Mort pour la France

Victor Joseph Marie TOPIN (1876/1916)

 

Fils de Jean, journalier, né à Épiry dans la Nièvre, en 1832 et de Mathurine COACHON, domestique, née en 1842 à Hennebont, mariés à Groix en juin 1872, domiciliés au à proximié du bourg de Loctudy, à kermunition, Victor Joseph Marie TOPIN est né à Groix, le 10 octobre 1876 dans le village de Kermunition. Il est le 3ème enfant d'une fratrie de cinq, tous nés à Groix.

 

Il passe devant la conseil de recrutement en 1896, à Port-Louis, il se déclare journalier. Son n° matricule est le 1686/Lorient. Il est de petite taille (1m50). Il est ajourné en 1897 et 1898, compte tenu de sa taille. Il est alors affecté aux services auxiliaire (11ème section des infirmiers militaires).

 

Il restera célibataire.

 

Victor Joseph TOPIN décède le 10 juillet 1916 à Estrées Deniecourt dans la Somme.

 

 


 

Peu après la mobilisation d'août 1914, Victor TOPIN est convoqué devant le conseil de révision de Lorient. Devant la pénurie d'hommes due aux massacres du début de la guerre, il est reclassé, malgré sa petite taille, "bon pour le service armé" le 18 novembre 1914.

 

Affecté au 62ème régiment d'infanterie de Lorient, il rejoint le régiment le 20 février 1915 pour une période de formation militaire. A son issue, il est muté au 151ème R.I. le 5 octobre 1915. Ce régiment appartient habituellement  à la garnison de Verdun, mais à cette époque son dépôt a été déplacé à Quimper (Finistère). Rejoint-il ce régiment au front qui se trouve sur le front de Champagne ou reste-t-il au dépôt ? Cela paraît probable car le 9 novembre 1915, Victor passe au 28ème R.I dont le dépôt se situe à Evreux dans l'Eure, mais pour quelques jours seulement.

 

De nouveau, il est muté, cette fois pour le 224ème R.I., le régiment de réserve du 24ème R.I. (dont le dépôt se trouve à Bernay dans l'Eure également),  le 16 novembre 1915. Ce régiment a été très décimé dlors de la 2ème bataille de Champagn et il a besoin de renforts.

 

 

Quand Victor TOPIN rejoint son régiment (le 224ème R.I.) au front, celui-ci est au repos à Montigny-Lengrain (Aisne), au nord de Villers-Cotterets, tout près de la rive sud de l'Aisne, depuis le 25 octobre. Ils y resteront jusqu'au 10 décembre. Il est affecté à la 17ème compagnie (5ème bataillon).

 

Du 12 décembre 1915 au 20 janvier 1916, le 224ème occupe le secteur de Vic-sur-Aisne, de l'autre côté du pont, sur la rive nord de l'Aisne. Les deux bataillons occupent les secteurs de Bonval (6ème bataillon) et Hautebraye (5ème bataillon) au nord de VIC. Les compagnies des deux bataillons alternent en 1ère ligne et sont relevées tous les 7 jours. De part et d'autre, les hommes travaillent à l'aménagement de leurs tranchées... Quelques échanges d'obus et de grenades mais sans grandes conséquences.

 

Le 12 décembre, la 17ème compagnie monte en première ligne dans le secteur de Hautebraye. Il est relevé le 18. Le secteur est calme. Il remonte en première ligne le 24 pour y passer les fêtes de fin d'année, jusqu'au 3. De nouveau le 11 janvier, la 17ème compagnie relève la 19ème en première ligne, toujours dans le même secteur.

 

Du 21 au 24 janvier, le régiment est retiré du front, et mis au repos. Le 5ème bataillon cantonne au Croutoy et à Génancourt (Oise).

 

Le 25 janvier, il fait mouvement vers un nouveau secteur du front et occupe un secteur vers Tracy-le-Val (Oise). Le secteur est plus agité.

 

Le régiment est relevé le 7 février. Il va cantonner à Trosly Breuil (Oise), au sud de l'Aisne.

 

Le 14 février le 5ème bataillon est alerté et envoyé dans le bois de Chapeaumont (au sud de Cagny). Les pères de familles nombreuses sont rassemblés. Finalement sans objet, le 5ème bataille rentre à Trosly dans la nuit du 16 au 17 février.

