Mort pour la France

Joseph C/GAUDAL (1893 / 1920)

 

Fils de Jean Baptiste, un marin-pêcheur groisillon, né en 1846 et de Marie Josèph(e) UZEL, une groisillone, née en 1850, mariés à Groix en avril 1875, résidant dans le village de Kerlo bras, Joseph C/GAUDAL est né le 2 février 1893, à Groix dans le village de Kerlo bras. C'est le petit dernier d'une fratrie de de neuf enfants.

 

Après quelques années sur les bancs de l'école, Joseph comme la plupart des jeunes groisillons, deviendra marin-pêcheur. Il s'en- gage d'abord comme mousse vers l'âge de 11/12 ans, puis obtient le titre de novice, inscrit provisoirement sur le registre des gens de mer vers mars 1908.

 

A ses dix-huit ans révolus, il est inscrit définitif sur le registre des gens de mer du quartier de Groix sous le n° matricule 2055, vers mars 1911. Il embarque comme matelot, sur diffé-rents dundees de l'île.

 

La loi des "trois ans" sur le régime des conscrits de la classe 1913 et des suivantes précipite son incorporation. Il rejoint donc le 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient où il effectue ses classes.

 


 

Lorsque la guerre éclate, en août 1914, Joseph GAUDAL est âgé de 21 ans; Dès les premiers jours, la Marine met sur pied deux régiments de "fusiliers marins" ayant vocation au maintien de l'ordre dans la ville de Paris. Joseph n'est pas breveté "fusilier", mais il a le profil recherché : jeune, célibataire ayant déjà effectué ses classes. Il est affecté au 3ème bataillon, entièrement composé d'hommes du 3ème dépôt de Lorient, du 1er régiment.

 

Le 1er régiment arrive à Paris le 16 août 1914. Le 2ème vers la fin août. Si les régiments participent au service de police de Paris, leur entraînement ne s'arrête pas puisque la formation militaire des marins est activement poussée.

 

Le 2 septembre, les deux régiments devenus "régiment de marche" formant la brigade des fusiliers marins (B.F.M.) quitte ses cantonnements parisiens. Elle est incorporée dans le corps d'armée affecté à la défense du camp retranché de Paris.

 

 

La Brigade se bat à Melle du 9 au 11 octobre pour protéger la retraite des troupes belges ayant évacué Anvers. Ensuite ils décrochent vers Dixmude qu’ils atteignent le 15 octobre après une marche épuisante. Poursuivis par 50 000 Allemands, ces hommes habitués à vivre nu-pieds sur leurs bateaux, fournissent des marches de 30 et 40 kms.

 

Le lendemain, 16 octobre, la ligne de défense des marins est à peine établie que les Allemands déclenchent, à 16 h, leur première attaque. Les combats pour la possession de Dixmude viennent de commencer, opposant 6 000 marins de la brigade et 5 000 Belges à 3 corps de réserve d'armées allemands, environ 30 000 hommes.

 

Le 24 octobre à 21 h, les allemands lance une attaque générale avec comme objectif de percer le front en direction de Furnes. Deux colonnes vont assaillir le front Nieuport - Dixmude tenu par les Belges et 2 autres colonnes vont converger sur Dixmude, après une formidable préparation d'artillerie. Le 26 octobre, les marins sont renforcés par un régiment de marche de tirailleurs sénégalais composé du 3e BTS du Maroc et le 1er BTS d'Algérie.

 

Le 28 octobre, les Belges ouvrent les vannes et inondent la rive gauche de l'Yser entre ce fleuve et la chaussée de chemin de fer de Dixmude à Nieuport, faisant de Dixmude une presqu'île artificielle. Ces inondations sauvèrent la situation sur l'Yser.

 

Pendant la nuit, un groupe d’artillerie belge (12 pièces) vient relever ce qui reste de l’artillerie de campagne mise à la disposition de l’amiral et dont l’effectif est tombé à 14 pièces.

 

Le 9 novembre, dès le matin, la fusillade allemande reprend contre les tranchées de Dixmude et ainsi que le bombardement pendant toute la journée, auquel l'artillerie répond, mais sans moyen d’appréciation de ses résultats. Les batteries de campagne nouvellement installées exécutent des tirs sur des points indiqués, en vue de déterminer les éléments qui leur sont nécessaires pour ouvrir rapidement le feu sur tel point qui leur serait indiqué, et en particulier sur les tranchées allemandes très rapprochées des nôtres.

