Mort pour la France

Joseph Marie CALLOCH  (1878/1915)

Joseph Marie CALLOCH au printemps 1915

 

 

Fils de Joseph Marie, né en 1848 à Groix et de Marie Jeanne LE VAILLANT, née à Groix en 1851, mariés à Groix en mai 1872, Joseph Marie CALLOCH est né le 23 mars 1878 dans le village de Quéhello. C'est le 4ème enfant d'une fratrie de 10.

 

Très tôt, il apprend le même métier que son père. Il s'embarque comme mousse vers l'âge de 12/13 ans, puis comme matelot. A l'époque de son conseil de révision en 1897, il est déjà inscrit maritime sous le n° matricule 1417  / Groix.

 

Son n° matricule au recrutement est le 655 / Lorient. Il effectue son service militaire à compter du 23 octobre 1900 au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. Lorsqu'il est rendu à la vie civile, le 23 octobre 1901, n'ayant effectué qu'un an, son frère aîné étant aussi sous les drapeaux, il reprend ses activités de marin-pêcheur.

 

Joseph Marie se marie avec une groisillonne, Thérèse TONNERRE, née en 1880, le 22 mai 1905. Ils résident dans le village de Quéhello et auront au moins 5 enfants.

 

Joseph Marie CALLOCH décède le 25 septembre 1915 sur le territoire de la commune de Virginie ( Marne)


 

A la déclaration de la guerre, il est mobilisé au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. Il est renvoyé dans ses foyers, car aucune affectation lui est proposée. Il est mis à disposition de l'Armée de terre et mobilisé le 12 décembre 1914. Il alors affecté au 3ème R.I.C. à Rochefort. Après quelques semaines, il est de nouveau rendu à l'Inscription maritime, le 6 janvier 1915. 

 

Il est rappelé de nouveau le 16 janvier 1915, et réaffecté au 3ème RIC. Après quelques semaines de formation, il est envoyé au front avec un contingent de renfort, début mars 1915. Le régiment se trouve à cette époque à Minaucourt / Massiges

 

La rage au coeur, le 24, la brigade se porte sur Olizy, où les restes du régiment sont groupés en deux bataillons. Le 26, il repasse la Meuse à Inar et Martincourt. Dans la matinée du 27, avec le concours du 7ème colonial, il contre-attaque les Allemands, drapeau en tête, mais le mouvement de retraite continue à partir de 13h30; le régiment va bivouaquer à Pont-Gaudron, sur la route de Beaumont. La contre-attaque exécutée dans la matinée a coûté 117 hommes de plus, tués, blessés ou disparus. Le 28, le régiment se porte sur Fontenoy. Le 29, la retraite continue vers Vouziers l'on cantonne à Falaise et, le lendemain, à Longue. Le 31, l'on organise une position défensive à Bouet-aux-Bois. Le 1er septembre, la retraite continue. Il s'établit en avant-postes sur une ligne ferme Joyeux - ferme Trière. Le 2, un ordre indique qu'on ne doit plus se retirer devant l'ennemi, on ne doit bientôt plus lui céder de terrain. Cet ordre prescrivait, en effet: «Une partie de nos armées se replie pour resserrer leurs dispositifs, compléter leurs effectifs et se préparer, avec toutes chances de succès, à l'offensive générale qui sera prise dans quelques jours».  Le 3, le C.A.C. se replie vers le Sud, ses arrière-gardes (3ème R.I.C.) sur la ligne de hauteurs à 2 km de Saint-Remy, lisière des bois, à 4 km nord-ouest de Somme-Tourbe. Après de nombreux combats, le 17 septembre, la bataille de la Marne est terminée, vainqueurs mais à bout de souffle. L'ennemi imposera, à partir de ce jour, une nouvelle forme de la guerre, la guerre de tranchées.

