Mort pour la France

Ange Joseph Marie BARON  (1873 / 1915)

3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient

dundee groisillon semblable au G1174

Après la marée, livraison aux conserveries

 

Fils de Firmin, un groisillon marin-pêcheur né en 1842 et de Sophie Bernard, une groisillonne née en 1842, mariés en novembre 1871, résidant dans le village de Kermario, Ange Joseph Marie BARON est né le 13 mars 1873 à Groix. Il est l'aîné d'une fratrie de 8 enfants.

 

Après quelques années passées sur le bancs de l'école, il fait son apprentissage de marin pêcheur, d'abord comme mousse, puis comme matelot sur les dundees groisillons.

 

Lorsqu'il passe devant la commission de recrutement en 1891, il est déjà inscrit maritime sous le n°  ? / Groix.

 

Lors de sa levée (incorporation), sous le n° matricule au recrutement 767 / Lorient pour son service militaire, il est déclaré sursitaire, étant l'aîné d'une fratrie de 7 autres enfants. Il sera affecté en 1893. Il réalise une période de réserve du 6 novembre au 3 décembre 1899.

 

Il se marie à Groix le 22 octobre 1900 avec une groisillonne, une cousine éloignée, Jeanne Marie BARON, née en 1872. Ils auront 5 enfants et résideront à Kerloret.

 

Ange BARON a navigué sur de nombreux bateaux de pêche (notamment le "Vauban" et l'Henriette"), puis il sera copropriétaire à 6 / 16ème d'un dundee G 1174 "Les deux Jeanne" (construit à Paimpol en 1914) et en sera le patron à la pêche.

 

Ange décède le 14 juin 1915 à Sedd Ul Bahr en Turquie. C'est l'un des groisillons mobilisés militairement les plus âgès.


 

En 1914, Ange Joseph BARON qui a 41 ans et qui n'a pas fait de service militaire (à confirmer) a été appelé dans les troupes de réserve de la Marine, au 3ème dépôt des équipages de la flotte de Lorient, mais la marine n'a pas de mission à lui confier, il est donc versé dans l'Armée de terre, le 27 novembre 1914.

 

Ange est affecté au 6ème R.I.C., stationné au fort Sainte Irénée de Lyon pour une période de formation. A l'issue de celle-ci, il est affecté au 6ème R.M.I.C le 13 mai 1915 (qui deviendra le 56ème RIC le 16 août 1915) pour rejoindre le front avec un contingent de renfort. Il fait le voyage avec d'autres groisillons et notamment son cousin germain, Victor BARON, et de Jean François DIBERDER, Théodore LANCO, Charles SIMON. Il est affecté à la 9ème compagnie (3ème bataillon).

 

Lorsqu'il arrive, le général Gouraud vient de prendre (14 mai 1915, ) le commandement du corps expéditionnaire français, réorganise les positions et fait reprendre l'offensive le 1er juin. Gouraud ordonne de «durer» face aux Turcs désormais solidement installés sur le pic d’Achi Baba 8 à 9 km du cap Hellès.

 

Sans succès, les assauts successifs ne parviennent pas à percer les lignes turques. La nuit, les soldats alliés subissent même les contre-attaques de commandos turcs qui les attaquent silencieusement pour égorger les guetteurs dans les tranchées. Les côtes de la péninsule de Gallipoli sont un gigantesque cimetière où des milliers de corps pourrissent sous un soleil torride.

 

Alors qu'il devait allé au repos, le 6ème RMIC est rappelé en renfort, cette fois du côté européen du détroit. Et les Turcs résistent toujours.

 

Le 1er mai, les turcs ont décidé une offensive générale pour rejeter à l'eau tout le corps expéditionnaire. Le 6ème RMIC s'illustrera comme toutes les autres unités et cette offensive sera un échec pour eux.

Les Turcs après cet échec n'abandonnent pas la partie: leurs assauts se continuent sans interruption, sans considération de pertes sur toute la ligne, jusqu'au matin 3 mai, mais le front après l'intervention du 6ème Mixte reste inébranlable et le 5 ce sont les Anglo-Français ravitaillés et renforcés qui passent à leur tour à l'offensive; offensive lente et méthodique, prodigue en moyens matériels mais ménagère d'hommes.