 

Le 10 novembre, un bombardement violent commence dès le matin, principalement sur les fronts est et sud de Dixmude et sur la rive gauche de l’Yser, notamment sur le cimetière qui devient vite intenable. L’artillerie de campagne, l’artillerie lourde de la défense répondent, mais sans grand résultat apparent. A 11h30, le bombardement des tranchées redouble. C’est l’attaque brusquée. A 13h, l’infanterie ennemie marche sur les tranchées de Dixmude plus ou moins démolies et en tout cas neutralisées. Elle s’empare d’une partie de ces tranchées, de celles qui sont immédiatement au sud de la route d’Eessen et pénètre dans l’intérieur de la défense, prenant en écharpe et à revers les autres tranchées qui sont les unes après les autres évacuées. Une vive fusillade éclate partout en ville où l’ennemi a pénétré avec une rapidité surprenante, encore inexpliquée.

 

A 16h30, la situation est des plus confuses. Les actes d’héroïsme relevés sont nombreux; ils ne peuvent aboutir à la conservation de la ville, et l’amiral décide d’abandonner Dixmude et de mettre tout en œuvre pour arrêter les progrès de l’ennemi à l’Yser. A 17h, la ville est prise, l’amiral fait sauter les ponts. L’artillerie lourde de la défense reçoit l’ordre de bombarder à son tour Dixmude, pour en rendre l’occupation intenable. Le feu est mis à la minoterie. La décision de bombarder Dixmude était des plus pénibles, parce que la ville contenait certainement beaucoup de blessés alliés, mais elle était nécessaire pour le maintien du front de l’Yser, à une heure où le moral de nos troupes pouvait être fortement ébranlé. Les pertes sont considérables.

 

De la garnison de Dixmude, il ne revient que 200 Sénégalais, 200 Belges, 500 marins (sur plus de 6000) et quelques officiers. Joseph GAUDAL a échappé au massacre de Dixmude.

 

 

Les fusiliers sont organisés en force de campagne et s'établissent en dehors de Paris. De nombreuses missions leur sont confiées: soutien des forces d'infanterie, occupation des villes de la région parisienne pour y maintenir l'ordre et assurer une présence militaire, construction d'un pont flottant sur l'Oise. Dans les jours qui suivent, le 2ème régiment est engagé dans une opération destinée à «purger» les forêts de Chantilly et d'Ermenonville des derniers Allemands qui s'y trouvent depuis leur retraite.

 

Le 4 octobre, la brigade reçoit l’ordre de se tenir prête à partir pour Dunkerque, afin de faire partie d’une armée qui s’organise dans cette région. Le 7 octobre, elle embarque à la gare de Saint-Denis et à la gare de Villetaneuse (7 trains) à destination de Dunkerque. Arrivé à Dunkerque, ordre est donné de faire continuer les trains de transports sur Anvers. Mais la voie est coupée après Gand: la brigade débarque dans cette ville le 8 octobre. Elle y trouve la situation suivante, les 6 divisions de l’armée belge sont en retraite d’Anvers sur Bruges, dont une est encore à Anvers. A Gand, les troupes belges défendent le front sud de Gand entre l’Escaut aval et la Lys. Les Allemands sont encore peu actifs

 

Le 3 et 4 novembre, la 42ème division a tenté une offensive pour dégager Dixmude, mais celle-ci est sans résultats probants. Le 6 novembre, le repli de la 42ème D.I. se fait sans incidents et la brigade se trouve de nouveau seule à Dixmude. La division laisse toutefois 1 groupe de 2 batteries de 75 à la disposition de la brigade.

 

A Dixmude, les Allemands ont ramené leurs grosses pièces avec lesquelles ils reprennent un bombardement assez intense de la ville et de ses tranchées, des tranchées de l’Yser et du terrain en arrière. Sur le soir, une attaque d’infanterie allemande sur le cimetière est repoussée. La nuit est calme grâce au brouillard épais.