 

tranchée à Tracy-le-val

bois des satyres

 

Dans la nuit du 5 au 6 juillet, le 224ème RI relève le 329ème RI, du Bois des satyres à la lisière du village d’Estrées. Les compagnies sont soumises à de violents bombardements. Le 7 juillet, le 6ème bataillon relève le 329ème RI en premières lignes. Nombreuses escarmouches à la grenade toute la journée du 7 juillet. A 23h, Victor TOPIN est avec ses camarades, en première ligne à l'est du village d'Estrées. Le 8, le village est bombardé violemment la journée et toute la nuit du 8 au 9.

 

Le matin du 9 le régiment occupe les mêmes emplacements, la 23ème Cie reçoit l’ordre d’avancer de 100 m  en avant d’Estrées. L’après midi du 9 et la nuit du 9 au 10  juillet les positions sont statiques, mais sous de très violents bombardements. A 15h, une section de la 17ème a ordre d'enlever une maison qui servait de poste d'observation des allemands.

 

Le 10 juillet, à 7h, un détachement ennemi tente d’enlever une barricade, il est repoussé à la grenade, mais les bombardements continuent et occasionnent de lourdes pertes. A 7h30, nouvelle tentative d’infiltration des ennemis. Violents combats. Une mitrailleuse est mise hors d’usage. Les ennemis pénètrent finalement les tranchées de 1ère ligne et avancent à coup de lance-flammes. La tranchée est finalement reprise, mais cela occasionne de nouvelles pertes dues notamment à une mitrailleuse proche de Deniécourt. A 12h la situation est reprise en main et toutes les positions rétablies.

 

Les bombardements continuent. Et les escarmouches se poursuivent toute la journée.

 

C'est probablement dans cette attaque que Victor TOPIN trouve la mort.

Bilan du 10 juillet 1916: 2 Officiers tué et 2 blessés

46 soldats tués (dont Victor TOPIN) et 140 blessés.

 

Les 11, 13 et 20 juillet les combats se poursuivent autour d'Estrées-Deniécourt.

l'un des ossuaires de Dompierre Becquincourt (80)

 

Le 224ème R.I., est un régiment de réserve à 2 bataillons qui fait partie au début de la guerre à la 106ème Brigade (53ème Division)

 

Transporté début août dans la région de Vervins, il avance jusqu'à Jeumont pendant la bataille de Charleroi, puis il se replie dans la région de Moÿ-de-l'Aisne. Engagé dans la bataille de Guise, le 29 août, il combat à Origny Sainte Benoîte. Il poursuit sa retraite par Saint-Gobain, vers la région de Villiers-Saint-Georges.

 

Lors de la bataille de la Marne, (6 au 10 septembre) il est en réserve dans la bataille des Deux Morins. À partir du 10 septembre, il poursuit  les allemands dans la direction de Berry-au-Bac. Il est engagé du 14 au 16 septembre à La Neuville (Aisne), puis du 20 au 4 octobre à Berry au bac, côte 108, Sapigneul, ... Il occupe des tranchées le long du canal latéral à la cote 108 et à la ferme du Choléra

 

Début octobre il réalise des travaux en seconde ligne dans le nord-est de Montdidier.

 

A partir du 13 octobre jusqu'au 20 avril 1915, il  occupe un secteur dans la région de Mametz, Fricourt, Maricourt avec des combats vers La Boisselle au nord de Maricourt et sur Mametz

 

Il est au repos et à l'instruction du 20 avril au 10 mai vers Doullens

 

Du 10 mai au 28 juin, il est engagé dans la 2ème bataille de l'Artois, il participe aux attaques dans le secteur de Neuville-Saint-Vaast. À partir du 24 mai, il occupe d'un secteur vers Écurie et Neuville-Saint-Vaast, Il participe au combats du Labyrinthe.

 

Du 28 juin au 25 septembre, il est retiré du front et mis au repos au sud-est de Saint-Pol-sur-Ternoise. 