 

Bien que dans une situation assez précaire, il attaque encore énergiquement le 3 octobre, où l'ennemi fit une dernière et violente tentative de percée, à laquelle il dut renoncer par suite de ses pertes. Jusqu'au 18 décembre, il continue, avec le 7ème, à tenir le secteur de Ville‑sur‑Tourbe, qu'il a, pour ainsi dire, créé. Il prend part aux attaques des 22 et 28 décembre (attaques du 17ème corps et du C. A. C. sur Tahure et Nipont) et repousse une tentative d'attaque ennemie, le 23. Il a supporté les veilles, les fatigues sous la pluie, par la gelée, et n'a laissé entendre aucune plainte. Les officiers se rendent compte que leurs hommes sont exténués, mais constatent que nul ne récrimine et que tous font largement leur devoir jusqu'au dernier moment. Les courages ne se sont point abattus et tous acceptent leur nouvelle tâche, qui est de tenir l'ennemi éloigné d'une position dangereuse pour tout le front du C. A. C.

 

Pris d'enfilade de deux côtés sur trois de son front, réduit par sa situation à la défensive, le régiment montre toujours la même énergie et son dévouement ne se dément pas. Il combat et travaille en même temps, avec la ferme certitude que l'ennemi ne passera pas. Cette situation dure jusqu'au 23 février 1915.

 

Le 24 février 1915, les bataillons disponibles sont alerter et se tiennent prêts à partir pour le ravin des Pins, par Courtemont. L'ordre arrive à 1 h.15. Le 1er bataillon cantonne à Minaucourt; le 2ème bataillon, au ravin des Pins. Les deux bataillons sont mis à la disposition du  22ème régiment d'infanterie coloniale, pour les opérations prévues contre le fortin allemand dit "de Beauséjour" situé au nord‑ouest de Minaucourt. Cet ouvrage, pris et perdu déjà sept fois, avait été enlevé et reperdu, le 24, par le 22ème régiment d'infanterie coloniale.

 

Les hommes des deux bataillons entrent aux tranchées dans la nuit du 26 au 27, décidés à s'emparer à tout prix du fortin et à le conserver. L'attaque doit se déclencher à 15 h.45. L'artillerie la prépare par un bombardement serré de 15 h.30 à 15 h.45. Les bataillons sont placés face au fortin à enlever: le 1er bataillon sur la face Est, le 2ème bataillon sur la face Ouest. La première vague est formée par les 2ème, 3ème, 5ème  et 6ème compagnie. La 4ème compagnie et la 7ème doivent aller renforcer les compagnies d'assaut dès que l'ouvrage sera enlevé et consolider les positions conquises. Les 1ère et 8ème compagnies sont en réserve avec deux compagnies du 22ème RIC. 

 

Pendant le mois de mars, l'ennemi commence des sapes et laisse supposer qu'il est décidé à entreprendre la guerre de mines. Aussi se montre-t-il très actif, surtout devant l'ouvrage Pruneau. Il cherche à pousser ses travaux le plus près possible de nos lignes et essaie d'encercler le saillant, et peut-être de le faire sauter. Il est évident que le secteur de Ville-sur-Tourbe, en flèche, intéresse l'ennemi. Le régiment prend une attitude agressive en cherchant à enrayer les travaux de l'ennemi. Patrouilles, grenades, feu d'infanterie et tirs d'artillerie, tout coopère à ce but. Le 3 avril, notre génie évente une mine en face de l'ouvrage Pruneau et aménage aussitôt une galerie, de façon à placer une chambre au-dessous de la mine allemande qui saute le 7 afin de détruire le camouflet placé devant l'ouvrage Pruneau. Cette explosion a amené celle de la mine allemande et un entonnoir assez vaste s'est produit. II a fallu le réunir à l'ouvrage par un boyau et l'occuper, puis le combler. Ce travail est très pénible et périlleux. Les hommes sont à 6 m de la tête de sape allemande, qui lance constamment des grenades. Ils sont exposés à des feux de mitrailleuses, heureusement trop hauts. Ils ne peuvent travailler que par petits paquets de 6 ou 8, couchés dans la boue. Les attaques du génie sont reprises et poussées vers l'ennemi, de manière à pouvoir nous fournir des renseignements sur ses travaux.

 

Les boyaux sont remplis d'eau jusqu'aux genoux. La pluie qui tombe sans répit rend inutiles les efforts des écopeurs. Pendant la période du 8 au 12 avril, le travail a été très dur. La pluie persistante met les tranchées et les boyaux dans un état lamentable.

