Mort pour la France

Jean Pierre Hyacinthe CALLOC'H  1888/1917

maison natale de J.P.M. Calloc'h

 

Fils de Jean Pierre, marin-pêcheur, né à Groix en 1846 dans le village de Kerdurant et de Marie Josèphe GLOUAHEC, née à Riantec en 1853 dans le village de Locmiquélic, venue très jeune à Groix, amie d'une des soeurs de Jean Pierre, mariés à Groix en mai 1884, résidant dans le village de Ker Clavezic, Jean Pierre Hyacinthe CALLOC'H (Yann Ber en breton) est né le 21 juillet 1888 à Groix dans le village de Ker Clavezic, au nord de l'île, dans "une petite maison blanche", au coeur du village, com-posé  de quelques maisons isolées (sa maison natale et celle où il vécut sont encore visibles aujourd'hui). Il est le 3ème enfant d'une fratrie de quatre, deux soeurs le précèdent et, quelques années, plus tard naît un autre garçon.

 

Jean-Pierre Calloc'h n'avait que deux ans et demi lorsque sa mère le confia aux Soeurs du Saint Esprit qui tenaient école à Kermunition, non loin du bourg (actuellement école St Tudy) Il y apprit à lire très vite et se mit aussitôt à dévorer les livres qui lui tombaient sous la main. A 6 ans, il passa à l'école primaire tenue par les Frères des Ecoles Chrétiennes au bourg (actuellement le collège St Tudy). " Il s' y montra un élève assidu, studieux et réfléchi ". Son intelligence précoce le fit distinguer par l'abbé Le Roux, vicaire de l'île. Celui-ci le prit au presbytère,avec quelques autres camarades, pour lui enseigner le latin.

 

Jean-Pierre avait 12 ans en 1900 lorsqu'il entra au Petit Séminaire de Sainte Anne d'Auray sur les conseils des prêtres de Groix. Comme il avait déjà suivi des cours de latin, il entra directement en 4ème.


 

De figurer parmi les plus jeunes ne l'empêcha pas de s'imposer à toute sa classe. " Il nous dominait de toute sa taille et on aimait chez lui la simplicité et la jovialité " dit un de ses camarades.

 

Jean-Pierre a 14 ans lorsqu'il va perdre son père. Celui-ci se noie accidentellement à la Jonchère-du-Croisic, en octobre 1902. "C'était un homme fort, taillé comme un menhir, cultivé et chrétien éclairé".

 

La mère devra alors nourrir seule ses quatre enfants, vivant d'un lopin de terre.  A la fin de juillet 1905, il était bachelier ès-lettres, il avait 17 ans. En octobre 1905, toujours attiré par la vocation ecclésiastique, Jean-Pierre entra au Grand Séminaire de Vannes. Aux grandes vacances, il accepta un poste de surveillant à l'école professionnelle de Saint Michel de Priziac. Et, c'est juste à ce moment, que survint un événement  qui changea sa destinée. Sa soeur aînée souffrait de troubles pathologiques qui allaient en s'aggravant. Sa soeur cadette et son jeune frère manifestaient des cas semblables. En vertu des règles du droit canon, la prêtrise est refusée à ceux qui ont dans leurs ascendants ou leurs proches des maladies d' origine nerveuse. Il se résigna et continua à porter la soutane et à suivre les cours du séminaire où il resta deux ans. C'est en 1912 qu'il saura d'une manière certaine qu'il ne sera jamais prêtre. Il sollicita alors un poste dans l' enseignement en 1907.  En octobre 1907, il quitte donc la Bretagne pour entrer dans une institution libre à Paris comme maître d'internat. Son souhait est de venir en aide à sa mère et de préparer une licence d'enseignement. Sa tâche de surveillant l'empêchera de suivre les cours à l'université, qui de plus ne "lui disait pas grand' chose". La pension ne compte que six élèves, la plupart à particule. La nostalgie du pays le remplit. Paris est à ses yeux essentiellement la ville du " Mal ". Il trouve refuge dans les églises. Il écrit la majorité de son oeuvre en 1905 à 1911 sous le psudonyme de BLEIMOR.

 

Au printemps de 1908, il quitte Paris pour le collège Saint Joseph de Reims où il occupe un emploi de répétiteur. Le collège comprend 170 élèves dont 75 dans son étude. Son île natale et sa Bretagne continuent à lui manquer. Sa tâche lui pèse. Pendant ces deux années Jean-Pierre va fréquenter, entre autres, la Bibliothèque Nationale. Il projette une histoire de Groix .

