Mort pour le France

Maurice ÉVEN  ( 1876/1915 )

 

Fils de Jacques, marin pêcheur, né à Groix en 1841 et de Victoire CAUDAL, née à Groix en 1836, mariés en avril 1866, Maurice ÉVEN est né à Groix, le 18 mars 1876, dans le village de Moustéro. Il est le 4ème enfant d'une fratrie de cinq.

 

Après quelques années sur les bancs de l'école, il fait son apprentissage de marin-pêcheur en s'embarquant comme mousse vers l'âge de 12/13 ans, puis comme matelot.

 

Lorsque Maurice passe devant la commission de recrutement, il est inscrit maritime sous le matricule n° ? / Groix.

 

Il effectue son service militaire au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient à partir de 1896 sous le matricule au recrutement n° 1800/ Lorient. Rendue à la vie civile, il reprend ses activités à la pêche.

 

Maurice ÉVEN se marie avec une groisillonne Marie Ange TONNERRE, née en 1885 à Kerdurand, le 13 novembre 1905. Ils auront 5 enfants dont le dernier est posthume et résideront à Kerdurant.

 

Maurice ÉVEN décède le 30 juin 1915, sur la presqu'ile de Gallipoli (Turquie).

 


En 1914, Maurice ÉVEN, qui a 38 ans, a été appelé dans les troupes de réserve de la Marine, au 3ème dépôt des équipages de la flotte de Lorient, mais la marine n'a pas de mission à lui confier, il est donc versé dans l'Armée de terre, le 31 janvier 1915.

 

Maurice est affecté au 2ème R.I.C., stationné à Brest, dans la caserne Fautras où il arrive le 2 février 1915 pour une période de formation. Il y passe 6 semaines.

 

A l'issue de ses classes, il est affecté au 7ème R.I.C., le 19 mars 1915, puis au 7ème R.M.I.C. (qui deviendra le 57ème RIC, le 16 août 1915) à sa création. Il fait le voyage en compagnie d'autres groisillons: ?  et arrive le 6 mai 1915 à Sedd Ul Barh

 

Peu après l'arrivée du 7ème R.M.I.C., le général Gouraud  prend (14 mai 1915) le commandement du corps expéditionnaire français, réorganise les positions et fait reprendre l'offensive dès le 1er juin. Gouraud ordonne de «durer» face aux Turcs désormais solidement installés sur le pic d’Achi Baba 8 à 9 km du cap Hellès.

 

Sans succès, les assauts successifs ne parviennent pas à percer les lignes turques. La nuit, les soldats alliés subissent même les contre-attaques de commandos turcs qui les attaquent silencieusement pour égorger les guetteurs dans les tranchées. Les côtes de la péninsule de Gallipoli sont un gigantesque cimetière où des milliers de corps pourrissent sous un soleil torride.

Gouraud et Hamilton (le commandant du corps britannique) s’inspirent des attaquent de style commandos pour préparer ensemble l’attaque du 4 juin sur tout le front. L’assaut brusqué du 4 juin est un échec, de l’aveu même de Gouraud. Des tranchées turques ont certes été prises, mais l’artillerie des alliés s’avère insuffisante pour tenir les forces ennemies à distance. La bataille se prolonge pendant 2 jours mais les alliés doivent admettre qu’ils ne viendront pas à bout des Turcs. Ils ont gagné près de 300 mètres mais au prix de plus de 15 000 hommes, dont 2 500 Français.

 

Le contingent de renfort dans lequel se trouve Joseph ÉVEN arrive au début juin 1915. Joseph est affecté à la 3ème compagnie (1er bataillon).

 

Les combats se multiplient au cours du mois de juin 1915, notamment les 8 et 9 juin. Alors que les Britanniques attaquent en direction de Krithia, (centre de la péninsule), les Français cherchent à prendre l’éperon de Kérévès Déré (au pied du Mont Achi Baba). C'est le 6ème RMIC qui est première ligne, il réalise une nouvelle avancée à l'ouest du ravin. Malheureusement, il est tellement décimé après cette action qu'il doit être envoyé au repos à l'arrière. Le 21 juin 1915, Gouraud confie l’exécution principale d'un assaut au colonel Girodon avec le 176ème, le 6ème RMIC, en soutien. L’attaque est menée à l’aube, les Français prenant le «Haricot» et le «Quadrilatère», mais dès 7 h, les troupes doivent se replier sur leur point de départ. Les textes officiels veulent croire à une victoire en fin de journée. Les troupes repartent à l’assaut les 22 et 23 juin. Mais au bout de 3 jours de combats, le décompte est macabre: 3 200 hommes sont mis hors de combat dont quelque 500 ont été tués. Gouraud déplore surtout la mort de 21 officiers et la blessure de 46 autres. C'est au cours de cette funeste journée que six groisillons du 6ème RMIC sont tués ou disparaissent.