 

Le 7 novembre, en vue de rendre plus intime l’action de l’artil-lerie et de l’infanterie, l’Amiral décide une nouvelle organisation.

L'ensemble de la défense proprement dite de Dixmude comprenant le front extérieur de la ville, la ville de Dixmude, la rive de l’Yser (nord et sud du Pont route) est à la charge 2ème régiment

 

Pendant toute la journée, des duels d’artillerie ont lieu, notre artillerie lourde cherche l’artillerie allemande, sans parvenir à éteindre son feu. Sur le front des tranchées de Dixmude, les Allemands montrent une grande activité. La nuit est troublée. L’ennemi venant d’Eessen prononce plusieurs attaques sur Dixmude sans toutefois insister.

 

Le 8 novembre, les allemands attaquent plusieurs fois le cimetière au sud de la ville. Ils sont repoussés. La ville subi de violents bombardements toute la journée. Le tir des allemands est dirigé avec une grande précision sur les tranchées du cimetière et de l’Yser et sur l'artillerie lourde placée vers Oudecapelle. Deux aéroplanes et un drachen-ballon comme d’ailleurs presque tous les jours, dirigent ces tirs. Les pertes sont importantes.

 

 

 

 

Le combat se poursuit. Le 15 novembre, le G.Q.G. belge, ayant décidé de tenter une inondation sur la rive Est de l’Yser, le Génie belge, avec l’aide des marins, fait sauter l’éclusette au sud de la borne 16 pour déterminer une inondation sur cette rive, un peu au nord de Dixmude. Le 16, les restes de la Brigade sont évacués pour prendre quelques repos qui seront de courte durée.

 

 

La brigade est ramenée sur l’Yser à la fin de novembre. Le 8 décembre, la brigade est placée dans un groupement qui comprend les 87ème et  89ème Division Territoriale, et la 7ème Division de Cavalerie. La mission de ce groupement est de tenir la ligne du canal de l’Yser entre le pont de Knocke et la passerelle située sur le canal de l’Yser, à 400 m au sud du pont de Steenstraat. La tête de pont de Steenstraat, par où débouche la route de Dixmude, se trouve sous la garde de la brigade. Le temps continue à être pluvieux les tranchées sont en mauvais état et remplies de boue, les hommes sont fatigués.

 

Le 17 décembre, la brigade lance une attaque. L’offensive a pour résultat la prise sur les Allemands de 2 ou 300 mètres de terrain. Malheureu-sement elle coûte très cher à la brigade, les hommes sont très épuisés. Les pertes en officiers sont considérables.  Une nouvelle attaque a lieu le 22 décembre.

 

 

 

Le 24 décembre, les effectifs de la brigade fondent, le nombre des malades, des éclopés, des exempts de service croissant de jour en jour. 

 

Dans la nuit du 30 au 31 décembre, la brigade est relevée en envoyée au repos. Fortement éprouvée par les fatigues et les pertes subies au cours des mois d’octobre, novembre et décembre, elle va se réorganiser.

 

 

 



 

Le 11 janvier 1915, le Président de la République passe en revue la brigade, et fait la remise du drapeau à cette brigade qui n'en avait pas. La garde en est confiée au 2ème régiment, dont le commandant est plus ancien en grade que le commandant de 1er régiment.

 

Il est probable que Joseph GAUDAL ait été évacué vers l'arrière pour maladie ou blessure à la fin de l'année ou au mois de janvier 1915. Il est démobilisé le 11 février 1915.

 

Après quelques semaines de repos, il reprend, bien que diminué, ses activités à la pêche.

 

Joseph GAUDAL décède 17 juin 1920 à son domicile, à Groix. Il avait 27 ans et est toujours célibataire. Il est inhumé dans la cimetière communal de Groix.

 

Comme tous ceux qui sont décédés après avoir été démobilisés, l'État montre peu de reconnaissance et Joseph ne bénéficie pas de la mention "Mort pour la France". Heureusement, il ne sera pas oublié par les autorités civiles de la commune de Groix et il sera honoré en étant inscrit sur le Monument aux Morts de la commune.

 

<<<  Le nom de Joseph GAUDAL gravé sur le Monument aux morts de Groix, avec une erreur dans le prénom