 


Jean-Pierre Calloc'h aurait du passer devant la commission de recrutement à Port-Louis durant l'automne 1908, mais il est absent. Il est déclaré "bon pour le service armé" en son absence.

Sa soeur aînée meurt en avril 1909 à 23 ans

 

 

Il est incorporé le 1er octobre 1909 au 70ème régiment d'infanterie dont le dépôt se trouve à Vitré (Ile et Vilaine).

 

Il est affecté aux services auxiliaires, compte tenu de son état de santé. Il passe donc ses deux années de service militaire en garnison à Vitré. Soldat de deuxième classe, il demande à faire le cours des illettrés, ce qu'il fit en breton à 40 bretonnants. " A ma sortie de caserne, je préparerai mon brevet pour devenir probablement instituteur libre, peut-être à Groix. "

 

Il est rendu à la vie civile, le 24 septembre 1911. Il rédigera son oeuvre majeure AR EN DEULIN en 1913. En septembre 1912, il obtient un poste de répétiteur à l'École de Commerce de Paris (avenue de la République, 79).

 

 

<<<<  Jean Pierre CALLOCH ( au centre) durant son service militaire à Vitré (Octobre 1909 / septembre 1911

 

 

 

Jean-Pierre Calloc'h se trouvait à Paris (avenue de la République, 79) en juillet 1914 quand éclata la Guerre. Il est mobilisé, mais en raison d'une inflammation des ganglions cervicaux, il fut versé dans le service auxiliaire et devait attendre jusqu'à nouvel ordre. Il vit donc partir, sans pouvoir les suivre ses compagnons d'étude. Lui, qui ne se sentait " pas Français pour un sou ", se présenta à Lorient pour s'engager dans la marine. Il croit à une guerre de la civilisation et du droit, comme quelques autres. Mais il est refusé.

 

 

Le 25 avril, le régiment, définitivement relevé, est conduit à l'arrière pour parfaire son instruction en vue d'une grande offensive que l'on prévoit prochaine. Jusqu'au 7 mai, il séjourne à Grandfresnoy et Canly, passe huit jours à Malpart et Maresmontiers, douze jours à Sourdon et Chirmont. La bataille de la Somme est imminente. Le régiment se rapproche de ses positions de combat et s'installe à Vauvillers, le 8 juin 1916. C'est la dernière étape du 318ème.

 

A la veille de la bataille l'ordre de le dissoudre arrive subitement. Le régiment est supprimé par mesure de réorganisation générale à la date du 15 juin. Le 5ème bataillon, celui de Yann Ber CALLOC'H, passe tout entier au 219ème, et le 6ème au 262ème. Le 5ème bataillon devient le 4ème bataillon du 219ème R.I. Jean Pierre CALLOCH a le grade d'adjudant à la 13ème compagnie.

 

Le 19 juin, le Régiment est dirigé sur Mailly-Raineval, pour une période d'instruction de 4 jours, puis le 24 juin sur le camp de Wiencourt et Guillancourt,
Le 25 juin, retour à Harbonnières et reprise des travaux. Le 28 juin, le 219ème RI monte dans le secteur (nord de Foucaucourt), d'où il doit partir à l'attaque des tranchées allemandes.

 

 

Il poursuivra les démarches et finira par être affecté dans l'infanterie le 6 novembre. L'appel n'arrivera qu'en janvier et de Lorient.

 

Le 26 janvier 1915, il endosse la vareuse militaire au dépôt du 62ème R.I. à Lorient, mais il est affecté à la 11ème section d'infirmiers militaires, ce qui ne lui convient pas. Le 1er avril, il réussit à rejoindre l'école des sous-officiers de Saint Maixent pour un stage de quatre mois. A la sortie, il est nommé aspirant, le 20 août 1915

 

Le 25 août 1915, il part pour le front. Il retrouve son régiment, le 318ème R.I. , (la réserve du 118ème) pendant sa période de repos à Trosly-Breuil (Oise). Il est affecté à la 20ème compagnie (5ème bataillon)

 

Le 8 septembre le 318ème RI reprend le service aux tranchées du bois Saint-Mard. Puis du 28 septembre au 22 octobre, le 318ème, après quelques jours passés à Ollencourt et aux Plainards, est maintenu au repos et à l'instruction à Trosly-Breuil. Du 23 octobre au 25 novembre, occupation d'un secteur à gauche du ravin de Puysaleine.Il aura 3 tués et 9 blessés. Du 26 novembre au 5 décembre, le régiment relevé par le 262ème cantonne à Saint-Crépin.