 

Le 15 mai, à 18h.25, les Allemands font jouer 3 énormes fourneaux de mines sur la face nord et nord-ouest de l'ouvrage Pruneau, alors occupé par le 7ème colonial. L'explosion est suivie par un violent bombardement, qui achève de bouleverser les positions et de couper les communications téléphoniques. L'artillerie ennemie prend aussitôt sous son feu les batteries de Montremoy et de Malmy. L'infanterie allemande, aussitôt après la cessation du feu d'artillerie, s'élance et occupe la première ligne, ainsi que la ligne de soutien, sauf une infime partie à l'Est, où un sous-lieutenant du 7ème résiste énergiquement avec quelques hommes. La lutte d'infanterie dure une heure, acharnée, pendant que l'artillerie des deux divisions et du corps d'armée fait un barrage en arrière de l'ennemi et tire sur les lignes occupées par les Allemands.

 

La situation se précise vers 20 h.50 et les contre-attaques peuvent être entreprises. Quatre compagnies du 3ème régiment sont envoyées comme renfort aux bataillons du 7ème, qui ont perdu un monde énorme et presque tous les officiers.

 

Le 3ème RIC a son dépôt à Rochefort (Charentes maritimes). Il fait partie de la 3ème brigade d'infanterie coloniale, intégrée à la 3ème division coloniale. Il est composé de 3 bataillons.

 

Le 3ème RIC participe au mois d'août à la guerre des frontières en Lorraine, puis entre en Belgique. Le 22, le régiment fait partie du gros de la colonne de la 3ème division et marche derrière l'artillerie divisionnaire. Au débouché de Saint‑Vincent, il est pris à partie par l'artillerie allemande. Chargé d'assurer la protection de l'artillerie, il place, pendant la marche, une compagnie entre chaque groupe de canons. Le 1er bataillon est maintenu en réserve. Ils suivent comme soutien, l'artillerie divisionnaire qui marche sur Rossignol. A 11 h, le 2ème bataillon, à la sortie du bois au nord-est de Breuvannes, est accueilli par des mitrailleuses et de l'artillerie qui l'obligent à se déplacer. Le 1er bataillon, arrivant à hauteur de la cote 325, nord-est de Breuvannes, est obligé de se terrer. Tout mouvement lui lui attire une salve d'artillerie. Le 3ème bataillon a réussi à franchir la Semoy et restera engagé sur la rive droite de cette rivière. Dès midi, les 3 bataillons sont immobilisés jusqu'au soir, recevant des coups de toutes parts. A 12 h.45, l'ordre est donné de marcher sur Rossignol, qui devra être fortifié. Il ne pourra être exécuté. Les pertes sont énormes. Dès 14 h, les 1er et 2ème bataillons sont presque cernés. Le 3ème bataillon s'est avancé sur la rive droite de la Semoy. On ne peut recevoir ni renforts, ni ravitaillement. Aussi, à 19 h, un mouvement de retraite est ordonné. Les débris des 1er et 2ème bataillons sont ramenés sur la route Tuitigny-le-Fresnois et peuvent rejoindre, à 21 h, les lignes de la 2ème division. La retraite se poursuit jusqu'à Orval, où l'on arrive le 23, à 4 h. Les pertes sont de 2.085 tués, blessés ou disparus. 

Quoique nullement préparés à cette guerre de taupes, officiers et soldats l'apprirent vite. Pendant 65 jours, le régiment tiendra le secteur de Ville-sur-Tourbe, avec le 7ème colonial.

 

Il a repoussé 5 attaques: le 15 septembre, pendant une partie de la journée; le 17, le 18, le 26 septembre et le 1er octobre. Le 26 septembre, surtout, l'affaire fut chaude. Ce jour-là, il a dû tenir le front avec 2 bataillons contre une attaque violente ennemie, d'après les prisonniers par une brigade. En même temps, il devait faire face sur son flanc gauche, au cours même du combat, une situation exceptionnellement grave créée par l'enlèvement du bois de Ville à un corps voisin. Par suite du retrait de ce corps, il a vu, en effet, soudainement et ensuite pendant tous les combats, son front vigoureusement attaqué, son flanc droit constamment menacé, avec cette circonstance aggravante d'avoir la Tourbe à dos. Il a dû distraire du front, sous une mitraille et une fusillade furieuses, pour former crochet défensif, face au bois de Ville, une partie de ses troupes. Grâce à la rapidité des mesures prises, à la vigueur de l'exécution, au dévouement et à la ténacité de ses troupes et de ses officiers, il a repoussé victorieusement l'ennemi, qui a subi des pertes importantes, ainsi que l'atteste le monceau de cadavres allemands laissé en avant des lignes.

