembre 1909, il est incorporé au 3ème dépôt des équipages de la flotte ... (voir sa fiche d'inscrit maritime).

 

Il est célibataire.

 

Albert Marie BOTERF décède le 3 décembre 1916, en mer, au large de Funchal (Ile de Madère - Portugal)

 


 

En août 1914, Alain Marie BOTERF, matelot de 2ème classe, breveté Gabier,  est mobilisé dès le début de la guerre, d'abord au 3ème dépôt des équipages à Lorient, puis il embarque sur la "Surprise"

 

1914-1915 : Cameroun, Dakar, Guinée

21-22 septembre1914 : débarquement sur la plage de Coco, coule le navire de commerce allemand "Itolo"

22 septembre 1914 : prise de Cocobeach, chef-lieu du territoire allemand du Muni au nord du Congo français

09 octobre 1914 : participe avec le "Bruix" à la reconquête du Cameroun

11 au 16 octobre 1914 : entre dans la rivière Cameroun

1915-1916 : Maroc

 

La mission confiée à l'U 38, commandé par Max Valentiner, était l'une des premières longues patrouilles confiée à un s/marin de Méditerranée dans les eaux de l'Atlantique. Parti de Cattaro le 17 novembre 1916, U 38 avait pour mission d'aller chercher des objectifs dans la région de Madère car le port de Funchal étant fortifié, il y vait tout llieu de penser qu'il pouvait abriter des navires de guerre. Et le raisonnement s'avéra juste !

 

Tout en pratiquant la guerre de course au commerce, l'U 38 franchit Gibraltar dans la nuit du 28 au 29, inaugurant son entrée dans l'Atlantique par l'interception du norvégien Solwang. Au lieu de le couler, Valentiner faisant comme souvent preuve d'un bel opportunisme, décidait de s'en faire un "associé". C'est ainsi que 3 jours durant U 38 se fit remorquer vers Madère, économisant son carburant et se nourrissant sur les vivres du vapeur. Mais la belle équipe ne devait pas durer car dans la nuit du 2 décembre, la remorque cassait et le Solwang était perdu de vue. Poursuivant sa route, U 38 se présentait en plongée le 3 devant Funchal.

 

l'U. 38 en surface, avec une partie de son équipage sur le pont

 

En l'espace d'un peu plus de 10 minutes, U 38 alignait successivement devant ses tubes lance-torpilles la canonnière Surprise, le transport de sous-marins Kanguroo et le vapeur anglais Dacia, envoyant tout le monde par le fond.

La mer étant d'huile, l'un des forts à terre apercevait le sillage du périscope et ouvrait le feu. Valentiner s'éloignait alors à 8000 mètres de la côte, faisait surface et ouvrait le feu contre le fort qui répondait maladroitement par une dizaine de projectiles. Le tir du fort ayant cessé, U 38 se rapprochait du port et reprenait brièvement le feu sur les installations portuaires ainsi que sur une usine avant de remettre cap à l'est vers la Méditerranée.

Le bombardement du sous-marin, effectué en surface à moins de 3 milles de la terre, dure de 9 h 30 à 11 h 30 environ, mais il ne cause que des dommages insignifiants sur la ville.

 

Ayant marqué sa route de plusieurs autres victimes, Max Valentiner repassait Gibraltar le 11 décembre, poursuivait son oeuvre de corsaire en Méditerranée occidentale et rentrait à Cattaro le 23 après une chaude alerte la veille quand il vint à se prendre dans les filets sous-marins tendus par les Alliés dans le canal d'Otrante.

 

le "Temps" du 6 décembre 1916

Texte de la citation à l’ordre de l’Armée

 (Journal officiel du 16 novembre 1919)

 

J.O. du 26 novembre 1921

 

 

La "Surprise" est une canonnière de haute mer de la Marine nationale française. Elle est le navire de tête de la "classe Surprise". Elle a été lancée le 24 avril 1895 au Havre (chantiers Augustin Normand).

 

Caractéristiques : 680 tonneaux, 1800 CV (1 hélice), L : 56 m, l 8 m, t.e. 3,8 m. Deux pièces de 100 mm, quatre pièces de 64 mm et quatre pièces de 37 mm.

 

L'équipage du  "Surprise" se compose de 7 officiers et 96 hommes

 

Mise en service en 1896, au départ de Cherbourg, elle est d'abord affectée en Extrême-Orient du Tonkin à la Chine. Entre 1906 et 1910, elle sera basée dans l'Océan Indien puis au Cameroun, Sénégal et Guinée en 1914/1915.

