Mort pour la France

Joseph Marie EVEN  ( 1884 / 1915 )

 

Fils de Léonard, né à Groix en 1845, marin-pêcheur et de Jeanne Thérèse ADAM, née à Groix en 1846, mariés en juin 1866, Joseph Marie ÉVEN est né le 6 février 1884, à Groix, dans le village de Kerlard. C'est le 6ème enfant d'une fratrie de 11.

 

Après quelques années passées sur les bancs de l'école Joseph a fait son apprentissage de marin-pêcheur, d'abord comme mousse vers 12/13 ans puis comme matelot. Quand il passe devant la commission de recrutement, il est déjà inscrit maritime sous le n° matricule  ? / Groix;

 

Il effectue son service militaire à partir de 1904 au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. Son matricule au recrutement est le 1640 / Lorient. Rendu à la vie civile, il reprend ses activités à la pêche.

 

Joseph se marie en 1910, le 10 mai, avec une groisillonnne, Marie Alida GOURONC, née en 1891 dans le village de Quelhuit. Ils auront 3 enfants et resteront vivre à Quelhuit.

 

Joseph Marie EVEN décède le 30 juin 1915 dans la presqu'ile de Gallipoli (Turquie)


En 1914, Joseph ÉVEN qui a 30 ans a été appelé dans les troupes de réserve de la Marine, au 3ème dépôt des équipages de la flotte de Lorient, mais la marine n'a pas de mission à lui confier, il est donc versé dans l'Armée de terre, le 21 janvier 1915.

 

Joseph est affecté au 2ème R.I.C., stationné à Brest, dans la caserne Fautras où il arrive le 24 janvier 1915 pour une période de formation. Il y passe plusieurs mois, changeant régulièrement de compagnie. Le 9 février, il est affecté à la 26ème Cie, puis il passe à la 28ème Cie le 19 février et à la 21ème le 28 février.

 

A l'issue de ses classes, il est affecté au 7ème R.M.I.C le 26 mai 1915 (qui deviendra le 57ème RIC, le 16 août 1915) pour rejoindre le front avec un contingent de renfort. Il fait le voyage en compagnie d'autres groisillons: ?  et arrive début juin à Sedd Ul Barh

 

Peu après l'arrivée du 7ème R.M.I.C., le général Gouraud  prend (14 mai 1915) le commandement du corps expéditionnaire français, réorganise les positions et fait reprendre l'offensive dès le 1er juin. Gouraud ordonne de «durer» face aux Turcs désormais solidement installés sur le pic d’Achi Baba 8 à 9 km du cap Hellès.

 

Sans succès, les assauts successifs ne parviennent pas à percer les lignes turques. La nuit, les soldats alliés subissent même les contre-attaques de commandos turcs qui les attaquent silencieusement pour égorger les guetteurs dans les tranchées. Les côtes de la péninsule de Gallipoli sont un gigantesque cimetière où des milliers de corps pourrissent sous un soleil torride.

 

 

Gouraud et Hamilton (le commandant du corps britannique) s’inspirent des attaquent de style commandos pour préparer ensemble l’attaque du 4 juin sur tout le front. L’assaut brusqué du 4 juin est un échec, de l’aveu même de Gouraud. Des tranchées turques ont certes été prises, mais l’artillerie des alliés s’avère insuffisante pour tenir les forces ennemies à distance. La bataille se prolonge pendant 2 jours mais les alliés doivent admettre qu’ils ne viendront pas à bout des Turcs. Ils ont gagné près de 300 mètres mais au prix de plus de 15 000 hommes, dont 2 500 Français.

 

Le bataillon de renfort dans lequel se trouve Joseph ÉVEN arrive au début juin 1915. Joseph est affecté à la 3ème compagnie (1er bataillon).

 

Les combats se multiplient au cours du mois de juin 1915, notamment les 8 et 9 juin. Alors que les Britanniques attaquent en direction de Krithia, (centre de la péninsule), les Français cherchent à prendre l’éperon de Kérévès Déré (au pied du Mont Achi Baba). C'est le 6ème RMIC qui est première ligne, il réalise une nouvelle avancée à l'ouest du ravin. Malheureusement, il est tellement décimé après cette action qu'il doit être envoyé au repos à l'arrière. Le 21 juin 1915, Gouraud confie l’exécution principale d'un assaut au colonel Girodon avec le 176ème, le 6ème RMIC, en soutien. L’attaque est menée à l’aube, les Français prenant le «Haricot» et le «Quadrilatère», mais dès 7 h, les troupes doivent se replier sur leur point de départ. Les textes officiels veulent croire à une victoire en fin de journée. Les troupes repartent à l’assaut les 22 et 23 juin. Mais au bout de 3 jours de combats, le décompte est macabre: 3 200 hommes sont mis hors de combat dont quelque 500 ont été tués. Gouraud déplore surtout la mort de 21 officiers et la blessure de 46 autres. C'est au cours de cette funeste journée que six groisillons du 6ème RMIC sont tués ou disparaissent.