 

Le 6 décembre, réoccupation du secteur précédent. Des pluies continuelles ont transformé le terrain en lac de boue. Les hommes travaillent enlisés parfois jusqu'à la ceinture.Les communications, par boyaux, sont devenues tellement impraticables, qu'il se produit de part et d'autre une espèce de trêve tacite et momentanée. Pendant 24 h, les relèves et corvées de soupe, circulent à découvert. On met son tabac et ses allumettes à l'abri de l'humidité sous son casque. Les rats pullulent et dévorent tout. Cette période d'hiver a été de beaucoup la plus pénible parmi toutes celles, dures pourtant, que le régiment ait eu à subir. Le labyrinthe des boyaux (plus de 30 kilomètres sur un front de 800 mètres !) était tellement compliqué, que fréquemment des hommes isolés ont erré une nuit entière sans retrouver leur abri.

 

Du 27 décembre au 4 janvier, le régiment relevé par le 262ème va cantonner à Saint-Crépin, au carrefour de l'Étoile. Du 5 janvier au 24 janvier, réoccupation du secteur. Le 25 janvier, relève du régiment par le 205ème. Il cantonne à Saint-Crépin, au carrefour des Maréchales, part le 26 pour Chelles et Martimont jusqu'au 7 février, d'où il est dirigé par étapes sur le camp d'instruction de Crèvecœur. Il czntonne à Bethisy-Saint-Pierre et Sacy-le-Petit. Le 13 février, le régiment arrive à ses cantonnements définitifs de Puy-la-Vallée et Saint-Fussoy-Sauveleux. Il séjournera jusqu'au 23 février inclus. Durant cette période, la division est entraînée journellement suivant les nouvelles méthodes d'attaque. C'est la préparation à la future bataille de la Somme.

 

Soudain, le 24 février, à l'annonce de l'attaque de Verdun, le régiment est alerté et mis en route vers la région de Cœuvres, puis de Compiègne, où il cantonne le 29, après 6 jours de route.L e 1er mars, le régiment réoccupe son ancien secteur du Bois-Saint-Mard. Le 5 mars, le régiment est alerté par un bombardement d'une violence inusitée, au cours duquel l'ennemi tente et réussit un coup de main sur nos petits postes de gauche. Les pertes s'élèvent à 1 tué, 3 blessés et 4 disparus.

 

L'ennemi devient plus agressif. Du 12 au 21 mars, le régiment relevé par le 262ème occupe à Choisy-au-Bac et Rethondes, des cantonnements de repos, où il reviendra 20 jours plus tard, après un nouveau séjour au Bois-Saint-Mard. 

 


secteur d'attaque du 219ème RI lors de l'offensive de la Somme le 1er juillet 1916 et suivants

 

L'offensice dite "de la Somme" a lieu le 1er juillet, elle a été précédée, d'une préparation d'artillerie qui a duré 8 jours. Le 1er juillet à 0h30, l'infanterie sort des tranchées. La préparation d'artillerie reprend à 5h30, complétée à partir de 9h par un bombardement général « par le 75, l'artillerie de tranchée et l'artillerie lourde ».

 

Les 5ème et 6ème bataillons forment quatre vagues successives, le 4ème bataillon sera la réserve du régiment. A « 9h27, baïonnette au canon ! » Les poilus des 5 et 6ème bataiollon du 219ème R.I. sortent des tranchées pour se porter à l'assaut, « très calmes, au pas, en ordre. » A 9h48, le 219ème a atteint son premier objectif, avec "peu de pertes" et les prisonniers commencent à affluer, les deux premières lignes allemandes sont prises; aussitôt commence les travaux de protection et de réalisation des boyaux entre tranchées nouvellement conquises et anciennes premières lignes. Dans l'après-midi, a lieu une nouvelle préparation d'artillerie mais l'avance des premières vagues est freinée par le tir des mitrailleuses. A 16h15 le deuxième objectif est atteint. La nuit se passe à organiser la position. Dans cette première journée, le 219ème a fait 255 prisonniers dont 5 officiers, pris 3 pièces de 77, 9 mtrailleuses et un nombreux matériel, mais il a perdu 51 tués, 211 blessés et 9 disparus.

