Mort pour le France

Henri Auguste GUILLIN  (1887/1915)

 

fantassin en 1910....

et en 1915

 

Fils de Jean François, né à Groix en 1858, marin-pêcheur, et d'Emelina Marie Armande POULAIN, née à Groix en 1863, mariés en octobre 1886, résidant dans le bourg de Loctudy, Henri Auguste GUILLIN (parfois GUILLIEN) est né le 29 juillet 1887 à Groix, dans le bourg. Il est l'aîné d'une fratrie de 3 enfants. Sa mère est décédée alors qu'il avait 12 ans.

 

Après quelques années sur les bancs de l'école et ayant une vue trop faible pour être marin, il apprend le métier de boîtier (soudeur, façonnier de boîtes de conserves).

 

A l'époque où il devait passer devant la commission de recrutement à Port-Louis (Morbihan) en 1907, il ne se présente pas. Son n° matricule est le 1862 / Lorient. En son absence, il est déclaré bon pour le service malgré la faiblesse de sa vue.

 

Le 8 octobre 1908, pour son service militaire, il est affecté au 137ème régiment d'infanterie en garnison à Fontenay-le-Comte, en Vendée. Il est classé dans les services auxiliaires, le 23 janvier 1909, compte tenu de sa vue. Henri est rendu à la vie civile le 25 septembre 1910.

 

Il reprend ses activités de boîtier, d'abord à Groix, puis il s'installe à La Rochelle avec son père en décembre 1912.

 

Henri GUILLIN décède le 27 septembre 1915 à Moudros (Ile de de Lemnos en Grèce)


 

A la déclaration de guerre, Henri est rappelé au 4ème régiment d'artillerie à pied à Lorient dans les services auxiliaires. Mais la commission de réforme de La Rochelle, le 18 novembre 1914, compte tenu du manque de bras, le verse dans le service armé. Il est alors affecté au 62ème R.I. à Lorient où il rejoint le 25 janvier 1915. Le régiment ne l'envoie pas immé-diatement au front, compte tenu de son infirmité et de son manque de formation. Il est finalement affecté au 176ème régiment d'infanterie le 25 mai 1915. Henri GUILLIN rejoint son régiment au sein d'un petit contingent de renfort qui embarque le 1er et arrive 6 jours après à Sedd Ul Barh. Henri est affecté à la 11ème compagnie (3ème bataillon)

 

débarquement à Sedd Ul Bahr

la première ligne

 

Les combats se multiplient au cours du mois de juin 1915, notamment les 8 et 9 juin. Alors que les Britanniques attaquent en direction de Krithia, (centre de la péninsule), les Français cherchent à prendre l’éperon de Kérévès Déré (au pied du Mont Achi Baba). Cette fois c'est le 6ème RMIC qui est première ligne, il réalise une nouvelle avancée à l'ouest du ravin. Malheureusement, il est tellement décimé après cette action qu'il doit être envoyé au repos à l'arrière. Le 21 juin 1915, Gouraud confie l’exécution principale d'un assaut au colonel Girodon avec le 176ème. L’attaque est menée à l’aube, les Français prenant le «Haricot» et le «Quadrilatère», mais dès 7 h, les troupes doivent se replier sur leur point de départ. Les textes officiels veulent croire à une victoire en fin de journée. Les troupes repartent à l’assaut les 22 et 23 juin. Mais au bout de 3 jours de combats, le décompte est macabre: 3 200 hommes sont mis hors de combat dont quelque 500 ont été tués. Gouraud déplore surtout la mort de 21 officiers et la blessure de 46 autres.

 

Un contingent de renfort pour le 176ème R.I. auquel appartient Henri GUILLIN est vite envoyé pour combler les vides. Il rarive le 6 juillet

 

Le 13 juillet, le 1er bataillon vient en renfort et attaque. A 7 h. 35 l'attaque est donnée sous un feu violent d'artillerie et d'infanterie. Le combat dure toute la journée. Le bataillon occupe les nouvelles positions conquises et les organise.

 

Puis, se succèdent des alternatives de repos au camp de Morto-Baie et de séjour en ligne.

 

avant d'être navette entre Sedd Ul Bard et Moudros, l' "Ariadne" servait de transport de voyageurs entre le port de Cherbourg et les grands transatlantiques

 

Après un court séjour à l'ambulance du régiment, Henri GUILLIN est évacué à MOUDROS, probablement par le vapeur, l' "Adriane" qui faisait la navette entre le Cap Hellès et la baie de Moudros.

