Mort pour la France

Pierre Marie LAURENT (1876/1916)

 

Fils de Joseph Marie, cultivateur, né en 1833 à Crach (Morbihan) et de Marie Jeanne BUHÉ, née en 1841, mariés à Crach en février 1869, à Crach et résidant dans cette commune, Pierre Marie LAURENT est né le 18 juin 1876 à Crach. Il est l'aîné d'une fratrie de 3 enfants. Il passe une grande partie de son enfance à Crach.

 

Au moment du conseil de recrutement vers septembre 1896 à Belz, sous le n° matricule 517 / Lorient, il déclare être jardinier et résider à Port-Louis. Ses parents résident à l'époque à Locoal-Mendon.

 

Il est appelé le 15 novembre 1897 et incorporé au 118ème RI à Quimper (Finistère) pour son service militaire. Il est rendu à la vie civile le 22 septembre 1900. En 1902, il est domicilié au Croisic (Loire Atlantique).

 

En mars 1906, il réside à Groix. C'est là qu'il rencontre une jeune groisillonne, Marie Eugénie ROPERHE, née en janvier 1883 dans le bourg de Loctudy. Ils se marient à Groix, le 7 novembre 1906. Ils résideront au bourg et auront au moins deux enfants.

 

Pierre Marie LAURENT est décédé le 1 mai 1916 à Vadelaincourt (Meuse)

 

Son frère Jean Louis, soldat au 262ème RI est décédé (MPF) un an plus tôt, le 14 juin1915 à Moulin / Touvent (Oise)

 

 


Par suite de la mobilisation, Pierre LAURENT, qui a 38 ans, est rappelé le 1 septembre 1914 et affecté au 88ème régiment d'infanterie territoriale (R.I.T.) dont le dépôt se trouve à Lorient.

 

Après quelques semaines, il est affecté au 11ème R.I.T., le 3 novembre 1914, dont le dépôt se trouve à Beauvais (Oise).

Le 3 Novembre 1914, le jour même ou Pierre Marie LAURENT est affecté au 11ème R.I.T., à minuit, après plusieurs pénibles journées de marche, le Régiment embarque à Lillers; le lendemain il est à Furnes; le surlendemain il traverse Nieuport, les Cinqponts et, sous un sérieux bombardement, s'établit sur la rive droite de l'Yser, remplace les dernières unités de l'Armée Belge. un simple régiment de "pépères", comme on disait d'eux à l'époque, résiste à plusieurs attaques de jour et de nuit, exécute lui-même des attaques vers Lombaertzyde avec d'autres régiments territoriaux et, là encore, fixe le front  jusqu'à la mer en avant de Nieuport, comme viennent de le faire à Dixmude les glorieux fusilliers- marins, contribuant ainsi à arrêter l'ennemi en lui interdisant l'exécution de ses plans vers Dunkerque et Calais.

 

Pendant le mois de décembre, le régiment au repos dans la région de Rexpoode exécute des tranchées du camp retranché avancé de Bergues.

Du 5 Janvier à fin Octobre 1915, le Régiment est rappelé dans le groupement de Nieuport et coopère à la défense de cette ville avec les zouaves et les fusilliers-marins sous les ordres de l'Amiral ROHNARC'H.

 

Le 30 Avril, le Capitaine ROZIER, Commandant la 2ème Cie, est promu Officier de la Légion d'honneur avec la belle citation suivante: « Bien qu'âgé de 70 ans a tenu à reprendre du service pendant la campagne. A participé a tous les combats auxquels le régiment a pris part sans jamais éprouver une seule défaillance, donnant ainsi le plus bel exemple de dévouement à la Patrie. »

 

Le 9 Mai une violente attaque a lieu au Mamelon-Vert, le 2ème bataillon y fait dignement son devoir dans le maintien de nos lignes et la 3ème section de la 5ème Cie est citée à l'ordre du 36ème Corps d'Armée dans les termes suivants: « La 3ème section de la 5ème Compagnie du 11ème Régiment Territorial d'Infanterie, ... , au cours du combat du 9 Mai, s'est fait décimer sur place plutôt que de céder le terrain et a fait preuve d'une endurance et d'une énergie remarquables. »

 

Pendant toute cette période, outre le service des tranchées, un travail assidu de nuit, toujours pénible, souvent dangereux, est demandé au régiment pour l'organisation définitive du secteur.  Mais bien avant Pierre est affecté à un autre régiment.

 

quelques hommes du 251ème R.I.

le Mort-Homme

A partir de 1915, le village de Vadelaincourt avait été choisi pour accueillir l’hôpital temporaire n°12, car la situation géographique apportait une certaine garantie contre les effets du canon si puissant soit-il. Les moyens de communications faciles par la route et proche du chemin de fer. Un autre avantage qui a dû peser dans la détermination du chef de l’hôpital au sujet de son choix : l’existence d’une vaste et confortable maison de campagne, alors abandonnée, le château Génin. On installa l’hôpital dans les locaux libres du village (maisons non occupées, granges, écuries et greniers) La morgue fut installée dans la grange de la dernière maison vers Souhesmes. Le bureau des entrées fut placé dans la grange de la première maison en venant de Verdun. La pharmacie dans une maison face à la mairie. L’état major de ce service sanitaire au château.

