Mort pour la France

Pierre M. Onésime LE GUEN (1883 / 1919)

109ème R.I. caserne Damrémont à Chaumont

 

Fils de Jean Louis, un journalier, charretier, né à Languidic (Morbihan) en 1841 et de Marie Sainte FURET, une groisillonne, née en 1856, mariés à Groix en février 1878 et y résidant dans le bourg de Loctudy, Pierre Marie Onésime LE GUEN est né le 1er juin 1883 à Groix, dans le bourg de Loctudy. Il est le 4ème enfant d'une fratrie de sept.

 

Après quelques années passées sur les bancs de l'école, Pierre Marie suit le chemin de son père et rapidement fait son apprentissage de de paysan-charretier.

 

Après la mort de la mère, à 33 ans, épuisée par la mise au monde de 7 enfants; il semble que la famille aille s'installer à Lorient

 

En 1903, domicilié à Lorient, Pierre LE GUEN est déclaré "bon pour le service armé" sous le numéro matricule 971 / Lorient, mais il est dispensé d'un service long, son frère étant déjà sous les drapeaux.

 

Il est incorporé le 14 novembre 1904 au 109ème régiment d'infanterie (26ème Brigade d'Infanterie - 13ème Division d'Infanterie ) dont le dépôt se trouve à la caserne Damrémont à  Chaumont (Haute-Marne). Il est rendu à sa famille le 23 septembre 1905.

 

Quelques mois plus tard, il se marie avec Barbe Marie Hélène MESTRIC, une lingère de Ploemeur, fille d'un forgeron, le 21 août 1906 à Lorient. Ils résideront à Lorient, rue de Kerlin  et auront au moins un enfant.

 


 

Lorsque la guerre éclate en août 1914, Pierre LE GUEN est âgé de 31 ans. Il est mobilisé dès le 3 août 1914 et invité à se rendre au dépôt du 62ème Régiment d'infanterie qui se trouve à la caserne Bisson à Lorient.

 

Compte tenu de son âge, il est affecté à la 21ème Compagnie (6ème bataillon) du 262ème Régiment d'infanterie, la réserve du 62ème RI. Ce régiment à deux bataillons appartient à la 122ème brigade de réserve - 61ème division de réserve mise à disposition du Ministre de la guerre, basée à Paris (la réserve générale).

 

Le 5 août le régiment quitte Lorient en train pour débarquer le lendemain à Paris et rejoindre le 7, la commune du Bourget. Le train de combat embarque le 9 à Lorient et rejoint Le Bourget le 11. Si l'on s'en tient à la fiche matricule  de Pierre, il voyage avec ce convoi. Jusqu'au 24 août le régiment reste au Bourget.

 

 

Le régiment est totalement désorganisé. Les compagnies errent dans les campagnes de la Somme et de l'Oise, allant jusqu'à Abbeville pour certaines. Il arrive enfin à se reconstituer à Osny (Val d'Oise) le 1er septembre. Après s'être réorganisées le 2 septembre; les compagnies sont utilisées à réaliser des travaux de défense, au nord de la RN. 14, les 3 et 4 septembre (bivouac à Chardrouville et Condécourt).

 

Le 5 septembre, le régiment commence une longue marche par se rendre à la gare de Villaparisis en passant par Tremblay les Gonnesse. Le 7 septembre, très tôt, le régiment embarque en train  et il est déposé à 7h à Nanteuil le Haudouin (Oise).

 

Toute la matinée le régiment avance vers l'est pour s'installer entre Betz et le bois de Montrolle. A 15h30, le 5ème bataillon attaque le bois de Montrolle, mais les allemands résistent infligeant au bataillon des pertes élevées. Il doit se replier.

 

Le lendemain le régiment placé en réserve, sur le plateau à l'est du village de Boissy-Fresnois reçoit un contingent de renfort de 868 hommes et 6 officiers. La nuit le régiment s'installe dans le village, pour reprendre sa position sur le plateau le lendemain matin (9 septembre).

 

Le 25 août, le régiment embarque à la gare de Villiers-le-bel pour Arras (Pas de Calais) où ils arrivent le lendemain vers 2h, aussitôt le régiment part vers le nord-est puis, après une halte à Roeux et Pelves, bifurque plein sud en direction de Bapaume, mais ils sont arrêté à Beugnâtre au nord de Bapaume pour faire face à des unités allemandes.

 

Puis il repart vers le sud pour Sailly-Sallisel et à Rancourt (Somme) afin d'effectuer une concentration de la division. En arrivant à Sailly, le 5ème bataillon est assailli par les allemands. Le bataillon arrive à dégager le village, puis remonte vers le Transloy pour éviter de se faire encercler. Quand au 6ème bataillon il se replie vers Morval, mais il est aussi sujet à une canonnade. Ces incidents vaudront au régiment 230 blessés mais aussi plus de 120 disparus.