 

L'attaque reprend le lendemain. Une centaine d'hommes est de nouveau mise hors de combat (dont 14 tués). Les objectifs sont atteints et le 3 juillet, le régiment s'organise sur les positions conquises. Il est relevé dans la nuit et rejoint Vauvillers où il est mis en réserve. Le Régiment se rassemble à. la sortie Est de Vauvillers et s'installe en cantonnement bivouac. Alerté dans la matinée du 4, il est déplacé au ravin des Cuisines (Vauvillers) où il bivouaque jusqu'au 10 juillet.

 

Le 10 juillet, il est relevé par le 265 et va cantonner à Framerville et VauviÍlers. Du 11 au 14. juillet, séjour au cantonnement. Le 14 juillet le 219ème relève le 265ème au ravin des Cuisines. Il y reste en réserve jusqu'au 20 juillet avant de remonter en ligne, au bois du "Satyre", toujours dans le secteur d'Estrées. L'ennemi lance une attaque qui échoue mais fait 7 tués et 33 blessés. Chaque journée passée apporte son lot de victimes jusqu'à la relève du 29 juillet.

 

Dans la nuit du 5 août, le Régiment transporté en camions-autos, gagne les tranchées du bois tie Soyecourt et du bois du "Satyre". Du 6 au 13 août, séjour aux tranchées. D'ans la nuit du 13 au 14 août, une opération est tentée pour progresser dans la ligne allemande et continuée dans la soirée du 14. La progression à la grenade échoue. Il est relèvé dans la nuit du 15 au 16 et va cantonner à Fumechon et Catillon  où il est mis à l'instruction notamment des spécialités.

 

Le.27 août, le Régiment transporté en camions-autos à Harbonnières, remonte en ligne dans la nuit. Les allemands sont décidés à reprendre leurs anciennes positions: le bombardement est incessant. L'artillerie française répond et commence une nouvelle préparation sur les ouvrages ennemis. L'attaque  déclanchée le 31 août, à 18 h, échoue. Le 1er septembre, nouvelle préparation de notre artillerie. Le 4 septembre, l'attaque est déclenchée à 14 h. Du 4 au 7 septembre, les bataillons engagés ont poursuivi la conquête des tranchées allemandes en progressant à la grenade et ont atteint en partie les objectifs fixés. Une contre-attaque ennemie est enrayée à 16h30 par la compagnie de mitrailleuses.

 

Le Régiment est relevé dans la nuit du 7 au 8 septembre. et est transporté en camions-autos à sauvillers-Mongival, Aubvilliers où il séjourne jusqu'au 12 septembre. De là il est transporté par voie ferrée à Villers-Cotterets puis à  Bonneuil-en-Valois et Gomecourt, où il séjourne à l'instruction jusqu'au 23 septembre.

Le 27 septembre, il remonte aux tranchées dans le secteur de Fontenoy (Aisne, à l'ouest de Soissons). Ce secteur est calme. Les relèves sont organisées de façon que les bataillons restent 18 jours en ligne et 9 jours en réserve.

 

Le 2 octobre Yann Ber est nommé à titre temporaire sous-lieutenant, fort apprécié de ses hommes, il reste à la 13ème compagnie (4ème bataillon). Les relèves sont faites à partir de la fin d'octobre tous les dix jours et à la fin de novembre tous les douze jours. Le 29 novembre, la 61ème division est relevée dans son secteur. Le 219ème est transporté en camions-autos à Bellevue-la-Montagne et Vignemont. Il séjourne dans ces cantonnements jusqu'au 2 décembre.

 

bataillon de réserve

 

bois du "satyre"

 

quelques hommes du 219ème RI

 

"à l'assaut"


Le 2 octobre 1916, l'adjudant ( à la 13ème Cie) Jean Pierre CALLOCH est nommé à titre temporaire Sous-Lieutenant à la 13ème Compagnie du 219ème R.I.

extrait du J.M.O. du 219ème R.I.

 

Durant, le mois de décembre 1916 Jean Pierre CALLOC'H (au centre de la photo) passe quelques jours de permission à Groix avec son frère et sa mère à gauche

occupation des carrières dans le secteur de Mareuil

les tranchées sous la neige

 

Le 3 décembre, le Régiment reprend les tranchées dans le secteur de Mareuil-la-Motte (Oise, au nord-est de Ressons / Matz). II occupe ce secteur pendant une partie de l'hiver 1916-1917, et effectue d'importants travaux en vue d'en faire un secteur d'attaque pour le printemps prochain. La relève des bataillons en ligne a lieu tous les douze jours.

 

Du 1er au 18 janvier, occupation du secteur sans incidentmais le 19 janvier, l'ennemi dirige un feu violent d'artillerie et de minen-werfers sur les premières lignes. Le 20, après un nouveau bombardement, il essaie une attaque, à l'aube, qui échoue sous la fusillade et la riposte de nos grenadiers. L'ennemi est repoussé en  subissant de lourdes pertes.

