Mort pour la France

Grégoire Joseph LE PORT  (1880 / 1915)

 

Fils de Jean Marie, né à Nostang (Morbihan) en 1854 et de Marie Josèphe RENAUD, née en 1858 et mariés en 1877 à Plouhinec (Morbihan), Grégoire Joseph Marie LE PORT est né le 31 janvier 1880 à Plouhinec (Morbihan). Il est le garçon aîné, deuxième enfant d'une fratrie de 8 enfants.

 

Il vit à Plouhinec chez ses parents, un couple de journaliers, jusqu'à son service militaire. Il est condamné le 26 octobre 1896, à l'âge de 16 ans, à 4 jours de prison par le tribunal de Lorient pour vol bénin de cuivre.

 

Lors de son conseil de révision en 1900, il est immatriculé 1230 / Lorient. Il se dit domestique, résidant à Plouhinec. Il est dit "bon pour le service" mais dispensé d'un service militaire long. Il est tout de même incorporé le 14 novembre 1901 au 21ème régiment d'infanterie coloniale, en garnison à Paris. Il est renvoyé dans sa famille le 20 septembre 1902 avec un certificat de "bonne conduite".

 

Il s'installe à Groix vers octobre 1902, il est connu pour être journalier puis charretier.

 

Grégoire se marie à Groix le 25 octobre 1904 avec une groisillonne, Léa Marie Désirée TROMELIN, née en 1879. Ils résideront à Ker Port Lay. Ils auront cinq enfants.

 

Grégoire Joseph Marie LE PORT décède  à Tulle (Corrèze) des suites de ses blessures, le 20 juin 1915.


A la mobilisation en août 1914, il a plus de 35 ans. Il est rappelé au 6ème régiment d'infanterie coloniale (où il a fait des périodes d'exercice en juillet 1907 et en mai 1910). Il est arrivé au dépôt du 6ème RIC au fort Ste Irénée à Lyon, le 13 août 1914. Après quelques semaines de "remise en forme", il est muté au régiment du 2ème R.I.C. qui est au front, le 27 septembre 1914. Il le rejoint de le secteur de Minaucourt-Massiges (Marne). Il est affecté au 3ème bataillon - 10ème compagnie.

quelques éléments d'un contingent de renfort d'un RIC

Le 2ème RIC passe en Argonne vers le 10 novembre: bois de la Gruerie, le Four-de-Paris, Chaudefontaine, Fontaine-aux-Charmes, puis dans le secteur de Servon de janvier 1915 jusqu’au 8 juin. Durant cette période, le secteur est calme, et il se relaie tous les 5 jours avec le 1er RIC. Il ne se passe pas d'évènements très importants, sauf le 29 janvier 1915, où le 3ème bataillon est alerté et engagé dans la partie sud-ouest du bois de la Gruerie pour coopérer avec la 40ème D.I. à une contre-attaque dirigée contre les Allemands qui ont pris des tranchées. 

 

Entendre par évènements importants des assauts d'un côté ou de l'autre avec des pertes sensibles. Par contre tous les jours il y a des mines qui explosent, des bombardements de plus ou moins gros calibres, qui tuent ou blessent quelques hommes

 

Malheureusement dans la journée du 29 mai 12h au 30 mai 12h, l'activité de l'artillerie allemande est assez grande, notamment sur le sous-secteur Fontaine du Mortier, où se trouve le 3ème bataillon... Il y a un blessé par éclat d'obus et c'est Grégoire LE PORT qui est blessé le 29 mai 1915 dans les tranchées sur le front dans le sous-secteur du Mortier ...  Il reçoit plusieurs éclats d'obus, le plus grave à la tête "enfoncement de l'occipital par éclat d'obus" dit sa fiche matricule, esquilles nombreuses, plaie de la dure-mère, issue de matière cérébrale ?, méningite encéphalite, et un autre qui lui provoque une plaie au bras...  Cette journée n'a pas été monotone pour lui...

 

Il est évacué sur l'ambulance de premiers secours puis sur un hôpital en arrière. Il est hospitalisé à Tulle en Corrèze, dans les locaux de l'hôpital temporaire n°23

 

Malgré les soins, il décèdera presque un mois plus tard, le 20 juin à 1h15 des suites de ses blessures, dans les locaux du même hôpital à Tulle installé dans le Lycée de Garçons avenue du Lycée qui comptera 600 lits.

