Mort pour la France

Auguste Victor HUGOT  1887/1915

Fils de Louis Marie Alain, un forgeron, né à Ploemeur en 1843, et de Marie Pauline GUÉRÉ, une groisillonne, née en 1845, mariés à Groix au mois d'aout 1869, résidant  dans le village de Locmaria, Auguste Victor HUGOT est né le 20 février 1887 à Groix, dans le village de Locmaria. Il est le petit dernier d'une fratrie de 7 enfants.

 

Bien que son père soit artisan, forgeron, Auguste décide d'apprendre le métier de marin pêcheur. Il embarque comme mousse vers l'âge de 11/12 ans. 

 

Lorsqu'il passe le conseil de révision en 1907, il est inscrit maritime sous le matricule Groix / 879. Son numéro matricule est le 1742 / Lorient.

 

Son inscription maritime lui vaut effectuer son service militaire dans la Marine nationale, probablement au 3ème dépôt des équipages de la flotte partir de 1908. Il est rendu à sa famille en 1910 et reprend ses activités à la pêche.

 

Il est célibataire.

 

Auguste Victor HUGOT décède le 22 février 1915 sur le territoire de la commune de Mesnil-les-hurlus (Marne). Il venait de "fêter" son 28ème anniversaire


 

En août 1914, Auguste est mobilisé. Il rejoint le 3ème dépôt des équipages à Lorient. Dans les premiers jours, il ne reçoit pas d'affectation, puis comme beaucoup de marins qui ne trouvent pas place sur les navires et les bâtiments de défense côtière, il est mis à disposition de l'Armée de terre. Il est alors affecté à l'un des régiments installés avant la guerre en zone de combat et qui avaient trouvé refuge en Bretagne.

 

Le 51ème RI de Beauvais (Oise) était l'un d'eux. Près d'un tiers des hommes de ce régiment a été mis hors de combat le 22 août. Il lui faut donc des renforts. Auguste HUGOT, et surement d'autres groisillons, y est affecté. Après quelques jours d'une formation rapide en caserne, il est dirigé vers le front pour rejoindre les troupes combattantes.

 

Le 51ème R.I. appartient à la 6ème Brigade d’Infanterie attachée à la 3ème Division d’Infanterie. En 1914, il est constitué de 3 bataillons. 

 

 

En fin de marche, le 5 septembre, les 1er et 2ème bataillons étaient cantonnés à Blesme, le 3ème bataillon à Scrupt. Le 6 septembre, la bataille commence. A 9 h, les obus ennemis de 150 tombent sur le village. Le 2ème bataillon reçoit l'ordre d'occuper le talus du chemin de fer au N. de Blesme et de détacher en avant-ligne, à 800 m, la 8ème compagnie .

La 4e compagnieest détachée à Dompremy, pour établir la liaison avec le corps colonial. La journée se passe ainsi, l'ennemi continuant à bombarder Blesme, Dompremy, la voie ferrée, sans prononcer d'attaque.

 

 

Le 7 septembre, vers 7 heures, le bombardement de Blesme reprend avec plus d'intensité. La 8ème compagnie, attaquée, défend vaillamment la tranchée qu'elle a creusée la veille et repousse l'infanterie allemande en lui infligeant de sérieuses pertes. Dans l'après-midi, le bombardement de Blesme redouble; de nombreux incendies s'allument. La 8ème compagnie, assaillie de nouveau, résiste toujours sur ses positions. Le reste du 2ème bataillon tient solidement la voie ferrée.

A 17 heures, le 1er bataillon, obligé d'évacuer le village en flammes, vient garnir le talus de la voie ferrée. Le 3ème bataillon quitte Scrupt et vient, à la droite du 2ème bataillon, occuper Saint-Lumier.