 

Le secteur reste calme jusqu'au 12 février, date à laquelle le Régiment est relevé et va cantonner à Arsy et Grandfresnoy où il est à l'instruction jusqu'au 25 février. Du 26 février au 5 mars, marches et manœuvres de régiment et de brigade.

 

Du 7 au 10 mars, le Régiment remonte aux tranchées dans le secteur de Mareuil-la-Motte. Le 13 mars, des renseignements font connaître que l'ennemi a commencé un repli et évacué une partie de ses positions avancées. Le même jour, une tentative de coup de main sur un de nos petits postes est repoussée. Le 14 mars, notre artillerie commence ses tirs de préparation et le Régiment prend ses dispositions d'attaque.

 

Le 15, une reconnaissance trouve la première ligne abandonnée par l'ennemi. Le 16, à 6h 30, une reconnaissance atteint le sommet du Plémont. Elle est suivie dans la matinée par le 6ème bataillon qui, dans la soirée, atteint le coude de la route Thiescourt-Lassigny. Le 17, reprise de la marche en avant. Le 6ème bataillon franchit la Divette. Il est soutenu en arriére et à droite par le 4ème bataillon de Jean Pierre CALLOCH. Dans la soirée, il s'établit pour la nuit à la lisière des bois Cécile et du Coucou. La poursuite de l'ennemi en retraite continue dans les journées qui suivent. Le 18, le Régiment atteint le nord-ouest de Noyon. Le 19, la 61ème division reprend sa marche de Noyon sur Chauny, par brigades accolées. Le 219ème est en queue de la colonne gauche et stationne à Bethancourt, et Neuflieux.

 

L'ennemi se retire sur une ligne fortifiée sur la rive Est de l'Oise (ligne dite Hindenburg). Derrière lui, tout le pays qu'il a abandonné est dévasté. Tous les villages ont été détruits, tous les arbres ont été coupés au ras du sol.

 


à la poursuite des allemands qui se replie sur la ligne Hindenburg, sur plus de 60 km

 

 

Le 20 mars, des reconnaissances lancées par le Régiment prennent le contact de l'ennemi sur le front Fargniers, Quessy, Mennesis-Liez, sans pouvoir franchir le canal de Saint- Quentin. Le 21, les premiers éléments du 6ème bataillon franchissent le canal et s'établissent à Quessy. Le 22 mars, les sections des 23ème et 21éme compagnies qui essayent de déboucher de Quessy repoussent vers 10 h avec l'aide de la Compagnie de Mitrailleuses 6 une forte contre-attaque allemande qui se déclenche entre Quessy et Fargniers. Une nouvelle contre-attaque qui débouche au N.-E. vers 14 h est arrêtée par nos feux et un barrage de 75.

 

Le 23 et le 24 mars, le 219ème progresse en combattant et atteint la vallée de l'Oise et Travecy. Le 219ème est relevé dans la nuit du 24 au 25 par le 262ème et va cantonner à Villequier-Aumont, Rouez; et Commenchon.

 

Du 25 au 31 mars, le régiment participe aux travaux d'organisation du terrain. Le 1er avril, la 61ème division est reportée au nord. Dans la nuit du 2 au 3, le 219ème est acheminé par Jussy sur Montescourt-Lizerolles. Dans la journée du 3, il enlève la cote 113, Cerisy, La Guinguette, sa gauche est arrêtée devant la ferme Lombay. Le 4 avril, il s'empare de la ferme Lombay, et de Puisieux. Le 5 avril, deux contre-attaques allemandes sont repoussées par notre feu de F. M. et de mitrailleuses.

 

Ces journées ont été particulièrement pénibles en raison du mauvais temps persistant et de l'absence complète d'abris, de tranchées, dans un terrain dévasté, villages systématiquement brûlés par l'ennemi en retraite.  

Yann Ber écrit, le dimanche de Pâques au dos d'une carte postale :

" La semaine la plus dure que j'ai jamais passée à la guerre est cette Semaine Sainte. Ni maison, ni toit, sous un temps si rude. Au cours de 60 heures j'ai dormi 1 heure,et encore nous avons été réveillés par le froid, toute l'armée couverte de neige. Nous sommes fatigués à en mourir. Quand finira cette vie ?"

Ainsi s'exprimait-il au dos d'une carte postale le dimanche de Pâques.

