Mort pour la France

Léon Marie LORHO (1883 / 1915)

 

Fils d'Ambroise, né à Plumergat (Morbihan) en 1936 et de SÉVENO Marie Josèphe, née à Pluneret (Morbihan) en 1849, mariés en février 1876 à Pluneret, Léon Marie LORHO est né le 20 mars 1883 dans le petit port de Saint-Goustan, sur la commune d'Auray (Morbihan).

 

Léon est orphelin de père à l'âge de 3 ans. Après quelques années sur les bancs de l'école, sa mère et toute la famille émigre à Belle-Ile. Là, il rentre en apprentissage chez un maître-voilier et apprend ce métier qu'il pratique jusqu'à l'époque du conseil de révision en 1903.

Son n° matricule est le 2948 et il est déclaré "Bon pour le service".

 

Il est incorporé, pour son service militaire, dans le 18ème bataillon d'artillerie à pied (qui deviendra le 3ème R.A.P. en 1910) le 16 novembre 1904. Ce bataillon a plusieurs unité à Brest, Lorient et une batterie à la citadelle de Belle-Ile et peut-être y-a-t'il une batterie du 18ème à Groix...  Il est rendu à la vie civile le 23 juillet 1907.

 

Il s'installe à Groix, sans doute après avoir rencontré quelques groisillons durant son service ou y avoir effectué un séjour. Il signale son adresse, au bourg, aux autorités militaires en janvier 1910.

 

Léon LORHO se marie à Groix, le 3 octobre 1911, avec une groisillonne, Marie Josèphe BIHAN, née en 1887. Ils résident dans le village de Locmaria et auront 2 enfants.

 

Léon LORHO, décède le 24 novembre 1915, sur le territoire de la commune de LaChalade (Meuse)


Quand la guerre commence, Léon a 31 ans. Il est mobilisé le 3 août et rejoint le dépôt du 3ème R.A.P. à Brest avant d'être affecté à une batterie de défense de la côte. Où est-il affecté ? Puis la défense des côtes est transférée à la Marine. Les batteries d'active sont transférées vers des places fortes du front, et peu à peu les hommes des batteries de réserve sont mutés vers des régiments d'infanterie

 

C'est le cas de Léon LORHO qui est transféré au dépôt du 116ème R.I. à Vannes le 22 février 1915, pour une période d'instruction, avant d'être affecté le 14 mars au 4ème R.I. dont le dépôt se trouve à Auxerre (Yonne).

 

Tout en poursuivant leur retraite, les régiments recevaient des renforts ; l'ensemble de la manœuvre avait pour but de protéger le camp retranché de Verdun. Ils traversèrent de nombreux villages d'Argonne, les routes commençant à être encombrées de civils fuyant et emportant dans des charrettes ou, à défaut, dans de modeste, brouettes, leurs biens les plus précieux. Certains emmenaient avec eux leur bétail.

 

Enfin, les armées s'arrêtent, se retournent et ont ordre de mourir sur place plutôt que de reculer. La bataille dite de la Marne va commencer. Le 6, près de Vaubécourt, les 1er et 3ème bataillons arrêtent nette une forte attaque allemande. L'ennemi pousse alors sur la gauche un nouvel assaut qui, progressant à couvert dans le bois de Brouennes, va prendre à revers les deux bataillons du 4ème. Mais la 2ème compagnie décèle ce mouvement et fait face aux assaillants, bien supérieurs en nombre, et pourtant le contient.  Le 7, le régiment défend les lisières du bois Defuy devant Rembercourt-aux-Pots. Une attaque débouche sur à droite. Les 1er et 3ème bataillons la prennent de flanc et la brisent. Le 9, nouvelle attaque: deux fortes colonnes s'élancent du nord et de l'ouest. Une défense opiniâtre s'organise. L'ennemi subit de très lourdes pertes. Le 10 septembre au soir, les survivants du 4ème se retrouvent près de Condé-en-Barois. C'est alors une marche en avant. Le régiment poursuit l’ennemi par Condé, Vaubéconrt, Foucancourt. Clermont et Aubreville. Le 15 septembre, il occupe Vauquois et Cheppy, où il se maintient malgré les efforts acharnés de l'ennemi.

 

Le 20 septembre, le 4ème tente de déloger les ennemis bien organisés à Charpentry et à Baulny, sans succès et le 22 c'est une attaque massive des allemands qui déloge le 4ème en le repoussant vers Cheppy.

 

Le 24, le 4ème sous pression doit se replier sur les pentes sud de Vauquois. Le 26, les allemands se retranchent sur une ligne 207-Boureuilles-Vauquois. Le 28, la 17ème brigade organise les défense des  abords de la ferme de Rochamps et du château d'Abancourt.