 

Il est hospitalisé dans l'hôpital d'évacuation n°1 où il décède, des suites de sa maladie contractée au service, le 27 septembre 1915, à 20 h. Un acte de décès est établi le jour même, transcrit, dans les registres de la commune de Groix, le 15 février 1918. Il est honoré de la mention "Mort pour la France".

 

Les autorités militaires semblent ignorer où le corps d'Henri GUILLIN a été inhumé. Dans un premier temps probablement dans le cimetière militaire de Moudros. Par la suite a-t-il été déplacé ?

 

Son nom est gravé à Groix sur les trois monuments mémoriels monument aux morts de la place de l'église, sur la plaque de l'écomusée, et celle de l'Église

 

 

cimetière de Moudros en 1915.......        aujourd'hui ...vvv

 

Le 176ème Régiment d'Infanterie a été formé à Salon de Provence, à partir du 21 mars 1915 avec des contingents de réservistes venant de Rouen, Pau et Montpellier. A la date du 30 avril 1915, la 156ème Division à laquelle appartient le 156ème R.I. est dénommée 2ème Division d'Orient, et le 176ème fait partie de la 3ème Brigade d'Orient (ancienne 311ème Brigade). Le régiment embarque à Marseille sur différents navires entre le 8 et 15 mai et débarque entre le 14 et le 21 mai à Sed-Ul-Bahr, extrémité sud de la presqu'île de Gallipoli. Les pertes sont légères, durant le transport et le débarquement; aucun tué et seuls, un commandant, 2 sergents et 1 soldat sont blessés.

 

Pendant plus de 4 mois (jusqu'au 30 septembre) le 176me Régiment fera partie de l'expédition des Dardanelles. Il luttera sur ce sol inhospitalier de Turquie, sur une terre sablonneuse, aride et peu accidentée, où seuls végètent un maigre gazon roussi par un soleil ardent et quelques rares oliviers. Il n'y a pas d'ombre, peu d'eau, pas de matériel ; le ravitaillement en munitions est limité, l'ennemi, résolu, nous domine de part ses positions et nous prend de flanc. Il a en outre, à sa disposition les ressources qui lui arrivent facilement de Constantinople, par terre ou par mer. Cependant, le moral du soldat est bon; à plusieurs reprises il s'élance vaillamment à l'assaut des positions turques et le régiment a l'honneur d'enregistrer des succès. Ces derniers, hélas, sont acquis chèrement.

 

Le 30 septembre, le Régiment quitte Sed-Ul-Bahr pour Salonique (Grèce) où il arrive le 4 octobre et campe sur les hauteurs de Zettenlik.

 

camp français bombardé

 

Le service est particulièrement pénible sur un sol où l'on se bat depuis trois mois, et qui est un véritable charnier. L'extrême vigilance de l'ennemi et le rapprochement des lignes entre lesquelles la distance, aux points les plus éloignés, n'atteint pas 100 mètres, sont cause de pertes journalières élevées.

 

De plus avec l'été, les conditions sanitaires sont déplorables. Les hommes tombent comme des mouches et de nombreux soldats souffrirent de typhoïde, de paludisme et de dysentrie. Henri GUILLIN, comme beaucoup d'autres, supporte très mal ces conditions et tombe malade.

 

Il était absolument impossible d’abriter des hôpitaux à terre; aussi les navires-hôpitaux fonctionnèrent-ils comme hôpitaux de première ligne, recevant les blessés directement de la ligne de feu, après triage fait à terre par le service de santé militaire. Mouillés sous le cap Hellès, à 2 ou 3 milles de la côte, parfois exposés au feu de l’ennemi. Ils chargeaient rapidement les blessés graves ou moyens, que des chalands et des remorqueurs apportaient sur des cadres le long du bord. Les blessés légers étaient dirigés sur Moudros. 

 

D’août à décembre 1915 : l'"Ariadne" évacue les blessés et les malades du Cap Hellès (Dardanelles) pour les emmener à Moudros ( Ile de Lemnos - Grèce).

 

Hôpital d'évacuation n°1 à Moudros

l'une des salles de l'hôpital d'évacuation n°1

extrait du "Courrier de La Rochelle"  23 novembre 1915