 

Le 8 septembre, à 6 h, les feux d'infanterie et d'artillerie reprennent sur toute la ligne. La 1ère compagnie et la 1ère section de mitrailleuses vont occuper la gare d'Haussignémont. Le village de Dompremy, en flammes, est violemment attaqué. La 4ème compagnie résiste héroïquement. A 9 h, après avoir perdu tous ses cadres et les trois quarts de son effectif, elle est obligée de se replier sur Haussignémont. 

 

Dès 6 h, le 9 septembre, le combat s'engage de nouveau. Le régiment conserve intégralement ses positions. Le 10 septembre, à 3 h.30, le bombardement et la fusillade reprennent et augmentent rapidement d'intensité. On sent que l'ennemi veut, à tout prix, s'emparer de la voie ferrée. A 4 h.30, il prononce une attaque générale sur tout le front. La 8ème compagnie, entourée, ne cède pas un pouce de terrain. Les compagnies  qui défendent la voie ferrée combattent avec la même opiniâtreté et arrêtent, par un feu violent et précis, la marche de l'infanterie ennemie, arrivée à moins de 100 m. A 10 h.30, l'ennemi qui a subi de lourdes pertes, renonce à poursuivre l'attaque, le bombardement seul continue. Les 62 survivants de la 8ème compagnie rejoignent leur bataillon, en ramenant 63 prisonniers. A 16 h.30, tout est redevenu silencieux.

 

Dans la nuit du 10 au 11 septembre, les patrouilles envoyées en avant du front rendent compte que l'ennemi a abandonné ses positions et qu'il ne reste plus sur le terrain que des cadavres et un grand nombre de blessés. Le 11 septembre, le Régiment, à la limite de ses forces, se repose sur place et le 12, la poursuite commence.

 

Relevé le 12 janvier, le 51ème va cantonner à Passavant. Le 13 janvier, il est à Laheycourt et Argicourt où il profite jusqu'au 7 février, d'un repos bien mérité. La vue de la première botte de paille, du premier pain blanc déchaîna des exclamations enthousiastes. Pendant quatre mois d'Argonne, le 51ème avait oublié qu'il existait en d'autres lieux, autre chose que la boue, la souffrance et la mort.

 

Le 8 février, le régiment vient cantonner à Herpont et Dommartin-sur-Yèvre. Il y reste jusqu'au 19, s'entraînant pour de nouvelles formes de combats. Le Haut Commandement, sûr de sa valeur, va lui confier l'essai redoutable de percer le front ennemi, mission que le 51ème mènera à bien, après des combats acharnés.

 

Le 20 février, le régiment vient cantonner dans les abris entre Somme-Tourbe et Somme-Suippe. Le 21, il se porte en ligne et, dans la nuit du 21 au 22, relève le 84ème régiment d'infanterie dans les tranchées au N.-E. de Mesnil-lès-Hurlus.

 

A 10 heures, le 51e reçoit l'ordre de s'emparer des tranchées allemandes au sud de la cote 196 avec, pour objectif, la cote 196. Tâche redoutable que l'escalade de ces pentes battues par le feu terrible de l'ennemi retranché, embusqué dans les bois ! Le régiment va se heurter à la "Garde allemande" qui a l'avantage du terrain. Après 7 jours de combats continus, sanglants, l'objectif est atteint, la Garde battue et le front percé.

 

Donc, le 22 février, les derniers préparatifs faits, le 2ème bataillon, sort de ses tranchées, vers 14 h et se porte à l'assaut. Malgré le feu intense de l'ennemi, en dépit de lourdes pertes, il réussit à progresser de 200 m et à prendre pied dans le bois Allongé.

 

A 18 h, une contre-attaque allemande, forte de plusieurs compagnies débouchant en colonnes par 4 est arrêtée net par nos feux de mousquetterie.

 

Le 23 février, l'attaque est reprise; c'est au tour du 3ème bataillon de marcher. Il se porte à l'assaut à 16 h. Certains de ses éléments, par suite de fausses directions prises dans le brouillard, dévient et aboutissent sur l'une de leurs tranchées en saillant. D'autres s'emparent du bois Rabougri où ils se retranchent aussitôt.

