Mort pour la France

Paul GUILLAUME  (1882/1915)

Fils de Barnabé, né à Groix en 1844 et de Marie Rosalie LANCO, née à Groix en 1843, mariés à Groix en juin 1864, Paul GUILLAUME est né à Groix le 6 décembre 1882, dans le village de Locmaria. Il est le petit dernier d'une fratrie de 4 enfants. Très tôt, il se destine au métier de marin-pêcheur, comme son père, patron de pêche de la chaloupe "Les deux amis" Il s’embarque, sûrement avec lui, comme mousse vers l’âge de 12/13 ans, puis comme matelot. A l'époque de son conseil de révision en 1901, il est déjà inscrit maritime, son n° matricule est  / Groix.

 

Son numéro matricule au recrutement est le 569 / Lorient. Il effectue son service militaire au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient à partir du 4 mai 1902. Breveté chauffeur, il embarquera sur le "Marceau" du 25 octobre 1903 au 3mars 1904, sur le "Dupleix" du 5 mai 1904 au 5 octobre 1905, sur le "Desaix" du 5 octobre 1905 au 12 mai 1906 et sur le "Victor Hugo" du 18 septembre 1906 au 17 mars 1907.

 

le "Victor Hugo"

Rendu à ses foyers,  le 18 mars 1907, il reprend aussitôt ses activités maritimes. Il se marie à Groix, quelques mois après, le 7 novembre 1907, avec une groisillonne, Désirée Marie TROMELEUE, née en 1886. Ils résideront à Locmaria et auront 3 enfants.

 

Paul GUILLAUME décède le 11 août 1915 sur le territoire de la commune de Vienne-le-Château.


Paul GUILLAUME est rappelé en août 1914, au 3ème dépôt des équipages de la flotte, mais la Marine n'ayant pas de poste à lui proposer le renvoie dans ses foyers.

 

Par contre, il est versé en décembre 1914 dans l'armée de terre qui l'affecte au  6ème Régiment d'infanterie coloniale dont le dépôt se trouve à Lyon. Il arrive au corps le 4 mars 1915. Après quelques semaines d'entrainement., Paul est envoyé avec un contingent de renfort au front (le même qu'un autre groisillon Gustave GALLENNE), le 14 juin 1915. A cette époque, le 6ème R.I.C. cantonne à Charmontois l'Abbé, au sud de Ste Ménéhould pour une période de repos jusqu'au 20 juin. 

La brigade est alors rattachée au 2ème C.A., le 5ème R.I.C. et l'E.-M. de la brigade opérant avec la 3ème D.I. et le 6ème R.I.C. avec la 4ème  D.I.  

 

Le 12 juin, la brigade est relevée et va au repos. C'est à ce moment que Gustave GALENNE et Paul GUILLAUME rejoignent leur régiment au front

 

Le 20 juin, le 6ème RIC est affecté à la 2ème brigade coloniale rattachée à la 15ème Division coloniale, nouvellement créée. Par étape, le régiment rejoint Saint Julien de Courtisols et Somme-Vesle où il arrive le 24 juin. Il y reste jusqu'au 2 juillet, date à laquelle, il est embarqué en camions pour Sainte Ménéhould, où il stationne là pendant 3 jours. Le soir du 5 juillet, le régiment quitte Sainte-Ménéhould pour La Neuville-au-Pont, où il rejoint la 15ème D.I.C., mis à disposition du 32ème C.A.

Les 1er et 6ème  RIC se relayent dans les tranchées en 1ère ligne dans le bois de la Gruerie (secteur du ravin de la Houyette entre Vienne le Château et La Harazée). 

 

Le 16 juillet, les allemands effectuent un bombardement systématique des premières lignes. Les hommes du 6ème continuent les travaux d'aménagements des tranchées. Pertes: 1 s/officier blessé, 2 hommes tués et 11 blessés.

Le 17 est identique. Pertes: 2 s/off. blessés, 3 hommes tués, 7 blessés

Le 18, même situation. Pertes: 2 s/off. blessés, 2 hommes tués, 1 blessé

Le 19, le 3ème bataillon "Cazeaux" est relevé, et va au repos aux abris de la Houyette. Les deux autres restent en première ligne. Pertes: 1 s/off. blessé, 6 hommes blessés

Le 20 est une journée calme, mais tout de même 1 officier tué, 1 homme tué et 10 blessés.

Le 21, même situation les 1er et 2ème bataillon sont relevés dans la nuit. Ils vont au repos aux abris de la Sapinière et aux abris des Coloniaux.

Le 8 est noté "de nombreux échanges d’artillerie de par et d'autre.

 

Le 9, le JMO du 6ème dit «Rien de particulier, », mais note quand même 8 tués et 13 blessés. Idem le 10 avec 2 tués et 6 blessés… comme une sorte de routine. 