 

Le 7ème R.M.I.C., en réserve, ne participe pas à l'attaque meurtrière de 21, 22 23 juin.

 

Maurice ÉVEN est déclaré disparu le 30 juin, suite aux combats en premières lignes pour la conquête de la zone dite du "quadrilatère des Z". Il a 39 ans et laisse une veuve et 5 orphelins (le cinquième, posthume nait en septembre 1915).

 

Un jugement déclaratif prononcé par le tribunal de Lorient, le 25 mars 1921, le déclare mort le 30 juin 1915. Ce jugement a été retranscrit le 30 avril 1921 dans les registres d'état-civil de la commune de Groix. Il comporte la mention "Mort pour la France".

 

Les autorités militaires ignorent son lieu d'inhumation. Si son corps a été retrouvé après les hostilités, il n'a pas pu être identifié et a été inhumé dans un ossuaire. Probablement dans l'un des 4 ossuaires de Sedd Ul Barh où reposent environ 10 000 soldats inconnus.

 

Le nom de Maurice ÉVEN est gravé sur le Monument aux morts de Groix, sur la plaque de l’église et sur le mémorial de l'écomusée.

 

Maurice ÉVEN a été honoré, à titre posthume de la Croix de guerre avec une étoile de bronze  (J.O. du 1 août 1922)

 

 

Le 7ème régiment mixte d'infanterie coloniale (7ème R.M.I.C.) a été créé à partir d'un bataillon européen du 7ème R.I.C. (mais on ne s'embarrasse pas des ces détails en 1915, on dit un "bataillon blanc") et de deux bataillons "noirs", le 8ème bataillon sénégalais qui sera le 2ème bataillon du 7ème RMIC, et le 12ème bataillon sénégalais qui en sera le 3ème. Il est rassemblé aux environs de Toulon pour un mois de formation à la cohésion, puis il est embarqué le 2 mai 1915 sur le "Lutétia" pour Sedd Ul Bahr où il arrive le 6 mai. Le 7ème RMIC formait la 4ème brigade mixte coloniale avec le 8ème RMIC, incluse dans la 156ème division d'infanterie qui devient la 2ème division d'infanterie du C.E.O.

 

Dès son arrivée, le 7 mai, le 7ème RMIC, dont Maurice ÉVEN, bien que placé en réserve, le régiment est engagé dans le premier combat du Kérèvès-Déré. Le 8, il l'est de nouveau. Le 9, une conte-attaque turque fait quelques dégâts. Le 12 mai, il quitte les tranchées pour un repos bien précaire à 1500m en arrière, dans les champs d'oliviers.

 

Durant cette période de repos, le régiment est réorganisé et chaque bataillon devient mixte, composés de 2 compagnies blanches et de 2 compagnies noires. Au vue des document à notre disposition, on ne sait pas à quelle compagnie appartient Maurice

 

Le 20 mai, le commandant du régiment est tué.

 

 

Quelques jours plus tard, le 28 juin, le 7ème régiment mixte d'infanterie coloniale monte en premières lignes, avec Joseph et Maurice ÉVEN de lointains coussins... Le 30, il est chargé de l'attaque de l'ouvrage turc dit " Quadrilatère des Z ". Après une bonne préparation d'artillerie, le bataillon Poupard attaque à 6 h., soutenu à sa droite par deux compagnies du bataillon Heysch; le bataillon Meray est en réserve. Nos troupes progressent rapidement, malgré une énergique résistance de leurs adversaires, et s'avancent jusqu'aux ouvrages turcs T et W.

 

Vers 8 h, une violente contre-attaque ennemie riposte. Nos troupes, débordées, refluent vers leurs positions de départ. Le reste du bataillon Heysch et deux compagnies du bataillon Meray rétablissent la situation et malgré de nouvelles contre-attaques, nous sommes, le soir, solidement établis dans le « Quadrilatère des Z » qui nous restera désormais. Les deux cousins Joseph et Maurice ÉVEN ont payé de leurs vies cette éphémère "victoire".

 

Les pertes sont importantes de part et d'autre, toute action aux Dardanelles étant menée par des effectifs denses sur des espaces resserrés et en terrain absolument découvert, Pendant toute la journée, violent bombardement de nos lignes arrières par les batteries turques de la côte d'Asie.

 

Vers 17 heures, le général Gouraud est grièvement blessé, en se rendant aux ambulances visiter les blessés qui commencent à y arriver.