Mort pour la France

Joseph Marie NICOLAS  1893 / 1914

quelques hommes du 102è RI

 

Fils de Joseph Marie, un gendarme, né à Prinquiau (Loire-Atlantique) en 1865 et de Marie Françoise TESSIER, née à Prinquiau en 1871, mariés à Prinquiau en février 1891, Joseph Marie NICOLAS est né le 4 juillet 1893 à Groix dans le bourg. C'est le second enfant du couple. Son père est en poste sur l'île de Groix depuis plus de 18 mois.

 

Après quelques années sur les bancs de l'école et un apprentissage comme pâtissier, Joseph s'engage dans l'armée, le 30 septembre 1913, à la mairie du 15ème arrondissement de Paris. Il est affecté au 102ème R.I.

 

Il décède dans les premiers jours de la guerre, le 17 septembre 1914 à Puisaleine, commune de Moulin-sous-Touvent dans le département de l'Oise.

 

 


Le 102ème RI est garnison à Chartres et Paris

 

 

A la mobilisation, le 102ème régiment d’infanterie avait deux bataillons en garnison à Paris, et un à Chartres. Il était recruté principalement dans les départements de l’Eure-et-Loir, de la Seine et de la Sarthe. Le régiment, commandé par le colonel VALENTIN, membre de la 13ème brigade (avec le 101ème R.I.) appartient à la 7ème division d’infanterie (4ème corps d'armée). Il fait partie, au début de la campagne, de la 3ème Armée. Débarqué le 9 août à Dugny, le régiment cantonne dans la région de Verdun. Dès le lendemain, il reçoit le baptême du feu à Billy-sous-Marcienne, où il est engagé avec un gros contingent de cavalerie ennemie qu’il repousse.

 

Restant ensuite dans la même région sans incident, il tient le 20 la ligne de l'Othain autour de Saint-Laurent, puis il poursuit avec toutes les unités du corps d'armée sa marche en avant et, le 22, il prend part au combat de Virton-Ethe (Belgique).

 

Le régiment a pour mission, au début de la journée, de dégager la tête de la colonne de la division cernée dans Ethe. Les deux premiers bataillons sont portés sur la croupe entre Gomery et Latour. Le 3ème bataillon restant pour soutenir l’artillerie. Le 2ème bataillon se forme sur les pentes sud de la croupe Latour-Gomery et se porte sur Ethe. Le 1er bataillon doit suivre le 2ème échelon en arrière et à gauche. Le mouvement s'exécute et le 2ème bataillon pousse vigoureusement sur le village en s’enfonçant dans l'angle formé par les routes de Latour et de Gomery à Ethe. Le 3ème bataillon se forme à son tour en colonne double à l'emplacement d'où sont partis les deux autres et s’avance par bonds, constituant, en arrière du 1er la réserve du régiment. La 11ème compagnie est détachée sur le flanc droit pour servir de soutien à un G.A.D. placé en surveillance sur la croupe à l’ouest de Gomery, face au nord-est. A ce moment le feu de l’artillerie adverse, qui a déjà été ouvert sur les deux premiers bataillons, se tourne contre le 3ème et lui cause quelques pertes; il est 9h15. Cependant, le 2ème bataillon est arrivé à la lisière du bois dans laquelle il pénètre; le 1er bataillon est déployé en arrière, et s’arrête; bientôt, on apprend que les compagnies du 2ème bataillon, arrivées à la lisière opposée, face à Ethe, ne peuvent déboucher, tant est violent le feu de l’artillerie et des mitrailleuses; la 7ème compagnie éprouve en quelques minutes des pertes considérables. La 7ème division est obligée de se replier devant la supériorité de l’ennemi en effectif et surtout en artillerie. Pendant la retraite, le 102ème fait preuve de vaillance. Le 1er bataillon reçoit l’ordre de se déployer sur la croupe entre Ethe et Gomery et de tenir la lisière de ce village; le repli s’exécute d’abord par le 101ème, puis par le 2ème bataillon du 102ème continue par échelon par les compagnies du 1er. A ce moment (15h), des balles venant de gauche commencent à siffler. Ce sont des éléments allemands qui se sont infiltrés vers Latour et qui menacent notre flanc. Une contre-attaque avec les trois compagnies disponibles du 3ème bataillon est lancée aussitôt et arrête les velléités de l’ennemi. A 17h30, l’ordre est donné de se replier; le mouvement s’exécute sous la protection de la 11ème compagnie et de la section de mitrailleuses. Ces différents engagements se terminent par un repli sur Marville, où le régiment doit s’organiser défensivement.