 

Elle participe au débarquement de Coco Bay le 21 et 22 septembre 1914 et coule le bâtiment allemand "Itolo". En septembre et octobre 1914, la "Surprise" participe avec le croiseur cuirassé Bruix à la reconquête du Cameroun. Du 11 au 16 octobre 1914, elle entre dans la rivière Cameroun

 

En 1915 et 1916, elle est affectée au Maroc.

 

La "Surprise", sous le commandement du lieutenant de vaisseau Ladonne, avait reçu l’ordre d’escorter le "Dacia", un cablier anglais, de Gibraltar à Dakar. Appareillant de Gibraltar le 28 novembre 1916, les deux bâtiments avaient fait route sur Madère. En effet l'autonomie de la "Surprise" ne lui permettait pas de faire la traversée d'une seule traite sans se ravitailler en charbon. La "Surprise" est victime d'une légère avarie de machine qui oblige à faire relâche quelques heures à Tanger pour réparer. Les deux bâtiments arrivent enfin à Funchal le 3 décembre vers 7 heures 30. La "Surprise" mouille son ancre par 25 mètres de fond, à 400 mètres environ au sud du débarcadère. Deux autres navires sont déjà au mouillage: le voilier américain Eleanor A. Percy, de New York, et le Kanguroo. Quelques minutes après la "Surprise", le Dacia jette aussi l'ancre à 300 mètres dans l’E.S.E. du Kanguroo. Evitage cap à l’ouest.. Vers 8 h 45, un chaland chargé de charbon accoste la "Surprise" à bâbord.

 

La mission confiée à l'U-38 était l'une des premières longues patrouilles confiée à un sous-marin de la Méditerranée dans les eaux de l'océan Atlantique. Parti de Cattaro le 17 novembre 1916, l'U-38 avait pour mission de chercher des objectifs dans la région de Madère. Le port de Funchal étant fortifié, il y avait tout lieu de penser qu'il pouvait abriter des navires de guerre. Tout en pratiquant la guerre de course au commerce, l'U-38 franchit le détroit de Gibraltar dans la nuit du 28 au 29 novembre. Arrivé dans l'Atlantique, il commence par intercepter le navire norvégien Solwang. Mais il ne le coule pas : durant 3 jours, l'U-38 se fait remorquer vers Madère par le Solwang. Il économise ainsi son carburant, et son équipage se nourrit sur les vivres du vapeur. Mais dans la nuit du 2 décembre, la remorque casse et le Solwang est perdu de vue. L'U-38 poursuit sa route seul. Il se présente en plongée devant Funchal le 3 décembre. En l'espace de 10 minutes, l'U-38 coule successivement à la torpille la "Surprise", le Kanguroo et le Dacia.

 

La "Surprise" est coulée la première. L'équipage du Kanguroo met ses embarcations à la mer et se porte au secours des survivants de la "Surprise" qui surnagent, à l'exception du capitaine et du second, restés à bord pour partager le sort de leur navire. Vers 9 h, le Kanguroo est torpillé à son tour et commence à couler. Le capitaine au long cours Bernard rappelle à bord le quartier-maître canonnier Laurent Tonnerre et le soutier Michel Provenzale, arme avec eux la pièce de 47 mm et tire environ 50 obus sur un périscope parfaitement visible, à 1 000 mètres environ du bord. Le but est encadré avec une grande précision et le feu n’est interrompu que par la submersion de l’affût. Le Kanguroo a totalement coulé 45 minutes après l'explosion. Vers 9 h 05, le Dacia, évacué par son équipage, est torpillé à son tour et coule.

 

explosion du "Dacia" (à gauche)

 

Rapport de l'Officier en second du "Surprise"

" Vers 8h50, plusieurs hommes à bord ont vu distinctement le sillage d’une torpille venant d’environ 2 quarts sur l’arrière du travers bâbord. Le bâtiment a été frappé dans le voisinage de la cloison carré, poste des seconds-maîtres mécaniciens. La violence des effets constatés me fait présumer que la torpille a passé sous le chaland de charbon qui, dans l’hypothèse contraire, aurait amorti le choc. Violente explosion, fumée bleue-noirâtre, odeur caractéristique du coton-poudre explosant.

Toute la partie du bâtiment compris entre la cloison machine-chaufferie et la cloison carré-appartements du commandant semble avoir été détruite. Le mât d’artimon arraché de son emplanture a été projeté en l’air. Le chaland a coulé par l’arrière. La portion du bâtiment comprenant les tranches: appartements du commandant et compartiments de la barre a flotté quelques instants, puis a coulé à pic. La portion située sur l’avant du panneau de la machine a coulé plus lentement, prenant une forte inclinaison :
a) sur tribord (le bâtiment s’est redressé ensuite transversalement en coulant) ;
b) de l’avant à l’arrière (l’étrave et une partie de la quille ont émergé).

