Mort pour la France
mère de Jean Marie, vers 1912
Fils de Jean Marie, marin pêcheur, né en 1837 à Groix, mort en mer en 1894 et de Marie Josèphe GOURRONC, née à Groix en 1838, mariés à Groix en novembre 1865, résidant à Créhal, Jean Marie STÉPHAN(T) est né le 2 juillet 1873 à Groix, dans le village de keringant. Il est le 4ème enfant d'une fratrie de 6.
Après quelques années sur les bancs de l'école, Jean Marie, fait son apprentissage de marin-pêcheur en s'embarquant comme mousse vers l'âge de
12/13 ans, puis comme matelot.
Lorsqu'il passe devant le conseil de recrutement, en 1892, il est déjà inscrit maritime sous le matricule n° ? / Groix. Il effectue son service militaire au 3ème
dépôt des équipages de la flotte à Lorient à partir de 1893, son n° matricule au recrutement est le 644 / Lorient.
Après avoir été rendu à la vie civile, Jean Marie reprend ses activités à la pêche.
Jean Marie STÉPHAN(T), reste célibataire. Il décède le samedi 21 août 1915, en mer à bord du navire hôpital "Ceylan".
En août 1914, Jean Marie STÉPHAN(T), qui vient d'avoir 41 ans, a été appelé dans les troupes de réserve de la Marine, au 3ème dépôt des équipages de la flotte de Lorient, mais la marine n'a pas de mission à lui confier, il est donc versé dans l'Armée de terre, le 29 janvier 1915.
Jean Marie est affecté au 2ème R.I.C., stationné à Brest, dans la caserne Fautras pour une période de
formation.
A l'issue de ses classes, durant lesquelles, il a été nommé au grade de caporal, il est affecté au 22ème R.I.C., le 1er juin 1915, puis, envoyé avec un contingent
de renfort, au 7ème R.M.I.C. (qui deviendra le 57ème RIC, le 16 août 1915). Il arrive vers le 10 juin 1915 à Sedd Ul Barh (Dardannelles)
Le général Gouraud qui a pris le commandement du corps expédition-naire français depuis le 14 mai 1915, a réorganisé les positions et fait reprendre l'offensive dès le 1er juin. Il ordonne de «durer» face aux Turcs désormais solidement installés sur le pic d’Achi Baba 8 à 9 km du cap Hellès.
Mais sans succès, les assauts successifs ne parviennent pas à percer les lignes turques. La nuit, les soldats alliés subissent même les contre-attaques de commandos turcs qui les attaquent silencieusement pour égorger les guetteurs dans les tranchées. Les côtes de la péninsule de Gallipoli sont un gigantesque cimetière où des milliers de corps pourrissent sous un soleil torride.
Gouraud et Hamilton (le commandant du corps britannique) s’inspirent des attaquent de style commandos pour préparer ensemble l’attaque du 4 juin sur tout le front. L’assaut brusqué du 4 juin est un échec, de l’aveu même de Gouraud. Des tranchées turques ont certes été prises, mais l’artillerie des alliés s’avère insuffisante pour tenir les forces ennemies à distance. La bataille se prolonge pendant 2 jours mais les alliés doivent admettre qu’ils ne viendront pas à bout des Turcs. Ils ont gagné près de 300 mètres mais au prix de plus de 15 000 hommes, dont 2 500 Français.
Le contingent de renfort dans lequel se trouve Joseph ÉVEN arrive au début juin 1915. Joseph est affecté à la 3ème compagnie (1er bataillon).
