Mort pour la France
Joseph Marie BARON (1880/1915)
Fils de Jean Marie (né en 1846, mort en 1896), marié à Groix, le 16 septembre 1877 avec Marie Anne BOTERFF (née en 1855), Joseph Marie BARON est né le 24 janvier 1880 à Groix dans le village de Moustéro. Il est l’aîné d’une fratrie de 7 enfants.
Vers les années 1895, il commence son apprentissage de marin-pêcheur, d’abord mousse, puis matelot. Son n° matricule à l’inscription maritime est probablement le 1443 / Groix.
Il passe son conseil de révision à Port-Louis en 1899. Son n° matricule est le 1443 / Lorient. Il effectue son service militaire à partir de 1900 au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient?
Il se marie à Groix, le 29 mai 1906 avec Sophie PUILLON (née à Groix en 1880). Le couple qui vit à Groix, dans le village de Moustéro semble ne pas avoir eu d'enfants.
Il décède des suites de ses blessures de guerre le 16 juin 1915 à La Harazée, commune de Vienne le Château.
A la mobilisation Joseph Marie BARON est appelé au 3ème dépôt des équipages de la flotte. la Marine ne lui trouve pas d'affectation dans ses rangs, il est donc versé dans l'Armée de terre et affecté, le 22 décembre 1914, au 2ème RIC, dont le dépôt se trouve à Brest. Il s'y présente le 24 décembre.
Après quelques semaines de formation, il rejoint ce régiment sur le front le 11 mars 1915. Il est probable qu'il ait rejoint ce régiment sur le front, dans le même contingent de renfort que Pierre GROSSIN, Ange CAUDAL, Émile BARON, Joseph Marie BERNARD, Isidore Yvon, Pierre BLANCHARD, Élie EVEN et Yves LANCO, huit autres groisillons. Celui-ci se trouve à cette date dans un secteur de l'Argonne à Servon.
Journal de la 1ère brigade coloniale (en l'absence du JMO du 2ème RIC, disparu). On constate que contrairement à ce qu'écrit l'Historique du 2ème RIC, celui-ci est encore sur le front jusqu'au 16 juin.
* 6 juin 1915 midi au 7 midi... Les relèves se continuent... Dans le secteur de Bagatelle, les troupes de la 1ère brigade coloniale prennent leurs emplacements... Guerre de mines et de bombes. Pertes : 1 tué - 8 blessés
* 7 juin midi au 8 midi... Guerre de mines... Formation d'entonnoirs, creusement de tranchées et de boyaux jusqu'à l'entonnoir, création de créneaux ... Une mine allemande et une mine française ont sautées. Pertes : 2 tué - 80 blessés
La brigade coloniale est entièrement en ligne. Le 1er bataillon du 2ème RIC tient le sous secteur H.
* 8 juin midi au 9 midi... grande activité de l'ennemi au cours de l'après-midi. Il a lancé des bombes de tous calibres, canonné les tranchées du secteur H, particulièrement à 13h30, au moment où il a fait "jouer" un fourneau de mine et vers 14h45, heure où l'une de nos mines a sautée. Nous avons répondu sévèrement... Vers 22h30, le sous-secteur H été violemment bombardé... Notre artillerie est intervenue à 2 reprises et le calme est revenu... Calme le reste de la nuit. Le matin à 6h les allemands ont fait "jouer" une mine à la gauche de H. Dégats peu importants. Pertes : 2 tués - 33 blessés
* 9 juin midi au 10 midi ... Activité moyenne de part et d'autre, puis à partir de 14h bombardement violent (77, 105,...) A 16h35 un fourneau de mine française explose devant le front du H et provoque une riposte (artillerie et minenwiefer) sur nos tranchées . Le 155 rentre en action et cause des dégâts sur les lignes allemandes; vers 20h30 une vive fusillade se propage, accompagnée de bombes sur B et B2. En début de matinée du 10, deux mines allemandes explosent, quoique que les entonnoirs n'atteignent pas nos tranchées de sérieux dégâts y sont commis. Vers 8h30 un bombardement commence. L'artillerie allemande se tait, dès que la notre rentre en action. Nos hommes ont répliqués très énergiquement... Pertes : 7 tués dont 1 officier, et 34 blessés
* 10 juin midi au 11 midi... Même physionomie que les jours précédents. Lancement de bombes et de pétards presque continuellement. Notre artillerie exécute des tirs de riposte contre les tranchées. L'artillerie allemande est très active, canonnant nos 2ème lignes, particulièrement en 77. Nous avons fait exploser une mine à 16h30. Résultats bons.
Le travail consiste essentiellement à réparer les tranchées éboulées, à établir des éléments de tranchées pour border les entonnoirs, les relier et plier des créneaux. Pertes : 8 tués et 22 blessés dont un s/lieutenant du 2ème RIC
Joseph Marie BARON, blessé le 14 juin, est retrouvé mort sur le champ de bataille, de la Harazée, route de Bagatelle, commune de Vienne-le-Chateau, le 16 juin par des brancardiers de la 42ème Division. Il avait 35 ans. Il laisse une veuve.
Curieusement un jugement déclaratif est prononcé par le tribunal de Lorient le 24 septembre 1917, confirmant sa mort, en date du 14 juin 1915. Celui-ci a-t-il été enfoui lors de l'explosion d'une mine le 14 et son corps retrouvé le 16 juin ?
S'il est retrouvé, le bordereau du Groupe de Brancardiers de la 42ème Division en atteste (voir ci-dessous), un acte de décès aurait du être établi, en fait il semble n'en être rien, puisqu'il faut un jugement du tribunal de Lorient le 24 septembre 1917 qui atteste de son décès.