 

Les bataillons vont, le 5 octobre, relever un régiment en première ligne, à proximité de la route Varennes-Four-de-Paris. Le 16 octobre, la 17ème brigade est relevée. Le 27 octobre le 4ème RI se rend sur la Haute-Chevauchée, et le 28, il attaque la cote 263, éperon situé à la lisière orientale de l'Argonne, à hauteur de Boureuilles. Le 5 novembre, le sommet est entièrement entièrement pris.

 

Après un court séjour à Lochères, le 4ème occupe un secteur au pied de la butte de Vauquois. Les 8 et 9 décembre, le régiment prend part à une large opération sur Vauquois. L'attaque est menée avec audace. Malgré tout, le sommet ne peut être enlevé.

 

 

A la fin de décembre les 1er et 2ème compagnies attaquent, le village de Boureuilles. Elles progressent résolument jusqu'aux fils de fer de l'ennemi et s'accrochent au terrain avec une ténacité qui leur vaut les éloges du général de division. Deux sections (2ème et 4ème) de la 1ère compagnie sont citées à l'ordre du jour.

 

 

 

Entre le 13 et le 20 juillet 1915, le régiment occupe les tranchées des pentes de la cote 263; les allemands ont organisé solidement le point culminant. Le 13 juillet, à 3h30, éclate brusquement un des bombardements les plus violents que l'on puisse imaginer. Jusqu'à 7 heures, l'artillerie de tranchée prend à partie les premières lignes; l'artillerie lourde pilonne les boyaux, les P.C. et les abris des réserves. Les obus toxiques neutralisent l'action des batteries. A 7h, l'attaque commence. De puissantes colonnes abordent le 1er bataillon. Les tranchées sont presque nivelées; beaucoup d'hommes ont été atteints pendant le bombardement. Les survivants se battent avec la dernière énergie, et les traits de bravoure abondent. Un soldat a le pied mutilé par une grenade; à ses camarades qui se baissent pour ramasser le membre arraché, il crie : “ Inutile de le chercher, il y a mieux à faire ”.

 

Un capitaine a le bras et la jambe déchiquetés pendant qu'il fait le coup de feu avec ses agents de liaison. Un aspirant a successivement 3 fusils brisés dans les mains: il en prend un quatrième et continue à tirer. Les uns se font tuer sur place; un sergent tombe, la tête emportée par un obus après avoir abattu plus de 20 Allemands. Les autres, encerclés, luttent courageusement autour d'un sous-lieutenant pendant plus de 7 heures, s'ouvrent ensuite un chemin et contre-attaquent aussitôt.

 

Sur les pentes de 263, dans un ouvrage appelé le "Réduit”, le 3ème bataillon tient bon. Le “ Réduit ” est inviolable. Un capitaine le commande, soutient l'énergie de tous. Un sous-lieutenant reconquiert une tranchée à lui seul. Un adjudant après avoir tué plusieurs allemands, tombe lui-même sous la balle d'un ennemi blessé. Ici un groupe de la 11ème voit passer une poignée de prisonniers français, a une inspiration subite; il crie: “Français, couchez-vous !”, Seuls ceux qui ont compris s'aplatissent et leurs gardiens sont abattus par une salve nourrie. Un autre désarme l'Allemand qui vient de le capturer et le fait prisonnier à son tour; peu après, il tombe mortellement frappé, son fusil à la main.

 

Le 18, le régiment est relevé. Le 3e bataillon est cité à l'ordre du corps d'armée. "Sous le commandement énergique du chef de bataillon (Le 3ème) a maintenu ses positions contre une puissante attaque précédée d'un bombardement prolongé et violent. Rien qu'entouré de trois côtés et au milieu de tranchées bouleversées, a réussi à refouler pendant quatre jours et quatre nuits plusieurs attaques, infligeant à l'ennemi de grosses pertes et lui faisant des prisonniers."

 

Le régiment va au repos à Clermont-en-Argonne et à Auzéville, où un autre contingent de renfort vient combler les pertes (26 officiers et 1.341 hommes du 13 au 20 juillet).

 

 

Léon Marie LORHO est tué à l'ennemi le 24 novembre 1915 en défendant les tranchées de la cote 285 les Meurissons, en forêt d'Argonne, sur la territoire de la commune de LaChalade dans la Meuse. Il avait 32 ans, et il laisse une épouse et deux enfants dont le plus jeune n'a pas encore 2 ans.

 

Il est inhumé dans le cimetière militaire de LaChalade dans les jours qui suivent

 

Lorsqu'elle est aménagée, le corps de Léon LORHO est transféré dans une tombe individuelle, la n° 361, dans la Nécropole Nationale "La Forestière" sur la territoire de la commune de LaChalade (Meuse)

 

Son acte de décès est transcrit dans les registres de la commune de Groix en date du 13 mai 1916. Il bénéficie de la mention "Mort pour la France" et son nom est gravé sur les différents monuments mémoriels de la commune de Groix.