 

Les 8 et 9 mai, le 6e Mixte participe à une grande attaque, au cours de laquelle il réalise une nouvelle avance qui lui fait atteindre les pentes du fameux «Kérévès Déré » ravin abrupt dont les Turcs ont très solidement organisé la défense.

 

C'est après cette attaque que le contingent avec Ange BARON et son cousin Victor, Jean DIBERDER, Théodore LANCO et Charles SIMON rejoignent leur régiment.

 

A la naissance du ravin se trouve un fortin turc que la position et les défenses rendent imprenables d'assaut. Trois sections, constituées de 34 Français et 32 Sénégalais, du 6ème RMIC montent une opération qui permet, le 28 mai, de prendre à l’arme blanche le fortin de Kérévès Déré avec des pertes jugées raisonnables (un seul mort et 7 blessés). Gouraud et Hamilton s’inspirent de ce succès pour préparer ensemble l’attaque du 4 juin sur tout le front.

 

L’assaut brusqué du 4 juin est un échec, de l’aveu même de Gouraud. Des tranchées turques ont certes été prises, mais l’artillerie des alliés s’avère insuffisante pour tenir les forces ennemies à distance. La bataille se prolonge pendant deux jours mais les alliés doivent admettre qu’ils ne viendront pas à bout des Turcs. Ils ont gagné près de 300 mètres mais au prix de plus de 15 000 hommes, dont 2 500 Français.

 

 

Les combats se multiplient au cours du mois de juin 1915, notamment les 8 et 9 juin. Alors que les Britanniques attaquent en direction de Krithia, (centre de la péninsule), les Français cherchent à prendre l’éperon de Kérévès Déré (Achi Baba). Vingt jours plus tard, à la grande attaque des 8 et 9 mai;  le régiment s'illustre une fois de plus par une nouvelle avance à l'ouest du ravin. Malheureusement, il est tellement décimé après cette action qu'il doit être envoyé au repos à l'arrière, C’est durant ces deux journées qu’Ange BARON sera blessé par des éclats d'obus, puis qu’il décède des suites de ses blessures. Le 21 juin 1915, Gouraud confie l’exécution principale au colonel Girodon avec le 176ème, le 6ème RMIC, en soutien. L’attaque est menée à l’aube, les Français prenant le «Haricot» et le «Quadrilatère», mais dès 7 h, les troupes doivent se replier sur leur point de départ. Les textes officiels veulent croire à une victoire en fin de journée. Les troupes repartent à l’assaut les 22 et 23 juin. Mais au bout de 3 jours de combats, le décompte est macabre : 3 200 hommes sont mis hors de combat dont quelque 500 ont été tués. Gouraud déplore surtout la mort de 21 officiers et la blessure de 46 autres, Le 30 juin, les forces anglaises, néo-zélandaises, australiennes et françaises combinées enlèvent de nouveau l’important ouvrage turc dit du «quadrilatère» tandis que Gouraud est grièvement blessé. Mais pendant les jours suivants, attaques et contre-attaques meurtrières se succèdent sans victoire décisive.

 

 

 

Ce qu'il advint du dundee d'Ange Joseph BARON, "Les deux Jeanne"

 

« A 300 milles d’Ouessant, le 16 septembre 1917, le dundee de Groix Deux-Jeanne s’étant porté au secours d’un autre bateau de pêche canonné par un sous-marin, fut attaqué à son tour. Il riposta de telle sorte que l’ennemi renonça à la lutte.
Onze jours plus tard, le même dundee pêchait le thon
à environ 30 milles dans le SW d'Ouessant par 48°05N et 005°45W en compagnie de deux petits voiliers grésillons, Liberté et Peuples-Frères, lorsque apparut un sous-marin (le U-90 commandé par le KL Walter Remy).. Celui-ci ayant ouvert le feu, les bateaux pêcheurs soutinrent courageusement le combat et ne furent coulés qu’après avoir obligé l’ennemi à une forte consommation de projectiles.
Tous trois ont obtenu un témoignage de satisfaction du ministre de la Marine, qui a accordé d’autre part la croix de guerre à huit marins de leurs équipages. Le quartier-maître réserviste Baron, patron du Deux-Jeanne, est inscrit au tableau pour la médaille militaire. »

 

Le 6ème Régiment Mixte d’infanterie coloniale (R.M.I.C.) a été créé le 1er mars 1915, composé d'un bataillon du 6ème R.I.C. et des 3ème et 4ème bataillons sénégalais du Maroc, deux bataillons d'élite. Le bataillon européen vaut surtout par ses cadres; la plupart des hommes de celui-ci sont en effet des réformés d'avant guerre, leur instruction a été hâtive, ils n'ont pas encore vu le feu.