Débarqué les 6 et 7 septembre à Pantin, le régiment, de nouveau poussé en chemin de fer, arrive le 8 à Nanteuil-le-Haudouin. Il fait partie désormais de l'Armée du général Maunoury. Le régiment s'oppose d'abord vigoureusement aux tentatives agressives des arrière-gardes ennemies (région du bois Montrolles - Sennevières, où le 102ème vient cantonner le 9 septembre). Dans la soirée, le 1er bataillon qui a reçu la mission de se porter sur Silly-le-Long, se trouve tout à coup en face de forces ennemies importantes; un vif engagement se produit, l’ennemi bat en retraite sur Versigny. Le lendemain de cet engagement heureux, où les hommes font toujours montre d’un grand entrain et d’une grande bravoure, la marche en avant continue. A son passage à Silly-le-Long, le régiment a été reconstitué. Le 12 septembre, continuation de la poursuite par Retheuil, Croutois, pont d’Attichy. le 3ème bataillon reçoit la mission de progresser sur le plateau, tandis que le 2ème s'avance par le ravin de Cuise-Lamotte sur Couloisy. Le 3ème bataillon, après avoir éprouvé sur le plateau de sérieuses pertes du fait de l’artillerie lourde ennemie, parvient jusqu’à la Maison-Blanche et fait connaître que le pont d’Attichy a été détruit par l’ennemi. Le 2ème bataillon arrive également à Couloisy où il cantonne. Le 1er bataillon, maintenu au sud de Martimont, cantonne à Bérongue. Le 13 septembre, les 2ème et 3ème bataillons, après avoir franchi l’Aisne, le 3ème sur une passerelle de fortune organisée par les habitants d'Attichy, le 2ème sur la passerelle de l’Ecluse (1 km ouest d'Attichy), forment l’avant-garde de la brigade et marchent sur la ferme de Touvent par la route du Val. Le 1er bataillon, qui est allé passer sur le pont de Lamotte, n’arrive qu’en fin de journée. Le 2ème bataillon a pu progresser malgré les rafales de l’artillerie jusqu’au nord de Touvent grâce au courage de ses hommes; il repousse, à la tombée de la nuit, une sérieuse contre-attaque allemande débouchant sur la gauche de notre ligue. Le 3ème bataillon, très réduit arrive à la ferme de Touvent. Les 14 et 15 septembre, déplacement vers l’Ouest; position d’attente en avant de Tracy-le-Mont (région du ravin de Puisaleine, de Quennevière, de la route de Nampcel) sous un violent feu d’artillerie. Le 16, attaque contre l’ennemi qui s’accroche au sol. Ce régiment a comme objectif Blérancourt. Le 2ème bataillon reste à Quennevière tandis que les 1er et 3ème bataillons marchent sur Blérancourt parla lisière sud du bois de la Montagne, la cote 153 et Blérancourt. A 14 h, les deux bataillons sont parvenus à la lisière sud-est du bois de la Montagne, près d'une batterie allemande installée vers la cote 153 et des tranchées allemandes qui abritent les soutiens de cette batterie. Tandis que le 1er bataillon se déploie en bordure du bois, pour soutenir par son feu l’attaque du 3ème, ce dernier reçoit l’ordre de prendre ses dispositions pour essayer d’enlever la batterie. La 10ème compagnie se porte à la baïonnette sur la batterie. Au moment où elle débouche à l'arrière de la crête qui couvre l’artillerie, elle est accueillie par une vive fusillade et des rafales de mitrailleuses. Elle doit s’arrêter en utilisant une tranchée allemande. Il lui est impossible de progresser tant la lisière est battue par les feux. Malgré l’héroïsme des troupes et l’aide d’un bataillon de tirailleurs algériens, le but du régiment ne peut être atteint devant la violence du feu de l’artillerie ennemie, une contre-attaque ennemie particulièrement violente. A la fin de cette journée, le régiment reçoit l’ordre de rompre le combat.