 

Le 7ème R.M.I.C., en réserve, ne participe pas à l'attaque meurtrière de 21, 22 23 juin.

 

 

Joseph Marie ÉVEN ( blessé le 28 juin ? ou lors de l'assaut du 30 juin ?, sur ce point le différents documents divergent) est décédé le 30 juin, probablement dans l'hôpital de campagne installé à Sedd Ul Bahr, des suites de blessures contractées en premières lignes la zone dite du "quadrilatère des Z". Il a 31 ans et laisse une veuve et 3 orphelins en bas-âge.

 

Son acte de décès établi par les autorités militaires le 30 juin 1915 a été retranscrit le 29 octobre 1917 dans les registres d'état-civil de la commune de Groix. Il comporte la mention "Mort pour la France".

 

Bien que le décès de Joseph ait été dûment constaté, les autorités militaires ne semblent pas connaitre son lieu d'inhumation. Il a probablement été inhumé dans un cimetière militaire, mais on ne sait pas comment celui-ci a été respecté après le départ du Corps expéditionnaire. Si son corps a été retrouvé après les hostilités, il n'a pas pu être identifié et a été inhumé dans un ossuaire. Probablement dans l'un des 4 ossuaires de Sedd Ul Barh où reposent environ 10 000 soldats inconnus.

 

Le nom de Joseph Marie ÉVEN est gravé sur le Monument aux morts de Groix, sur la plaque de l’église et sur le mémorial de l'écomusée.

caserne Fautras à Brest

 

Le 7ème régiment mixte d'infanterie coloniale (7ème R.M.I.C.) a été créé à partir d'un bataillon européen du 7ème R.I.C. (mais on ne s'embarrasse pas des ces détails en 1915, on dit un "bataillon blanc") et de deux bataillons "noirs", le 8ème bataillon sénégalais qui sera le 2ème bataillon du 7ème RMIC, et le 12ème bataillon sénégalais qui en sera le 3ème. Il est rassemblé aux environs de Toulon pour un mois de formation à la cohésion, puis il est embarqué le 2 mai 1915 sur le "Lutétia" pour Sedd Ul Bahr où il arrive le 6 mai. Le 7ème RMIC formait la 4ème brigade mixte coloniale avec le 8ème RMIC, incluse dans la 156ème division d'infanterie qui devient la 2ème division d'infanterie du C.E.O

 

Dès son arrivée, le 7 mai, le 7ème RMIC, dont Maurice ÉVEN, bien que placé en réserve, le régiment est engagé dans le premier combat du Kérèvès-Déré. Le 8, il l'est de nouveau. Le 9, une conte-attaque turque fait quelques dégâts. Le 12 mai, il quitte les tranchées pour un repos bien précaire à 1500m en arrière, dans les champs d'oliviers.

 

Durant cette période de repos, le régiment est réorganisé et chaque bataillon devient mixte, composés de 2 compagnies blanches et de 2 compagnies noires.

 

Le 20 mai, le commandant du régiment est tué.

 

Quelques jours plus tard, le 28 juin, le 7ème régiment mixte d'infanterie coloniale monte en premières lignes, avec Joseph et Maurice ÉVEN, de lointains coussins... Le 30, il est chargé de l'attaque de l'ouvrage turc dit " Quadrilatère des Z ". Après une bonne préparation d'artillerie, le bataillon Poupard attaque à 6 h., soutenu à sa droite par deux compagnies du bataillon Heysch; le bataillon Meray est en réserve. Nos troupes progressent rapidement, malgré une énergique résistance de leurs adversaires, et s'avancent jusqu'aux ouvrages turcs T et W.

 

Vers 8 h, une violente contre-attaque ennemie riposte. Nos troupes, débordées, refluent vers leurs positions de départ. Le reste du bataillon Heysch et deux compagnies du bataillon Meray rétablissent la situation et malgré de nouvelles contre-attaques, nous sommes, le soir, solidement établis dans le « Quadrilatère des Z » qui nous restera désormais. Les deux cousins Maurice et Joseph ÉVEN ont payé de leurs vies cette éphémère "victoire".

 

Les pertes sont importantes de part et d'autre, toute action aux Dardanelles étant menée par des effectifs denses sur des espaces resserrés et en terrain absolument découvert, Pendant toute la journée, violent bombardement de nos lignes arrières par les batteries turques de la côte d'Asie.

 

Vers 17 heures, le général Gouraud est grièvement blessé, en se rendant aux ambulances visiter les blessés qui commencent à y arriver.

une cérémonie d'inhumation, probablement d'un officier

 

On ne trouve aucune autre mention dans la presse de

Joseph Marie EVEN