Par ailleurs, il a du être enterré dans un cimetière militaire proche des lieux de combat. Or, les autorités militaires ignorent son lieu d'inhumation. Il est possible que par la suite, au gré des combats, sa tombe ait été détruite et si son corps a été retrouvé après la fin des hostilités, il n'a pu être identifié. Il se trouve probablement dans l'un des ossuaires proches. Il y a trois possibilités le plus probable étant la NN du Bois de la Gruerie ou l'ossuaire accueille plus de 10 000 corps, ou alors la NN de St Thomas, ou celle de La Harazée.
relevé des morts sur le champ de bataille de La Harazée, en date du 16 juin 1915 par le Groupe de Brancardiers de la 42ème Division
J.O. du 30 janvier 1920
Le nom de Joseph Marie BARON, est gravé sur les différents monuments de Groix. Daté le 16 juin sur le plaque de l'église (voir ci-dessous)
Mais revenons un peu en arrière. Le 2ème RIC a son dépôt à Brest, il est membre de la 1ère Brigade Coloniale rattachée à la 3ème Division Coloniale. Il dispose de 3 bataillons.
En août 1914, le 2ème RIC participe à la bataille des frontières et il combat à Rossignol le 22 août. Durant les combats, le régiment perd 2850 hommes mis hors de combat, puis à Villers-sur-Semoy. Là, craignant qu’il tombât au main de l’ennemi, le drapeau du régiment est enfouit en terre par le soldat LE GUIDEC. Il retraite par Cernay-en-Dormois, Ville-sur-Tourbe puis bois de Ville, il combat à la ferme de Touanges et à Servon.
Le régiment est reconstitué le 17 septembre, avec seulement 2 bataillons, suite aux pertes des précédents combats. Il est dans le secteur de Minaucourt, cote 180, Massiges de la fin septembre à novembre. Il passe en Argonne vers le 13 novembre: bois de la Gruerie, le Four-de-Paris, Chaudefontaine, Fontaine-aux-Charmes, puis dans le secteur de Servon de janvier 1915 jusqu’au 8 juin. Durant cette période, le secteur est calme, et le 2ème RIC se relaie tous les 5 jours avec le 1er RIC. Il ne se passe pas d'évènements très importants, sauf le 29 janvier 1915, où le 3ème bataillon est alerté et engagé dans la partie sud-ouest du bois de la Gruerie pour coopérer avec la 40ème D.I. à une contre-attaque dirigée contre les Allemands qui ont pris des tranchées.
* 11 juin midi au 12 midi... Même situation. Le 11 en soirée explosions de trois de nos mines devant F et B où sont lancés aussi quelques bombes asphyxiantes; les tranchées allemandes ont été bouleversées... Chez nous 50 m de tranchées ont été comblés et une mitrailleuse détériorée... Tout est remis en état ... Vers 4h30, nous avons fait "jouer" une nouvelle mine en B2 ou il y a eu également des bombes asphyxiantes. Pertes 5 tués et 13 blessés.
* 12 juin midi au 13 midi... Même situation... Toujours beaucoup de dégâts aux tranchées qui demandes des réparations longues et difficiles. A 2h15 le Génie a fait sauter une mine à la limite N.O. du sous-secteur et camouflé vers 20h une galerie ennemie... Vers 4h une autre de nos mines a joué sur la droite dans le sous secteur B1. Notre artillerie a empêché les allemands de travailler sur l'entonnoir. Une mine française a explosé devant la gauche de H. pertes : 8tués 26 blessés.
* 13 juin midi au 14 midi... Même situation... Beaucoup de travail de nuit pour raccorder les tranchées... nous avons empêcher le travail ennemi pour raccorder les lèvres des entonnoirs. Nous y réussissons souvent. Nous semblons avoir fait sauter un minenwerfer. Relevé du 3ème bataillon du 1er RIC en H sans incidents. Pertes : 5 tués 24 blessés.
* 14 juin midi au 15 midi...Poursuite de la lutte par bombes, pétards et grenades... 3 mines allemandes ont jouées vers 15h15 devant F et b1... Pertes sensibles en hommes et dégâts matériels importants... Nos pièces de 155 s'attaquent au blockhaus 4 allemands en face de F. A 20 h, une mine française explose devant b2 , le 15 à 6h15, une mine française explose devant b2, à 11h50 une mine allemande explose en face de b2... nos dégâts matériels... beaucoup de travail pour réparer. Pertes : 12 tués... 26 blessés dont plusieurs officiers et Joseph Marie BARON. Celui est-il resté sur le terrain, a-t-il été emmené dans un poste de secours ?
* 15 juin midi au 16 juin midi... Situation identique... Les 1er (b2) et 3ème bataillon (Beaumanoir) du 2ème RIC sont relevés à 3h. Le 2ème bataillon (H) est également relevé. Pertes : 4 tués dont le soldat Joseph Marie BARON dont le décès est constaté par le Groupe de brancardiers de la 42ème Division, 18 blessés.
Le 1er RIC est relevé le lendemain nuit du 17 au 18 juin.
Le 16 juin le 2ème RIC est déplacé à Givry en Argonne, le 18 juin toute la brigade est réunie à Vieil Dampierre.
... à titre indicatif en 1914 et 1915, le 2ème RIC régiment d'un effectif moyen de 3 000 homes a reçu en renfort presque 14.000 hommes.
pas trouvé l'acte de décès sur le registre d'état-civil ?
Ossuaire du Bois de la Gruerie à Vienne-le-Château (Marne)