Mort pour la France

Claude Marie JOUANNO  (1881/1917)

 

le "Persévérance", l'un des navires de l'armement Bordes, coulé par un sous-marin allemand en septembre 1917

 

Fils de Joseph Marie, marin-pêcheur, né à Groix en 1850 et de Jeanne Marie YVON, née à Groix en 1852, mariés à Groix en avril 1880, résidant dans le village de Quelhuit, Claude Marie JOUANNO est né le 15 avril 1881 à Groix dans le village de Quelhuit. Il est l'aîné d'une fratrie de trois enfants.

 

Après quelques années passées sur les bancs de l'école Claude JOUANNO commence son appren-tissage de marin-pêcheur en s'embarquant comme mousse vers l'âge de 12/13 ans, puis il devient novice à 15 ans, en 1896. Avant la campagne thonière d'août / septembre 1899, il est inscrit défi-nitif sur le registre des gens de mer du quartier de Groix sous le matricule ?

 

Vers juin 1901, il est levè pour effectuer son service militaire et affecté au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient.

 

Rendu à la vie civile, il reprend ses activités à la pêche.

 

Claude Marie JOUANNO, se marie le 3 novembre 1903 avec une groisillonne, Jeanne Rose STÉPHANT, née en 1878. Ils n'auront pas d'enfant et résideront à Quelhuit.


 

Au début de la guerre en août 1914, Claude JOUANNO est âgé de 33 ans. Il est mobilisé au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient, mais comme beaucoup de réservistes de la marine, il ne reçoit pas d'affectation.

 

Au cours de l'année 1915, il est détaché auprès l'armement BORDES, compagnie de transports maritimes dont le siège est à Paris, mais qui a des navires dans les ports de Nantes et de Dunkerque.

 

En 1905, l'armement Bordes était placé premier mondial des compagnies à voile avec 33 voiliers. Puis la flotte augmente encore et passe à 35 grands voiliers cap-horniers, dont 17 trois-mâts. La majorité étaient armés au salpêtre. Ils allaient au Chili, important du charbon qu'ils chargeaient sur les côtes anglaises, puis revenaient en Europe avec le nitrate.

 

Quand commence la Première Guerre mondiale, l'armement Bordes est constitué de 46 navires, 60 capitaines, 170 officiers et 1 400 matelots et maîtres. Il était le spécialiste du transport de nitrate entre le Chili et la France. La compagnie importait d'ailleurs la moitié du nitrate européen. Pendant le conflit, ses navires effectuèrent ainsi 122 voyages pour approvisionner les ports français, ce qui fut primordial pour l'effort de guerre. En effet, le nitrate était, à cette époque, un constituant des poudres pour les explosifs. Ces rotations auront donc une importance capitale pour le sort des armes. À noter que la compagnie avait été réquisitionnée par l'État début 1917, ce qui avait occasionné un changement de nom, l'armement Bordes devenant la Compagnie d'armement et d'importation des nitrates de soude.

 

Cependant, les grands navires à voiles, lents et peu manœuvrants, seront des cibles faciles pour les sous-marins et la navires corsaires allemands. Bien que les voiliers furent écartés du trafic européen à partir de l'été 1917, 23 navires seront coulés durant le conflit.

 

On ne sait si Claude Marie JOUANNO a navigué sur les navires de l'armement BORDES, ni s'il a subit quelques évènements qui l'on rendu malade ou s'il a été blessé ?

 

Rapatrié à Groix, il est démobilisé et il décède le 2 août 1917, à 3h. des suites d'une maladie ou d'une blessure à son domicile dans le village de Quelhuit. Il est âge de 36 ans et il laisse une veuve de 38 ans. C'est son beau-frère, Albert UZEL, qui déclare le décès.

 

Il n'aura pas le statut de "Mort pour la France", probablement demandé, mais sans succès, ayant été démobilisé avant son décès. Les autorités locales, probablement émues par sa mobilisation effective, les évènements survenus et sa situation, l'inscriront tout de même sur le Monument aux Morts.

 

 

Par exemple, il aurait pu être à bord du "Cambronne" (ci-dessus) qui approchait des côtes françaises, le 8 Juillet 1917. Il se trouvait au large golfe de Gascogne par 47°34 N et 07°30 W lorsqu’il fut arraisonné, par un sous-marin cette fois. Le capitaine fit mettre une baleinière à la mer. L’équipage ne disposait pour se sauver que d’une seule baleinière, la seconde ayant été sérieusement avariée par un paquet de mer lors du passage du Horn et n’ayant pu être réparée par les moyens du bord. Les Allemands ont canonné le navire pendant que nous prenions place dans l’embarcation, blessant plusieurs matelots, puis il s’est approché de nous.

 

A peine la canot à l’eau, un obus explosa au dessus de lui blessant grièvement le matelot Cauzique qui décrochait les palans des garants.  Les Allemands s’emparèrent des instruments de navigation, puis disposèrent des explosifs à bord.  Le "Cambronne" coula en moins d’une minute.

 

Le 10 Juillet, la baleinière arriva en vue de l’ile de Sein. A 06h45, le matelot Cauzique rendit le dernier soupir. A 11h00, les rescapés débarquaient à l’ile de Sein.

 

Ne disposant pas du rôle d'équipage, nous ne pouvons l'affirmer.

 

l'équipage du "Europe"

 

Comme on peut le voir au sujet du "Amiral Suchet" trois-mats de l'armement Bordes qui quitte la rade de Saint Nazaire pour son 39ème voyage sous les ordres du capitaine Joseph BRIAND le 28 Septembre 1917 : " Les matelots mis à la disposition de l’armement Bordes proviennent du 7ème régiment d’infanterie et des 1er, 3ème et 5eème colonial. C’est un équipage de 31 hommes, hétéroclite, peu maniable. Douze hommes sont frappés de punitions."

 

Deux autres groisillons seront mis à disposition de l'armement Bordes,:

- Pierre GUILLOUX °1897, qui naviguera en tant que canonnier, sur le "Chili". Celui-ci sera arraisonné le 13 décembre 1917 par un sous-marin, évacué dans une baleinière tandis que le "Chili "sera torpillé. Sauvé par un vapeur suédois qui le débarquera à Fécamp.

- Jean Paul GUILLAUME °1878, qui naviguera en tant que fusilier sur le "Persévérance". Celui-ci sera arraisonné par un sous-marin, débarqué dans une baleinière. Sauvé par un vapeur anglais et débarqué à Porto Delgada aux Açores.

 

On peut aussi citer le cas du "Coquimbo", autre trois-mats de l'armement BORDES qui sauta sur une mine sur le plateau de Rochebonne, le 11 juillet 1917. Sept marins sont, tués, mais ne disposant pas du rôle d'équipage complet, pas d'affirmation possible ou encore du quatre-mats barque "Europe" canonné le 24 septembre 1917.

 

Ou celui du "Chanaral III" qui quitta le 16 Janvier 1916  Mexillones avec un plein chargement de nitrate (4000 tonnes) pour l’Europe. Le port de destination n’était plus donné au départ. Les navires étaient à ordres et pour éviter les torpillages à l’entrée de la Manche, ils devaient passer devant Fayal, aux Açores pour recevoir ces ordres. Si le sémaphore ne donnait aucun renseignement, ils devaient continuer sur Belle-Ile. Le 22 Avril 1916, aux approches de Falmouth, un sous-marin arraisonna le navire. Il ordonna l'évacuation du navire et le coula d'une seule torpille. Là encore, je ne dispose pas du rôle d'équipage.