 

Le régiments arrive à se reformer tant bien que mal près du village de Les Boeufs vers 19 h, puis le 6ème bataillon se porte sur Flers, mais trouvant le village encombré va bivouaquer à 1500 m à l'ouest  du village. Il est 21h30. Le 28, le 6ème bataillon reprend sa marche en direction de Maricourt, Eclusiers... mais les hommes sont fatigués et le 6ème bataillon isolé Le commandant du bataillon décide donc une grand halte à Suzanne au nord de la Somme.

 

Dans l'après-midi du 28, le commandant du bataillon a enfin des informations et des consignes. Il installe chacune des compagnies à garder un pont sur la Somme à Cappy, Éclusier-Vaux, Frise et Feuillères. La 21ème compagnie (celle de Pierre LE GUEN hérite du pont d'Éclusier-Vaux. Mais elles sont sérieusement attaquées et doivent reculer. La 21ème rejoint Cappy où elle retrouve la 24ème. Les pertes de la journée sont encore importantes, plus de 60 blessés et plus de 180 disparus.

 

 

Les allemands, par un mouvement tournant passant par la forêt de Bois-le-Roi risque d'encercler le régiment. Celui-ci doit reculer pour l'éviter. Il se replie sur Nanteuil et Sennevières. Le feu de l'artillerie française empêche les allemands d'aller plus avant. ces 3 journées coûte au régiment plus de 100 blessés et plus de 130 disparus.

 

Le 10, le régiment est regroupé à Saint-Pathus, à quelques kilomètres au sud-ouest, puis se rend à Plessy-Belleville, puis à Nanteuil où il arrive à minuit.

 

Le 11 septembre, la poursuite des allemands commence, pas de halte, le régiment est à 3 heures derrière l'arrière-garde allemande; Crépy-en-valois, Eméville où il bivouaque quelques heures, puis Taillefontaine, Hautefontaine, Jaulzy. Le 12, à 15 h, le 6ème bataillon prend position dans le vallon de Courtieux, au sud de l'Aisne.

 

Le 13, l'ensemble du régiment passe l'Aisne entre 5 et 6h par un pont de fortune établit dans la nuit par le Génie. Il remonte par Bitry et Saint pour  s'établir dans les bois à l'est de Saint Pierre, mais pris pour cible, par les canons allemands, doit reculer et remonter sur le plateau au sud de Moulin-sous-Touvent. Le régiment compte 2 tués et plus de 120 blessés.

 

Le 14, le régiment est en réserve et bivouaque à Bitry.

 

Le 15, le régiment n'ayant plus que 1500 hommes se porte dans le bois de Saint-Pierre de Bitry et la chaussée de Brunehaut pour se porter sur le plateau de Saint Léocade. Mais il doit stationner longuement car il est fortement canonné.  En début, le régiment s'avance jusqu' à la ferme Moufflaye mais la position est intenable et il faire demi-tour pour aller bivouaquer à Sacy. Les pertes sont de 2 tués, plus de 50 blessés et 3 disparus.

 


champ de bataille du 13 au 15 septembre

extrait du relevé des blessés dans le J.M.O du 262ème R.I. pour le 15 septembre 1914

 

Pierre Marie LE GUEN, après un long séjour à l'hôpital et en convalescence, est réformé n°1 le 31 juillet 1915 par la commission de réforme d'Orléans pour "amputation (à hauteur) du poignet gauche, perte de l'usage de la main gauche et plaie au cou".

 

Il est proposé pour une pension de 4ème classe.  Elle lui est accordée avec entrée en jouissance le 25 mars 1916 (Plus de 18 mois après sa blessure)

extrait du J.O. du 8 juin 1916

 

Il est cité à l'ordre du régiment " soldat d'un courage et d'un dévouement à toute épreuve. A été très grièvement blessé à l'attaque des lignes ennemies, le 15 septembre 1915 . Perte de l'usage de la main gauche" avec une erreur dans l'article du J.O. sur son affectation.

 

Un décret en date du 8 août 1916, lui attribue la Croix de guerre et la Médaille militaire.

extrait du J.O. en date du 18 septembre 1916

C'est au cours de l'avancée du 15 septembre 1914 après-midi dans le secteur de la ferme Moufflaye (commune de Saint Pierre de Bitry - Oise) que Pierre Marie Onésime LE GUEN est blessé très grièvement à la main et au cou, probablement par une éclat d'obus. Après des premiers soins prodigués par l'ambulance, il est évacué sur l'hôpital de Senlis (Oise) à 60 km dès le lendemain matin.

 

Pierre Marie Onésime LE GUEN obtient un emploi protégé comme "gardien de bureau' à l'Arsenal de Lorient.

 

Son épouse Berthe MESTRIC décède le 1 avril 1919 à l'hôpital Bodélio de Lorient, peut-être de la "grippe espagnole".

 

Pierre Marie Onésime LE GUEN décède le 4 juillet 1919 à 10 h dans les locaux de l'hôpital maritime de Port-Louis, des suites de ses blessures ou plus prosaîquement de la grippe espagnole ? Il est âgé de de 36 ans. Il est veuf et il laisse un orphelin de 11 ans qui vient de perdre sa mère et son père en quelques semaines. Il a probablement été adopté par la nation (à vérifier).

 

 

 

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