Dundee "UNION RÉPUBLICAINE"

                            Coulé, par explosion provoquée par l'ennemi, le 25 septembre 1917

 

Union Républicaine"  est dundee de pêche groisillon immatriculé G. 650 dans le registre du quartier de Groix. Il a été construit en 1897 aux Sables d'Olonne, immatriculé en 1898, il jauge 39 tx, armé à la pêche au thon.

 

 

Il est la propriété de :

* Gildas BIHAN, marin-pêcheur, né le 16 novembre 1864 à Groix dans le bourg de Loctudy, fils de Gildas °1824 et de Marie Josèphe YVON °1834,  célibataire en 1898, il se marie en 1903, résidant au bourg de Loctudy, pour 3/9ème

* Charles Louis BIHAN, marin pêcheur, né le 2 août 1859, àGroix dans le village de époux de Maria Hyacinthe BIHAN de Locmaria, pour 2/9ème

* Tudy BIHAN, marin pêcheur, époux de Marie Josèphe LE DREFF de Locmaria, pour 2/9ème

* Théodore Joseph, dit Joseph, LE DREFF. (à vérifier), commerçant, époux de Anne Marie BIHAN (?), de Locmaria, pour 2/9ème

 

 

 

 

 

<<<<. Gildas BIHAN vers 1920

Gildas BIHAN vers 1920, co-propriétaire du "Union Républicaine"

 

Charles Louis BIHAN, vers 1900, co-propriétaire du "Union Républicaine"


 

Il change de main par deux fois en 1912

 

Joseph LE DREFF décède, et ce sont ses héritiers qui possèdent 2/9ème

Les autres co-propriétaires ne changent pas

 

Puis les héritiers LE DREF cèdent leur part à Jean Jacques MÉTAYER, marin-pêcheur, né le 25 avril 1863 à Groix dans le village de Moustéro, fils de Pierre Marie ° 1841 et de Marie Mauricette BEVEN °1835, époux de Théonille BLANCHARD, mariés en octobre 1890, résidant dans le village de Quelhuit, inscrit au quartier de Groix, mle ?, pour 2/9ème,

 

Les faits

 

" Le 25 Septembre 1917 à 7h, le dundee thonier "Union Républicaine" revenait à Concarneau après avoir effectué une pêche fructueuse pouvant se monter à 17 000 francs (environ 45 000 euros), lorsqu’il fut canonné par un sous-marin. Le capitaine Yvon mit en panne et ordonna l’évacuation. Il se trouvait alors par 48°05 N et 07°14 W.

 

Le sous-marin continua son tir, endommageant le thonier, puis s’approcha, appela le youyou et embarqua tout l’équipage à son bord. Il envoya trois de ses hommes poser des bombes sur "Union Républicaine", qui firent sauter le navire. Auparavant, comme à l’habitude, ils s’étaient emparés de vivres, vêtements et instruments de navigation.

 

Toutefois, avant de rendre la liberté au youyou, le commandant allemand fit restituer au capitaine Yvon le compas, le baromètre, la montre et ses jumelles, ainsi que quelques vêtements. Puis il s’éloigna.

 

Le youyou mit à la voile et fit route vers Ouessant, distant de 90 milles. Mais il n’avait à bord que du pain moisi et peu d’eau. Le lendemain, les hommes étaient à bout de force. Le vent avait fraîchi. La mer s’était creusée et embarquait. Le youyou se remplissait d’eau, malgré les efforts des matelots. Deux des marins, pris d’hallucinations, voyaient des feux partout. Les malheureux n’auraient pas passé une seconde nuit dans ces conditions.

Heureusement, à 17h, après 30 heures d'une très dure traversée, la frêle embarcation fut aperçue par le vapeur "Léda". Il recueillit les naufragés et les déposa à Brest. (nota : ce vapeur pourrait être un cargo finlandais de 1908, ou encore un cargo hollandais de 1898 qui fut torpillé en Décembre 1917)

Rapport du SHM 28 septembre 1917

L’officier enquêteur note :

« Le capitaine Yvon a été très éprouvé par la perte de son dundee. Il avait déjà été coulé avec son équipage en Mars  sur "Alice Charles", à 60 milles au large de La Rochelle. Juste avant, une mine avait explosé dans sa drague, endommageant gravement son navire. »

et il ajoute :

« Il y aurait lieu d’obliger les armateurs, qui semblent s’en désintéresser, à embarquer sur leurs navires, les dundees comme les autres, une petite provision de vivres, conserves et eau, convenablement enfermée dans une caisse et disposée à demeure dans les embarcations de sauvetage. »

 

Ce rapport appelle 3 commentaires.

 

1. /La suggestion de l’officier enquêteur est bien sûr pleine de bon sens. On ne peut que s’étonner de voir que fin 1917, alors que la guerre sous-marine fait rage depuis bien longtemps, de telles dispositions n’aient pas encore été rendues obligatoires. Mais c’est une constante que l’on retrouve tout au long des rapports officiels. Si l’on accorde une grande importance au sauvetage des papiers et des instructions secrètes, on semble accorder moins d’attention au sauvetage des hommes eux-mêmes.