 

Les 24 et 25, le terrain conquis est organisé et les positions du bois Allongé, élargies après un dur combat à coups de pétards.

 

A la suite de ces faits d'armes, le régiment est cité à l'ordre n° 186 de la IVème armée, dans les termes suivants :

« Le 51ème régiment d'infanterie, sous le commandement du lieutenant-colonel BRION, a enlevé d'un seul élan une importante position allemande fortement organisée, en a chassé les défenseurs avec une bravoure et une énergie qui ont fait l'admiration de toutes les troupes du secteur, s'est installé sur les positions conquises et a résisté obstinément pendant plusieurs jours aux contre-attaques acharnées des renforts ennemis. »

 

Au cours de ces terribles journées, le 51ème a subi des pertes cruelles, il avait 6 officiers tués, 109 officiers blessés, 2 officiers disparus, 240 tués 604 blessés et 172 disparus.  Auguste HUGOT du 2ème bataillon est de ceux-là, tué le premier jour de l'assaut.

 

acte de décès

 

La transcription de l'acte de décès sur le registre d'état-civil de la commune de Groix est réalisé le 7 juillet 1915.

 

Son nom est inscrit sur tous les monuments et plaques du souvenir de l'île

 

Dès les premiers jours, il est transporté à Stenay, puis avance sur Rossignol, Villers-le-loue, dans les Ardennes belges. Le 51ème va bientôt recevoir le baptême du feu dans une très dure épreuve. Alerté à 1 h 30, le 22 août, le régiment quitte son cantonnement de Montmédy pour se porter à l'attaque A 8 h.30, en traversant l'espace découvert, large de 600 mètres, situé entre le bois de Sommethonne et le village de Villers-la-Loue, les bataillons sont soumis à un bombardement extrêmement violent de l'artillerie lourde allemande. Malgré les pertes, particulièrement sévères, le mouvement en avant continue. Les bataillons (2ème) et (3ème) reçoivent l'ordre d'attaquer l'ennemi qui garnit les crêtes dominant Villers-la-Loue au N.-E. avec pour objectif Meix-devant-Virton. Le 1er bataillon, soutien d'artillerie, reçoit l'ordre d'occuper Villers-la-Loue et de mettre ce village en état de défense. Le 2ème bataillon, suivi du 3ème bataillon, traverse Villers-la-Loue et se porte à l'attaque. L'ennemi, retranché, se défend énergiquement. Il a de nombreuses mitrailleuses et une puissante artillerie. Les unités chargent à la baïonnette sur des glacis de 1.200 mètres ! Les pertes sont sérieuses.  La troupe a 15 tués, 140 blessés, 30 disparus. La 6ème compagnie a particulièrement souffert. Il lui reste 80 hommes. Cependant, l'objectif est atteint. Le 2ème bataillon est à Meix-devant-Virton en flammes où il passe toute la nuit. Le 3ème bataillon est à Robelmont. Le 1er bataillon, resté à Villers-la-Loue, continue à être soumis à un bombardement violent.

 

Le 23 août, la situation reste la même. Le 24 août, le Régiment, prêt à reprendre l'attaque, reçoit l'ordre de battre en retraite.

 

Les étapes de cette retraite sont rendues très dures par le nombre des kilomètres parcourus, par la chaleur, le manque de sommeil et de nourriture. L'ennemi qui le suit ne cesse de le harceler: à Cesse, sur la Meuse, le 27 août ; à Fontenoy et Buzancy, le 31 août ; à Dommartin-sur-Yèvre, le 4 septembre.

 

Enfin, le 6 septembre, le 51ème, las de reculer, reçoit l'ordre de ne plus regarder en arrière, de mourir jusqu'au dernier plutôt que de céder un pouce de terrain. Pendant la retraite, il avait perdu 7 officiers blessés, 1 officier disparu, 18 tués,  248 blessés et 85 disparus, presque tous tombés au combat de nuit à Cesse.