 

Le 6ème Régiment Mixte d’infanterie coloniale appartient à la 2ème brigade coloniale (avec le 4ème RMIC) intégrée à la 1ère division d'infanterie du Corps expéditionnaire d'Orient (C.E.O.). Il devient le 56ème Régiment d’Infanterie coloniale, le 16 août 1915.

 

Intégré au Corps expéditionnaire d'Orient qui est composé de la 1ère division de marche, intégrant :

* une brigade métropolitaine: 175ème RI et 1er rgt de marche d'Afrique

* une brigade coloniale: 4ème et 6ème régiments mixte de marche

* le 8ème régiment de marche des chasseurs d'afrique

* deux groupes de 3 batteries de 75

* un groupe de 2 batteries de 65 de montagne

* une compagnie du génie

* une demie compagnie du train

* deux sections de projecteurs

 

Le 6ème RMIC est rassemblé à Bizerte (au mois de mars) puis transféré à l’île de Lemnos (où il stationne du 17 au 25 mars 1915), transféré à Alexandrie en Egypte de la fin mars au début avril. Embarqué, à Alexandrie, le 16 avril, le régiment fait escale sur l'île de Skyros puis à Moudros (île de Lemnos) avant le grand débarquement.

 

Le débarquement à Gallipoli, auquel participe le 6ème RMIC, le 25 avril 1915, marque véritablement le point de départ des opérations terrestres aux Dardanelles. Le régiment ( avec le 4ème RMIC) débarque sous le feu ennemi à Koum-Kale, il prend la ville Koum-Kale et de sa forteresse (25-26 avril) et réembarque le 26 avril la mission terminée, qui était de prendre la forteresse et de tenir 3 jours, pour protéger, avec de l’artillerie, le gros des troupes qui débarquaient aux Dardanelles. Les Turcs cessent le combat après avoir perdu 2.000h. durant ces combats.

 

Ce n'est que le 1er mai 1915 que les alliés réussissent à installer véritablement leur tête de pont. Elle reste très fragile par son absence de profondeur. L'évacuation des blessés, le débarquement de nouvelles troupes ou de matériel se fait sous le feu ottoman. Il n'existe pas de secteur calme et chacun, du soldat de première ligne au général de division, court un perpétuel danger. La situation perturbe même le ravitaillement qui ne peut bientôt plus s'effectuer que de nuit.

 

un groupe de marsouins du 6ème R.M.I.C.

 

Pour la campagne des Dardanelles, il y eut près de 90 000 morts et 170 000 blessés du côté des Turcs et 50 000 morts et 100 000 blessés du côté des Alliés, parmi lesquels 10 000 soldats français morts au champ d'horreurs et 20 000 autres blessés. Ange BARON fut l’un d’eux.

 

 

Ange Joseph Marie BARON décède le 14 juin 1915 à 5h des suites de ses blessures de guerre par éclats d'obus, dans les locaux d'un hôpital de campagne à Sedd-Ul-Barh (Turquie, presqu’ile des Dardanelles). Il a plus de 42 ans et laisse une veuve et 5 orphelins.

 

Il est d'abord inhumé dans un cimetière militaire à Sedd Ul Bahr, puis son corps est rapatrié en décembre 1922 et inhumé dans le cimetière de Groix.

 

Son acte de décès est transcrit dans le registre d’état-civil de la commune de Groix à la date du 9 juin 1916.

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Groix, sur la plaque de l’église et sur le mémorial

 

Son cousin Victor BARON, affecté au même régiment que lui,  est mort 8 jours plus tard à Achibaba (Turquie)

 

cimetière militaire de Sedd Ul Barh

transcription de l'acte de décès en date du 9 juin 1916

extrait de "la dépêche de Brest" du 13 décembre 1922

Mémorial de Sainte Anne d'Auray