 

Mais revenons un peu en arrière. Le 2ème RIC a son dépôt à Brest, il est membre de la 1ère Brigade Coloniale rattachée à la 3ème Division Coloniale. Il dispose de 3 bataillons. En août 1914, le 2ème RIC participe à la bataille des frontières et il combat à Rossignol (Belgique) le 22 août. Durant les combats, le régiment perd 2850 hommes, mis hors de combat, puis à Villers-sur-Semoy. Là, craignant qu’il tombât au main de l’ennemi, le drapeau du régiment est enfouit en terre par le soldat LE GUIDEC. Il retraite par Cernay-en-Dormois, Ville-sur-Tourbe puis bois de Ville, il combat à la ferme de Touanges et à Servon. 

 

Le régiment est reconstitué le 17 septembre à seulement 2 bataillons suite aux pertes de ces combats. Il est dans le secteur de Minaucourt, cote 180, Massiges (Marne) de la fin septembre à novembre.

 

Le régiment devant être reconstitué, il reçoit de nombreux contingents de renfort des différents autres RIC, dont un du 6ème RIC de Lyon.

 * 23 avril, le 2ème régiment est relevé, il cantonnera Vienne la Ville et autour. Le 26 avril, une cohorte de renfort de 230 hommes rejoint le régiment à La Neuville au Pont.

* 26 avril, le régiment revient en 1ère ligne dans le secteur de Servon. La relève s'est passé sans problème, la nuit était calme... Soudain vers 1h , violente fusillade... Elle a été accompagnée d'un feu intense d'artillerie sur les tranchées de première ligne et à l'arrière. Un tir de barrage a été exécuté par notre artillerie à partir du Bois Baurain. le secteur est redevenu calme à 3h30. Pertes du 26 avril 6h au 27 avril 6h : 1 tué, 1 blessé.

* 27 avril, 6 heures au 28 avril, 6h . Duel d'artillerie d'intensité moyenne... Le feu d'artillerie s'est éteint progressivement. Vers  21h, une violente fusillade accompagnée d'une canonnade a pris naissance dans le bois de la Gruerie. Nos positions d'extrême droit ont reçus des obus de 77 et de 105. après 22h le calme est revenu... Pertes :  2 blessés

* 28 avril, 6h au 29 avril, 6h... A droite et au centre, fusillade habituelle. quelques coups de canons sur les tranchées... perte: 1 blessé

* 29 avril, 6h au 30 avril, 6h... L'ennemi montrant une grande activité, la relève est repoussé au lendemain, puis repoussé encore pour une partie du régiment au 2 mai. Rien d'important à signaler dit le JMO ? Les minenwerfer agissent à droite et sur le centre. Les tranchées de droite ont été très bouleversées Pertes: 2 tués, 3 blessés...

 

Le 5 mai le 2ème RIC qui a passé quelques jours à Vienne la Ville quitte ses cantonnements pour le secteur de La Harazée où il arrive à 17h Il prend ses positions en 1ère ligne dans la nuit.

 

* 6 mai, 6h au 7 mai, 6h... Rien d'important...Duel d'artillerie, bombes... Pluie torrentielle. Pertes: 3 blessés

* 7 mai, 6h au 8 mai, 6h... Le 7 mai vers mise à feu d'une mine... 2 fourneaux de 90 kg de cheddite... pas d'entonnoir.

* 8 au 9 mai... Calme... Pertes : 6 blessés

* 9 au 10 mai... La brigade coloniale dépend à présent de la 42ème division, sans être endivisionnée...  Pertes : 1 tué, 3 blessés. Le 1er bataille du 2ème RIC reste en première ligne dans le secteur "Mortier". les deux autres bataillons sont relevés... Pertes: 1 tué, 9 blessés

* 10 mai, 12h au 11 mai, 12h... Dans l'après-midi pilonnage du secteur du Mortier. Les 2ème et 3ème bataillons sont en seconde ligne. Les allemands ont tenté sans succès d'empêcher  nos travaux de réfection de tranchées et d'installation de réseaux de barbelés... pertes : 1 blessé

* 11 mai, 12h au 12 mai, 12h... Entre 16 et 16 h les tranchées de gauche du secteur du Mortier reçoivent 40 obus de 105 percutants...  Pas de pertes

* 12 mai, 12h au 13 mai, 12h... journée calme sur les 3 sous-secteurs. La relève a été effectuée sans problème. Faible riposte à nos provocations... Pertes 1 tué, 3 blessés

* 13 mai, 12h au 14 mai, 12h...   les jours s'enchainent ainsi , s'il n'y avait pas chaque jour quelques morts et blessés, on pourrait parler, en lisant le J.M.O., de monotonie...

 

Grégoire Joseph Marie LE PORT sera inhumé dans le cimetière de Tulle

 

L'acte de décès sera transcrit dans les registres d'état-civil de Groix le 2 décembre 1915

 

Son nom est gravé sur les différents monuments de l'Ile de Groix

 

lycée de Garçons de Tulle (Corrèze) où était installé l'hôpital n°23