Mort pour la France

Joachim PENHO(U)ET (1874/1915)

 

Fils de Maurice, marin pêcheur, né à Groix en 1837 et de Marguerite YVON, née à Groix en 1832, mariés en 1872 et résidants dans le village de Locmaria, Joachim PENHO(U)ET est né le 7 novembre 1874 à Groix dans le village de Locmaria. C'est le petit dernier d'une fratrie de 5 enfants issus de 2 mariages.

 

Après quelques années sur les bancs de l'école, il embarque pour apprendre le métier de marin-pêcheur, comme son père. D'abord mousse vers l'âge de 12/13 ans, il devient matelot et lorsqu'il passe devant le conseil de recrutement, il est déjà inscrit maritime sous ne n° matricule  / Groix. 

 

Son n° matricule au recrutement est le 701 / Lorient. Il est sursitaire en octobre 1894 ayant un frère déjà sous les drapeaux. Il est levé le 8 octobre 1896 et est affecté au 3ème dépôt des équipages à Lorient. Il embarque sur le vaisseau "Amiral Duperré" du 13 novembre 1896 au 31 juillet 1897. Il est rendu à la vie civile, le 9 novembre 1897.

 

Joachim PENHOUET se marie le 5 novembre 1901 à Groix, avec une groisillonne, Jeanne Marie TONNERRE, née en 1881. Ils résideront à Groix, dans le village de Locmaria et auront 4 enfants.

 

Joachim PENHOUET décède le 19 octobre 1915 à Vitry-le-François (Marne).

 


Lorsque la guerre est déclaré en août 1914, Joachim aura 40 ans dans quelques semaines et déjà 4 enfants.  Il est appelé au 3ème dépôt des équipages de la flotte, mais la Marine ne trouve pas d'affectation pour un "pépère" (surnom donné aux hommes relevant de l'armée territoriale) dans ses rangs. Joachim est d'abord renvoyé chez lui, puis versé, le 27 novembre 1914 dans l'Armée de terre, et plus précisément dans les troupes coloniales, qui manque de bras après les évènements meurtriers de l'automne 1914. Il est affecté et arrive au dépôt du 6ème Régiment d'infanterie coloniale, à Lyon (fort Saint-Irénée), le 17 décembre 1914.

 

Après quelques semaines de formation, il rejoint le 36ème régiment d'infanterie coloniale sur le front, dans un contingent de renfort ( dans lequel on trouve un pays Ange Marie GOURONC) parti de Lyon le 20 avril 1915. Il arrive quelques jours après dans un secteur au nord de Lunéville (Sommerviller, Maixe en Meurthe et Moselle) Les hommes sont rapidement répartis dans les compagnies.

 

 

 

Le 26 octobre, il prend part à une forte reconnaissance offensive qui pousse dans la direction de Bezange jusqu'au territoire annexé, et procure de nombreux prisonniers. Après un repos à Sommervillers, il tient un secteur au nord du canal de la Marne au Rhin (région de Bathelémont-Bauzemont) jusqu'au milieu de février 1915. 

 

Le 18 février, le 36ème colonial se porte par Dieulouard dans la forêt de Facq pour prendre part à l'attaque de la position; Signal Xon-Norroy, dont l'ennemi vient de s'emparer par un audacieux coup de main. C'est le 4ème bataillon qui est désigné pour attaquer le signal de Xon (au nord-est de Pont-à-Mousson). Encadré à droite par le 22ème R.I. attaquant Norroy, à gauche par un groupe de couverture du 18ème chasseurs, le bataillon se porte à l'attaque  et enlève l'objectif de haute lutte. L'artillerie ennemie a fait subir au bataillon des pertes sérieuses mais sans affecter l'élan ni l'ordre des troupes. C'est un succès brillant au cours duquel le service médical s'est distingué et a été particulièrement éprouvé. 

 

Une citation à l'ordre du 2ème groupe de division est accordée au bataillon. 

secteur de Bois le Prêtre dont le 36ème RIC à la garde

 

Le 18, septembre, la division coloniale est relevée de Lorraine et devient réserve du groupe d'armées de l'Est. Elle est appelée en Champagne où le régiment débarque le 3 septembre à Somme-Suippes. 