 

Le régiment se trouve donc, durant cette période, sous un feu sans répit, excessivement violent de l'adversaire et sous la menace d'une attaque de nuit annoncée par le Général commandant la 3ème division. Cette attaque s'est produite dans la nuit du 30 septembre au 1 octobre. Après une préparation formidable par l'artillerie lourde et de campagne ennemie, cinq colonnes allemandes, prises dans les troupes de deuxième ligne, se sont avancées sur nos tranchées, pendant que l'infanterie, en ligne, continuait à tirer. Ces troupes étaient soutenues par leur artillerie, alors que l'artillerie française se faisait à peine entendre. Le régiment tient bon (particulièrement le 3ème bataillon, qui supporte le choc principal) et fait au feu la plus belle figure, se montrant l'égal des meilleurs régiments de notre vieille armée.

 

 

A l'heure indiquée, les vagues d'assaut s'élancent, elles sont reçues par un feu de mousqueterie intense et par un violent tir d'artillerie. Dès les premiers instants, les pertes sont terribles. Les officiers tombent les premiers. Les compagnies hésitent un instant, mais se reprennent vite et se cramponnent au terrain conquis. Rien ne les en délogera plus. La position est prise.  Malgré tout, on progresse en combattant à la grenade. Cependant, l'ennemi veut à toutes forces reprendre le fortin; âprement disputé, il lance quatre contre-attaques successives. La dernière, faite le 28, à 8 h, est d'une violence inouïe. Rien ne peut faire lâcher prise aux compagnies du 3ème régiment d'infanterie coloniale; malgré le manque le vivres, malgré la pluie, malgré la fatigue des survivants, tous les efforts de l'ennemi échouent. Quand le 91ème régiment l'infanterie vient relever les deux bataillons, l'ouvrage entier est bien conquis.

 

La tradition a conservé, cependant, le souvenir de cette terrible nuit du 27 au 28, au cours de laquelle quelques hommes, blessés pour la plupart, arrêtèrent sur plusieurs points les Allemands cherchant à reprendre les boyaux d'accès. C'est au cours d'une de ces luttes qu'un adjudant poussa le cri resté légendaire: « Debout les morts ! »

 

Le régiment perdait dans cette affaire: 6 officiers tués et 183 sous-officiers et soldats;  11 officiers blessés et 565 sous-officiers et soldats; et 250 hommes disparus. En outre, 93 blessés légèrement avaient rejoint leur compagnie au combat.

 

Les unités du 3ème régiment d'infanterie coloniale, relevées dans la nuit du 28 février, sont obligées de rester sous la pluie, mais nul ne se plaint. Le lendemain, les hommes blessés oublient leurs blessures pour ne se préoccuper que du résultat de l'opération. Ce haut fait fut consacré par une citation à l'ordre du jour de la 4ème armée le 10 mars 1915.

 

C'est après cette affaire que des renforts importants arrivent pour regarnir les rangs du 3ème RIC. Il y a tout lieu de penser que Joseph Marie CALLOCH arrive sur le front, début mars, en compagnie de Pierre GOUROND et probablement d'autres groisillons. 

 

cratère dû à une explosion de mines

 

La première contre-attaque, poussée par 3 compagnies du 7ème RIC, échoue. Les compagnies du 3ème prennent alors part à une attaque qui est appuyée par l'artillerie et qui se déclenche à 10 h.45.

 

Le 17, la contre-attaque se prononce, partie contre la face nord, partie en partant de la face ouest, sur le flanc droit de l'ennemi. La première partie est arrêtée, mais la fraction pousse victorieusement et méthodiquement l'ennemi; elle progresse, et, à 1 h.30, la ligne de soutien est reprise. L'ennemi, coupé de sa retraite par un formidable barrage, se rend en masse; à 2 h.45, toutes nos tranchées sont reprises et retournées.