 

Le 11 août, alors que le 6ème est en première ligne, il subit une violente attaque le 11 aout. A partir de 4h, intense préparation d’artillerie, agrémentée de gaz asphyxiants, jusqu’à 7h écrasant complètement les nids de mitrailleuses. Après attaques et contre-attaques du 11 et du 12, la 1ère ligne fut perdue et quelques tranchées de soutien. Les pertes furent gigantesques. 50  officiers  et sous-officiers (12 tués, 22 blessés, 19 disparus) et près de 900 hommes de troupes (97 tués, 488 blessés et 273 disparus) hors de combat. Paul GUILLAUME est parmi les disparus.

Paul GUILLAUME est déclaré disparu suite aux combats du 11 août 1915 dans l'ouest du bois de la Gruerie, sur le territoire de la Commune de Vienne le Château (Marne). Il n'est pas retrouvé dans les jours suivants, ni dans les listes de prisonniers fournies par l'ennemi.

 

Il faudra attendre un jugement du tribunal de Lorient en date du 3 décembre1920 pour que sa mort soit confirmée.

 

Ultérieurement son corps n'a pas été retrouvé ou pas pu être identifié. il repose donc, selon toute hypothèse, dans l'un des ossuaires à proximité du champ de bataille; probablement celui de la Gruerie dans la Nécropole de Vienne-le-Château (Marne) ou plus de 10 000 soldats inconnus sont inhumés.

 

Mais revenons un peu en arrièrele 7 août 1914, le 6ème colonial quitta Lyon (fort St Irénée), pour la Lorraine et plus précisément Epinal, qui est le point de concentration. Il fait partie de la 2ème brigade d'infanterie coloniale (5ème et 6ème R.I.C.) membre de le 1ère D.I.C intégrée à la 1ère armée. Elle est composée de 3 bataillons.

 

La 2ème B.I.C (5ème et 6ème R.I.C.) après avoir participé à la bataille des frontières en Lorraine et dans les Vosges (col de la Chipotte).  Fin septembre, elle est dirigée sur Toul pour être ensuite acheminée sur la région de Saint-Mihiel, laissant provisoirement 2 bataillons (bataillons Durand et Schéer) dans les Vosges. A cette date, la brigade est rattachée à la 44ème D.I. indépendante (général Vassart), région de Saint-Mihiel.    

 

Vers le 11 novembre 1914, 2 bataillons du 6ème R.I.C. sont dirigés sur la région d'Ypres. Ils rejoindront quelques semaines plus tard le reste du régiment parti en janvier 1915, avec la brigade, sur l'Argonne (bois de la Gruerie, La Fontaine-aux-Charmes).

Dans la nuit du 6 au 7 juillet le régiment va relever le 100ème R.I. dans les tranchées du bois de la Gruerie, à l'est de la route Vienne/Binarville. Les 3 bataillons sont en 1ère ligne... Jusqu'au 13 juillet les journées sont relativement calmes, mais les bombardements entravent les travaux de renforcement des tranchées. Chaque jour déplore son lot de quelques tués et quelques blessés...

 

Le 14 juillet le 5ème RIC attaque les lignes allemandes, le 6ème RIC a pour mission de garder les premières lignes françaises en cas de contre-attaque. L'attaque échoue, ordre est donné de réitérer, C'est encore le 5ème qui s'y colle le lendemain. Nouvel échec. Le 5ème est ramené à l'arrière pour se reconstituer; Le 6ème est seul pour garder la 1ère ligne.

Du 22 au 28 juillet tout le régiment est au repos en 2ème ligne. La nuit du 28 au 29, le régiment monte en ligne pour relever le 1er RIC.

 

29 juillet, la journée est calme, mais les allemands font des tirs systématiques sur les "travailleurs". Pertes: 12 hommes blessés.

 

30 juillet, les compagnies travaillent activement aux différentes organisations. Les allemands essaient de gêner par un tir lent et systématique. Pertes: 5 hommes blessés.

 

31 juillet, même situation... Deux compagnies du 3ème bataillon gagnent du terrain et doivent s'installer sur place. Pertes: 10 blessés.

 

1er août, rien de particulier (affirme le JMO), le secteur est calme Pertes (tout de même): 1 tué et 14 blessés.

 

2 août, même situation, continuation des travaux. Pertes; 1 s/off blessé, 1 homme tué.

 

3 août : tout le régiment devait être relevé, finalement seul le 1er bataillon l'est.

 

Le 4, 5 et le 6 même situation.

 

Le 7 aout, à 3h45, les allemands enlèvent par surprise au 1er RIC, après avoir fait sauté 2 fourneaux de mines, une partie de la tranchée dite du ‘Doigt de gant». La 5ème Cie, puis la 6ème en soirée, du 6ème RIC sont chargés de contre-attaquer. Le soir du 7, c’est chose faite au prix de pertes sensibles. Pertes 1 off tué, 1 blessé, 2 s/off tués, 2 blessés, 16 hommes tués, et 50 blessés.

 

Le jugement de confirmation de décès a été transcrit dans les registres d'État-civil de la Commune de Groix, le 8 janvier 1921.

 

Son nom est gravé sur le Monument aux Morts de la Commune de Groix,  sur la plaque de l'Écomusée et curieusement, pour un disparu, sur la plaque de l'Église.