Un temps appréciable après la première explosion, une deuxième explosion plus sourde s’est produite dans la partie arrière. Je l’attribue à la déflagration des munitions des soutes milieu.

Environ une minute et demie après l’explosion, le bout-dehors de beaupré a disparu et la partie avant du bâtiment a coulé au fond; le mât de flèche de misaine et le grand mât de la flèche émergent seuls.

Les débris du bâtiment reposent sur le fond à l’endroit précédemment indiqué. La houle de Sud-Ouest. qui règne depuis sa perte les roule visiblement (oscillation des mâts dépassant) et semble continuer sa destruction…

Presque tous les hommes placés dans les tranches machine, poste des seconds-maîtres, mécaniciens, carré et sur le pont au-dessus de ces tranches ont disparu. En outre, le Commandant a sans doute été noyé dans ses appartements, et une partie des hommes qui se sont jetés à la mer à tribord avant ont disparu dans le remous causé par l’engloutissement de l’avant.

Huit ouvriers charbonniers portugais placés sur le chaland ont également disparu.

Tous les survivants ont été recueillis par les embarcations du Kanguroo et celles du port, accourues immédiatement."

 

Au total ce sont 33 marins français, dont Albert Marie BOTERF, qui ont été victimes du torpillage de la canonnière "Surprise"

 

 

 

Albert Marie BOTERF décède le 3 décembre 1916, vers 9h, disparu, noyé lors du torpillage de la canonnière "Surprise", prisonnier du navire ou happé par le tourbillon causé par l'engloutissement du navire. dans la baie de Funchal (Ile de madère Portugal). Il avait 27 ans.

 

Son corps est retrouvé, et identifié, sur la plage de l'île de Porto Santo, située à 36 miles nautiques, au nord-est de l'île de  Madère. Il est inhumé dans le petit cimetière Santa Catérina de Vila Baleira, le 5 décembre 1916.

 

 

extrait du "Nouvelliste du Morbihan" en date du 8 décembre 1921

 

Le corps d'Albert Marie BOTERF sera rapatrié en décembre 1921. Il est transporté avec dix de ses camarades à bord du croiseur "Jules Michelet" qui débarque les cercueils à Brest. Trois d'entre eux sont transportés en train jusqu'à Lorient le 7 décembre 1921. Le corps est transporté par le courrier de Groix dans l'après midi du 7 et inhumé dans le cimetière de Groix le 8 ou le 9 décembre 1921.

 

Il semble qu'il n'y ait pas eu de jugement déclaratif, ni transcription d'un acte de décès dans les registre de l'état-civil.

 

Mort pour la France, le nom d'Albert BOTERF est gravé sur les monuments commémoratifs de Groix.

 

Il sera honoré d'une Médaille militaire et de la Croix de guerre avec une étoile de bronze à titre posthume.  (J.O. 26 novembre 1921 ci-contre)

 

le croiseur "Jules Michelet"


AOS

PORTUGUESES E FRANCESES MORTOS

NA MANHA DE 3 DE DEZEMBRO 1916

 

Fragateiros, na rude, e extenuante lida,

granjeio para os seus,

–esplendente fanal,– eram a luz da vida

acêsa pela esperança e pela mão de deus!

o clarim da manhã cantava na baía,

o crysântemo abria à beira do balsedo …

e coriscou o raio e matou a alegria

a violência, (o fragor,) imortal, de um torpedo!

do 'suave responso'

 

                                              Jaime Camara

 

"SURPRISE"

"KANGUROO"

"DACIA"

 

túmulo-monumento

erigido por subscrição, da

iniciativa de Henrique v. de Castro,

3-12-1917.

Monument dédié aux victimes de guerre

de Francisco Franco dans le cimetière de Funchal

AUX
PORTUGAIS ET FRANÇAIS
MORTS LE 3 DÉCEMBRE 1916

Parfumeurs, dans la rude et exténuante lue,
du blé pour les siens,
-splendide fanal,- ils étaient la lumière de la vie
Pour l’espérance et la main de Dieu !
le clairon du matin chantait dans la baie,
Le cristal s’ouvrait au bord du Balsedo...
Et il a rongé la foudre et a tué la joie
la violence immortelle (la brise), d’une torpille!
                                                        Douce réponse
                                                       Jaime Camera

"SURPRISE"
"KANGUROO"
"DACIA"

tombeau-monument
par souscription, de la
initiative de Henrique v. de Castro,
3-12-1917.

D'autres articles

 

le "Figaro" 5 et 6 décembre 1916

"Ouest Éclair" du 5 décembre 1916

 

la "Dépêche de Brest" du 3 décembre 1921