 

La Bataille de Champagne engagée le 25 septembre se poursuit victorieusement à l'Ouest, la 4ème armée a percé le front ennemi. Le moral des troupes est élevé. On a vu défiler les prisonniers ennemis, le terrain bouleversé porte les traces de notre écrasante supériorité en artillerie et de notre victoire. 

 

Après une installation de nuit imparfaite., dans le secteur qui va de la cote 193 au chemin Perthes-Somme-Py, le régiment est lancé à l'attaque le 29, à 14 h. Mais l'ennemi s'est ressaisi, ses renforts occupent solidement les deuxièmes positions à contre-pente dont les tranchées sont protégées par des réseaux intacts. Malgré un entrain remarquable l'attaque est brisée sur les réseaux par un feu violent d'infanterie et de mitrailleuses. 

 

Jusqu'au 5 octobre, la préparation reprend, l'ennemi riposte. Les pertes sont sensibles. 

 

Le 6 octobre, l'attaque est lancée à 7 h. Les trois vagues d'assaut sont fauchées par les mitrailleuses dont le feu est infernal. A 8 heures l'ordre arrive de réussir coûte que coûte. Mais l'attaque est remise en raison des pertes trop lourdes. L'élan, la bravoure et l'ardeur déployés par tous ont été remarquables, mais, dans ces journées, le sort de la guerre est défavorable au régiment qui subit des pertes cruelles. 

 

Les pertes sont très lourdes : 51 morts, 230 blessés et 153 disparus, dont Joachim PENHOET qui est probablement blessé ce jour.

 

Dans la soirée du 6, le régiment est relevé; jusqu'au 8 novembre il cantonne dans la région et monte en ligne au bois d'Hauzy (secteur calme). 

une ambulance de campagne

acte de décès

J.O. du 9 décembre 1915

extrait du nouvelliste du Morbihan, en date du 22 décembre 1915

extrait du nouvelliste du Morbihan, en date du 21 juillet 1921

 

Mais revenons un peu en arrière, Le 36ème Régiment d’Infanterie Coloniale est un régiment de réserve issue du 6ème RIC qui au début de la guerre compte plus de 2032 hommes et 50 officiers. Il est dirigé, le 7 août, vers la frontière italienne pour la garder. Désigné pour faire partie de l'armée des Alpes (74ème division), il débarque à Saint-Pierre-d'Albigny en Savoie. Après s'être assuré que l’Italie ne marche pas aux coté de l’Allemagne, la 74ème division est embarquée le 20 août à Montmélian, et débarqué en Lorraine où ils arrivent les 21 et 22 août. De là commence le mouvement vers l’Est et plus particulièrement vers la ville de Gerbéviller.

 

Le 36ème RIC connaît l’épreuve du feu dès le 25 août et comptabilise une série de revers (Le chef du 4ème bataillon de ce régiment sera fusillé le 1er septembre à 18h30 à Remenoville pour avoir tenté de se rendre le 25 aout 1914 avec ses hommes à partir d’une tranchée à la hauteur de la gare d’Einvaux (Meurthe et Moselle). Il aurait dit à ses hommes : « nous sommes dans telle condition, il n’y a plus qu’à se rendre »). Les 29 et 30 août, 6 compagnies du 36ème RIC, profitant du brouillard attaquent au nord de la rivière Mortagne. L'ennemi est retranché aux lisières sud de bois. Ces unités sont surprises en formation de manœuvre au moment où le brouillard se dissipe. Les renseignements précis manquent. Les pertes sont énormes et le JMO de régiment fait état de lourdes pertes. Le régiment perd en deux jours la moitié de ses effectifs : « 4 officiers tués, 69 blessés, 6 disparus et 230 hommes de troupes morts, 900 blessés ou disparus». Les pertes sont telles que le 36ème colonial passe sous les ordres d'un régiment d'infanterie, le 229ème, il en forme le 3ème bataillon; Avec ce régiment, il prend part dans la région de Méménil aux opérations qui aboutissent à la délivrance de Lunéville. Il fait son entrée le 13 septembre dans la ville. Il s'initie aux premiers travaux de la guerre de tranchées, et s'installe définitivement le 15 septembre dans la région de Sionviller face à la forêt de Parroy

 

Le 7 octobre 1914, 12 sous-officiers et 777 hommes arriveront du dépôt en renfort, ce qui lui permettra de se reconstituer en entité autonome.