En septembre 1914, la guerre s'est arrêtée devant le ravin de Puisaleine, aux lendemains de la bataille de la Marne. Situé à une quinzaine de kilomètres de Noyon et de Vic-sur-Aisne, ce site, situé au nord,de la Ferme de Quennevières, des communes de Carlepont, Tracy-le-Mont-Tracy-le-Val et Moulin sous Touvent, va se retrouver pendant près de trois ans et demi, sur la ligne de feu. C'est ici que les prémices de la Course à la Mer s'engagent, à l'extrême aile gauche de l'armée von KLUCK qui vient de se replier du champ de bataille de l'Ourcq, et que les premières tranchées vont être édifiées, après une dernière tentative de l'armée allemande de rejeter les troupes françaises du 4ème Corps d'Armée, pour l'essentiel composée de Parisiens, de Normands et de Bretons, dans la vallée de l'Aisne, au cours d'une offensive menée dans la nuit du 19 au 20 septembre 1914. Les Allemands, qui dévalent dans le ravin de Puisaleine, remontent jusqu'à la ferme de Quennevières qu'ils arrachent aux Français. Il faut plus d'un mois de combats aux Français pour récupérer cette position (30 octobre 1914), qui formera désormais un saillant au coeur des lignes ennemies.

 

extrait du J.M.O du 102è R.I. en date du 16 septembre 1914

 

transcription de l'acte de décès

l'un des ossuaires de la N.N. de Tracy

Le monument aux Morts du XVème arrondissement de Paris ne comporte pas de noms. Il faut re rapporter au livre d'Or qui se trouve à l'intérieur du la Mairie du XVème   >>>>>>>>>

caserne du 102 R.I.

une escouade du 102èmeRI en manoeuvre avant la guerre

 

Le 25, le régiment tient le front devant et autour de Marville. Le 2ème bataillon est en réserve. La veille au soir, le 3ème bataillon avait été retiré de Marville pour faire partie d’un détachement chargé d'une mission spéciale. Il ne reçoit l’ordre de rentrer de nouveau à Marville que le 25 à 5 h. Il fut assailli à son passage à Ham-devant-Marville, sur son flanc droit, par un ennemi composé d’infanterie et d'artillerie. Le 3ème bataillon contribue largement à tirer d’affaire la batterie du détachement menacée de très près par les fantassins ennemis.  Le 25, dès 4h 30, le régiment subit le feu de l'artillerie ennemie; l'artillerie lourde allemande canonne la croupe sud-ouest de Marville et l’artillerie de campagne s'acharne sur la cote 277. A 5 h, accalmie générale sur le plateau tandis que l’on entend la fusillade du côté de Ham-devant-Marville: c’est le groupe fourni la veille qui déclenche une contre-attaque contre Petit-Xivry. Pour parer à toute éventualité, la 1ère compagnie, disponible en arrière de la crête, occupe Marville jusqu'au retour du 3ème bataillon. A 7h10, le capitaine commandant la 3ème compagnie fait connaître par téléphone qu'il ouvre le feu sur une ligne de tirailleurs ennemis à 500 m de la rivière.C’est le commencement du combat d'infanterie. A 7h15, la canonnade reprend sur la croupe 277 qui est battue entièrement par les projectiles de gros calibres et de petits calibres; la fusillade s'étend sur tout le front.