 

Le 4ème R.I. est un régiment à 3 bataillons formant avec le 80ème RI de Troyes, la 17ème brigade, incluse dans la 9ème division d'infanterie (5ème CA)

 

La division est concentrée sur la frontière belge et combat le 22 août à Signeulx;  Les 2ème et 3ème bataillons partent à l'assaut, baïonnette au canon. Mais les Allemands, bien retranchés, les attendent. Un terrible feu d'artillerie et de mitrailleuse les accueille. C'est un terrible baptême du feu. Les hommes doivent se replier sans avoir même pu apercevoir le moindre objectif. Le soir, quand les débris du régiment se regroupent à la ferme de Bouillon, l'étendue des pertes apparaît immense : 18 officiers, 1.200 hommes sont mis hors de combat.Le 26 août l'ordre vint d'aller s'établir sur la rive gauche de la Meuse et une fois là de retarder par tous les moyens l'avance de l'armée allemande. Le régiment passa la rivière à Dun-sur-Meuse et prit position à Cléry-le-Petit et Cléry-le-Grand.

 

C'est là où nous recevons les premiers renforts envoyés par le dépôt d'Auxerre. Mais l'effectif reçu était trop faible pour compenser les lourdes pertes. Pendant ce temps les Allemands avaient repris leur marche en avant et leur cavalerie s'apprêtait à franchir la Meuse. Mais une fois nos dernières unités passées, le génie avait fait sauter les ponts. Le corps de cavalerie ennemie, l'infanterie arriva sur les bords de la Meuse, bien décidée à la franchir sur des ponts de fortune. Mais les mitrailleuses entrèrent en action avec le concours des canons de 75 firent, dans les rangs ennemis, d'effroyables ravages.

 

La stratégie allemande comportait une poussée plus à l'ouest et en direction de Paris. A nouveau, le 4ème dut abandonner ses positions afin d'éviter l'encerclement. La marche arrière fut reprise. Les troupes ennemies nous suivaient de très près et il devenait nécessaire de les stopper. Le village de Doulcon ayant été abandonné, les 1er et 3ème bataillons du 4ème reçurent l'ordre de contre-attaquer. Par deux fois ils s'élancèrent à la baïonnette, sans pouvoir atteindre leur but.

 

Une nouvelle tentative de bloquer l'avance des ennemis fut tenter, à Varennes avec encore des charges à la baïonette, mais le risque d'encerclement fit renoncer et la retraite continua.

 

 

Le 6 janvier 1915, le régiment quitte le secteur de Vauquois. A peine installé au repos, il reçoit l'ordre de départ. Les positions de la Haute-Chevauchée ont été violemment attaquées; les réserves contiennent l'ennemi avec peine. Il faut leur porter secours. Les 2ème et 3ème bataillons gagnent le ravin des Meurissons, et, le 9 janvier, ils contre-attaquent. Les pertes sont sévères. La ligne se stabilise, et durant douze jours, par une température rigoureuse et sous une fusillade intense, pelles et pioches fonctionnent sans relâche. Pendant ce temps, le 1er bataillon intervenait à la cote 263 par une vigoureuse contre-attaque

 

Dès le début de février, le régiment tient les lignes du plateau de Bolante, ravin des Meurissons. Quelques petites mines de part et d'autre commencent à exploser. Le 16 février, l'ennemi ouvre dès le matin un violent bombardement. A 9 h, il fait jouer 5 mines puissantes qui bouleversent totalement les tranchées françaises. L'attaque suit aussitôt. Les compagnies qui occupent le plateau de Bolante, séparées des autres éléments en ligne par le ruisseau des Meurissons, résistent énergiquement. Mais les prussiens parviennent à s'établir sur la première ligne française et à s'infiltrer derrière la seconde.

 

Les survivants de la 4ème compagnie, cernés de trois côtés, tirent jusqu'à leurs dernières cartouches. Quand ils succombent, après s'être battus au corps à corps, il y a déjà près de sept heures que l'attaqua est commencée.

 

Plus à droite, vers le versant nord des Meurissons, l'assaillant a pu progresser sérieusement. La situation est critique. un adjudant groupe autour de lui les plus braves de la 11ème compagnie. Grimpés sur le parapet, ils tirent jusqu'à ce que l'ennemi s'arrête. Leur résistance permet l'arrivée des renforts, qui rétablissent la situation.