Les combats se multiplient au cours du mois de juin 1915, notamment les 8 et 9 juin. Alors que les Britanniques attaquent en direction de Krithia, (centre de la péninsule), les Français cherchent à prendre l’éperon de Kérévès Déré (au pied du Mont Achi Baba). C'est le 6ème RMIC qui est première ligne, il réalise une nouvelle avancée à l'ouest du ravin. Malheureusement, il est tellement décimé après cette action qu'il doit être envoyé au repos à l'arrière. Le 21 juin 1915, Gouraud confie l’exécution principale d'un assaut au colonel Girodon avec le 176ème, le 6ème RMIC, en soutien. L’attaque est menée à l’aube, les Français prenant le «Haricot» et le «Quadrilatère», mais dès 7 h, les troupes doivent se replier sur leur point de départ. Les textes officiels veulent croire à une victoire en fin de journée. Les troupes repartent à l’assaut les 22 et 23 juin. Mais au bout de 3 jours de combats, le décompte est macabre: 3 200 hommes sont mis hors de combat dont quelque 500 ont été tués. Gouraud déplore surtout la mort de 21 officiers et la blessure de 46 autres. C'est au cours de cette funeste journée que six groisillons du 6ème RMIC sont tués ou disparaissent. Le 7ème R.M.I.C., en réserve, ne participe pas à l'attaque meurtrière des 21, 22, 23 juin.
Il était absolument impossible d’abriter des hôpitaux à terre; aussi les navires-hôpitaux fonctionnèrent-ils comme hôpitaux de première ligne, recevant les blessés directement de la ligne de feu, après triage fait à terre par le service de santé militaire. Mouillés sous le cap Hellès, à 2 ou 3 milles de la côte, parfois exposés au feu de l’ennemi. Ils chargeaient rapidement les blessés graves ou moyens, que des chalands et des remorqueurs apportaient sur des cadres le long du bord. Les blessés légers étaient dirigés sur Moudros. L’appareillage de ces bâtiments avait lieu aussitôt après le remplissage. Certains navires comme le "Canada" recevait dans ces conditions 625 blessés graves en moins de dix-huit heures et levait l’ancre dès que le dernier blessé était embarqué. Les interventions d’urgence et les pansements commençaient aussitôt et, pendant toute la traversée sur Bizerte ou Toulon, qui durait de 3 à 5 jours, le personnel médical et infirmier travaillait jour et parfois nuit.
D’août à décembre 1915 : l'"Ariadne" évacue les blessés du Cap Hellès (Dardanelles) pour les emmener à Moudros et le "Ceylan", un cargo mixte de la Compagnie des Chargeurs réunis, réquisitionné, effectue les trajets Moudros - Salonique - Toulon via Bizerte.
navire hôpital "Ceylan"
Après un rapide tri dans une ambulance locale, puis transportés, d'abord à Moudros, où les malades, comme Jean Marie STÉPHAN(T), sont en trop grands nombres et les conditions sanitaires sont guère plus satisfaisantes, notamment la chaleur. Les malades sont alors évacués vers la France. Jean Marie est dans un état de santé qui s'aggrave et il ne supporte pas le voyage. il décède en mer, de dysentrie, au large de Lagouvardos (Grèce) (coordonnées GPS (point rouge) de son décès 37°06' N 21°24' E).
Son acte de décès est établi à bord par le personnel médical du navire le 22 août 1915 notant que le caporal Jean Marie STÉPHAN, est mort pour la France, le 21 août 1915 à 19h45 à bord du "Ceylan". Son acte de décès a été transcrit dans les registres de la commune de Groix, le 11 février 1921.
Les autorités militaires semblent ignorer le lieu de son inhumation. A-t-il été inhumé en mer, débarqué et inhumé à Bizerte ?
C'est le militaire, "Mort pour la France" en opération, le plus âgé des Groisillons ( plus de 42 ans). Il était célibataire.
Son nom est gravé sur les différents monuments mémoriels de la commune de Groix.
Le 7ème régiment mixte d'infanterie coloniale (7ème R.M.I.C.) a été créé à partir d'un bataillon européen du 7ème R.I.C. (mais on ne s'embarrasse pas des ces détails en 1915, on dit un "bataillon blanc") et de deux bataillons "noirs", le 8ème bataillon sénégalais qui sera le 2ème bataillon du 7ème RMIC, et le 12ème bataillon sénégalais qui en sera le 3ème. Il est rassemblé aux environs de Toulon pour un mois de formation à la cohésion, puis il est embarqué le 2 mai 1915 sur le "Lutétia" pour Sedd Ul Bahr où il arrive le 6 mai. Le 7ème RMIC formait la 4ème brigade mixte coloniale avec le 8ème RMIC, incluse dans la 156ème division d'infanterie qui devient la 2ème division d'infanterie du C.E.O.