 

 

Le 6 avril, te 219ème est relevé par le 262ème. Le 7 avril, la 122ème brigade est dissoute. Le 219ème reste à la 61ème D. I. Dans la nuit du 7 au 8, le 6ème bataillon remonte en ligne en avant du front, La Folie-Puissieux: le 4ème bataillon, en soutien, à Benay, et le 5ème bataillon, réserve de régiment, à Hinacourt.

Le 8 avril, le chef de corps établit son poste de commandement à Cerizy. Le 9 avril,  poursuite des travaux défensifs.

 

A partir du 13 avril, l'ennemi occupant solidement la ligne Hindenburg sur laquelle il s'est replié, des travaux d'organisation de secteur sont entrepris sur le terrain conquis. 

 

Entre temps, le lieutenant à titre temporaire Jean Pierre Hyacinthe CALLOCH est mort.

 

 

Grâce à l'initiative de la revue "Dihunamb", secondée par "Buhez Breiz ", une tombe avec croix celtique fut édifiée, par souscription, sur ses reliques. L'inauguration du monument eut lieu le 21 août 1924.

 

Taillée dans le granit de Nizon par le sculpteur Alexandre Le Quéré de Pont Aven, la tombe se compose de trois parties: une dalle, un socle et une croix celtique haute de 1m.86. C'était la taille de Bleimor.

 

Cette croix est semblable à de nombreuses croix de l'île d'Iona (à l'ouest de l'Ecosse). Sur le fût sont gravés trois motifs d'entrelacs irlandais, en des médaillons ronds ou ovales. Ils sont l'oeuvre du Capitaine Huerre .Sur le cercle du monde entourant les bras de la croix apparaissent des motifs de nos broderies "glaziks" dessinés par M. Ch. Louis, ami de Léon Le Berre.

 

La dalle porte - en breton seulement - l'inscription suivante :

 

Jehann Ber Kalloch

Leshanuet Bleimor

Gannet é Groé, 21 Gourhelen 1888

Maruet, ofisour, er Brezel bras

Etal Urvillers, 10 imbril 1917

skrinet en des ur haer a livr :

"Ar en deulin"

Breihis, pedet aveãton

 

 

Que l'on peut traduire par :

Jean-Pierre Calloc'h

du nom bardique "Loup de mer"

né à Groix le 21 juillet 1888

mort officier à la Grande Guerre

auprès d'Urvillers, le 10 avril 1917.

Il a écrit un beau livre:

"A Genoux" 

Bretons, priez pour lui.

 

extrait de l'Ouest Éclair du 27 avril 1917

 

 

Son nom sera gravé au Panthéon, parmi les 546 écrivains

mort au champ d'honneur, durant la conflit 1914/1918 

Son nom sera aussi gravé sur les plaques en souvenir

des Bretons mort au champ d'honneur

 

 

Jean Pierre Hyacinthe CALLOC'H, sous-lieutenant à titre temporaire de la 13ème compagnie du 219ème régiment d'infanterie est tué à l'ennemi le 10 avril 1917 à 16h devant le bois d'Urvillers, au sud-est de St Quentin, à l'entrée d'un abri, tandis qu'il mangeait, un obus de 77 éclata à proximité. Il a la tête criblée d'éclats, il meurt sur le coup. C'était l'après-midi du mardi de Pâques. Il avait 28 ans et il était célibataire. Marie Joséphine GLOAHEC perdait son 3ème enfant.

 

Le corps du lieutenant Calloc'h est transporté au petit village de Cerisy dans l'Aisne et inhumé dans un cimetière de soldats.

 

Relevé des pertes du 219ème R.I. pour le 10 avril 1917

 

transcription de l'acte de décès sur le registre d'état-civil en date du 11 avril 1918

 

 

Son acte de décès est retranscrit le 11 avril 1918 sur le registres de Groix.

 

Son nom est gravé sur les différents monuments mémoriels de l'île

 

plaque située à l'intérieur de l'Église de Groix

 

Après la guerre, un prêtre de la région de Cerisy entama des recherches pour retrouver sa dépouille, les sépultures ayant été violées pendant les hostilités.

 

En mai 1923, le cercueil fut retrouvé puis ouvert: au poignet droit du cadavre se trouvait une plaque d'identité portant ces lettres : Calloc'h Jean-Pierre 1908, Lorient 1627.

 

Exhumée en présence de deux membres de sa famille, sa dépouille fut ramenée à Groix le 8 juillet 1923 et ré-inhumé le 9 juillet 1923