 

Les 1ère, 3ème, 4ème et 9ème compagnies du 3ème RIC, avec 3 sections de mitrailleuses, prennent une part active aux deuxième et troisième contre-attaques. Le premier groupe (3ème compagnie du 1er bataillon) prend part à la deuxième contre-attaque sur la face ouest; la 9ème compagnie mène celle du côté est, liée à des éléments du 7ème colonial. La 1ère  compagnie arrive la première à l'ouvrage Pruneau; après avoir fait ravitailler par une de ses sections les détachements du 7ème qui défendent la face ouest de l'ouvrage, se relie aux 3ème et 4ème compagnies et, à 1 h, prononce avec elle la contre-attaque. L'ennemi, énergiquement attaqué, résiste furieuse-ment. Le commandant la 3ème compagnie, tombe presque au départ. Mais rien ne peut avoir raison de la résolution des troupes. La 4ème compagnie occupe l'entonnoir ouest, coupant la retraite à l'ennemi. Les hommes de la 1ère compagnie prennent 3 mitrailleuses, un matériel considérable et de nombreux prisonniers. Grâce à la connaissance du secteur qu'avaient tous les officiers, grâce au ravitaillement en grenades bien organisé, grâce surtout à l'énergie et à la ténacité des hommes, toute cette partie de l'ouvrage Pruneau est réoccupée et son organisation remise en place.

 

De son côté, un lieutenant du 3ème Colonial s'est porté avec une compagnie vers le saillant nord de l'ouvrage. Un tir foudroyant de mitrailleuses les accueille. Sans se décourager, le lieutenant rassemble les hommes valides dans une tranchée qu'il a pu atteindre, et se prépare à y recevoir l'inévitable contre-attaque. Soudain, coupés de leurs positions de départ par un terrifiant tir de barrage, les Allemands lèvent les mains: cinq cents d'entre eux se rendent. Et une douzaine de coloniaux, cernés depuis plusieurs heures, qui avaient décidé de lutter jusqu'à la mort, sont délivrés. Les Allemands laissaient plus de mille cadavres sur le terrain. Mais les pertes françaises étaient à peu près égales, un groisillon, Pierre GOUROND, perdait la vie dans ce combat.

 

Le régiment continue à assurer la garde du secteur de Ville-sur-Tourbe jusqu'au 29 mai. A cette date, le corps d'armée colonial est relevé par le 16ème corps et le 15ème. Le régiment quitte Maffrecourt. Le corps d'armée colonial doit soutenir le 35ème corps dans ses attaques sur Tracy-le-Mont et Moulin-sous-Touvent. Le régiment, en réserve de groupe d'armées, stationne successivement dans la forêt de Laignes, au carrefour de la Chapelle-Sainte-Croix, à Tosly-Breuil et à Breuil pendant les 6, 7 et 8 juin.

 


l'objectif de l'assaut du 25 septembre 1915 pour le 3ème RIC (flèches rouges) 

le secteur de départ de l'offensive du 3ème RIC

 

Le 15 août, il prend les tranchées de Ville-sur-Tourbe. Les 2ème et 3ème bataillons sont en secteurs depuis le 12 septembre. Le régiment se prépare pour la grande offensive du 25 septembre.

 

Le matin du 25 septembre, le 2ème bataillon occupe les faces ouest et nord de l'ouvrage Pruneau. Il contribue à sa transformation en parallèle de départ et reçoit, comme ordre, de tenir ses tranchées pendant l'attaque. Il formera une troisième vague d'assaut si besoin est. Les 1er et 3ème bataillons accolés forment les deux premières vagues. Ils ont pour objectifs, le 1er "la Justice", le 2ème "le petit bois de l'Oreille", à l'est de 191. Ils doivent pousser ensuite, si possible, jusqu'à La Dormoise.

 

La préparation d'artillerie, commencée le 22, est terrible. Jusqu'à ce jour, on n'avait rien vu de semblable. Le terrain est pilé. Tout saute, c'est infernal, le boche ne pourra tenir.