Dès son arrivée, le 7 mai, le 7ème RMIC, dont Maurice ÉVEN, bien que placé en réserve, le régiment est engagé dans le premier combat du Kérèvès-Déré. Le 8, il l'est de nouveau. Le 9, une conte-attaque turque fait quelques dégâts. Le 12 mai, il quitte les tranchées pour un repos bien précaire à 1500m en arrière, dans les champs d'oliviers.
Durant cette période de repos, le régiment est réorganisé et chaque bataillon devient mixte, composés de 2 compagnies blanches et de 2 compagnies noires. Au vue des
document à notre disposition, on ne sait pas à quelle compagnie appartient Maurice ÉVEN.
Le 20 mai, le commandant du régiment est tué.
Jean Marie STÉPHAN(T) rejoint ce régiment vers le 10 juin. Au vue des document à notre disposition, on ne sait pas à quelle compagnie il est affecté.
Quelques jours plus tard, le 28 juin, le 7ème régiment mixte d'infanterie coloniale monte en premières lignes, avec Joseph et Maurice ÉVEN de lointains coussins et Jean Marie STÉPHAN(T) pour qui c'est le baptême du feu... Le 30, il est chargé de l'attaque de l'ouvrage turc dit " Quadrilatère des Z ". Après une bonne préparation d'artillerie, le bataillon Poupard attaque à 6 h., soutenu à sa droite par deux compagnies du bataillon Heysch; le bataillon Meray est en réserve. Nos troupes progressent rapidement, malgré une énergique résistance de leurs adversaires, et s'avancent jusqu'aux ouvrages turcs T et W.
Vers 8 h, une violente contre-attaque ennemie riposte. Nos troupes, débordées, refluent vers leurs positions de départ. Le reste du bataillon Heysch et deux
compagnies du bataillon Meray rétablissent la situation et malgré de nouvelles contre-attaques, nous sommes, le soir, solidement établis dans le « Quadrilatère des Z » qui nous restera désormais.
Les deux cousins Joseph et Maurice ÉVEN ont payé de leurs vies cette éphémère "victoire", Jean Marie STÉPHAN(T) semble indemme.
Les pertes sont importantes de part et d'autre, toute action aux Dardanelles étant menée par des effectifs denses sur des espaces resserrés et en terrain absolument découvert, Pendant toute la journée, violent bombardement de nos lignes arrières par les batteries turques de la côte d'Asie.
Vers 17 heures, le général Gouraud est grièvement blessé, en se rendant aux ambulances visiter les blessés qui commencent à y arriver.
Le régiment reprend ses emplacements de repos le 4 juillet, le service continue ensuite ainsi, la relève ayant lieu tous les huit jours.
Les 12 et 13 juillet, reprise de l'offensive par un régiment de la division, le 2ème régiment de marche d'Afrique. L'attaque ne peut réussir à déboucher, mais le 7ème RMIC, en réserve de la division n'est pas engagé. Le 16 août, le 7e régiment mixte devient le 57e R. I. C.
Sous ce nouveau nom, il continue la même vie alternée de tranchées et de repos. Le service est particulièrement pénible sur un sol où l'on se bat depuis trois mois, et qui est un véritable charnier. L'extrême vigilance de l'ennemi et le rapprochement des lignes entre lesquelles la distance, aux points les plus éloignés, n'atteint pas 100 mètres, sont cause de pertes journalières élevées.
De plus avec l'été, les conditions sanitaires sont déplorables. Les hommes tombent comme des mouches et de nombreux soldats
souffrirent de typhoïde, de paludisme et de dysentrie. C'est ce qui arrive à Jean Marie STÉPHAN(T).