 

Certains jours 25, 30, 40 cadavres sont déposés sous une vaste tente "Tortoise" qui sert provisoirement de morgue. La mort fait rage parmi ces soldats que l’on ramène du front, mutilés, littéralement déchiquetés, l’épuisement d’abord, la gangrène gazeuse ensuite, causent de nombreux décès.

 

L'hôpital de Vadelaincourt (H.O.E.12) par le relais de l'H.O.E. 6 reçut les blessés du secteur du Mort-homme et des deux secteurs Nord de la rive droite, de la Côte du Poivre, de Vaux et de Douaumont.. Du 22 février au 15 juin 1916, Vadelaincourt a reçu 10 800 blessés, dont 10 080 par éclats d'obus, 453 par balles, 247 par grenade. La statistique établie fait état de 2 670 plaies de la face (dont 429 plaies du cerveau et 390 plaies des yeux), 979 plaies du thorax, 278 plaies de l'abdomen; 935 décès furent enregistrés, soit 8,6% des entrants. La gangrène gazeuse 147 fois fut la cause du décès. 592 trépanations du crâne, 115 thoracotomies, 371 amputations furent pratiquées par les équipes chirurgicales de l'H.O.E. 12.

 

 

Curieusement un jugement déclaratif a été nécessaire pour officialisé sa mort, alors qu'étant mort dans un hôpital, il n'y avait aucune difficulté administrative. Celui-ci a été prononcé par le tribunal de Lorient le 5 novembre 1918.

 

Le jugement a été transcrit le 18 novembre 1918 dans les registres de la commune de Groix

 

Le nom de Pierre Marie LAURENT, Mort pour la France est gravé sur les différents monuments mémoriels de Groix

 

quelques vues des Hopitaux d'orientation et d'évacuation jumelés n° 6 et 12

 

Pierre passe au 251ème R.I., régiment de réserve du 51ème  RI, dont le dépôt se trouve également à Beauvais, le 23 juin 1915. Il rejoint son régiment à Soupir dans l'Aisne.

 

Le 251ème R.I. ,qui fait partie de la 69ème division, est dans ce secteur depuis le 3 novembre 1914 et y reste jusqu'au 21 février 1916. Après une courte période de repos il reçoit la garde du secteur de Navarin du 9 au 13 mars 1916.

 

Ces périodes sont l'occasion pour le 251ème de montrer sous de violents et fréquents bombardement, de belles qualités d'organisation et une froide ténacité alliée à un esprit offensif qui se démontre dans de multiples coups de main. Durant l'occupation de ces deux secteurs le 251ème avait perdu 1 officier blessé, 36 hommes tués et 171 blessés

 

 

 

En toute hâte le 251ème est amené, le 10 avril 1916, à Chattancourt avec mission d'endiguer l'avance ennemie. Il n'y faillit point. Avec une énergie farouche, il défend Cumières et du 12 au 20 avril; après une brillante contre­-attaque il parvient malgré de lourdes pertes, à constituer une ligne défensive que l'ennemi ne peut franchir, ligne partant de la corne nord-ouest du bois des Caurettes et longeant le chemin Cumière-Esnes. Son attitude héroïque et celle des unités de la 4ème division motive l'ordre du jour du général Pétain "On les aura ! "

 

Le 23 avril, quatre attaques allemandes échouent, trois au Mort-Homme et une au Nord du bois des Caurettes.

 

Le 25 avril, des reconnaissances ennemies sont dispersées au sud d'Haucourt, avec une légère progression au bois des Caurettes où une trentaine de prisonniers sont pris. Quatre attaques allemandes sont mises en échec, dont trois au Mort-Homme

 

 

Le régiment est engagé du 29 avril au 9 mai dans le secteur des Caurettes pour soutenir l’attaque menée par la 40ème division.

 

Le 30 avril, au nord de Cumière, la 23ème Cie du 251ème repousse 3 attaques allemandes à 4h30, à 11h et à 18h30. A 19h30, une compagnie contre-attaque est parvient à reprendre la tranchée Servagnant et le saillant du Verger. La 22ème compagnie a pour ordre de reprendre le sommet du Mort-Homme. Après de sévères combats à la grenade, elle parvient à se fortifier au sommet. Probablement, Pierre Marie LAURENT est blessé lors de ces combats.


La 23ème compagnie est citée à l'ordre de l'armée.

 

 

Cette ruée sur Verdun a causé de très lourdes pertes :

9 officiers tués, 15 officiers blessés, 311 hommes tués, 503 blessés et 243 disparus.

 

Pierre LAURENT est évacué, blessé le 30 avril 1916, lors des combats du Mort-Homme, sur l'hôpital d'orientation et d'évacuation de Vadelaincourt (n° 6), puis transféré dans l'hôpital n°12 où il décède de complications de ses blessures de guerre le 1 mai 1916. Il allait avoir 40 ans quelques jours après. Il laisse une épouse et deux enfants.

 

Pierre est inhumé dans le cimetière militaire de Vadelaincourt (Meuse), le 2 mai 1916.

 

Par la suite, le 28 juin 1922, son corps sera restitué à la famille et inhumé dans le cimetière de Groix.

 

cimetière militaire de Vadelaincourt


transcription du jugement déclaratif de décès