 

Le régiment revient dans le secteur Bathelémont, bois de Benamont, La Fourrasse (au nord de Luneville)

 

De mars à fin juin dans ce secteur assez calme, l'existence habituelle de la vie de tranchées n'est troublée que par quelques reconnaissances (notamment au début de juin sur la ferme Haute-Riouville) et quelques bombardements traduisant de part et d'autre l'inquiétude causée par les travaux de défense.

 

Le contingent de renfort auquel appartient Joachim arrive vers la fin avril 1915. Les hommes répartis dans les différentes compagnies prennent part immédiatement aux différentes actions : patrouilles, gardes des tranchées, travaux,... Joachim PENHOET est affecté à la 24ème compagnie (6ème bataillon) Certains registres le dénomme 5ème bataillon et dans ce cas c'est la 20ème compagnie.

 

 

Le 28 juin, le 36ème colonial quitte la 74ème Division d'Infanterie et est affecté à la 16ème D.I.C., pour entrer dans la nouvelle constitution de la 31ème brigade d'infanterie coloniale. Celle-ci étant mise à disposition de la 73ème D.I. dans le secteur de Bois-le-Prêtre.

 

Arrivé le 30 juin au Bois-Le-Prêtre, dans le secteur de Fey-en-Haye, le 36ème RIC monte en ligne le 1er juillet. Le même jour commence la préparation d'artillerie à une attaque ennemie. Le bombardement devient de plus en plus violent et le 4 juillet l'ennemi attaque le «Quart-de-Réserve et l'Eperon». Les 3 compagnies du 36ème colonial en secteur à l'Eperon sont anéanties après des prodiges d'héroïsme, et après avoir fait subir à l'ennemi des pertes terribles. Une contre-attaque permet de reconquérir la plus grande partie du terrain perdu. Jusqu'au 30 juillet, les bombar-dements, attaques et contre-attaques se succèdent sans trêve. Les pertes sont lourdes. Le régiment éprouvé est il amené au repos dans la région de Verdun. Mais la tentative de l'ennemi de percer en direction de Pont-à-Mousson a été enrayée. De nombreuses citations récompensent de nombreux faits d'armes. 

 

Pendant le mois d'août, et jusqu'au 12 septembre, le régiment occupe dans le Bois-le-Prêtre le secteur si tristement célèbre du carrefour Mouchoir - Croix-des-Carmes - Carrefour. Dans ce secteur où les tranchées adverses se touchent, c'est la lutte quotidienne à la grenade, la guerre de mines, le bombardement par l'artillerie de tranchée dont l'ennemi est largement pourvu. Les pertes sont lourdes et dans le vaste cimetière installé au nord de Montauville les tombes du 36ème colonial dressent des croix nombreuses.

 

Joachim PENHOET semble échapper au massacre.

 

 

Joachim PENHOET, blessé lors de l'offensive du 6 octobre 1915, est évacué sur l'ambulance 12/4 situé à Vitry-le-François. Malgré les soins, il décède le 19 octobre 1915, après 11 jours d'agonie, "Mort pour la France". Il aurait eu 41 ans, trois semaines après. Il laisse une veuve et 4 enfants dont le plus jeune a un peu plus de 4 ans.

 

Son acte de décès sera transcrit dans les registres de Groix, le 18 avril 1916.

 

Après un inhumation de proximité le corps de Joachim PENHOET sera rapatrié et inhumé au cimetière de Groix. A cette occasion le maire de Groix, Émile Bihan, leur rendra hommage, ainsi qu'à Joseph MILLOCH, décédé à Château-Thierry en avril 1917.

 

 

Le nom de Joachim PENHOET est gravé sur les différents monuments mémoriels de la commune de Groix.

 

tombe de Joachim PENHOET, à Groix