 

Le 25 septembre, le régiment quitte le bivouac à minuit; à 2 h.30, il occupe la première ligne de tranchées allemandes et l'organise; à 20 h, il occupe le bois du Paon, au nord-ouest de Perthes-les-Hurlus. Le 26, à 13 heures, le régiment reçoit l'ordre d'attaquer la butte de Tahure. Il se met aussitôt en marche et progresse rapidement malgré de violents feux de barrage de l'ennemi, mais il ne peut atteindre son objectif, car il est arrêté sur les pentes sud de la butte de Tahure par de violents feux de mitrailleuses. Le 27, la division attaque à nouveau la butte de Tahure, mais sans succès; une troisième tentative, exécutée le 29, échoue également; le régiment, éprouvé par les terribles pertes qu'il a subies et épuisé par l'effort qu'il vient de fournir, est relevé dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre; il reste en seconde ligne jusqu'au 15 octobre et travaille sans répit, sous le feu de l'artillerie ennemie, à l'organisation de la position conquise. Embarqué le 23 octobre à la gare de Sommeilles, il débarque le 24 à Villers-Cotterêts (Aisne); il cantonne à Montigny-Lengrain, où il a la joie d'apprendre que sa conduite héroïque et son entrain admirable au cours des derniers combats lui valent une deuxième citation à l'ordre de l'armée.

 

 

 

Le 5ème bataillon monte en premières lignes le 23 février. Les échanges d'artillerie deviennent plus actifs et les pertes humaines sont plus nombreuses. La 17ème compagnie occupe le carrefour de l'Étoile Madame, en plein milieu du bois St Mard.

 

Le régiment est relevé tout entier le 2 mars et s'en va cantonner à Berneuil-sur-Aisne (60).

 

Le 4 mars, le 5ème bataillon monte en ligne au Nord d'Attichy dans le secteur de la Faloise. Là encore les échanges d'artillerie sont vifs. Certains jours, 500 obus tombent sur le secteur. Le 6ème bataillon relève le 5ème en premières lignes le 14 mars.

 

Le 24 mars, c'est le 5ème bataillon qui prendra relève. L'amplitude de l'alternance est maintenant de 10 jours. Le 30 mars un sergent et un soldat de la 17ème compagnie sont tués par des éclats d'obus.

 

Le 3 avril, nouvelle relève par le 6ème. Le 5ème bataillon cantonne à Attichy. Celui-ci revient en premières lignes le 14 avril. Le 27 avril, le régiment est relevé et le 5ème bataillon va cantonner à Chelles, puis il ira cantonner le 28 à Gilocourt, jusqu'au 7 mai. Le 8, il se déplace par Longueil Ste Marie, Arsy, Moyvillers et cantonne à Entrées St Denis (60).

 

Le 11 mai, il se rend à Broyes (60), à l'ouest de Montdidier (60) où il reste jusqu'au 2 juin. 

 

Le 3 juin, le 5ème bataillon se rend à Sourdon (80) au nord-ouest de Montdidier, puis vient à Grivesnes, tout près de Montdidier.

 

Le 18 juin, le régiment se rend à Hargicourt (80) pour embarquer dans les trains devant le conduire à Guillaucourt à l'est d'Amiens. Par la suite le régiment rejoint Faucoucourt (80) par Harbonnières. Dans la nuit, le 224ème RI relève!ve le 265ème RI dans le secteur du Bois touffu, à l'ouest de Fay.

 

A part des échanges d'artillerie assez intense, aucun autre activité jusqu'à la relève dans la nuit du 25 juin;

 

Le régiment est mis au repos à Ignaucourt (80); à l'ouest d'Harbonnières. Le 28, le régiment change de cantonnement et se rapproche d'Harbonnières et finalement cantonne au Nord de ce village.

 

Le 3 juillet à 22h le 224ème RI quitte Harbonnières pour Le Fay et le Bois touffu, en réserve.

 

Le 5 juillet le 228ème RI et le 329ème R.I. attaquent le village d'Estrées

tranchée à Entrées Deniécourt

 

Victor TOPIN est tué à l'ennemi le 10 juillet 1916, officiellement à 15h, ce qui correspond approximativement à l'attaque de "l'îlot". Il a presque 40 ans. il est célibataire. Il décède le même jour que Joseph CARTON et dans le même secteur de la Somme.

 

Les autorités militaires ne semblent pas connaître le lieu d'inhumation. Le corps a peut-être été perdu pendant les événement qui suivront son décès. Si par la suite, il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et a été placé dans l'un des ossuaires situés dans une Nécropole à proximité du champ de bataille; peut-être celle de Dompierre Becquincourt (80) où reposent 1.666 militaires français dans des ossuaires et où plusieurs soldats du 224ème RI, tués le 10 juillet, reposent.

 

Son acte de décès a été transcrit sur les registres d'état-civil de la commune de Groix, le 17 octobre 1916. Le nom de Victor TOPIN est gravé sur les monuments mémoriels de Groix.

 


 

Petite curiosité : le règlement du régiment (tableau de service journalier)  lors de la période de repos et d'instruction mai/juin 1916