 

L'attaque est fixée à 8h.30 Dès que le signal est donné, les hommes bondissent hors de la tranchée et se portent en avant avec un élan superbe, et en bon ordre. Cependant, un feu terrible les accueille presque au débouché de la parallèle. Le chef du 1er bataillon tombe dans la tranchée. Le commandant du 2ème bataillon est tué à peine sorti; les pertes sont sensibles, surtout au 1er bataillon, devant lequel les fils de fer n'ont pas été coupés. La première vague, de ce côté, est en partie fauchée. La deuxième la renforce, arrive jusqu'à la première tranchée allemande et s'y maintient aux prix de lourds sacrifices. Vers la gauche, le 3ème bataillon est plus heureux, il enlève une partie de la deuxième ligne de 191 et peut s'y maintenir.

 

Le lieutenant-colonel, commandant le régiment, qui se trouve à l'ouvrage A, sort avec la deuxième vague. Il arrive jusqu'à la tranchée ennemie et s'y jette avec les hommes qui l'occupent déjà. Mais, à ce moment, l'ennemi prononce sur cette partie de notre ligne une violente contre-attaque. Le Commandant du régiment se met au parapet, un fusil à la main et fait le coup de feu au milieu de ses soldats. Le colonel reçoit presque aussitôt une balle dans la bouche et tombe dans la tranchée. 

 

Malgré les efforts de l'ennemi, qui parvient à reprendre sa première ligne entre l'ouvrage Pruneau et la route de Vouziers, le 3ème bataillon se maintient dans 191 et réussit même à progresser. Le 29, l'attaque était reprise à la grenade; les efforts de ce bataillon contribuent à faire tomber la défense allemande sur ce point.

 

 

 

Joseph Marie CALLOCH est recensé comme disparu à la fin de la journée du 25 septembre 1915. Il n'apparait pas dans les listes de prisonniers, il est donc présumé tué à l'ennemi. Il avait 37 ans. Il laisse une veuve et 5 orphelins.

 

Un premier jugement déclaratif de décès, en date du 27 août 1917, erroné, arrête la date de son décès au 20 novembre 1915 à Virginy Marne). Ce jugement est transcrit sur les registre de la commune de Groix, le 3 septembre 1917.

 

Son corps, retrouvé ultérieurement, aurait été primo-inhumé dans le cimetière militaire de la propriété Varoquier à Virginy, tombe 817.

 

Le 22 septembre 1922, un nouveau jugement de décès rectificatif sera rendu, établissant la date de son décès au 25 septembre 1915...

 

Le SGA semble avoir perdu la trace du corps de Joseph Marie CALLOCH. Il se trouve probablement dans l'un des ossuaires proches dans la Nécropole nationale du Pont de Marson (commune de Minaucourt Le-Mesnil-les-Hurlus, Marne) d'une superficie de 4,4 ha. 21 319 soldats français y sont inhumés, dont 9 096 dans des tombes individuelles et 12 223 dans six ossuaires.

 

Le nom de Joseph Marie CALLOCH est gravé sur les différents monuments mémoriels de la commune de Groix, y compris celui de l'Église.

 

Il sera honoré, à titre posthume, de la Croix de guerre, ornée d'une étoile de bronze. Le journal officiel reproduit la même erreur que le premier jugement déclaratif.

J.O. du 3 juin 1921

le secteur du 3ème RIC
le secteur du 3ème RIC

vue aérienne du secteur de "Ville sur Tourbe pendant la préparation d'artillerie

 

Le régiment s'est comporté dans cette affaire, comme à son habitude depuis août 1914. Ses pertes sont terribles, le JMO du 3ème RIC a disparu pour cette période, mais le rapport de la brigade indique (pour la période du 25 septembre au 1 octobre) la mort de 3 officiers supérieurs ainsi que 25 officiers tués ou disparus et 764 hommes morts ou disparus dont plusieurs groisillons morts: Joseph Marie CALLOCH, Jean Jacques EVEN, Alfred LE GARFF, Laurent Marie TRISTANT et de 857 hommes blessés.

 

Malgré cette sanglante saignée, le régiment reste en place et combat jusqu'au 29, aide à élargir le terrain gagné et n'est relevé que le 30 par le 4ème bataillon de chasseurs et un escadron de cavalerie à pied, après avoir solidement installé les positions enlevées à l'ennemi.

 

Après la relève (1 et 2 octobre), le régiment se reforme à Verrière et reprend les tranchées de Massiges et de 191.

l'un des 6 ossuaires de la Nécropole du Pont de Marson