 

La défense est vigoureuse, mais l'artillerie lourde démolit les retranchements, cause de lourdes pertes et malgré des contre-attaques partielles énergiques, la poussée de l'adversaire oblige la division à continuer son repli au-delà de la Meuse. Le 25, le régiment est à Brieulles-sur-Meuse. La 7ème division continue son mouvement de repli sur Chemery. Le 1er bataillon du 102ème, après avoir recueilli deux bataillons du 101ème, forme avec ces derniers l’arrière-garde de la division d'infanterie. Le 30 août, le régiment s'installe définitivement à proximité de Chemery. Il va participer le 31 à un mouvement offensif de nos troupes pour arrêter l'ennemi dans ses entreprises de passage. Des le 30, à 13 h, le 102ème, avant-garde de la division d'infanterie, marche sur Beauclair, où est signalée la cavalerie ennemie. Il occupe les hauteurs au nord de Tailly et pénètre dans Beauclair où il cantonne. Le 31 août, la brigade reçoit à 4h30 l'ordre d'attaquer Beaufort et la lisière de la forêt de Dieulet; le 102ème doit attaquer Beaufort par la route et le 101ème la lisière du bois par la Tuilerie et le front sur la grand'route. Le 1er bataillon est chargé d'occuper Beaufort, ce qu'il fait sans coup férir avec la compagnie d'avant-garde; il garde les issues du village tandis que le 2ème bataillon se tient à la sortie sud prêt à le soutenir en cas d'attaque, et que le 3ème bataillon est maintenu en réserve à Beauclair. Vers 7 h, des coups de fusil partent des lisières du bois Dieulet. Le colonel du 101ème prévient que des éléments d'infanterie et de cavalerie assez importants débouchent de ces bois. Le feu augmente d'intensité; la 6ème compagnie est poussée vers la droite du village en soutien du 1er bataillon, tandis que la 5ème reçoit l'ordre de se porter vers la gauche où des mitrailleuses ennemies sont en position. Sans broncher malgré les lourdes pertes occasionnées par l'artillerie lourde ennemie, le régiment tiendra toute la journée ses positions, repoussera l'infanterie allemande et accomplira sa mission. Vers le soir, il reprend avec les autres éléments de la division son mouvement de repli  sur Remonville et finalement, le 3 septembre, les trois bataillons et l'état-major du régiment s'embarquent à Sainte-Ménéhould pour une destination inconnue.

 

 

Joseph Marie NICOLAS est porté disparu, à Puisaleine, commune de Moulin-sous-Touvent Oise, le 15 septembre, sur sa fiche matricule, tué à l'ennemi le 17 septembre (plus probablement le 16 septembre 1914 dans l'après-midi lors de l'assaut donnée à une batterie d'artillerie allemande) sur sa fiche du S.G.A.  Par ailleurs on ne trouve pas son nom dans les listes récapitulatives du J.M.O. Il avait 21 ans. Il était célibataire.

 

Les autorités militaires ignorent son lieu d'inhumation. Si ultérieurement son corps a été retrouvé et n'a pas pu être identifié. Il repose alors dans une tombe collective dite ossuaire. Peut-être dans le nécropole nationale de Tracy-le-Mont, la plus proche des lieux. Cette nécropole de plus d'un hectare trois cent, édifiée en 1920, contient 3.196 corps dont 1.313 en deux ossuaires.

 

Un jugement déclaratif du tribunal de la Seine en date du 22 octobre 1920 arrêtera la date officielle du décès au 17 septembre1914. Ce jugement sera transcrit dans les registres d'État-civil du XVème arrdt de Paris le 10 décembre 1920.

 

Aucun monument de Groix ne rappelle la mémoire de Joseph Marie NICOLAS

 

  


quelques hommes du 102ème R.I vers 1913