 

2/ Les Allemands s’emparaient, quand ils le pouvaient, de tous les instruments de navigation. C’est un matériel coûteux, qui va manquer à l’adversaire, et être très utile pour eux. Dans le cas de "Union Républicaine", la restitution de ce matériel au capitaine Yvon est exceptionnelle et assez étonnante, au point qu’elle est relevée dans le rapport d’enquête. On peut penser que le commandant du sous-marin, ayant vu la fragilité du youyou, a voulu lui donner une chance d’atteindre Ouessant. Le compas, surtout était indispensable et les jumelles fort utiles.

On peut aussi penser (simple hypothèse) que le patron de "Union Républicaine", très choqué par la destruction de son dundee, de sa cargaison de poissons fruit d’une dure campagne, lui a confié que c’était la seconde fois qu’il était coulé et perdait tout. Devant la détresse manifestée par ce malheureux pêcheur, peut-être a-t-il éprouvé un certain remords…

 

3 / Enfin, une autre raison qui a pu choquer et stresser le capitaine du thonier est que le mousse était son fils.

 

 

Quand "Union Républicaine" a été coulé par un sous-marin, il avait à son bord un équipage composé de :

* Benjamin YVON, patron, 43 ans, né le 9 septembre 1873 à Groix dans le village de Quéhello, fils d'Yves YVON °1829 et de Marie Marguerite ALLANOT °1836, époux de Marie Sainte Tudyne STÉPHANT °1877, marié en mai 1902, domiciliés dans le village de Kerlo Bras, inscrit définitif au registre des gens de mer du quartier de Groix, matricule 1214 Groix,

* Jean François RIO (?), matelot, immatriculé à Auray

*Joseph BARON, matelot, 57 ans, né le 4 mai 1860 à Groix dans le village de Kervédan, fils de Jean Honoré °1821 et de Marie Josèphe YVON, époux de Marie Anne BARON °1861, mariés le 29 mai 1887 à Groix, résidant dans le village de Kervédan, inscrit définitif au registre des gens de mer du quartier de Groix, matricule 649 Groix.

* Henry Désiré TONNERRE (à vérifier) matelot, 32 ans, né le 14 juillet 1885 à Groix dans le village de , fils de Joachim °1857 et de Marie Philomène YVON °1859, époux de Marie Virginie PUREN(NE), née en 1884, mariés à Groix en octobre 1904, résidant dans le village de Kerduran inscrit définitif au registre des gens de mer du quartier de Groix, matricule1722 Groix;

* Hyacinthe STEPHAN,matelot, 18 ans, né le 25 mai 1899 à Groix, dans le village de Quéhello, fils de Gildas °1865 et de Marie Eugénie PUILLON °1881,  neveu de l'épouse du patron, célibataire, résidant à,Quéhello,  inscrit définitif au registre des gens de mer du quartier de Groix, matricule 1633 (?) Groix

* Pierre Marie C/GAUDAL, matelot, 23 ans, né le 11 juillet 1894 à Groix dans le village de Quelhuit, fils de Pierre Marie °1861 et de Marie Josèphe BARON °1862, célibataire en 1917, il se mariera avec Christine Eugènie BARON °1903 en mai 1920, domicilié à Quelhuit, inscrit définitif au registre des gens de mer du quartier de Groix, matricule 1976 Groix.

* Benjamin Louis YVON, mousse, âgé de13 ans, né le 19 août 1904 à Groix, dans le village de Kerlo-Bras, fils de Benjamin °1873 et de Marie Sainte Tudyne STÉPHANT °1877, célibataire, inscrit provisoire au registre des gens de mer du quartier de Groix, n° mle ?

 

 

 

 

Le sous-marin attaquant était l’U 90, que l'on aperçoit sur l'image c-contre commandé par le KL Walter REMY qui aura de nombreuses proies à son actif.

Ce sous-marin était de gros tonnage, long de 80 m, armé de 2 canons d’au moins 90 mm, peint en noir. L'équipage de "Union Républicaine a vu 25 hommes environ, portant des bonnets avec l’inscription «UNTERSEEBOOT».

 

Leur capitaine Walter REMY est né en juillet.1883, descendant d'une famille huguenote ayant fui la France à la Révocation de l'Edit de Nantes (1685). Entré dans la Marine Impériale en avril 1901, il a commencé la guerre comme officier artillerie sur un croiseur avant de se tourner vers l'arme sous-marine. Il passe une grande partie de l'année 1916 à l'école de Navigation sous-marine et reçoit le le 15 octobre 1916 le commandement de l'U 24. Le 2 aoû917, il quitte ce sous-marin pour prendre le commandement de l'U 90, un sous-marin neuf. Après un mois d'essais et d'entrainement, l'U 90 est rattaché à la 3 U-Flottille et basé à Wilhelmshaven.