Mort pour la France

Pierre Marie BLANCHARD  (1878/1915)

 

Fils d'Alexandre, né à Groix en 1837 et de Rose Marie Désirée TONNERRE, née à Groix en 1839, mariés à Groix en avril 1869, Pierre Marie BLANCHARD est né à Groix le 15 juillet 1878 dans le village de Kerohet. C'est le 4 ème enfant d'une fratrie de 5 garçons.

 

Orphelin de père à 6 ans, il fait son apprentissage de marin très tôt, d'abord comme mousse vers l'âge de 11/12 ans, puis comme matelot à la pêche.

 

A l'époque de son conseil de révision en 1897, il est déjà inscrit maritime sous le n° matricule Groix / 1434. Son n° matricule au recrutement est le 799 / Lorient.

 

Il fait son service militaire, à compter du 15 octobre 1898 au 3ème dépôt des équipages à Lorient. Il est renvoyé dans ses foyers le 15 octobre 1899, dispensé pour subvenir à sa famille.

 

Il reprend ses activités de marin-pêcheur, puis plus tard comme "boîtier" (soudeur de boites de conserves de poissons)

 

Pierre BLANCHARD se marie le 16 novembre 1910 aux Sables d'Olonne (Vendée) avec Berthe Marie Mélanie GRONDIN, née en 1878. Il s'installe avec son épouse aux Sables. Ils auront 2 enfants, nés aux Sables d'Olonne.

 

Pierre Marie BLANCHARD décède le 14 juillet 1915 sur le territoire de la commune de Servon-Melzicourt.


 

A la mobilisation Pierre Marie BLANCHARD a 36 ans, il est appelé au 3ème dépôt des équipages de la flotte, mais la Marine ne lui trouve pas d'affectation dans ses rangs, il est d'abord renvoyé chez lui, puis versé dans l'Armée de terre qui manque de bras après les évènements meurtriers de l'automne 1914.  Il est rappelé le 19 décembre 1914, et arrive au dépôt du 2ème RIC  à Brest, le 22 décembre 1914.

 

Après quelques semaines de formation, il rejoint ce régiment sur le front. Il est probable qu'il ait rejoint ce régiment sur le front, dans le même contingent de renfort que Pierre GROSSIN, Ange CAUDAL, Joseph Marie BARON, Émile BARON, Joseph Marie BERNARD, Isidore YVON, Élie EVEN et Yves LANCO, huit autres groisillons. Celui-ci se trouve à cette date dans un secteur de l'Argonne, à Servon. 

 

Après 3 semaines d'un repos bien mérité, du 16 juin au 13 juillet, le régiment se prépare à une nouvelle attaque dans le secteur du bois Baurain. Le 13 juillet au soir, les troupes d'attaque occupent leurs positions de combat, dans le but de les reconnaitre. Le mouvement terminé vers 20 h, les troupes reprennent leurs positions de départ. Le 14 juillet, à 4 h du matin, les bataillons d'assaut sont à leurs postes. A 8 h15, ils s'élancent à l'assaut des positions ennemies...

 

... Pour la suite de la description de l'attaque vois le fiche d'Émile Marie BARON

 

Dans ces combats du Bois Baurain du 14 juillet 1915, le régiment a eu 28 officiers et 1.322 hommes tués, blessés ou disparus dont 7 groisillons : Emile Marie BARON, disparu, Joseph BERNARD, tué à l'ennemi, Pierre BLANCHARD, disparu, Élie EVEN, disparu, Yves LANCO, disparu, Pierre LE DREFF, disparu, et Eugène STÉPHAN et sans doute de nombreux blessés. Journée noire pour l'île de Groix et à y regarder de plus près, cette attaque n'a servi à rien !!!

 

Il sera honoré, à titre posthume, d'une croix de guerre avec étoile de bronze.                                             (J.O. du 16 mai 1922. vvvv)

Extrait de la plaque répertoriant les " MPF" des Sables-d'Olonne

placée sur le monument

 

 

Monument aux Morts des Sables-d'Olonne >>>>

 

Mais revenons un peu en arrière. Le 2ème RIC a son dépôt à Brest, il est membre de la 1ère Brigade Coloniale rattachée à la 3ème Division Coloniale. Il dispose de 3 bataillons.

 

En août 1914, le 2ème RIC participe à la bataille des frontières en Lorraine et en Belgique. Il combat à Rossignol le 22 août. Durant les combats, le régiment perd 2850 hommes mis hors de combat, puis à Villers-sur-Semoy. Là, craignant qu’il tombât au main de l’ennemi, le drapeau du régiment est enfouit en terre par le soldat LE GUIDEC. Il retraite par Cernay-en-Dormois, Ville-sur-Tourbe puis bois de Ville, il combat à la ferme de Touanges et à Servon. 

 

Le régiment est reconstitué le 17 septembre, avec seulement 2 bataillons, suite aux pertes des précédents combats. Il est dans le secteur de Minaucourt, cote 180, Massiges de la fin septembre à novembre. Il passe en Argonne vers le 13 novembre: bois de la Gruerie, le Four-de-Paris, Chaudefontaine, Fontaine-aux-Charmes, puis dans le secteur de Servon de janvier 1915 jusqu’au 16 juin. Durant cette période, le secteur est "calme" avec quand même quelques tués et blessés chaque jour, et le 2ème RIC se relaie tous les 5 jours avec le 1er RIC. Il ne se passe pas d'évènements très importants, sauf le 29 janvier 1915, où le 3ème bataillon est alerté et engagé dans la partie sud-ouest du bois de la Gruerie pour coopérer avec la 40ème D.I. à une contre-attaque dirigée contre les Allemands qui ont pris des tranchées.

 

Pierre Marie BLANCHARD est d'abord déclaré disparu au cours des combats du 14 juillet, curieuse fête nationale pour lui. Mais on le retrouve ni dans les ambulances de premiers secours, ni dans les listes de prisonniers publiées par les allemands. 

 

Un jugement du tribunal des Sables d'Olonne, en date du 1er mars 1921, le déclare mort à l'ennemi, mort pour la France, le 14 juillet 1915, lors du combat du Bois Baurain, sur le territoire de la commune de Servon-Melzicourt (Marne). Il allait avoir 37 ans le lendemain. Il laisse une veuve et deux très jeunes enfants.

 

Le jugement, valant acte de décès est transcrit au registre d’état-civil de la commune des Sables d'Olonne à la date du 12 mars 1921

 

Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu, d'inhumation. Si son corps a été retrouvé mais non identifié, il a pu être inhumé dans un ossuaire de la Nécropole Nationale de La Gruerie à St Thomas en Argonne (51519). La nécropole est située à la sortie de Vienne-le-Château. Elle s'étend sur une superficie de 23 ha. L’ossuaire, lui-même s’étend sur 850 m². Là sont rassemblés près de 10 000 corps exhumés du bois de la Gruerie après la guerre. Seuls 92 ont pu être identifiés.

 

Le nom de Pierre Marie BLANCHARD est gravé sur le Monument aux Morts des Sables d'Olonne (Vendée)

 

Il ne l'est pas sur les monuments de Groix. Il n'a pourtant quitté l'île de Groix que depuis moins de 5 ans.