Le 12 septembre, le 51ème, avant-garde de la Division est à Possesse ; le 13, à Sainte-Menehould et Verrières; le 14, à La Harazée et Vienne-le-Château. Le 15 septembre, les Allemands tiennent tête, se cramponnent aux halliers touffus de l'Argonne et résistent énergiquement. Alors commence, pour la conquête de cette zone forestière, une lutte longue, incessante et meurtrière que le 51ème va soutenir pendant quatre mois.

 

Un renfort de 600 hommes arrive le 6 octobre. Il y a tout lieu de penser qu'Auguste Victor HUGOT est parmi eux. Il est affecté au 2ème bataillon...

 

En ce début de la guerre de tranchée, nulle part ailleurs la lutte ne fut plus dure que dans ces forêts d'Argonne. Les meilleures troupes allemandes seront bientôt opposées au 51ème; les tranchées sont très rapprochées; l'acharnement est égal des deux côtés; les grenades, les pétards, les mines ne tardent pas à faire leur apparition, Il semble que la valeur du 51ème se soit confirmée là, que les qualités de bravoure, d'endurance, de ténacité, de combativité qu'il a montrées dans cette dure épreuve 

 

Pendant cette période, il faut citer :

- le 21 septembre, l'attaque sur Servon ;

- le 21 octobre, l'attaque allemande sur la 4e compagnie ;

- le 2 novembre, l'attaque allemande sur le 1er bataillon. 

- les 8 et 10 novembre, les attaques meurtrières de la cote 176 ;

- les attaques des 23 novembre, 1er, 8, 9, 10, 21, 22, 23, 31 décembre et du 5 janvier que les Allemands dirigent sur nos tranchées.

Mais à aucun moment ils ne peuvent rompre le front ni venir à bout de la ténacité du régiment, offrant une belle résistance. Les pertes furent lourdes: 12 officiers tués, 25 officiers blessés, 2 officiers disparus et 317 tués, 1.570 blessés, 577 disparus. Durant toute cette période Auguste échappe au pire.

 Auguste Victor HUGOT est mort le 22 février 1915 à 14h, tué à l'ennemi, "Mort pour la France", dans le premier assaut qu'a donné son bataillon (2ème) pour conquérir la cote 196 (le bois des Allongés). Il venait de "fêter" son 27ème anniversaire. 

 

Les autorités militaires ne disposent pas d'information sur son lieu de sépulture. selon toute probabilité, si son corps a été retrouvé, mais n'a pas pu être identifié, il se trouve dans l'un des nombreux ossuaires de ce secteur, probablement celui du Pont de Marson, situé sur la commune de Minaucourt le-Mesnil-lès-Hurlus qui regroupe les dépouilles de soldats morts pour la France de 21 000 Français dont plus de 12 000 en ossuaires. Ce cimetière militaire témoigne du caractère meurtrier des offensives de Champagne et des combats qui ont eu lieu sur le site de la Main de Massiges.

 

La difficulté de la relève des sépultures provisoires restées au milieu des combats pendant toute la guerre a donné à cette nécropole un caractère particulier. Sous de nombreuses croix reposent plusieurs corps, jusqu’à 5, qu’il a été impossible d’identifier. Les renseignements sont alors très incomplets, parfois une seule lettre du nom et souvent la mention « et un inconnu » s’ajoute au nom d’un ou plusieurs héros que la mort a réunis à tout jamais. De même les chiffres exacts ne peuvent être certifiés car de nombreux corps trouvés pendant certaines périodes n’ont pas été dument enregistrés, eu égard à la fréquence importante des découvertes. Les travaux de relève sur le terrain ont été faits par une main d’œuvre asiatique, que l’on avait fait venir pour le soutien logistique des unités de combats pendant le conflit,.