 

Le 4 avril, jour de Pâques, le régiment se porte à l'attaque. Seuls quelques éléments peuvent parvenir jusqu'à la position allemande. Un sous-lieutenant est tué au milieu des fils de fer ennemis. Un autre sous-lieutenant qui a fait aplatir sa section devant la rafale, se met à genoux et épaule tranquillement; une balle l'étend raide mort. Le lendemain 5, nouvelle attaque. Elle ne peut déboucher des tranchées. Le 6 au matin, troisième tentative, les clairons sonnent la charge; le régiment sort en masse, au bout de quelques secondes il est arrêté net. Le soir, une dernière sortie ne donne pas plus de résultat. Les pertes sont cruelles.

 

En l'absence du J.M.O. du 4ème régiment qui a disparu, on peut estimer que Léon LORHO a rejoint, avec un contingent de renfort, le front dans les premiers jours d'avril.

 

Du 7 avril au 15 juin 1915, le régiment reste dans le même secteur jusqu'au 15 juin. La lutte devient de plus en plus dure. La guerre de mines se développe. En mai, deux ou trois fourneaux explosent chaque matin. De multiples projectiles de tranchées font leur apparition et bombardent méthodiquement nos lignes. Le 8 juin, le commandant du 3ème bataillon est mortellement blessé.

 

 

 

A la fin d'août, le régiment reçoit la mission d'organiser et de défendre la côte 285. Cette côte, qui dominait les positions du ravin de Cheppes et du ravin des Courtes Chausses, commandait la route de la Haute-Chevauchée. Atteindre la crête sera le but de l'ennemi; la lui interdire sera celui du 4ème.

Le 27 septembre, voulant atteindre la crête d'un seul coup, l'ennemi monte une véritable opération et déclenche brusquement son attaque après l'explosion de cinq fourneaux de mines. Il ne peut aborder l'ouvrage 4, mais il réussit à pénétrer dans l'ouvrage 5. L'ouvrage 6, débordé des deux côtés, semble irrémédiablement perdu.

 

C'est la 10ème compagnie qui a la défense de ce secteur. Tandis que les sections en ligne contiennent les assaillants, un lieutenant lance une vigoureuse contre-attaque qui bouscule les ennemis, reprend intégralement le terrain, pousse même dans le secteur voisin et ramène 8 prisonniers. Parmi les plus intrépides se signale un homme qui à lui seul a capturé 4 soldats. Cette brillante journée vaut au lieutenant la croix de la Légion d'honneur et à la 10ème compagnie une citation à l'ordre de l'armée.

 

Pendant ce temps, le 2e bataillon mis à la disposition du 91ème R.I., exécutait des contre-attaques sur le plateau de Bolante. Il fit preuve d'un mordant et d'une ténacité qui lui valurent, les félicitations du général commandant la 125ème DI.

 

A la fin de 1915 c'est la lutte de mines qui se poursuit jour et nuit, et la grande difficulté est d'évacuer les blessés et aussi, malheureusement, les morts.

 

Avec l'approche de 1916 survient un hiver rigoureux avec les mêmes tourments. Ils tiennent la « cote 285 » ; l'ennemi, en face, conserve un point culminant du plateau de la «Fille morte », sur lequel il a organisé un observatoire. Les bombardements de tous engins se multiplient. Le terrain est profondément labouré pendant que, des profondeurs de la terre, surgissent les explosions des mines qui vont sans cesse en croissant.D’août 1915 à septembre 1916, on a décompté 600 explosions de mines. Malgré les bombardements, malgré les attaques d'un ennemi acharné, malgré la perte de 32 officiers et de 1 300 hommes dont environ 400 tués, durant ces 13 mois de lutte incessante, le 4ème  régiment d'infanterie conserva intégralement la fameuse cote 285.

 

Sont morts dans cette bataille :

Sous-officiers

Caporal OUDOT Camille 8/8/1915 (Meuse)  

Caporal WASSON Jean Baptiste Originaire d'Escaudain (59), …/…

Soldats

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BUSIN Philare, 27/9/1915 La Pierre-Croisée (Meuse) Forêt d'Argonne 

FOSSET Gustave, 27/9/1915 La Pierre-Croisée (Meuse) Forêt d'Argonne  GRUERIE Henri, 27/9/1915 La Pierre-Croisée (Meuse) Forêt d'Argonne 

THOMAS Vincent Marie René, originaire de Sulniac (56), (Né le 7/2/1895), 9° compagnie, Tué à l'ennemi le 6/11/1915 Maison Forestière Le Claon (Meuse)  

…/…

LORHO Léon Marie, originaire de Groix (56), (Né le 20/3/1883)  Tué à l'ennemi le 24/11/1915 Côte 285 Les Meurissons (Meuse) Forêt d'Argonne 

…/…

 

HAMON Onésime Bernard Marie, originaire de Lanouée (56), (Né le 13/12/1887), Tué à l'ennemi le  29/12/1915 Combat de la Forêt d'Argonne (Meuse) Forêt d'Argonne